Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

peut apeller uniques, parce que, fi l'on en croit M. Baillet, il n'y en a plus aujourd'hui qui foient certainement de ce faint Martyr; & les preuves des notres font d'autant plus fortes, qu'elles remontent presque toutes au-delà des Croisades.

On voit dans les Leçons de l'Office que nous faifons de la Réception du bras de Saint Etienne le 13 Juillet, que le miracle du fang qui coula de cette Relique, fit un tel éclat & parut fi grand à l'Eglife univerfelle, qu'elle fe détermina dèflors comme de concert, à transferer au 3 Aout, jour de cette Réception, la Fête de l'Invention de Saint Etienne, dont le Corps avoit cependant été découvert au mois de Décembre. Cette raifon eft plus probable que celle que le Cardinal Baronius raporte de cette Tranflation, qui a fait fixer au 13 Juillet la Fête de la Réception des Reliques de S. Etienne à Besançon,qui auroit dû fe faire le 3 Aout, jour auquel elles y furent reçûës. Nos Légendes portent, que l'Empereur Théodofe envoya à Besançon avec les deux os du bras de S. Etienne, les Corps de Saint Epiphane & de Saint Ifidore, Martyrs en Orient. Je n'ai rien pû aprendre de leurs vies, de leur origine, du tems ni du lieu de leur mort. Nous faifons leur mémoire le quatrième d'Aout, le lendemain du jour que leurs Corps furent reçûs à Befançon.

Ces faints Corps avoient été déposés dans l'Autel d'une Chapelle fouterraine, qui étoit fous le Presbytéral de l'Eglife de Saint Jean. Ils en furent tirés en 1319, par Vital Archevêque de Befançon. L'Acte qui en fut dreffé, porte qu'ils étoient dans une caiffe de plomb, fur laquelle étoit écrit, Reliquia fan&torum Epiphani & Ifidori. En l'année fuivante 1320, Vital les mit dans une Châffe d'argent, donnée par Jeanne fille d'Othon Comte de Bourgogne & Reine de France, dans laquelle ils font aujourd'hui.

L'Eglife de Besançon avoit donc déja pour Reliques dans le cinquiéme fiécle, avec les Corps de fes faints Apôtres Ferreol & Ferjeux, deux offements du Premier

Martyr

Martyr de Jefus-Chrift, le Chef de Saint Agapit Martyr de Preneste, & les Corps de S. Epiphane & de S. Ifidore Martyrs d'Orient: ceux de fes deux Evêques Antide & Germain, qui avoient auffi fouffert pour Jesus-Christ, ne paroiffent par avoir été levés de terre alors, non plus que les Corps des Ss. Defiré, Anian & Silveftre, dont elle a fait commémoraifon dans fes Offices. Tous les autres Prélats, quoiqu'elle n'en ait pas fait la mémoire, font dénommés Saints dans les Catalogues, & leurs Légendes leur donnent cette qualité. Les Evêques vivoient prefque tous en faints dans les premiers fiécles de l'Eglife, & mouroient en odeur de fainteté. Mais on n'honoroit encore par un culte public, que les Reliques des Martyrs.

Lajoie que notre Eglife avoit de poffeder ces précieux dépots, & la paix dans laquelle Célidoine la gouvernoit, furent troublées par un des plus grands malheurs. Ce fut la ruine prefque entie de Befançon par l'armée d'Attila en 451. Les Reliques des Saints échapérent à la fureur de ce Barbare, parce qu'elles étoient cachées en terre. Mais il eft probable qu'on perdit les monuments qui en faifoient mention, & que la tradition feule en conferva la certitude & le fouvenir.

Il y a lieu de croire,que plufieurs Chrétiens fouffrirent à Besançon pour la foi, dans l'invasion d'Attila; car on lifoit dans le Cancel de l'Eglife Paroiffiale de S. Pierre, cette Inscription.

SANCTORVM SEPELIT CANCELLVS

CORPORA MVLTA

HAC IGITVR CAVSA NON

SVSCIPIT ALIA

Le caractere de cette Infcription, n'étoit que du treiziéme fiécle; mais comme ce qui s'eft paffé dans ce tems nous eft connu, & que nous n'avons ni Actes ni Mémoires qui parlent d'une Tranflation de Corps faints dans le Cancel de l'Eglife de Saint Pierre ; j'en conclus que l'Infcription a été faite fur une plus ancienne qui commençoit à s'effacer.

Yy

a

Comme l'on travailloit à rebâtir cette Eglife, l'on a levé la pierre fur laquelle étoit l'Infcription, & l'on trouvé à trois pieds en terre dans le Cancel & fous l'Autel, un lit de corps, dont quelques-uns étoient fans tête. La plupart de ces corps, étoient entourés de pierres plates, aux côtés, deffus & deffous, difpofées en forme de cercueil. Il y avoit auffi des têtes feules entre des pierres, comme dans des étuis. L'on creufa un pied plus bas, & l'on trouva un fecond lit de corps femblable au premier. Il y en avoit trente en tout, & ils avoient prefque tous les pieds au levant. Comme ils étoient entiers & fans dérangement, il est évident qu'on n'y a point enterré d'autres corps.

L'Infcription, le lieu & la forme de cette fépulture, font juger que ces corps étoient ceux de quelques Martyrs, qui avoient fouffert enfemble, & qui avoient été inhumés à la hâte, dans un tems de tumulte & de défolation. La clef de la voute du Choeur,en étoit encore une preuve; car c'est une pierre ronde,ornée de palmes. Il y a auffi au bas du Choeur, une Infcription du tems de celle dont on vient de parler, fur laquelle on lit ces mots. MVLTA SANCTORVM CORPORA

IBIDEM SEPVLTA SVNT QVORVM

ANIMAE FELICES IN COELIS CORONANTVR.

