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core les particuliers se contredire et se reprendre, tels que saint Pierre et saint Paul, saint Paul et saint Barnabé. Mais enfin M. Claude avoue que le ministère du collége des apôtres avoit l'indépendance, l'autorité souveraine et infaillible. Il ne reste plus qu'à savoir comment il pourra prouver que ce ministère, divin en toute manière, indépendant, souverain, infaillible, n'a point passé à leurs successeurs, et que ceux-ci n'ont eu qu'un ministère inférieur, dépendant, en partie divin, et en partie humain. Voilà une étrange chute du ministère. II falloit au moins la prouver clairement par l'Ecriture. Mais M. Claude veut être cru sans preuve. Ce seroit pourtant à lui à trouver ces deux ministères si différens marqués dans l'Ecriture, et à nous montrer des promesses faites dans le texte aux apôtres en général, qui ne passent point à leurs successeurs. Qui vous, écoute m'écoute, regarde les pasteurs de tous les siècles. Le Catéchisme des Protestans de France le dit formellement, au dimanche quarante-cinquième. Le synode de Dordrecht l'a reconnu aussi, et s'en est servi contre les Remontrans. Quand Jésus-Christ a dit: Quiconque reçoit celui que j'aurai envoyé, me reçoit; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé (1); il a parlé pour les pasteurs de tous les siècles. Les Protestans n'oseroient nier que la mission de chaque pasteur ne soit divine, et qu'il ne soit l'envoyé de Jésus-Christ, comme Jésus-Christ est celui de son père. Voilà ce qu'on ne peut révoquer en doute, «< si ce n'est toutefois, comme dit saint Cy» prien (2), que quelqu'un ait assez de témérité sa(2) Epist. LII, ad Anton.

(1) Joan. XIII. 20.

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crilége et d'égarement d'esprit pour penser que » l'évêque soit établi sans le jugement de Dieu. » Si Jésus-Christ dit aux apôtres, Allez: enseignez toutes les nations, les baptisant, etc. et voici que je suis avec vous, ces paroles ne regardent pas moins les successeurs des apôtres que les apôtres mêmes puisque les apôtres ne pouvoient point enseigner et baptiser eux-mêmes jusqu'à la fin du siècle, eux qui ont vécu peu d'années après la mort de Jésus-Christ. C'est en vain que M. Claude soutient qu'ils sont encore nos pasteurs, et qu'ils nous enseignent dans leurs écrits qui sont leurs chaires (1). Dans leurs écrits ils ne baptisent point jusqu'à la consommation du siècle; et ce seroit une trop grande obstination, que de nier que la promesse regarde leurs successeurs. Ce que Jésus-Christ a dit à saint Pierre regardoit aussi sans doute tout le corps des pasteurs. Je vous donnerai, dit-il (2), les clefs du royaume des cieux, et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aux cieux ; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aux cieux. Il ne s'agit pas d'examiner ici ce que nous prétendons sur la primauté de saint Pierre. Nous convenons avec les Protestans que les clefs sont données en sa personne à tous les pasteurs. M. Jurieu le dit lui-même. C'est précisément par la force de ces paroles, que le ministère se forme. C'est sur ces paroles que nos frères fondent le droit que leurs pasteurs prétendent avoir d'excommunier les fidèles indociles. Mais Jésus-Christ donna-t-il deux sortes de clefs, les unes aux apôtres, indépendamment du peuple; les autres au peuple, pour commettre (1) Rép. aux Préjugés, p. 342. — (2) Matth. xvi. 19.

