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aux grâces: tout est pure grâce pour lui; tout dépend d'une promesse et d'une assistance de Dieu purement gratuite ; il n'y a que sa parole expresse qui puisse nous découvrir quels sont ses conseils. D'où pourra donc venir à ce peuple, que Jésus-Christ a formé, et qu'il s'est acquis, le droit qu'une pure imagination lui attribue, de se créer par lui-même ses conducteurs? Une concession si gratuite peut-elle être supposée sans ombre de preuve? Le silence de JésusChrist vaudra-t-il un titre formel? osera-t-on dire qu'il n'a rien réglé à cet égard? Mais en matière de choses divines, où l'homme n'a rien et ne peut rien de luimême, le silence est un défaut de titre, qui exclut l'homme et qui lui interdit toute action. Jésus-Christ, quoique roi invisible, comme parle saint Paul (1), n'en est pas moins roi immortel. Il veille bien plus que tous les rois de la terre sur les besoins de son royaume. Le besoin où il met les peuples d'avoir des pasteurs, et l'obligation qu'il leur impose de les suivre, ne prouvent pas qu'ils pussent se faire eux-mêmes des pasteurs, quand ils en manqueroient, mais seulement que Jésus-Christ ne les laissera jamais dans ce besoin, selon la comparaison que nous avons faite d'un prince qui soumet les peuples aux magistrats, sans leur donner un pouvoir formel de les établir eux-mêmes. Quoique la police civile ne soit que l'ouvrage des peuples, et qu'elle n'ait pour fondement que leur liberté même, vous voyez qu'ils n'ont plus le droit d'en disposer, dès qu'ils sont dans la dépendance d'une puissance supérieure, qui est celle du prince : à combien plus forte raison le peuple est-il incapable de dispo

(1) 1. Tim. 1. 17.

ser du ministère de vie et de grâce, qui est le don d'en-haut. Il ne peut que suivre à la lettre, et comme pas à pas, l'institution purement gratuite de JésusChrist, et s'arrêter, dès qu'elle s'arrête. Quelle est donc cette idée profane, suivant laquelle on représente l'Eglise comme une société politique, qui use naturellement de ses droits dans toutes les choses où les lois positives ne l'ont point restreinte? Ses lois, qu'elle a reçues de Jésus-Christ, ne sont pas comme les lois civiles, qui viennent borner après coup la liberté naturelle des citoyens : ce sont des lois qui sont nos seuls titres; des lois sans lesquelles nous n'avons ni liberté, ni ombre de droit dans le royaume de Jésus-Christ; des lois qui n'ont pas trouvé l'Eglise déjà formée et déjà libre, mais qui ont formé l'Eglise même, et de qui elle tient tout ce qu'elle a de liberté et de vie dans cet ordre surnaturel. Comment donc ose-t-on parler de liberté et de droit naturel, sans aucun titre évangélique, dans un royaume où tout est grâce et miséricorde?

Si nous considérons l'Eglise comme le corps mystique de Jésus-Christ, elle doit toujours conserver en elle l'image du corps naturel du Sauveur qu'elle représente. Il faut que chaque membre, sans révolte ni confusion, conserve sa propriété et sa subordination naturelle; que le pied n'entreprenne point de faire de nouveaux yeux, ni que la main ne s'érige jamais en tête, c'est-à-dire, que le troupeau n'entreprenne point de s'élever au-dessus des pasteurs, et d'en établir de nouveaux par lui-même. La simple représentation mystique suffit pour rendre cet ordre nécessaire et immuable. Car qu'est-ce qui défigure

roit davantage le corps mystique et représentatif de Jésus-Christ, qu'une révolution générale des membres qui n'auroient plus ni ordre ni dépendance? L'Eglise, qui est le corps des fidèles, seroit un monstre, et non pas l'image du Sauveur.

