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Province, & un Métropolitain immédiatement foumis à la Jurifdiction du Saint Siége. La Novelle de l'Empereur, détermine à prendre dans ce fens la Décretale du Pape, en ce qu'elle contient d'équivoque. La Vie des Abbés de Saint Claude, l'infcription de la copie de la Lettre de Saint Leon aux Evêques des Provinces Séquanoife & Viennoife remarquée par le Pere Sirmond, & les actes de notre Eglife, ne laiffent pas lieu de douter que Célidoine fût Evêque de Befançon. C'est auffi le fentiment commun des Sçavants qui ont écrit après le Pere Quefnel, comme Mrs. de Tillemont & Baillet les Peres Thomaffin & Mabillon, l'Auteur de l'édition des Conciles à Venife, &c.

On peut auffi conclure du Jugement éclatant rendu dans cette affaire en 445 par le Pape dans fon Concile, que l'Evêque de Befançon a été dès la fondation de fon Eglife, Métropolitain indépendant de tout autre Evê

que des Gaules, foit de Tréves ou de Lyon, foit d'Arles; & cela étoit dans les régles, puifqu'il étoit Evêque de la Métropole d'une très-grande Province, gouvernée par un Préfident Romain. L'on ne voit pas que les Evêques de Tréves & de Lyon, aient jamais tenté de faire des actes de Jurifdiction dans fon Diocèfe; & quand celui d'Arles a voulu y exercer celle qu'il prétendoit avoir dans les Gaules en qualité de Primat, fon entreprise a été réprimée même comme incompétente. Auffi l'Auteur des Vies des Saints Romain, Lupicin & Ouyan, donne le titre de Métropole à l'Eglife de Befançon, & la qualité de Patriarche à fon Evêque. Chelidonius, fupradiéta Metropolis Patriarcha; qualités qui marquent une fupériorité fur d'autres Evêques, & la fubjection immédiate au Saint Siège, puifqu'elle étoit communément employée pour fignifier une Primatie.

C'est le fentiment de Mr. de Tillemont & du Pere Thomaffin, qui croient non-feulement que Célidoine Célidoine Difcipl. Ecclef. dépoffedé par Hilaire & rétabli par le Saint Siége, étoit part. 2. liv. 1. ch. Evêque de Befançon & que la Sentence d'Hilaire étoit 9.n. 3.

un attentat, mais encore que l'Evêque de Befançon étoit un Métropolitain. Que fi, ajoute le Pere Thomaffin, le nom de cet Evêque fe trouve quelquefois reculé dans les foufcriptions des Conciles, on ne peut en tirer aucune conjecture raifonnable contre fa dignité. 1o. Parce que les Copistes ont fait cent fautes dans les foufcriptions. 2°. Que les Métropolitains ont fouvent foufcrit, après les fimples Evêques qui avoient été ordonnés avant eux. 3°. Que les Evêques négligeoient leurs rangs d'antiquité ou de dignité, & fouferivoient au hafard comme ils se rencontroient; ce qui obligea le Pape Saint Gregoire, de leur recommander de garder leurs rangs. Enfin l'Evêque de Befançon eft reconnu Métropolitain & Archevêque dans le Teftament de Charlemagne, dans les Capitulaires & dans les Conciles qui ont fuivi, & le Pape Jean VIII. en lui écrivant, l'apelle Archevêque de Cryfopolis.

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HISTOIRE

DE

L'ABBAYE

DE S. CLAUDE

ORSQUE Hilaire d'Arles vint à Befançon, & qu'il y dépofa l'Evêque Célidoine, il manda à Saint Romain de venir le trouver; & ayant reconnu que fa réputation étoit au-deffous de fes vertus, il l'ordonna Prêtre malgré fa résistance. Saint Romain a été le premier Abbé du Monaftere de Saint Claude, qui fubfifte encore aujourd'hui avec beaucoup d'éclat; non-feulement par fes richeffes, & parce que l'on n'y entre qu'après une preuve rigoureufe de feize quartiers de nobleffe, mais auffi par les vertus des fujets qui le compofent: conduite d'autant plus estimable, qu'ils ne font pas en vie commune, & qu'ils

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font moins aftraints par leur régle, qui a reçû de gran des modifications, par les ufages fuivant lefquels ils font profeffion.

