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[1] Rien n'est plus capable de nous faire entrer dans la connaissance de la misère des hommes, que de considérer la cause véritable de l'agitation perpétuelle dans laquelle ils passent toute leur vie.

[2] L'âme est jetée dans le corps, pour y faire un séjour de peu de durée. Elle sait que ce n'est qu'un passage à un voyage éternel et qu'elle n'a que le peu de temps que dure la vie pour s'y préparer. Les nécessités de la nature lui en ravissent une très grande partie. Il ne lui en reste que très peu dont elle puisse disposer. [3] Mais ce peu qui lui reste l'incommode si fort, et l'embarrasse si étrangement qu'elle ne songe qu'à le perdre. Ce lui est une peine insupportable d'être obligée de vivre avec soi, et de penser à soi. Ainsi, tout son soin est de s'oublier soi-même, et de laisser couler ce temps si court et si précieux sans réflexion, en s'occupant des choses qui l'empêchent d'y penser.

[4] C'est l'origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes, et de tout ce qu'on appelle divertissement ou passe-temps. dans lesquels on n'a en effet pour but que d'y laisser passer le temps sans le sentir, ou plutôt, sans se sentir soi-même, et d'éviter en perdant cette partie de la vie, l'amertume et le dégoût intérieur qui accompagnerait nécessairement l'attention que l'on ferait sur soi-même durant ce tempslà. [5] L'âme ne trouve rien en elle qui la contente; elle n'y voit rien qui ne l'afflige quand elle y pense. C'est ce qui la contraint de se répandre au dehors et de chercher, dans l'application aux choses extérieures, à perdre le souvenir de son état véritable. Sa joie consiste dans cet oubli; et il suffit, pour la rendre misérable, de l'obliger de se voir et d'être avec soi.

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[1].....C'est tout ce qu'ils ont pu inventer pour se consoler de tant de maux. Mais c'est une consolation bien misérable, puisqu'elle va non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps, et qu'en le cachant elle fait qu'on ne pense pas à le guérir véritablement. [2] Ainsi, par un étrange renversement de la nature de l'homme, il se trouve que l'ennui, qui est son mal le plus sensible, est en quelque sorte son plus grand bien, parce qu'il peut contribuer plus que toutes choses à lui faire chercher sa véritable guérison, et que le divertissement, qu'il regarde comme son plus grand bien, est en effet son plus grand mal, parce qu'il l'éloigne plus que toutes choses de chercher le remède à ses maux: [3] et l'un et l'autre sont une preuve admirable de la misère et de la corruption de l'homme, et en même temps de sa grandeur, puisque l'homme ne s'ennuie de tout et ne cherche cette

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C'est un développement qui, dans POR, précède les pensées 460 et 335. Peut-être n'a-t-il aucune authenticité; peut-être est-il le développement de quelques lignes de Pascal, que nous aurions perdues.

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Suit dans POR, la pensée 310 (L'homme n'ayant pu se guérir de ses maux, s'est avisé de ne plus y penser).

multitude d'occupations que parce qu'il a l'idée du bonheur qu'il a perdu, lequel ne trouvant point en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures, sans pouvoir jamais se contenter, parce qu'il n'est ni dans nous, ni dans les créatures, mais en Dieu seul.

980

[1] Les impies, qui s'abandonnent aveuglément à leurs passions sans connaître Dieu et sans se mettre en peine de le chercher, vérifient par eux-mêmes ce fondement de la foi qu'ils combattent - qui est que la nature des hommes est dans la corruption. — [2] Et les Juifs, qui combattent si opiniâtrément la religion chrétienne, vérifient encore cet autre fondement de cette mème foi qu'ils attaquent qui est que JÉSUS-CHRIST est le véritable Messie, et qu'll est venu racheter les hommes, et les retirer de la corruption et de la misère où ils étaient, tant par l'état où on les voit aujourd'hui, et qui se trouve prédit dans les prophéties, que par ces mêmes prophéties qu'ils portent, et qu'ils conservent inviolablement comme les marques auxquelles on doit reconnaître le Messie.

981

Il faut juger de ce qui est bon ou mauvais par la volonté de Dieu, qui ne peut être ni injuste, ni aveugle; et non pas par la nôtre propre, qui est toujours pleine de malice et d'erreur.

982

Qui peut ne pas admirer et embrasser une religion qui connaît à fond ce qu'on reconnaît d'autant plus qu'on a plus de lumière ?

983

Les hommes prennent souvent leur imagination pour leur cœur; et ils croient être convertis dès qu'ils pensent à se convertir.

980.
981.

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POR XXVIII, 8 BOS II, XVII, 14 FAU 1, 227 13 bis MOL II, 48.

--

HAV XXIV,

FAU, HAV, MOL rattachent cette pensée à une variante de 104, § 4, publiée (pourtant à part, dans l'édition de 1678.