L'on n'a pas encore levé cette Infcription, & cherché deffous. L'on y trouvera probablement auffi des Corps faints. L'Eglife de Saint Pierre eft une des plus anciennes de Befançon. L'on croit qu'elle a été bâtie par Eufebe, Evêque de cette Ville au commencement du quatriéme fiécle, & Nicet la rétablit au septiéme. D'anciens actes qui en parlent, portent qu'il y avoit vingt Autels, fans celui qui étoit in fecreto, c'est-à-dire dans une Cripte fouterraine; car on apelloit les Chapelles de cette espèce, fecretum, confeffio, thefaurus.

L'on a trouvé fous l'Autel du collatéral de l'Eglise de Saint Pierre du côté de l'Evangile, un monument de

pierre blanche, large d'un pied & long de deux, fait en ceintre par un bout comme une niche, dans lequel étoient des offements, & une fiole de verre longue de huit pouces, & de quatre lignes de diamétre. Elle étoit caffée, mais il y avoit eu une liqueur, que les connoiffeurs jugérent être du fang, par la qualité du fédiment & de ce qui s'étoit congelé dans la fiole. Elle avoit été fermée d'un cachet fur de la cire, & ce cachet reprefentoit un Evêque habillé à l'antique, avec une légende autour qui étoit fi effacée,qu'on ne pouvoit pas en distinguer les caracteres. La fiole & les offements avoient été envelopés d'un linge & d'une étoffe brodée d'argent, que le tems avoit entiérement confumés; mais les fils du linge paroiffoient imprimés fur quelques os, & d'autres brilloient des paillettes d'argent qui s'y étoient attachées.

La maniere dont ces offements avoient été envelopés & enfermés, le lieu où ils furent trouvés dans une Eglife & fous un Autel, prouvent que ce font ceux d'un Saint & même d'un Martyr; foit par raport à la fiole qui avoit été remplie de fang, foit parce que dans les premiers fiécles de l'Eglife, l'on élevoit les Autels fur les Reliques des Martyrs; mais ce dépôt étoit bien ancien. L'on peut en juger par la confomption totale du linge & de l'étoffe dans lefquels il avoit été envelopé, & parce qu'il n'en reftoit ni titre ni tradition. Auffi perfonne ne pût dire de qui étoit ce Corps faint. Cependant il me femble que je l'ai découvert.

Notre ancien Martyrologe, marque au premier Juin la Fête de Saint Nicoméde Martyr,& porte qu'on avoit à Besançon une partie de fes Reliques. K. Junii, fancti Nicomedis Martyris. Hujus maxima pars Corporis, Vefuntii habetur. Ce fait eft foutenu par nos anciens Miffels & Breviaires, où l'on voit que ce Saint avoit à Besançon une Meffe & un Office propre, au premier de Juin. Les Editeurs des nouveaux Miffels & Breviaires qui n'en ont pas fçû la raison, ont retranché fa Meffe, & fe font con

tentés de faire une fimple mémoire de ce faint Martyr; le 15Septembre.

Ses Reliques ne font pas expofées, ni même connuës par tradition dans aucune de nos Eglifes. D'où je conclus, qu'elles ont été dépofées fous quelque Autel à la maniere ancienne, & que le fouvenir s'en eft perdu à la luite. Je crois que ce font celles qui ont été trouvées fous f'Autel du Collatéral de l'Eglife de S. Pierre. 1°. Parce qu'on ne fçait pas qu'elles foient ailleurs. 2°. Parce que celles qui ont été trouvées à S. Pierre, font les Reliques d'un Martyr. 3°. Parce que c'eft un dépôt des plus anciens. 4°. Parce qu'il n'y a qu'une partie du Corps & le crâne entre autres offements; ce qui vérifie parfaitement l'indication de notre Martyrologe. Hujus maxima pars Corporis, Vefuntii habetur. 5°. Mr. Richard Curé de S. Pierre, qui a la garde de ces Reliques jufqu'à ce qu'on les ait placées dans la nouvelle Eglife, ayant bien voulu que nous les examinions ensemble; nous avons trouvé plufieurs offements,particulièrement ceux des bras,meurtris, fendus & imbibés de fang, ce qui les rend de couleurs de lie de vin, fort différents en cela des autres, qui font blancs & de la couleur ordinaire. D'où nous avons conclu, que notre Martyr avoit été tué à coups d'instruments contondants. C'est en effet l'espèce du Martyre de S. Nicomede, & Leon IX. raporte une pareille conjecture parmi les preuves de la vérité du Bras de S. Etienne, que nous avons à Besançon, car il dit avoir remarqué que ce bras a été contus. I&tibus judeorum quaffatum.

S. Nicoméde étoit Prêtre de l'Eglife de Rome,& Difciple de S. Pierre. Il eut foin de Ste. Pétronille & de fes funérailles. Il tira des cloaques le Corps de Ste. Félicule Martyre, qui y avoit été jetté, & le fit porter dans une terre qui lui apartenoit à deux lieuës de Rome. Le Magiftrat qui en fut informé, le fit faifir, & voulut l'obliger à facrifier aux Idoles. Il refufa de le faire, & confeffa Jefus-Chrift. Le Magiftrat le condamna à la mort & le fit battre à coups de plombeaux, jusqu'à ce qu'il expira fous les coups.

« ZurückWeiter »