Plufieurs d'entr'eux ont des Offices clauftraux, qui leur produisent des revenus confiderables. Ils vivent noblement, mais ils réfervent la meilleure partie de leurs revenus, pour l'employer en œuvres pieuses. Je ne parlerai pas des charités qu'ils font journellement, & des vales précieux dont ils ornent leurs Eglifes. Mais je ne puis me taire fur le bel Hôpital, fur une Eglife & une Maifon pour des Religieux de la Ville que je leur ai vû bâtir, & fur le parachevement d'une de leurs Eglifes dédiée au Prince des Apôtres,commencée depuis plufieurs fiécles & qu'on n'ofoit entreprendre d'achever, parce qu'on fe perfuadoit qu'il falloit avoir les richeffes d'un Souverain pour y parvenir.

Romain & Lupicin freres, étoient d'une bonne famille d'Ifernore, lieu de la Province Séquanoife, diftingué dans le tems du Paganifme, par un Temple fameux dédié à Mercure, & par une Fabrique de Monnoye fous les Rois de la premiere Race. Romain ne fe donna pas à l'étude des Lettres, mais il s'apliqua tout entier dès fa jeuneffe à celle des vertus chrétiennes. Il aprit les principes de la vie cénobitique à Lyon au Monaftere d'Ainay fous l'Abbé Sabin, & réfolut de la pratiquer. Il entra à l'âge de 35 ans dans un défert du MontJura, éloigné d'Ifernore de huit lieuës; dans un terrain peu étendu, entre de hautes montagnes & d'affreux rochers, au confluent des deux petites rivieres apellées l'Aliere & la Bienne, qui lui avoient fait donner le nom de Condat, & qu'on trouve nommé dans les anciens Auteurs, fous ceux de Condadifcone, Condadifcenfe, Condadefcenfe, & Condatifcenfe Monafterium.

Il y vécut plufieurs années des fruits que la terre produifoit d'elle-même, & de ce qu'il y faifoit croître par le travail de fes mains. Lupicin fon frere puîné étoit resté dans le fiécle, & s'étoit marié pour obéir à fes parents.

Mais ayant perdu son époufe, il quitta le monde pour venir joindre Romain dans le défert.

Le démon ennemi de tout bien, prévoyant combien l'exemple de nos Solitaires alloit dérober de fujets à fon empire, les perfécuta par voie de fait, comme il avoit fait S. Antoine,& peu s'en fallut qu'il ne les forçât à quitter leur folitude. Ils en fortirent en effet, mais ils furent divinement ranimés à y rentrer. Bientôt l'odeur de leur fainteté attira des compagnons qui venoient vivre fous leur conduite, & ils fe trouyérent en fi grand nombre, qu'on fut obligé de faire à Condat un Monastere. Ce nombre augmentant tous les jours, un fecond Monastere devint néceffaire. On l'établit à Laucone à deux lieuës de Condat.

à

Nos Saints avoient laiffé dans le fiécle une fœur. Elle les vint trouver, avec une nombreuse fuite de veuves & de filles, qui avoient la plûpart, leurs enfans ou leurs freres, dans les Monafteres de Condat & de Laucone, & qui étoient réfoluës de vivre à leur exemple, dans la folitude & dans la pratique de la vie réguliere. Romain & Lupicin leur affignérent une place apellée Baume, deux lieuës de Condat & à une lieuë de Laucone, où elles formérent une Communauté, fous la direction de nos faints Abbés & la conduite de leur foeur; Communauté bien confiderable, puifqu'on y compta bientôt cent & cinq Religieufes, qui vivoient dans une fi grande retraite, que dès qu'elles y étoient entrées, on ne les voyoit plus que lorfqu'on les portoit en terre ; & que leurs freres & leurs enfants mêmes, qui étoient à Condat & à Laucone, ne recevoient pas de leurs nouvelles. Ne paulatim, genuinæ recordationis gratiâ, mollitie quâdam, vincula Religionis difrumperentur*

Anonim. in vit.

Grégoire de Tours, dit que nos faints Abbés établi- Rom. cap. 2. rent un autre Monaftere dans les confins de l'Allemagne. Le Pere Mabillon eftime que c'est l'Abbaïe de RomainMoutier , qui eft dans le Mont-Jura du côté de Laufane; & on lit dans l'ancienne Chronique des Abbés de

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