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la manne céleste, auront langui dans une vie lâche et imparfaite! Combien de pécheurs, qui, après avoir passé tant d'années dans l'égarement et dans l'ignorance de l'Evangile, laisseront tout d'un coup derrière eux, par la ferveur de leur pénitence, les ames qui avoient goûté, dès leur plus tendre jeunesse, les dons du Saint-Esprit, et que Dieu avoit prévenues de ses plus douces bénédictions! Qu'il sera beau aux derniers de remporter ainsi la couronne, et d'être, par leur exemple, la condamnation des autres! Mais qu'il sera douloureux aux premiers de devenir les derniers, de se voir derrière ceux dont ils étoient autrefois le modèle, de perdre leurs couronnes, et de les perdre pour quelques amusemens qui les ont retardés! Je ne saurois voir le recueillement de certaines personnes qui vivent dans le monde, leur désintéressement, leur humilité, sans rougir de voir combien nous, qui ne devrions être occupés que de Dieu, sommes dissipés, vains, et attachés à nos commodités temporelles. Hâtons-nous de courir, de peur d'être laissés derrière.

X.

De l'amour du prochain.

Soyez attentifs à vous aimer les uns les autres d'un amour fraternel. 1 Ep. de S. Pierre, 1. 22.

CET apôtre veut, par ces paroles, que notre charité soit toujours attentive pour ne pas blesser le prochain. Sans cette attention, la charité, qui est si fra

gile en cette vie, se perd bientôt. Un mot dit avec hauteur ou avec chagrin, un air sec ou dédaigneux, peut altérer les esprits foibles. Il faut ménager des créatures si chères à Dieu, des membres si précieux de Jésus-Christ. Si vous manquez de cette attention, vous manquez aussi de charité; car on ne peut aimer sans s'appliquer à ce qu'on aime. Cette attention de charité doit remplir tout l'esprit et le cœur. Il me semble que j'entends Jésus-Christ vous dire comme à saint Pierre : Paissez mes brebis.

XI.

Que nous sommes venus pour servir les autres.

Je ne sais pas venu pour être servi, mais pour servir les autres. S. Marc, x. 45.

C'EST ce que doivent dire toutes les personnes qui ont quelque autorité sur d'autres. C'est un pur ministère. Il faut effectivement servir ceux à qui l'on paroît commander, souffrir leurs imperfections, les redresser doucement et avec patience, les attendre dans les voies de Dieu, se faire tout à tous, se croire fait pour eux, s'humilier pour leur adoucir les corrections les plus nécessaires, ne se rebuter jamais, demander à Dieu le changement de leur cœur, qu'on ne peut point obtenir soi-même. Examinez-vous par rapport aux personnes qui vous sont commises, et dont vous êtes chargé devant Dieu.

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Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.
S. Matth. xi. 29.

Il n'y avoit que le Fils de Dieu qui pût nous faire cette divine leçon; lui qui, étant égal à son Père, s'est anéanti, comme dit saint Paul (1), en prenant la forme et la condition d'un esclave. Que n'a-t-il pas fait pour l'amour de nous ? Que n'a-t-il pas souffert de nous, et que ne souffre-t-il pas encore? Il a été mené, dit Isaïe (2), comme une victime qu'on va égorger, et on ne l'a pas entendu se plaindre. Et nous, nous nous plaignons des moindres maux; nous sommes vains, délicats, sensibles.

Il n'y a point de douceur véritable et constante sans humilité. Tandis que nous serons pleins de nousmêmes, tout nous choquera en autrui. Soyons persuadés que rien ne nous est dû, et alors rien ne nous aigrira. Pensons souvent à nos misères, et nous deviendrons indulgens pour celles d'autrui. Il n'y a point de page dans les Écritures, dit saint Augustin, où Dieu ne fasse tonner ces grandes et aimables paroles: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.

(1) Philip. 11. 6, 7. —(2) IS. LIII. 7.

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XIII.

De la véritable grandeur.

Quiconque s'exalte sera humilié, et quiconque s'humilie sera exalté. S. Luc, XIV. 11.

PUISQUE nous aimons tant l'élévation, cherchonsla où elle est, cherchons celle qui durera toujours. O l'admirable ambition que celle de régner éternellement avec le Fils de Dieu, et d'être assis à jamais sur un même trône avec lui! Mais quelle ambition, quelle jalousie d'enfant, que de s'empresser pour avoir des noms parmi les hommes, pour parvenir à une réputation encore moins solide que la fumée qui est le jouet du vent! Faut-il se donner tant de peine pour avoir quelques gens qui se disent nos amis sans l'être, et pour soutenir de vaines apparences? Aspirons à la véritable grandeur; elle ne se trouve qu'en s'abaissant sur la terre. Dieu confond le superbe dès cette vie; il lui attire l'envie, la critique et la calomnie; il lui cause mille traverses; et enfin il l'humiliera éternellement : et l'humble qui se cache, qui veut être oublié, qui craint d'être recherché du monde, sera, dès cette vie, respecté pour n'avoir pas voulu l'être, et une éternelle gloire sera la récompense de son mépris pour la gloire fausse et méprisable.

XIV.

Sur quoi nous devons fonder notre joie.

Réjouissez-vous, je vous le dis encore, réjouissez-vous que votre modestie soit connue de tous les hommes; car le Seigneur est proche. Philip. iv. 4, 5.

C'EST le dégoût de nos passions et des vanités du monde qui doit être la source de notre joie. Nous ne devons fonder notre joie que sur l'espérance, et nous ne devons espérer qu'autant que le monde nous déplaît. Ce doit être l'attente de Jésus-Christ, qui va venir nous couronner, qui doit nous rendre modestes et constans: il faut se tenir prêt à le recevoir, être bien aise qu'il vienne : ce sera le juge du monde et notre consolateur. Qu'il est doux d'attendre JésusChrist en paix, tandis que les enfans du siècle craignent qu'il arrive! Ils trembleront, ils frémiront; et nous, nous verrons venir avec joie et confiance notre aimable délivrance. Heureux état, état digne d'envie! Que ceux qui n'y sont pas encore y aspirent c'est notre lâcheté et nos amusemens qui nous éloignent de cet état de confiance et de consolation.

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