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séparons-nous de tout le reste. Par là nous conserverons toujours le fond de notre ame libre et égal, et nous retrancherons bien des choses inutiles qui embarrassent notre cœur et qui l'empêchent de se tourner aisément vers Dieu.

Un excellent moyen de se conserver dans la solitude intérieure et dans la liberté de l'esprit, c'est à la fin de chaque action de terminer là toutes les réflexions, en laissant tomber les retours de l'amourpropre, tantôt de vaine joie, tantôt de tristesse. Heureux à qui il ne demeure rien dans l'esprit que le nécessaire, et qui ne pense à chaque chose que quand il est temps d'y penser! de sorte que c'est plutôt Dieu qui en réveille l'impression par la vue de sa volonté qu'il faut accomplir, que non pas l'esprit lui-même qui se met en peine de les prévenir et de les chercher. Enfin accoutumons-nous à nous rappeler à nous-mêmes, durant la journée et dans le cours de nos emplois, par une simple vue de Dieu. Tranquillisons par là tous les mouvements de notre cœur, dès que nous le voyons agité. Séparons-nous de tout ce qui ne vient point de Dieu. Retranchons les pensées et les rêveries inutiles. Ne disons point de paroles vaines. Cherchons Dieu au dedans de nous; et nous le trouverons infailliblement, et avec lui la joie et la paix.

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Dans nos occupations extérieures soyons encore plus occupés de Dieu que de tout le reste. Pour les bien faire il faut les faire en sa présence et les faire toutes pour lui. A l'aspect de la majesté de Dieu notre intérieur doit se calmer et demeurer tranquille. Une parole du Sauveur calma autrefois tout d'un coup une mer furieusement agitée : un regard de lui vers nous et de nous vers lui devroit faire encore tous les jours la même chose.

Il faut élever souvent son cœur vers Dieu : il le

purifiera, il l'éclairera, il le dirigera. C'étoit la pratique journaliere du saint prophete David: "J'avois toujours, dit-il, le Seigneur devant mes yeux. Disons encore souvent ces belles paroles du même prophete: Qui est-ce que je dois chercher dans le ciel et sur la terre, sinon vous, ô mon Dieu ? Vous êtes le Dieu de mon cœur et mon unique partage pour jamais (2).

Il ne faut point attendre des heures libres où l'on puisse fermer sa porte; le moment qui fait regretter le recueillement peut le faire pratiquer aussitôt. Il faut tourner son cœur vers Dieu d'une maniere simple, familiere et pleine de confiance. Tous les moments les plus entrecoupés sont bons en tout temps,

(1) Ps. 15, v. 8.
(2) Ps. 72, v. 25,

même en mangeant, en écoutant parler les autres. Des histoires inutiles et ennuyeuses, au lieu de fatiguer, soulagent en donnant des intervalles et la liberté de se recueillir. Ainsi tout tourne à bien pour ceux qui aiment Dieu.

Il faut faire des lectures proportionnées à son goût et à son besoin, mais souvent interrompues pour faire place à l'esprit intérieur qui met en recueillement. Deux mots simples et pleins de l'esprit de Dieu sont la manne cachée. On oublie les paroles, mais elles operent secrètement; l'ame s'en nourrit et en est engraissée.

XXXVIII. Sur la conformité à la volonté de Dieu.

POUR la conformité à la volonté de Dieu vous trouverez divers chapitres de l'Imitation de JésusChrist qui sont merveilleux; la lecture de S. François de Sales vous sera aussi fort utile.

Toute la vertu consiste essentiellement dans la bonne volonté. C'est ce que Jésus-Christ nous fait entendre en disant : " Le royaume de Dieu est au

(1) Luc, 17, v. 21.

dedans de vous. Il n'est point question de savoir beaucoup, d'avoir de grands talents, ni même de faire de grandes actions : il ne faut qu'avoir un cœur et aimer.

Les œuvres extérieures sont les fruits et les suites de l'amour, et la source des bonnes œuvres est toute au fond du cœur.

Il y a certaines vertus qui sont pour certaines conditions et non pour d'autres. Les unes sont convenables en un temps et les autres dans un autre. Mais la bonne volonté est de tous les temps et de tous les lieux.

Vouloir tout ce que Dieu veut et le vouloir pour toujours, pour tout, sans réserve, voilà ce royaume de Dieu qui est tout intérieur. C'est par là que son regne arrive, puisque sa volonté s'accomplit sur la terre comme dans le ciel, et que nous ne voulons plus que ce que sa volonté souveraine imprime dans la nôtre.

Heureux les pauvres d'esprit! Heureux ceux qui se dépouillent de tout, et même de leur propre volonté, pour ne plus être à eux-mêmes! O qu'on est pauvre en esprit et dans le fond de son intérieur quand on n'est plus à soi-même, et qu'on s'est dépouillé de tout ce qui est opposé à Dieu!

Mais comment est-ce que notre volonté devient

bonne en se conformant sans réserve à celle de Dieu? On veut tout ce qu'il veut, on ne veut rien de tout ce qu'il ne veut pas; on attache sa volonté foible à la volonté toute-puissante qui fait tout.

Par là il ne peut plus rien arriver qu'on ne veuille: car il ne peut jamais rien arriver que ce que Dieu veut ; et l'on trouve dans le bon plaisir de Dieu une source inépuisable de paix et de consolation.

La vie intérieure est un commencement de la paix bienheureuse des saints, qui disent éternellement, Amen, amen.

On adore, on loue, on bénit Dieu de tout, on le voit sans cesse en toutes choses, et en toutes choses sa main paternelle est l'unique objet dont on est occupé. Il n'y a plus de maux; car tout, jusqu'au maux même les plus terribles qu'on souffre, se tourne en bien, comme dit " saint Paul, pour ceux qui aiment Dieu. Peut-on appeler maux les peines que Dieu nous envoié pour nous purifier et nous rendre dignes de lui? Ce qui nous fait un si grand bien ne peut être un mal.

Jetons donc tous nos soins dans le sein d'un si bon pere; laissons-le faire comme il lui plaira. Contentons-nous de suivre sa volonté en tout, et de

(1) Rom. 8, v. 28.

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