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XV.

Des effets de l'Eucharistie en nous.

Celui qui me mange doit vivre pour moi. S. Jean, vi. 55, 56.

C'EST la chair de Jésus-Christ que nous mangeons; mais c'est son esprit qui nous vivifie. La chair seule ne profite de rien, comme il le dit lui-même; oui, la chair, quoique unie au Verbe, en sorte que saint Jean ne craint point de dire que le Verbe est fait chair. Il ne l'a unie que pour nous communiquer son esprit plus sensiblement par cette société charnelle qu'il a faite avec nous; il ne nous la donne à manger que pour nous incorporer à lui, et faire vivre nos ames de sa vie divine. Pourquoi donc, vivant si souvent de lui, refuserons-nous de vivre pour lui? Que devient en nous ce pain céleste, cette chair toute divine? A quoi servent nos communions? Jésus-Christ vit-il en nous? Ses sentimens, ses actions se manifestent-elles en notre chair mortelle ? Croissons-nous en Jésus-Christ à force de le manger? Toujours s'amuser, toujours murmurer contre les moindres croix, toujours ramper sur la terre, toujours chercher de misérables consolations, toujours cacher ses défauts sans les corriger, pendant qu'on ne fait qu'une même chair avec lui!

XVI.

Sur le même sujet.

Celui qui me mange doit vivre pour moi. S. Jean. vi. 55, 56.

JÉSUS-CHRIST est toute notre vie; c'est la vérité éternelle dont nous devons être nourris: quel moyen de prendre un aliment si divin, et de languir toujours! Ne point croître dans la vertu, n'avoir ni force ni santé, se repaître de mensonge, fomenter dans son cœur des passions dangereuses, être dégoûté des vrais biens, est-ce là la vie d'un Chrétien qui mange le pain du ciel? Jésus-Christ ne veut s'unir et s'incorporer avec nous, que pour vivre dans le fond de nos cœurs; il faut qu'il se manifeste dans notre chair mortelle, que Jésus-Christ paroisse en nous, puisque nous ne faisons qu'une même chose avec lui. Je vis, mais ce n'est plus moi qui vis (1), c'est Jésus-Christ qui vit dans sa créature, déjà morte à toutes les choses humaines.

XVII.

De la confiance en Dieu.

Je dors, et mon cœur veille. Cant. v. 2.

On dort en paix dans le sein de Dieu, par l'abandon à sa providence, et par un doux sentiment de sa

(1) Gal. 11. 20.

miséricorde. On ne cherche plus rien, et l'homme tout entier se repose en lui. Plus de raisonnemens incertains et inquiets, plus de désirs, plus d'impatience à changer sa place. La place où nous sommes, c'est le sein de Dieu; car c'est Dieu qui nous y a mis de ses propres mains, et qui nous y porte entre ses bras. Peut-on se trouver mal où il nous met, et où nous sommes comme un enfant que sa mère tient et embrasse? Laissons-le faire, reposons-nous sur lui et en lui. Ce repos de confiance, qui éteint tous les mouvemens de la prudence charnelle, c'est la véritable vigilance du cœur. S'abandonner à Dieu sans s'appuyer sur la créature ni sur la nature, c'est faire veiller son cœur tandis qu'on dormira. Ainsi l'amour aura toujours les yeux ouverts avec jalousie, pour ne tendre qu'à son bien-aimé, et nous ne nous endormirons point dans la mort.

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XVIII.

Qu'il n'y a que Dieu qui puisse apprendre à prier.

Enseignez-nous à prier. S. Luc. XI. 1.

SEIGNEUR, je ne sais ce que je dois vous demander. Vous seul savez ce qu'il nous faut; vous m'aimez mieux que je ne sais m'aimer moi-même. O père! donnez à votre enfant ce qu'il ne sait pas lui-même demander. Je n'ose demander ni croix ni consolations; je me présente seulement à vous; je vous ouvre mon cœur. Voyez mes besoins, que je ne connois pas;

voyez, et faites selon votre miséricorde. Frappez ou guérissez, accablez ou relevez-moi j'adore toutes vos volontés sans les connoître; je me tais, je me sacrifie, je m'abandonne. Plus d'autres désirs que ceux d'accomplir votre volonté. Apprenez-moi à prier; priez vous-même en moi.

XIX.

De l'amour de Dieu.

Seigneur, vous savez-bien que je vous aime. S. Jean. xxi. 16.

SAINT Pierre le disoit à notre Seigneur; mais oserions-nous le dire? Aimons-nous Dieu pendant que nous ne pensons point à lui? Quel est l'ami à qui nous n'aimons pas mieux parler qu'à lui? Où nous ennuyons-nous davantage qu'au pied des autels? Que faisons-nous pour plaire à notre maître, et pour nous rendre tels qu'il veut? Que faisons-nous pour sa gloire? Que lui avons-nous sacrifié pour accomplir sa volonté? La préférons-no us à nos moindres intérêts, aux amusemens les plus indignes? Où est donc cet amour que nous pensons avoir? Malheur pourtant à celui qui n'aime pas le Seigneur Jésus (1) qui nous a tant aimés! Donnera-t-il son royaume éternel à ceux qui ne l'aiment pas? Si nous. l'aimions, pourrions-nous être insensibles à ses bienfaits, à ses inspirations, à ses grâces? Ni la vie, ni la mort, ni le présent, ni l'avenir, ni la puissance, (1) I Cor. XVI. 22.

ne pourront désormais nous séparer de la charité de Jésus-Christ (1).

XX.

Sur le même sujet.

Seigneur, vous savez bien que je vous aime. S. Jean. xxi. 16.

Vous le savez mieux que moi, ô mon Dieu, ô mon père, ô mon tout, combien je vous aime. Vous le savez, et je ne le sais pas : car rien ne m'est plus caché que le fond de mon cœur. Je veux vous aimer; je crains de ne pas vous aimer assez; je vous demande l'abondance du pur amour. Vous voyez mon désir; c'est vous qui le faites en moi. Voyez dans votre créature ce que vous y avez mis. O Dieu, qui m'aimez assez pour m'inspirer de vous aimer sans bornes, ne regardez plus le torrent d'iniquités qui m'avoit englouti; regardez votre miséricorde et mon

amour.

(1) Rom. viii. 38, 39.

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