Si vous ajoutez que tous les membres de l'Eglise, réellement animés par le Saint-Esprit, font entre eux un vrai tout et un corps vivant, dont l'unité est l'image de l'unité du Père et du Fils par le SaintEsprit lien éternel de tous les deux ; vous comprenez encore plus fortement combien il est impossible que les autres membres, tels que les pieds et les mains, puissent jamais refaire une tête, des yeux, des oreilles et une bouche. C'est le Saint-Esprit qui anime et qui organise tout ce grand corps: il imprime à tout le corps un mouvement de soumission et de docilité pour les parties principales qui tiennent lieu de la tête : il imprime à ceux qu'il rend ainsi les chefs de tout le corps, le mouvement de sagesse, d'intelligence, d'autorité et de direction : il donne aux yeux de voir et d'éclairer tout le reste du corps : il donne aux oreilles d'entendre et d'être l'ouïe commune de tous les membres : il donne à la bouche de parler pour tous et à tous. Mais si cette tête se détruit, que deviendra le corps? Le corps sans tête n'est plus qu'un tronc inanimé et un cadavre affreux. Il n'y a qu'une résurrection miraculeuse qui puisse le rétablir. Mais si les organes sont détruits, qui peut les refaire? Celui-là seul qui les a formés la première fois. Qui oseroit dire que Dieu ayant donné la vie aux jambes, aux bras et au tronc, c'est une suite nécessaire, et comme un droit naturel, que ces membres refas

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sent une tête, des yeux, des oreilles, en u nouvelle organisation toutes les fois que détruite? Qui ne voit, au contraire, que la de la tête enferme nécessairement la mor corps; que supposer l'un, c'est supposer que si le corps a la promesse de vivre toujo que ce soit par la tête toujours vivante que son immortalité? Il faut donc que ce con vivant, toujours organisé, garde, sans a terruption, dans ses membres la proport bordination et le concours mutuel que lui a donnés en le formant. Ainsi chaq doit conserver sa fonction propre, et jama ne peuvent dégrader la tête pour en faire Voilà ce qu'on ne peut éviter de dire, qua que l'Eglise, animée par le Saint-Esprit, tout réel, un corps vivant avec ses organe le peut nier, sans contredire saint Paul religion chrétienne?

Il me reste encore à observer qu'il s'ag grâce surnaturelle qui n'est point attaché supposé même que Dieu veuille le conse foi. Ainsi cette grâce, que les Protestan comme appartenant au fidèle de droit na loin de lui être due par le titre de son é lui est ni nécessaire ni convenable. Void Il faut ou que Jésus-Christ ait donné à l inviolable des pasteurs la grâce surnatur duire et de soumettre le troupeau dans cles sans interruption, ou au troupeau 1 naturelle de s'élever contre la séduction d et de redresser extraordinairement le

quand les pasteurs le corrompront. Voilà deux sortes de grâces que Jésus-Christ a pu donner selon son choix. Elles tendent toutes deux, par diverses voies, à une même fin, qui est de conserver l'Eglise. Pour savoir laquelle des deux Jésus-Christ à voulu donner, il s'agit, non du raisonnement des hommes, mais de consulter sa pure institution. Ni l'une ni l'autre de ces deux grâces n'étoit due à ceux qu'elles regardent. Le corps des pasteurs n'étoit pas en droit d'exiger que Jésus-Christ lui donnât une grâce de perpétuité dans la foi, pour rendre son autorité et sa succession inviolables. Le corps du peuple n'étoit point aussi en droit d'exiger que Jésus-Christ lui donnât une grâce pour s'élever au-dessus du corps des pasteurs, quand ce corps se corromproit, et pour en former un autre en sa place. Si on veut encore parler de la nature et de ses droits, je soutiens qu'il n'étoit ni nécessaire ni naturel que Jésus-Christ donnât au troupeau la grâce de s'élever contre ses pasteurs égarés, et d'en substituer de nouveaux. Il étoit bien plus naturel et plus convenable de donner au corps des pasteurs la grâce, pour ainsi dire, naturelle de leur fonction, qui est la grâce de l'incorruptibilité de leur ministère, pour en conserver la succession inviolable, que de donner au corps du peuple la grâce de l'apostolat, pour ressusciter la pureté de l'Evangile, pour redresser l'Eglise tombée en ruine et désolation, et pour dégrader ses pasteurs. Dans l'un de ces deux systêmes, qui est le nôtre, tout est naturel. La subordination et la proportion des membres est toujours gardée : la tête est toujours tête ; les membres inférieurs lui sont toujours soumis,

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