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XXX. JOUR.

Sur l'amour que nous devons avoir pour Dieu.

I. QU'AI-JE à désirer dans le ciel, et que puis-je aimer sur la terre, si ce n'est vous, ó mon Dieu (1). Souvent, quand nous disons à Dieu que nous l'aimons de tout notre cœur, c'est un langage, c'est un discours sans réalité : on nous a appris à parler ainsi dans notre enfance; et nous continuons, quand nous sommes grands, sans savoir bien souvent ce que nous disons. Aimer Dieu, c'est n'avoir point d'autre volonté que la sienne, c'est observer fidèlement sa sainte loi, c'est avoir horreur du péché. Aimer Dieu, c'est aimer ce que Jésus-Christ a aimé, la pauvreté, les humiliations, les souffrances; c'est haïr ce que Jésus-Christ a haï, le monde, la vanité, les passions. Peut-on croire qu'on aime un objet auquel on ne voudroit pas ressembler? Aimer Dieu, c'est s'entretenir volontiers avec lui, c'est désirer d'aller à lui, c'est soupirer et languir après lui. O le faux amour que celui qui ne se soucie pas de voir ce qu'il aime!

II. Le Sauveur est venu apporter un feu divin sur la terre, et son désir est que ce feu brûle (2) et consume tout. Cependant les hommes vivent dans une froideur mortelle. Ils aiment un peu de métal, une maison, un nom, un titre en l'air, une chimère qu'ils appellent réputation. Ils aiment une conversation, un amusement qui leur échappe. Il n'y a que (1) Ps. LXXII. 25. — (2) Luc. x11. 49

Dieu pour qui il ne leur reste point d'amour : tout s'épuise pour les créatures les plus méprisables. Ne voudrons-nous jamais goûter le bonheur de l'amour divin? Jusques à quand préférerons-nous d'aimer les créatures les plus empoisonnées? O Dieu! régnez sur nous malgré nos infidélités! Que le feu de votre amour éteigne tout autre feu! Que pouvons-nous voir d'aimable hors de vous, que nous ne trouvions parfaitement en vous, qui êtes la source de tout bien? Accordez-nous la grâce de vous aimer, et nous n'aimerons plus que vous, et nous vous aimerons éternellement.

XXXI. JOUR.

Sur les sentimens de l'amour divin.

I. O Dieu de mon cœur, ô Dieu mon partage pour jamais (1)! Peut-on vous connoître, ô mon Dieu, et ne vous pas aimer, vous qui surpassez en beauté, en vertu, en grandeur, en pouvoir, en bonté, en libéralité, en magnificence, en toutes sortes de perfections, et, ce qui me touche de plus près, en amour pour moi tout ce que les esprits créés peuvent comprendre? Le respect et l'inégalité entre vous et moi devroit, ce semble, m'arrêter: mais vous me permettez, c'est trop peu dire, vous m'ordonnez de vous aimer. Après cela, Seigneur, je ne me connois plus et je ne me possède plus. O amour sacré, qui avez blessé mon amour, et qui de vos propres traits vous

(2) Ps. LXX11. 26.

êtes vous-même blessé pour moi, venez me guérir, ou plutôt venez rendre la blessure que vous m'avez faite encore plus profonde et plus vive. Séparez-moi de toutes les créatures; elles m'incommodent, elles m'importunent: vous seul me suffisez, et je ne veux plus que vous.

II. Quoi ! il sera dit que les amans insensés de la terre porteront jusqu'à un excès de délicatesse et d'ardeur leurs folles passions ; et on ne vous aimeroit que foiblement et avec mesure! Non, non, mon Dieu; il ne faut pas que l'amour profane l'emporte sur l'amour divin. Faites voir ce que vous pouvez sur un cœur qui est tout à vous. L'accès vous en est ouvert, les ressorts vous en sont connus. Vous savez ce que votre grâce est capable d'y exciter. Vous n'attendez que mon consentement et que l'acquiescement de ma liberté. Je vous donne mille et mille fois l'un et l'autre. Prenez tout agissez en Dieu; embrasez-moi ; consumez-moi. Foible et impuissante créature que je suis, je n'ai rien à vous donner que mon amour. Augmentez-le, Seigneur, et rendez-le plus digne de vous. O si j'étois capable de faire pour vous de grandes choses! O si j'avois beaucoup à vous sacrifier! Mais tout ce que je puis n'est rien. Soupirer, languir, aimer, et mourir pour aimer encore davantage, c'est désormais tout ce que je veux.

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Seigneur, à qui irions-nous, sinon à vous qui avez les paroles de la vie éternelle? S. Jean. vi. 69.

Nous ne connoissons point assez l'Evangile; et ce qui nous empêche de l'apprendre, c'est que nous croyons le savoir. Nous en ignorons les maximes, nous n'én pénétrons point l'esprit, nous recherchons curieusement les paroles des hommes, et nous négligeons celles de Dieu. Une parole de l'Evangile est plus précieuse que tous les autres livres du monde ensemble; c'est la source de toute vérité. Avec quel amour, avec quelle foi, avec quelle adoration devrions-nous y écouter Jésus-Christ! Disons-lui donc désormais avec saint Pierre: Seigneur, à qui irionsnous? Un moment de recueillement, d'amour et de presence de Dieu, fait plus voir et entendre la vérité, que tous les raisonnemens des hommes.

II.

Du changement de la lumière en ténèbres.

Prenez donc garde que la lumière qui est en vous ne soit que ténébres. S. Luc. xi. 35.

Il n'est pas étonnant que nos défauts nous défigurent aux yeux de Dieu. Mais que nos vertus mêmes ne soient souvent que des imperfections, c'est ce qui doit nous faire trembler. Souvent notre sagesse n'est qu'une politique charnelle et mondaine; notre modestie, qu'un extérieur composé et hypocrite pour garder les bienséances et nous attirer des louanges; notre zèle, qu'un effet de l'humeur ou de l'orgueil; notre franchise, qu'une brusquerie; et ainsi du reste. Avec quelle lâcheté sont exécutés en détail les sacrifices que nous faisons à Dieu, et qui paroissent les plus éclatans! Craignons que la lumière se change en ténèbres.

III.

Des piéges et de la tyrannie du monde.

Malheur au monde à cause de ses scandales! S. Matth. xviii. 7.

QUE volontiers, Seigneur, je répète cette terrible parole de Jésus-Christ votre fils et mon sauveur ! Elle est terrible pour le monde à jamais réprouvé; mais elle est douce et consolante pour ceux qui vous

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