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PORT-ROYAL. Edition de 1678. Chapitre XXVIII (entre 67 et 68)

FAU 1, 229 HAV XXIV, 51 MOL II, 141.

984

Que l'on a bien fait de distinguer les hommes par l'extérieur, plutôt que par les qualités intérieures! Qui passera de nous deux ? qui cédera la place à l'autre ? Le moins habile? Mais je suis aussi habile que lui. Il faudra se battre sur cela. Il a quatre laquais, et je n'en ai qu'un : cela est visible; il n'y a qu'à compter; c'est à moi à céder, et je suis un sot si je le conteste. Nous voilà en paix par ce moyen: ce qui est le plus grand des biens.

985

La dernière chose qu'on trouve en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu'il faut mettre la première.

986

La dureté des Jésuites surpasse donc celle des Juifs, puisqu'ils ne refusaient de croire JÉSUS-CHRIST innocent, que parce qu'ils doutaient si Ses miracles étaient de Dieu; au lieu que, les Jésuites ne pouvant douter que les miracles de Port-Royal ne soient de Dieu, ils ne laissent pas de douter encore de l'innocence de cette maison.

987

Certains auteurs parlant de leurs ouvrages, disent : « Mon livre, mon commentaire, mon histoire, etc. » Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un «< chez moi 1» à la bouche. Ils feraient mieux de dire : « Notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc. », vu que d'ordinaire il y a plus en cela du bien d'autrui que du leur.

988

Otez la probabilité, on ne peut plus plaire au monde; mettez la probabilité, on ne peut plus lui déplaire.

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Cette pensée ne serait-elle pas un développement (écrit tout entier par Port-Royal) de la pensée 218?

PORT-ROYAL. Edition de 1678. Chapitre XXX1 (entre 35 et 36) –

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989

[1] L'éloquence est un art de dire les choses de telle façon, 1° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir; 2° qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion.

[2] Elle consiste donc dans une correspondance qu'on tàche d'établir entre l'esprit et le cœur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et de l'autre les pensées et les expressions dont on se sert; ce qui suppose qu'on aura bien étudié le cœur de l'homme pour en savoir tous les ressorts et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu'on veut y assortir. [3] Il faut se mettre à la place de ceux qui doivent nous entendre, et faire essai sur son propre cœur du tour qu'on donne à son discours. pour voir si l'un est fait pour l'autre et si l'on peut s'assurer que l'auditeur sera comme forcé de se rendre. Il faut se renfermer, le plus qu'il est possible, dans le simple naturel; ne pas faire grand ce qui est petit, ni petit ce qui est grand. Ce n'est pas assez qu'une chose soit belle, il faut qu'elle soit propre au sujet qu'il n'y ait rien de trop, ni rien de manque.

990

Il fait le disciple sans ignorance, et le maître sans présomption.

Annat.

989.

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FAU 1, 275 HAV Pro, 290

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FAU renvoie à « la copie ». HAV « au Recueil du P. Guerrier », MOL à A 416. « Il fait », c'est-à-dire il représente : c'est un reproche littéraire au nom de la vraisemblance violée.

J'ajoute ici deux pièces de vers, écrites derrière deux tableaux du château de Fontenay-le-Comte et attribués sans raisons bien valables à Pascal.

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APPENDICE

991

Il disait que L'Ecriture-Sainte n'était pas une science de l'esprit, mais une
science du cœur, qui n'était intelligible que pour ceux qui ont le cœur droit, et que
tous les autres n'y trouvaient que de l'obscurité.

992

Lorsqu'il arrivait que quelqu'un admirait la bonté de quelque viande en sa
présence, il ne le pouvait souffrir : il appelait cela ètre sensuel ; encore même que ce
ne fut que des choses communes, parce qu'il disait que C'était une marque qu'on
mangeait pour contenter le goût, ce qui était toujours mal.

993

Il ne pouvait encore souffrir qu'on cherchàt avec soin toutes les commodités,
comme d'avoir toutes choses près de soi, et mille autres choses qu'on fait sans
scrupule, parce qu'on ne croit pas qu'il y ait du mal. Mais il n'en jugeait pas de
même et nous disait qu'll n'y avait rien de si capable d'éteindre l'esprit de pauvreté.
comme cette recherche curieuse de ses commodités, de cette bienséance qui porte
à vouloir toujours avoir du meilleur et du mieux fait; il nous disait que Pour les
ouvriers, il fallait toujours choisir les plus pauvres et les plus gens de bien, et non
pas cette excellence qui n'est jamais nécessaire et qui ne saurait jamais être utile.

......Il s'écriait quelquefois : Si j'avais le cœur aussi pauvre que l'esprit, je serais
bien heureux; car je suis merveilleusement persuadé que la pauvreté est un grand
moyen pour faire son salut.....

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