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deux églises, et qui par conséquent abrège des discussions infinies pour ceux qui ne peuvent passer leur vie dans l'étude. Cette méthode est naturelle. Voilà l'effet d'une sincère charité. Bien loin de fuir, c'est aller au but par le chemin le plus court et le plus praticable. C'est ainsi qu'il faut soulager les esprits, et chercher des moyens, pour éclaircir la vérité, qui soient proportionnés à tous les simples. Mais nos frères eux-mêmes, d'où vient qu'ils craignent et supportent impatiemment cette question si courte et si décisive? Appréhendent-ils de trouver que Dieu, par une seule question claire et sensible, répande sur toutes les autres une lumière qui ouvre trop tôt leurs yeux? appréhendent-ils de voir si clair dans cette question, qu'il sera nécessaire de croire sans voir, et de se soumettre humblement sur toutes les autres? Qu'ils sachent que la crainte de reconnoître qu'on s'est trompé, est la plus incurable et la plus funeste de toutes les erreurs.

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CHAPITRE II.

Le ministère des pasteurs n'est en rien dépendant du droit naturel des peuples.

Il faut faire justice aux auteurs Protestans. Quoiqu'ils prétendent que le ministère soit à la disposition du peuple fidèle, ils ne veulent pourtant pas qu'il soit une simple commission humaine, que le peuple donne. Ils conviennent que le ministère est divin, et que c'est la volonté de Dieu qui le communique.

Ainsi, au lieu que nous soutenons que la mission divine est attachée à l'imposition des mains des pasteurs, ils prétendent qu'elle est attachée à l'élection populaire. C'est ce que M. Claude a développé nettement en répondant aux Préjugés. « Dieu a mis sa » volonté, dit-il sur ce sujet, en dépôt entre les >> mains des hommes; et cela même qu'il a institué » le ministère ordinaire dans l'Eglise, contient une » promesse d'autoriser les vocations légitimes qu'on >> feroit des personnes à cette charge. Nous sommes » d'accord sur ce point. Il ne s'agit que de savoir qui » est le dépositaire de cette volonté, ou les seuls » pasteurs, ou tout le corps de l'Eglise. Ceux de la >> communion Romaine prétendent le premier, et »` nous prétendons le second (1). »

Il est certain qu'on ne peut bien proposer l'état de la question qu'en l'expliquant ainsi. Mais cette explication suffit pour renverser tout ce que ce ministre a dit sur le droit naturel des peuples. Le ministère est une commission divine; les ministres de Jésus-Christ sont ses envoyés. Il faut que chacun d'eux puisse dire personnellement : C'est Jésus-Christ qui m'envoie ; c'est Jésus-Christ qui me fait parler. Si les Protestans soutiennent que Jésus-Christ confie son ministère à ceux que le peuple choisit, c'est à eux à montrer qu'il l'a voulu et qu'il l'a promis. Où est donc cette promesse, dont parle M. Claude, pour les pasteurs qui n'ont jamais eu l'imposition des mains? Il n'est plus question d'un droit naturel pour lequel le peuple n'ait pas besoin d'un titre formel et positif; il est question d'une promesse du Sauveur. (1) Réponse aux Prejuges, pag. 437.

Sans doute si le ministère n'est pas une simple commission du peuple, et s'il est véritablement divin, on ne peut supposer que Jésus-Christ le donne à l'élu du peuple, qu'après avoir prouvé, par son institution expresse et formelle, que Jésus-Christ a promis son droit au peuple, et qu'il a attaché sa mission au choix populaire, indépendamment de l'ordination des pasteurs; car le peuple n'a aucun droit naturel de disposer de ce qui est divin. Soit donc que la commission divine soit attachée à l'ordination, comme l'Eglise catholique le croit; soit qu'elle soit attachée au choix du peuple, comme les Protestans le prétendent; il est toujours également certain qu'il faut un titre positif, puisqu'il s'agit, non pas d'un droit naturel et commun, mais d'un don purement gratuit, et dont l'application dépend uniquement de la volonté de Dieu, suivant qu'elle est marquée dans l'institution du ministère. Pour nous, il nous est facile de montrer que la mission divine est attachée à l'imposition des mains, lorsqu'elle est faite par les pasteurs ordinaires qui ont succédé aux apôtres. L'autorité donnée par saint Paul à Timothée et à Tite, d'établir des pasteurs par l'imposition de leurs mains, est décisive. Mais en quel endroit de l'Ecriture montrera-t-on que la commission divine est attachée à l'élection populaire, sans l'imposition des mains des anciens pasteurs ?

