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victime! en me donnant votre croix, donnez-moi votre esprit d'amour et d'abandon; faites que je pense moins à mes souffrances qu'au bonheur de souffrir avec vous. Qu'est-ce que je souffre que vous n'ayez souffert? ou plutôt, qu'est-ce que je souffre si j'ose me comparer à vous? O homme lâche! tais-toi, regarde ton maître, et rougis. Seigneur, faites que j'aime, et je ne craindrai plus la croix. Alors, si je souffre encore des choses dures et douloureuses, du moins je n'en souffrirai plus que je ne veuille bien souffrir.

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XI. JOUR.

Sur la douceur et l'humilité.

I. APPRENEZ de moi que je suis doux et humble de cœur (1). O Jésus, c'est vous qui me donnez cette leçon de douceur et d'humilité. Tout autre qui voudroit me l'apprendre me révolteroit. Je trouverois partout de l'imperfection, et mon orgueil ne manqueroit pas de s'en prévaloir. Il faut donc que ce soit vous-même qui m'instruisiez. Mais que vois-je, ô mon cher maître! vous daignez m'instruire par votre exemple. Quelle autorité! je n'ai qu'à me taire, qu'à adorer, qu'à me confondre, qu'à imiter. Quoi! le Fils de Dieu descend du ciel sur la terre, prend un corps de boue, expire sur une croix pour me faire rougir de mon orgueil! Celui qui est tout, s'anéantit; et moi,

(1) Matth. x1. 19.

qui ne suis rien, je veux être, ou du moins je veux qu'on me croie tout ce que je ne suis pas ! O mensonge! ô folie! ô impudente vanité! ô diabolique présomption! Seigneur, vous ne me dites point, Soyez doux et humble; mais vous dites que vous êtes doux et humble. C'est assez de savoir que vous l'êtes, pour conclure, sur un tel exemple, que nous devons l'être. Qui osera s'en dispenser après vous? Sera-ce le pécheur qui a mérité tant de fois par son ingratitude d'être foudroyé par votre justice?

II. Mon Dieu, vous êtes ensemble doux et humble, parce que l'humilité est la source de la véritable douceur. L'orgueil est toujours hautain, impatient, prêt à s'aigrir. Celui qui se méprise de bonne foi veut bien être méprisé. Celui qui croit que rien ne lui est dû ne se croit jamais maltraité. Il n'y a point de douceur véritablement vertueuse par tempérament ce n'est que mollesse, indolence ou artifice. Pour être doux aux autres, il faut renoncer à soi-même. Vous ajoutez, ô mon Sauveur, doux et humble de cœur. Ce n'est pas un abaissement qui ne soit que dans l'esprit par réflexion; c'est un goût du cœur; c'est un abaissement auquel la volonté consent, et qu'elle aime pour glorifier Dieu; c'est une destruction de toute confiance en son propre esprit et en son courage naturel, afin de ne devoir sa guérison qu'à Dieu seul. Voir sa misère et en être au désespoir, ce n'est pas être humble; c'est au contraire un dépit d'orgueil, qui est pire que l'orgueil même.

XII. JOUR.

Sur les défauts d'autrui.

I. PORTEZ les fardeaux les uns des autres; c'est ainsi que vous accomplirez la loi de Jésus-Christ (1). La charité ne va pas jusqu'à demander de nous que nous ne voyions jamais les défauts d'autrui; il faudroit nous crever les yeux : mais elle demande que nous évitions d'y être attentifs volontairement sans nécessité, et que nous ne soyons pas aveugles sur le bon, pendant que nous sommes si éclairés sur le mauvais. Il faut toujours nous souvenir de ce que Dieu peut faire, de moment à autre, de la plus vile et de la plus indigne créature; rappeler les sujets que nous avons de nous mépriser nous-mêmes; et enfin considérer que la charité embrasse même ce qu'il y a de plus bas, parce qu'elle voit précisément, par la vue de Dieu, que le mépris qu'on a pour les autres a quelque chose de dur et de hautain qui éteint l'esprit de Jésus-Christ. La grâce ne s'aveugle pas sur ce qui est méprisable; mais elle le supporte, pour entrer dans les secrets desseins de Dieu. Elle ne se laisse aller, ni aux dégoûts dédaigneux, ni aux impatiences naturelles. Nulle corruption ne l'étonne; nulle impuissance ne la rebute, parce qu'elle ne compte que sur Dieu, et qu'elle ne voit partout, hors de lui, que néant et que péché.

II. De ce que les autres sont foibles, est-ce une (1) Galal. v1. 22.,

bonne raison pour garder moins de mesures avec eux ? Vous qui vous plaignez qu'on vous fait souffrir, croyez-vous ne faire souffrir personne? Vous qui êtes si choqué des défauts du prochain, vous imaginezvous être parfait? Que vous seriez étonné, si tous ceux à qui vous pesez venoient tout-à-coup s'appesantir sur vous! Mais quand vous trouveriez votre justification sur la terre, Dieu qui sait tout, et qui a tant de choses à vous reprocher, ne peut-il pas d'un seul mot vous confondre et vous arrêter? Et ne vous vient-il jamais dans l'esprit, de craindre qu'il ne vous demande pourquoi vous n'exercez pas envers votre frère un peu de miséricorde, que lui, qui est votre maître, exerce si abondamment envers vous?

XIII. JOUR.

Sur l'unique nécessaire.

I. Vous vous empressez, et vous vous troublez de beaucoup de choses; une seule est nécessaire (1). Nous croyons avoir mille affaires, et nous n'en avons qu'une. Si celle-là se fait, toutes les autres se trouveront faites si elle manque, toutes les autres, quelque succès qu'elles semblent avoir, tomberont en ruine. Pourquoi donc partager tant son cœur et ses soins? O unique affaire que j'aie sur la terre, vous aurez désormais mon unique attention! Au rayon de la lumière de Dieu, je ferai à chaque moment sans inquiétude, selon les forces de mon corps, ce que

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la Providence me mettra en chemin de faire. J'abandonnerai le reste sans douleur, parce que le reste n'est pas mon œuvre.

II. Père céleste, j'ai achevé l'ouvrage que vous m'aviez donné à faire (1). Chacun de nous doit se mettre en état d'en dire autant, au jour où il faudra rendre compte. Je dois regarder ce qui se présente à faire chaque jour selon l'ordre de Dieu, comme l'ou vrage dont Dieu me charge, et m'y appliquer d'une manière digne de Dieu, c'est-à-dire avec exactitude et avec paix. Je ne négligerai rien; je ne me passionnerai sur rien ; car il est dangereux, ou de faire l'œuvre de Dieu avec négligence, ou de se l'approprier par amour-propre et par un faux zèle. Alors on fait ses actions par son esprit particulier; on les fait mal; on se pique, on s'échauffe, on veut réussir. La gloire de Dieu est le prétexte qui cache l'illusion. L'amourpropre déguisé en zèle se contriste et se dépite s'il ne peut réussir. O Dieu, donnez-moi la grâce d'être fidèle dans l'action, et indifférent dans le succès. Mon unique affaire est de vouloir votre volonté, et de me recueillir en vous, au milieu même de ce que je fais : la vôtre est de donner à mes foibles efforts tel fruit qu'il vous plaira; aucun, si vous ne voulez.

(1) Joan. xvII. 4.

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