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condamne les autres parcequ'elles ne les voient point occupées comme elles de leur propre perfec tion dans les graces qu'elles reçoivent. Dieu fait en chacun ce qu'il lui plaît; l'esprit souffle où il veut et comme il veut. L'oubli de soi dans la

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pure vue de Dieu est un état où Dieu peut faire dans une ame tout ce qui lui est le plus agréable. L'importance est que le second genre de personnes ne soit point curieux sur l'état des autres, et que les autres ne veuillent point leur faire connoître les épreuves qui ne sont pas de leur état avant que Dieu les y appellé.

XLIV. De la vraie liberté..

li'up nɔ ob wɔi¶ é suiolg inska stan

Y QUAND on ne s'embarrasse point par des retours inquiets sur soi-même, on commence à devenir libre de la véritable liberté.

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Au contraire la fausse sagesse, qui est toujours tendue, toujours occupée d'elle-même, toujours jalouse de sa propre perfection, souffre une douleur cuisante toutes les fois qu'elle apperçoit en elle la moindre tache.

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(1) Jean, 3, v. 8.

Ce n'est pas que l'homme simple et détaché de soi-même ne travaille à sa perfection; il y travaille d'autant plus qu'il s'oublie davantage, et qu'il ne songe aux vertus que pour accomplir la volonté de Dieu. de

Le défaut qui est en nous la source de tous les autres est l'amour de nous-mêmes auquel nous rapportons tout au lieu de rapporter tout à Dieu. Quiconque travaille donc à se désoccuper de soi-même, à s'oublier, à se renoncer, suivant le précepte de Jésus-Christ, coupe d'un seul coup la racine à tous ses vices, et trouve dans ce simple renoncement à soimême le germe de toutes les vertus.

Alors on entend et on éprouve au dedans de soi la vérité profonde de cette parole de l'écriture : “ Là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté. On ne néglige rien pour faire régner Dieu au dedans de soimême et au dehors; mais on est en paix au milieu de l'humiliation causée par ses fautes. On aimeroit mieux mourir que de commettre la moindre faute volontairement ; mais on ne craint point le jugement des hommes pour l'intérêt de sa propre réputation. On se dévoue à l'opprobre de Jésus-Christ, et on

(1) II. Cor. 3, v. 17.

demeure en paix dans l'incertitude des évènements. Pour les jugements de Dieu on s'y abandonne en implorant ses miséricordes suivant les divers degrés ou de confiance, ou de sacrifice, ou de désappropriation entiere de soi-même. Plus on s'abandonne, plus on trouve la paix; et cette paix met tellement le cœur au large qu'on est prêt à tout; on veut tout et on ne veut rien; on est simple comme de petits enfants.

La lumiere de Dieu fait sentir jusques aux moindres fautes; mais elle ne décourage point. On marche devant lui; mais si on bronche on se hâte de reprendre sa course et on ne pense qu'à avancer toujours. O que cette simplicité est heureuse! mais qu'il y a peu d'ames qui aient le courage de ne regarder jamais derriere elles! Semblables à la femme de Lot,' elles attirent sur elles la malédiction de Dieu par ces retours inquiets d'un amour-propre jaloux et délicat.

Il faut perdre ce qui reste en nous du vieil homme si nous voulons nous retrouver en Dieu; c'est aux petits que Jésus-Christ déclare qu'appartient son royaume. Ne raisonner point trop, aller au bien par une intention droite dans les choses communes, laisser tomber mille réflexions par lesquelles on s'en

veloppe et on s'enfonce en soi-même sous prétexte de se corriger; voilà en gros les principaux moyens d'être libres de la vraie liberté sans négliger ses devoirs.

XLV. Des divertissements attachés à l'état des

personnes.

Vous ne devez point, ce me semble, monsieur, vous embarrasser sur les divertissements où vous ne pouvez éviter de prendre part. Il y a bien des gens qui veulent qu'on gémisse de tout, et qu'on se gêne continuellement en excitant en soi le dégoût des amusements auxquels on est assujetti. Pour moi j'avoue que je ne saurois m'accommoder de cette rigidité. J'aime mieux quelque chose de plus simple, et je crois que Dieu même l'aime beaucoup mieux. Quand les divertissements sont innocents en euxmêmes et qu'on y entre par les regles de l'état où la Providence nous met, alors je crois qu'il suffit d'y prendre part avec modération et dans la vue de Dieu. Des manieres plus seches, plus réservées, moins complaisantes et moins ouvertes, ne serviroient qu'à donner une fausse idée de la piété aux gens. du monde qui ne sont déja que trop préoccupés contre

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elle, et qui croiroient qu'on ne peut servir Dieu que par une vie sombre et chagrine.

Je conclus donc, monsieur, que quand Dieu met dans certaines places qui engagent à être de tout, au lieu où vous êtes, il n'y a qu'à y demeurer en paix sans se chicaner continuellement soi-même sur les motifs secrets qui peuvent insensiblement se glisser dans le cœur. On ne finiroit jamais si on vouloit continuellementsonder le fond de son cœur; et en voulant sortir de soi pour chercher Dieu, on s'occuperoit trop de soi dans ces examens si fréquents. Marchons dans la simplicité du cœur avec la paix et la joie, qui sont les fruits du Saint-Esprit. Qui marche en la présence de Dieu dans les choses les plus indifférentes, ne cesse point de faire l'œuvre de Dieu quoiqu'il ne paroisse rien faire de solide et de sérieux. Je suppose toujours qu'on est dans l'ordre de Dieu et qu'on se conforme aux regles de la Providence dans sa condition en faisant ces choses indifférentes.

La plupart des gens, quand ils veulent se convertir ou se réformer, songent bien plus à remplir leur vie de certaines actions difficiles et extraordinaires, qu'à purifier leurs intentions et à mourir à leurs inclinations naturelles dans les actions les plus communes de leur état en quoi ils se trompent fort souvent. Il vaudroit beaucoup mieux changer moins les ac

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