dans la suite des pasteurs dépendans de lui? On ne trouve dans ces paroles aucune trace de distinction entre deux ministères, ou entre deux manières différentes de donner le même ministère pastoral. Les mêmes paroles qui établissent les apôtres pasteurs indépendans, souverains, infaillibles, selon les expressions de M. Claude, établissent leurs successeurs : elles ne disent pas un seul mot pour les uns plus que pour les autres. Pourquoi les croire si efficaces et si étendues pour les apôtres, si impuissantes et si restreintes pour leurs successeurs, qu'elles regardent comme eux sans distinction? Il faut que les Protestans avouent que l'Eglise a duré, pendant la vie des apôtres, sous cette forme que nous prétendons qui subsiste encore. Le peuple fidèle, pour qui le ministère étoit établi, vivoit soumis à ce ministère, sans avoir aucune liberté d'en disposer. L'autorité divine, me dira-t-on, avoit dépouillé le peuple de son droit. Voilà donc le peuple dépossédé, et les ministres indépendans. Sur quel titre le peuple, dépossédé par une institution divine qui ne distingue jamais les premiers pasteurs des autres, peut-il reprendre la possession qu'il a perdue? Dans le texte évangélique tout est unique, un seul ministère, une seule sorte de clefs, une seule manière de les recevoir et de les exercer. Pourquoi imaginer des différences que l'Ecriture ne fait point? Si deux hommes étoient appelés à une succession par un testament dont les clauses ne marquassent jamais aucune distinction entre eux, pourroit-on dire que le droit de l'un seroit plus grand que le droit de l'autre? l'égalité des termes du titre seroit une preuve invincible de

l'égalité des droits. Pourquoi donc supposer des inégalités entre les premiers pasteurs et ceux qui les suivent, puisque l'institution commune, prise religieusement à la lettre, rend tout égal?

Quoi donc ! diront les Protestans, vous prétendez que le corps des pasteurs, dans la suite de tous les siècles sans interruption, est souverain et infaillible, comme le collége des apôtres ? Oui, sans doute. D'où venoit aux apôtres cette infaillibilité qu'ils avoient, non en qualité d'auteurs canoniques, ou de prophètes, ou d'hommes inspirés de Dieu, mais en qualité de pasteurs? Elle n'est point promise à chacun d'eux en particulier.

Les promesses sont communes, et nous les avons déjà vues souvent. Enseignez, baptisez, je suis avec vous. Voilà les promesses qui les regardent en qualité de pasteurs; mais elles les regardent tous également, et en corps. Ils n'ont point reçu d'autres promesses d'infaillibilité, que celle-là, et celle-là leur est commune avec leurs successeurs. Je suis, dit-il, avec vous jusques à la fin des siècles. Ainsi l'assemblée des pasteurs peut dire en tout temps ce que l'assemblée des apôtres disoit au concile de Jérusalem (1) Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous. Quand les hommes parlent ainsi, ils se fondent, non sur leur propre force, mais sur la promesse qui soutient leur infirmité. Les apôtres le disoient humblement, et leurs successeurs peuvent le dire de même.

(1) Agl. xv. 28.

CHAPITRE V.

Saint Paul montre que le ministère est indépendant du peuple.

Il nous reste à voir comment saint Paul parle sur le ministère. Dit-il que les élus étant immobiles par leur élection, c'est à eux à relever le ministère du corps des pasteurs abattu, ou à le raffermir quand il sera chancelant? Tout ou contraire, il assure que le corps des pasteurs est donné avec le ministère pour soutenir les élus mêmes. Voici ses paroles. Je les rapporte selon la version de Genève, parce qu'elle est plus familière et moins suspecte aux Protestans. « Lui-même donc a donné les uns pour être

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apôtres, les autres pour être prophètes, et les >> autres pour être évangélistes, et les autres pour >> être pasteurs et docteurs, pour l'assemblage des » saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édifi»cation du corps de Christ, jusqu'à ce que nous nous >> rencontrions tous en l'unité de la foi et de la con» noissance du Fils de Dieu, en homme parfait, à » la mesure de la parfaite stature de Christ; afin » que nous ne soyons plus enfans flottans, et étant » démenés çà et là à tout vent de doctrine, par la

piperie des hommes, et par leur ruse à cauteleu¬ » sement séduire (1). » Comment parlent les Protestans? Ils soutiennent qu'il peut arriver, et qu'il est même arrivé dans ces derniers temps, que le corps

(1) Ephes. IV. 11,

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