Remarquez qu'il y a deux choses dans le culte chrétien : d'un côté, la prière et l'offrande au nom de tout le peuple; de l'autre, l'administration de la parole et des sacremens au nom de Dieu. Le pasteur est entre Dieu et les hommes; et ce n'est que par-là

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que les pasteurs représentent Jésus-Chris grand pasteur des brebis (1), et le souvera entre le ciel et la terre. Ces hommes q tent le médiateur, et qui entrent dans doivent donc être établis par les deux qu'ils réunissent; ou, pour mieux dire son souverain domaine sur ses créatur qui il lui plaît la puissance de réconcilier avec lui. Il n'appartient qu'à lui seul parole dans la bouche d'un homme m parler en son nom. S'il n'étoit question et d'offrir les fruits de la terre, le peu choisir certains hommes pour prononc commune au nom de tous, et pour prése les offrandes de l'assemblée encore mên il que Dieu eût fait entendre qu'il l'ag telle est sa grandeur, qu'il forme lui-mê doivent avoir accès auprès de lui. C'est choisir les envoyés mêmes du peuple. plus forte raison faut-il qu'il établisse ses voyés vers le peuple. Nous faisons, dit sa la fonction d'ambassadeurs pour Jésus-C à-dire, d'envoyés de Dieu; comme Jésus nous représentons est le grand envoyé. Ai doit regarder les pasteurs comme les n Jésus-Christ, et les dispensateurs de ses m Ces envoyés sont donc aussi dépositaires teurs. Gardez le dépôt, dit saint Paul à T C'est le dépôt de Dieu, et non des homme la doctrine, la parole et la grâce mêm

(1) Hebr. XIII. 20. - (a) II. Cor. v. 20. (3) I.

Christ. Ce n'est pas un ministère nu et inefficace, un ministère qui se borne à l'instruction, à l'exhortation et à la correction fraternelle; c'est un ministère qui régénère et nourrit réellement les chrétiens. Voici comment l'église protestante parle elle-même dans la forme d'administrer le baptême: Toutes ces grâces nous sont conférées, quand il lui plaît de nous incorporer en son Eglise, par le baptême. Dans la suite elle ajoute que Dieu nous distribue ses richesses et ses bénédictions par ses sacremens. Elle demande à Dieu de remettre à l'enfant le péché originel, duquel est coupable toute la lignée d'Adam, et puis après de le sanctifier par son esprit. Dans la section 49 du Catéchisme, ils parlent ainsi : Il est certain qu'au baptême la rémission de nos péchés nous est offerte, et nous la recevons. Et ensuite Nous sommes lù revêtus de Jésus-Christ, et y recevons son esprit. Et encore : Ainsi nous recevons double grâce et bénéfice de notre Dieu, au baptême. Leur Discipline parle de même. Aussi les plus éclairés d'entre eux conviennent-ils que le baptême n'est pas une simple cérémonie, ni un signe vide et inefficace, mais qu'il s'y opère une réelle régénération. Pour l'eucharistie, ils y admettent tous une nourriture réelle, et ils ne trouvent point de termes trop forts pour l'exprimer. Voilà donc la dispensation de la grâce même, qui, selon les Protestans, est renfermée dans l'administration des sacremens.

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En vérité, peut-on dire que l'homme fidèle a un droit naturel de faire parler Dieu par qui il lui plaît, et de se faire le dispensateur de ses grâces, de lier et de délier, de remettre et de retenir ici-bas, avec FÉNÉLON. II.

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