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XXI.

Que rien ne sauroit manquer à celui qui s'attache à Dieu.

C'est le Seigneur qui me conduit; rien ne pourra me manquer. Ps. XXII. 1.

N'AVONS-NOUS point de honte de chercher quelque chose avec Dieu? Quand nous avons la source de tous biens, nous nous croyons encore pauvres. On cherche dans la piété même les commodités et les consolations temporelles; on regarde la piété comme un adoucissement aux peines qu'on souffre, et non comme un état de renoncement et de sacrifice; de là viennent tous nos découragemens. Commençons par nous abandonner à Dieu. En le servant, ne nous mettons jamais en peine de ce qu'il fera pour nous. Un peu plus ou un peu moins souffrir, dans une vie si courte, ce n'est pas grand'chose.

Que peut-il me manquer lorsque j'ai Dieu? Oui, Dieu lui-même est le bien infini et l'unique bien. Disparoissez, faux biens de la terre, qui portez indignement ce nom, et qui ne servez qu'à rendre les hommes mauvais! Rien n'est bon que le Dieu de mon cœur, que je porterai toujours au dedans de moi. Qu'il m'ôte les plaisirs, les richesses, les honneurs, l'autorité, les amis, la santé, la vie : tant qu'il ne se dérobera point lui-même à mon cœur, je serai toujours riche; je n'aurai rien perdu ; j'aurai conservé ce qui est tout. Le Seigneur m'a cherché dans

mes égaremens, m'a aimé quand je ne l'aimois pas, m'a regardé avec tendresse, malgré mes ingratitudes : je suis dans sa main; il me mène comme il lui plaît. Je sens ma foiblesse et sa force. Avec un tel appui rien ne me manquera jamais.

XXII.

Que Dieu doit être l'unique portion du cœur de

l'homme.

O Dieu de mon cœur, et mon éternelle portion! Ps. LXXII. 26.

SEIGNEUR, Vous êtes le Dieu de toute la nature; tout obéit à votre voix. vous êtes l'ame de tout ce qui vit, et même de tout ce qui ne vit point. Vous êtes plus mon ame que celle même que vous avez donnée à mon corps : vous êtes plus près de moi que moi-même. Tout est à vous: mon cœur n'y sera-t-il pas, ce cœur que vous avez fait, que vous animez? Il est à vous, et non à moi.

Mais, ô mon Dieu! vous êtes aussi à moi; car je vous aime. Vous êtes tout pour moi. Je n'ai nul autre bien, ô mon éternelle portion! Ce n'est point les consolations d'ici-bas, ni les goûts intérieurs, ni les lumières extraordinaires que je souhaite; je ne demande aucun de ces dons qui viennent de vous, mais qui ne sont point encore vous-même. C'est de vousmême, et de vous seul, que j'ai faim et soif. Je m'oublie, je me perds; faites de moi ce qu'il vous plaira, n'importe; je vous aime.

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XXIII.

De quelle manière Dieu veut être glorifié.

Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. S. Luc. 11. 14.

EN ne cherchant que la gloire de Dieu, notre paix s'y trouvera. Mais la gloire de Dieu ne se trouve point dans toutes les pensées et les actions des hommes. Dieu ne veut être glorifié que par l'anéantissement entier de la nature et par l'abandon à son esprit. Il ne faut point vouloir sa gloire plus qu'il ne la veut lui-même. Prêtons-nous seulement, comme des instrumens morts, à la condnite de sa providence. Réprimons tout empressement, tout mou vement naturel, toute inquiétude déguisée sous le nom de zèle. Paix dans la bonne volonté. N'avoir plus ni désir ni crainte, et se laisser dans la main de Dieu, c'est là avoir une bonne volonté, conforme à la sienne. Celui qui est ainsi est immobile comme la montagne de Sion; il ne sauroit être ébranlé, puisqu'il ne veut que Dieu, et que Dieu fait tout.

XXIV.

De la douceur et humilité de cœur(*).

Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos ames. S. Matth. x1. 29.

MON Dieu, je viens m'instruire et m'examiner à vos pieds. Vous êtes ici présent; c'est vous qui m'y attirez par votre grâce. Je n'écoute que vous, je ne crois que vous. Parlez, votre serviteur écoute.

Seigneur, je vous adore; mon cœur n'aime que vous; il ne soupire qu'après vous. Je m'anéantis avec joie devant vous, ô éternelle Majesté : je viens pour recevoir tout de vous, et pour renoncer sans réserve à moi-même.

Envoyez, ô mon Dieu, votre Esprit saint. Qu'il devienne le mien, et que le mien soit détruit à jamais! Je me livre à cet Esprit d'amour et de vérité. Qu'il m'éclaire aujourd'hui, pour m'apprendre à être doux et humble de cœur!

O Jésus, c'est vous qui me donnez cette leçon de douceur et d'humilité. Tout autre qui voudroit me l'apprendre me révolteroit ; je trouverois partout de l'imperfection et de l'orgueil. Il faut donc que ce soit vous qui m'instruisiez.

O mon bon Maître, vous daignez m'instruire par votre exemple : quelle autorité! Je n'ai qu'à me taire,

(*) On a vu ci-dessus page 43 une partie de cette Méditation, dont Fénélon a fait usage dans les Réflexions pour tous les jours du mois. Nous la donnons ici tout entière. (Edit. de Vers.)

qu'à

qu'à adorer, qu'à me confondre, qu'à imiter. Le Fils de Dieu descend du ciel sur la terre, prend un corps de boue, expire sur la croix pour me faire rougir de mon orgueil. Celui qui est tout s'anéantit; et moi qui ne suis rien, je veux être, ou du moins je veux qu'on me croie tout ce que je ne suis pas. O mensonge! ô folie! ô impudente vanité ! ô diabolique présomption!

Seigneur, vous ne me dites point: Soyez doux et humble; mais vous dites que vous êtes doux et humble. C'est assez de savoir que vous l'êtes, pour conclure que nous devons l'être sur un tel exemple. Qui osera s'en dispenser après vous? Sera-ce le ver de terre? Sera-ce le pécheur qui a mérité tant de fois pour son ingratitude d'être foudroyé par votre justice?

Mon Dieu, vous êtes ensemble doux et humble, parce que l'humilité est la source de la véritable douceur. L'orgueil est toujours hautain, impatient, prêt à s'aigrir. Celui qui se méprise de bonne foi veut bien être méprisé, Celui qui croit que rien ne lui est dû, ne se croit jamais maltraité. Il n'y a point de véritable douceur par tempérament, ce n'est que mollesse, indolence, ou artifice. Pour être doux à autrui, il faut renoncer à soi.

Vous ajoutez, ô mon Dieu : Doux et humble de cœur. Ce n'est point un abaissement qui ne soit que dans l'esprit par réflexion, c'est un goût du cœur; c'est un abaissement auquel la volonté consent, et qu'elle aime pour glorifier Dieu. C'est un plaisir de voir sa misère, pour s'anéantir devant Dieu, afin de ne devoir sa guérison qu'à lui. C'est une destruction de toute confiance en son esprit et en son courage FÉNÉLON. xvIII.

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