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donne jamais. Il présente quelques plaisirs passagers; mais ces plaisirs coûtent plus qu'ils ne valent. JésusChrist seul peut mettre l'homme en paix. Il l'accorde avec lui-même; il lui soumet ses passions; il borne ses désirs; il le console par l'espérance des biens éternels; il lui donne la joie du Saint-Esprit ; il lui fait goûter cette joie intérieure dans la peine même : et comme la source qui la produit est intarissable, et que le fond de l'ame où elle réside est inaccessible à toute la malignité des hommes, elle devient pour le juste un trésor que personne ne lui peut ravir.

H. La vraie paix n'est que dans la possession de Dieu, et la possession de Dieu ici-bas ne se trouve que dans la soumission à la foi, et dans l'obéissance à la loi. L'une et l'autre entretiennent au fond du cœur un amour pur et sans mélange. Eloignez de vous tous les objets défendus; retranchez tous les désirs illicites; bannissez tout empressement et toute inquiétude; ne désirez que Dieu, ne cherchez que Dieu; et vous goûterez la paix; vous la goûterez malgré le monde. Qu'est-ce qui vous trouble? La pauvreté, les mépris, les mauvais succès, les croix intérieures et extérieures? Regardez tout cela, dans la main de Dieu, comme de véritables faveurs qu'il distribue à ses amis, et dont il daigne vous faire part : alors le monde changera de face pour vous, et rien ne vous ôtera votre paix.

XVIII. JOUR.

Sur les joies trompeuses.

I. J'▲1 regardé les ris comme un songe, et j'ai dit à la joie : Pourquoi me trompez-vous (1). Le monde se réjouit comme les malades qui sont en délire, ou comme ceux qui rêvent agréablement en dormant. On n'a garde de trouver de la solidité, quand on ne s'attache qu'à une peinture vaine, à une image creuse, à une ombre qui fuit, à une figure qui passe. On ne se réjouit qu'à cause qu'on se trompe; qu'à cause qu'on croit posséder beaucoup, lors même qu'on ne possède rien. Au réveil de la mort, on se trouvera les mains vides, et on sera honteux de sa joie. Malheur donc à ceux qui ont en ce monde une fausse consolation qui les exclut de la véritable! Disons sans cesse à la joie vaine et évaporée que le siècle inspire: Pourquoi me trompez-vous si grossièrement? Rien n'est digne de nous donner de la joie, que notre bienheureuse espérance. Tout le reste, qui n'est pas fondé là-dessus, n'est qu'un songe,

II. Celui qui boira de cette eau, aura encore soif(2). Plus on boit des eaux corrompues du siècle, plus on est altéré. A mesure qu'on se plonge dans le mal, à mesure il naît des désirs inquiets dans le cœur. La possession des richesses ne fait qu'irriter la soif. L'avarice et l'ambition sont plus mécontentes de ce qu'elles n'ont pas encore, qu'elles ne sont satisfaites (Eccles. 11. 2. — (*) Joan. IV. 13.

de tout ce qu'elles possèdent. La jouissance des plaisirs ne fait qu'amollir l'ame; elle la corrompt; elle la rend insatiable. Plus on se relâche, plus on se veut relâcher. Il est plus facile de retenir son cœur dans un état de ferveur et de pénitence, que de le ramener, ou de le contenir, lorsqu'il est une fois dans la pente du plaisir et du relâchement. Veillons donc sur nous-mêmes. Gardons-nous de boire d'une eau qui augmenteroit notre soif. Conservons notre cœur avec précaution, de peur que le monde et ses vaines consolations ne le séduisent, et ne lui laissent à la fin que le désespoir de s'être trompé.

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XIX. JOUR

Sur les saintes larmes,

1. BIEN HEUREUX ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (1)! Quel nouveau genre de larmes! dit saint Augustin: elles rendent heureux ceux qui les versent. Leur bonheur consiste à s'affliger, à gémir de la corruption du monde qui nous environne, des piéges dont nous sommes entourés, du fonds inépuisable de corruption qui est au milieu de notre cœur. C'est un grand don de Dieu, que de craindre de perdre son amour, que de craindre de s'écarter de la voie étroite. C'est le sujet des larmes des saints. Quand on est en danger de perdre ce que l'on possède de plus précieux, et de se perdre soi-même, il est difficile de se réjouir. Quand on ne voit que vanité,

(1) Matth. v. 5.

qu'égarement, que scandale, qu'oubli et que mépris du Dieu qu'on aime, il est impossible de ne se pas affliger. Pleurons donc à la vue de tant de sujets de larmes : notre tristesse réjouira Dieu. C'est lui-même qui nous l'inspire; c'est son amour qui fait couler nos larmes : il viendra lui-même les essuyer.

II. On entend Jésus-Christ qui dit : Malheur à vous qui riez (1)! et on veut rire. On l'entend dire: Malheur à vous, riches, qui avez votre consolation en ce monde! et on recherche toujours les richesses. Il dit: Heureux ceux qui pleurent! et on ne craint rien tant que de pleurer. Il faut pleurer ici-bas, nonseulement les dangers de notre condition, mais tout ce qui est vain et déréglé. Pleurons sur nous et sur le prochain. Tout ce que nous voyons au dedans et au dehors n'est qu'affliction d'esprit, que tentation et que péché. Tout mérite des larmes. Le vrai malheur est d'aimer ces choses si peu dignes d'être aimées. Que de raisons de pleurer! C'est le mieux qu'on puisse faire. Heureuses larmes, que la grâce opère, qui nous dégoûtent des choses passagères, et qui font naître en nous le désir des biens éternels!

(1) Luc. VI. 21, 24, 25.

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XX. JOUR.

Sur la prudence du siècle.

I. LA prudence de la chair est la mort des ames (1). La prudence des enfans du siècle est grande, puisque Jésus-Christ nous en assure dans l'Evangile ; et elle est même souvent plus grande que celle des enfans de Dieu mais il se trouve en elle, malgré tout ce qu'elle a d'éclatant et de spécieux, un effroyable défaut; c'est qu'elle donne la mort à tous ceux qui la prennent pour la règle de leur vie. Cette prudence tortueuse et féconde en subtilités est ennemie de celle de Dieu, qui marche toujours dans la droiture et dans la simplicité. Mais que servent aux prudens du siècle tous leurs talens, puisqu'à la fin ils se trouvent pris dans leurs propres piéges? L'apôtre saint Jacques donne à cette prudence le nom de terrestre, d'animale et de diabolique (2): terrestre, parce qu'elle borne ses soins à l'acquisition et à la possession des biens de la terre; animale, parce qu'elle n'aspire qu'à fournir aux hommes tout ce qui flatte leurs passions, et à les plonger dans les plaisirs des sens; diabolique, parce qu'ayant tout l'esprit et toute la pénétration du démon, elle en a toute la malice. Avec elle, on s'imagine tromper tous les autres, et on ne trompe que soi-même.

II. Aveugles donc tous ceux qui se croient sages, et qui ne le sont pas de la sagesse de Jésus-Christ,

() Rom. viii. 6. (2) Jac. 111. 15.

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