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et qu'ainsi, sans grâce même, on peut s'assurer qu'on a la saine doctrine, ce que M. Jurieu n'oseroit dire; ou bien il faut avouer que la foi à temps ne suffisant pas pour la certitude, parce qu'on peut ne l'avoir plus, bien loin de pouvoir s'assurer de l'élection par la doctrine, on ne peut au contraire s'assurer de la doctrine que par l'élection. Ainsi, les peuples ne pouvant s'assurer de leur élection par la vérité de leur doctrine, ils ne sont jamais en droit de dire que le ministère leur appartient, ni par conséquent d'en disposer au préjudice des anciens pasteurs. Voilà ce qui renverse le nouveau ministère des Protestans, quand même on conviendroit avec eux que le ministère des clefs appartient à la société des élus.

J'ai cru devoir montrer dans ce chapitre, dans toute leur étendue, les contradictions et les inconvéniens du systême de la prétendue réforme, afin qu'on puisse le comparer avec le nôtre, que je prouverai clairement par l'Ecriture, dans les chapitres suivans.

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CHAPITRE IV.

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Les paroles de Jésus-Christ montrent que le peuple n'a aucun droit de conférer le ministère.

M. Jurieu expliquera, comme il voudra, l'état du sacerdoce sous la loi de Moïse. Il dira que Dieu avoit commandé au peuple de faire une cession de son droit à la race d'Aaron. L'inconvénient est que

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cette explication vient, non pas de l'Ec de l'invention de M. Jurieu. Le fait ra I'Ecriture est que le ministère a été, pa raine disposition de Dieu, pendant quinz inviolablement successif et indépendant pulaire, c'est-à-dire tel que nous soute nôtre est maintenant. Si cet ancien mi n'étoit qu'une ombre du nouveau (1), Paul nomme un ministère de mort et de tion (2), a été conservé dans un corps successifs, qui, par la vertu attaché messes, n'est jamais tombé, et qui n'a la disposition du peuple ; à combien pl son doit-on croire que ce privilége a été ministère de vie et de grâce. La vérité avoir moins que sa figure. Mais voyons

Comment est-ce que le ministère nouv stitué à l'ancien? Jésus est envoyé par ne s'est point glorifié lui-même pour Comme son pere l'a envoyé, il a envoy a choisis. Voilà la forme donnée par tous les siècles futurs. Ceux qu'il choisit voie, il les charge d'en choisir et d d'autres après eux. Cette succession d' se communiquent la mission divine, borne dans l'Ecriture, et ne doit par co avoir aucune dans la suite des siècles.

Remarquez que Jésus-Christ comme vrage par le corps pastoral. Il forma les devoient dans la suite former les fidèles, églises. Quand l'assemblée des fidèles (1) Hebr. x. 1. - (2) II. Cor. 111. 7, 9.

les apôtres et les hommes apostoliques établirent eux-mêmes d'autres pasteurs pour leur succéder et pour perpétuer le corps pastoral. M. Claude avoue que « l'Eglise fut le fruit du ministère extraordinaire » des apôtres et des évangelistes (1). » Mais, comme M. Claude avoit d'ailleurs besoin de supposer que le corps du peuple fidèle est avant le corps pastoral, voici ce qu'il ajoute : « Il est certain que le ministère » des apôtres fut unique, c'est-à-dire uniquement » attaché à leurs personnes sans succession, sans » communication, sans propagation (2). » Il est bien plus facile de dire d'un ton affirmatif, Il est certain, que de prouver ce qu'on avance. Il falloit montrer que le ministère apostoli que avoit fini à la mort des apôtres, ou du moins qu'il ne subsistoit plus que dans leurs écrits, comme M. Claude l'assure. Il falloit montrer qu'après la mort de ces premiers pasteurs indépendans, le peuple avoit établi d'autres pasteurs dépendans de son autorité. Mais la preuve de ces deux choses eût été difficile : je vais montrer qu'il est certain qu'elles sont fausses.

