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aiment et qui le méprisent. Elle seroit pour moi un coup de foudre, si jamais je me rengageois contre vous dans la servitude du'siècle. Ah! monde aveugle et injuste tyran! tu flattes pour trahir; tu amuses pour donner le coup de la mort. Tu ris, tu fais rire; tu méprises ceux qui pleurent; tu ne cherches qu'à enchanter les sens par une vaine joie qui se tourne en poison mais tu pleureras éternellement, pendant que les enfans de Dieu seront consolés. O que je méprise tes mépris, et que je crains tes complaisances!

IV.

Combien peu renoncent à l'amour du monde, qui est si digne de mépris.

N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. I Ep. de S. Jean, 11. 15.

QUE ces paroles ont d'étendue! Le monde est cette multitude aveugle et corrompue que JésusChrist maudit dans l'Evangile, et pour lequel il ne veut pas même prier en mourant. Chacun parle contre le monde, et chacun a pourtant le monde dans son cœur. Le monde n'est que l'assemblage des gens qui s'aiment eux-mêmes, et qui aiment les créatures sans rapport à Dieu. Nous sommes donc le monde nous-mêmes, puisqu'il ne faut pour cela que s'aimer, et que chercher dans les créatures ce qui n'est qu'en Dieu. Avouons que nous appartenons au monde, et que nous n'avons point l'esprit

de Jésus-Christ. Quelle pitié de renoncer en apparence au monde, et d'en conserver les sentimens ! Jalousie pour l'autorité, amour pour la réputation qu'on ne mérite pas, dissipation dans les compagnies, recherche des commodités qui flattent la chair, lâcheté dans les exercices chrétiens, inapplication à étudier les vérités de l'Evangile; voilà le monde. Il vit en nous; et nous voulons vivre en lui, puisque nous désirons tant qu'on nous aime, et que nous craignons qu'on nous oublie. Heureux le saint apôtre, pour qui le monde étoit crucifié, et qui l'étoit aussi pour le monde (1).

V.

Sur la véritable paix.

Je vous donne la paix, non comme le monde la donne.
S. Jean, XIV. 27.

QUEL bonheur de savoir combien le monde est méprisable! C'est sacrifier à Dieu peu de chose, que de lui sacrifier ce fantôme. Qu'on est foible quand on ne le méprise pas autant qu'il le mérite! Qu'on est à plaindre quand on croit avoir beaucoup quitté en le quittant! Tout chrétien y a renoncé par son baptême les personnes religieuses et retirées ne font donc que suivre cet engagement avec plus de précaution que les autres. C'est avoir cherché le port en fuyant la tempête. Le monde promet la paix, il est vrai, mais il ne la donne jamais ; il cause (1) Galat. vi. 14.

quelques plaisirs passagers, mais ces plaisirs coûtent plus qu'ils ne valent. Jésus-Christ seul peut mettre l'homme en paix; il l'accorde avec lui-même; il soumet ses passions; il borne ses désirs; il le console par son amour; il lui donne la joie dans la peine même : ainsi cette joie ne peut lui être ôtée.

VI.

Que Jésus-Christ a refusé de prier pour le monde.

Je ne prie point pour le monde. S. Jean, xvn. 9.

JESUS-CHRIST Mourant prie pour ses bourreaux, et refuse de prier pour le monde. Que dois-je donc penser de ces hommes qu'on appelle honnêtes gens, et que j'ai appelés mes amis, puisque les persécuteurs et les meurtriers de Jésus-Christ lui sont moins odieux que ces hommes auxquels j'avois livré mon cœur? Que puis-je attendre de ma foiblesse dans les compagnies où l'on se pique d'oublier Dieu, de traiter la piété de foiblesse, et de suivre tous ses désirs? Puis-je croire que j'aime Dieu et que je ne rougisse point de son évangile, si j'aime tant la société de ses ennemis, et si je crains de leur déplaire en témoignant que je crains Dieu ? O Seigneur! soutenez-moi contre les torrens du monde; rompez mes liens ; éloignezmoi des tabernacles des pécheurs; unissez-moi avec ceux qui vous aiment!

VII.

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VII.

Sur la fuite du monde.

Malheur au monde à cause de ses scandales. S. Matth. xviii. 7.

Le monde porte déjà sur son front la condamnation de Dieu; et il ose s'ériger en juge pour décider de tout. On veut aimer Dieu, et on craint lâchement de déplaire au monde, son irréconciliable ennemi. O ame adultère, et infidèle à l'époux sacré! ne savez-vous pas que l'amitié du monde rend ennemi de Dieu? Malheur donc à ceux qui plaisent au monde, ce juge aveugle et corrompu!

Mais qu'est-ce que le monde? est-ce un fantôme? Non; c'est cette foule d'amis profanes qui m'entrehonnêtes tiennent tous les jours, qui passent pour gens, qui ont de l'honneur, que j'aime et dont je suis aimé, mais qui ne m'aiment point pour Dieu. Voilà mes plus dangereux ennemis. Un ennemi déclaré ne tueroit que mon corps; ceux-ci ont tué mon ame. Voilà le monde que je dois fuir avec horreur, si je veux suivre Jésus-Christ.

FENELON. XVIII.

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VIII.

Sur le même sujet.

Le monde est crucifié pour moi, comme je suis crucifié pour le monde. Gal. vI. 14.

Il ne suffit pas, selon l'Apôtre, que le monde soit crucifié pour nous, il faut que nous le soyons aussi pour lui. On croit être bien loin du monde, parce qu'on est dans une retraite; mais on parle le langage du monde; on en a les sentimens, les curiosités; on veut de la réputation, de l'amitié, de l'amusement; on a encore des idées de noblesse; on souffre avec répugnance les moindres humiliations. On veut bien, dit-on, oublier le monde; mais on ressent dans le fond de son cœur qu'on ne veut pas être oublié par lui. En vain cherche-t-on un milieu entre JésusChrist et le monde.

IX.

Que, dans la voie de la perfection, les premiers sont bien souvent atteints et devancés par les derniers.

Ceux qui étoient les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers. S. Luc, x111. 30.

COMBIEN d'ames, qui, dans une vie commune, auront atteint à la perfection, pendant que les épouses du Seigneur, comblées de grâces, appelées à goûter

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