Distinguons d'abord soigneusement, dans les apôtres, ce qui étoit attaché à leurs personnes, et qui pouvoit être séparé de leur ministère, d'avec ce qui étoit essentiel au ministère même. Le premier don que je remarque est celui des miracles. Les Protestans n'oseroient soutenir que ce don fût essentiel à l'apostolat, et qu'un disciple n'auroit pas pu être apôtre sans ce don. Tout ce que M. Jurieu a dit pour s'efforcer de montrer que les miracles ne décident pas sur la religion, fait assez voir que les Pro

(1) Rép. aux Préjugés, pag. 341. — (1) Ibid. pag. 342.

testans doivent, selon leurs principes, regarder ce don des miracles comme un simple ornement de l'apostolat, qui lui étoit accidentel, et qui pouvoit en être séparé ; en sorte que l'apostolat seroit encore demeuré entier après ce retranchement. L'Eglise a eu un très-grand nombre de pasteurs, comme saint Grégoire Thaumaturge et saint Martin, qui ont fait des miracles semblables à ceux des apôtres. Ils n'avoient pourtant que le ministère commun. Ainsi il est manifeste que la puissance d'opérer des miracles ne rend point le ministère extraordinaire, quoique le ministère devienne personnellement extraordinaire par une grâce si éclatante.

Pour l'inspiration d'écrire des livres divins, nous ne trouvons en aucun lieu des Ecritures qu'elle ait été donnée à tous les apôtres sans exception. Si tous avoient eu cette inspiration actuelle, tous auroient écrit ; car ils ne résistoient point à l'inspiration. Plusieurs d'entre eux néanmoins ne nous ont rien laissé d'écrit. D'ailleurs cette inspiration, qui peut ne se trouver pas dans de vrais apôtres, peut aussi se trouver dans d'autres hommes qui n'ont point eu l'apostolat. Les prophètes l'ont eue. Saint Marc et saint Luc, qui n'étoient que simples disciples, en ont été remplis. Qui ne voit donc que cette inspiration étoit, comme le don des miracles, entièrement accidentelle à l'apostolat, et qu'elle donnoit seulement un éclat extraordinaire aux personnes, sans toucher à leur ministère?

Il est vrai que les apôtres, qui ne paroissent pas avoir eu tous également l'inspiration d'écrire, ont eu néanmoins, sans exception d'aucun, l'inspiration

immédiate du Saint-Esprit pour planter la foi, et pour conduire les églises mais cette inspiration étoit, comme celle d'écrire, entièrement personnelle aux apôtres, et accidentelle à leur ministère. Combien l'Eglise a-t-elle eu de pasteurs qui avoient de continuelles révélations pour la conduite de leurs troupeaux ! Il ne faut qu'ouvrir les épîtres de saint Cyprien, pour trouver les révélations fréquentes qui l'instruisoient sur la discipline de son église. Ces révélations ne changeoient pas néanmoins la nature de son ministère; et on ne peut pas dire que le ministère de saint Cyprien fût d'un autre ordre et d'une autre nature que le ministère des autres évêques. ses collègues, quoique les grâces répandues sur lui le rendissent personnellement un pasteur plus extraordinaire que les autres de son temps et de son pays. Je n'ai garde de prétendre que les révélations de saint Cyprien aient été aussi hautes, aussi pleines et aussi continuelles que celles des apôtres. Je suppose que les apôtres ont été en ce genre encore plus éminens au-dessus de lui, qu'il ne l'a été au-dessus des plus communs pasteurs. Mais enfin, puisqu'il ne s'agit que du plus ou du moins, dans une grâce qui est purement personnelle, et qui ne touche le ministère qu'accidentellement, il faut toujours conclure que le ministère de saint Cyprien n'étoit pas d'une nature différente de celui de tous ses collègues, et que le ministère des apôtres mêmes n'étoit pas, dans son fond, différent de celui qui avoit passé d'eux jusqu'à saint Cyprien.

Cette inspiration immédiate des apôtres pour planter la foi, et pour la cultiver dans tout l'univers,

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