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Revenez, Seigneur, revenez frapper la terre ingrate et juger les hommes aveugles. O roi, dont les princes de la terre ne sont qu'une foible image, que votre regne arrive! Quand viendra-t-il d'en haut sur nous ce regne de justice, de paix et de vérité? Votre Pere vous a donné toutes les nations; il vous a donné toute puissance et dans le ciel et sur la terre; et cependant vous êtes méconnu, méprisé, offensé, trahi. Quand viendra donc le jugement de ce monde endurci et le jour de votre triomphe? Levez-vous, levez-vous, ô Dieu! jugez votre propre cause; brisez l'impie du souffle de vos levres; délivrez vos enfants; justifiez-vous en ce grand jour à la face de toutes les nations : c'est votre gloire et non la nôtre que nous cherchons.

Mon Dieu, je vous aime encore plus pour vous que pour moi. Je souffre, je seche de tristesse, voyant prévaloir l'iniquité sur la terre et votre évangile foulé aux pieds. Je souffre, me sentant malgré moi assujetti à la vanité. Jusqu'à quand, Seigneur, laisserez-vous votre héritage désolé? Revenez donc, Seigneur Jésus; rendez-nous la lumiere de votre visage. Je ne veux tenir à aucune des choses qui m'environnent ici-bas. Elles menacent toutes ruine pròchaine. Les voûtes immenses des cieux s'écrouleront dans les abymes; cette terre couverte de péchés sera

consumée et renouvelée par le feu vengeur. Les astres tomberont; leur lumiere s'éteindra; les éléments embrasés se confondront; la nature entiere sera bouleversée. A ce spectacle que l'impie frémisse! Pour moi je m'écrie avec amour et confiance: Frappez, Seigneur; glorifiez-vous aux dépens de tout ce qui blesse votre sainteté. Frappez sur moi; ne m'épargnez point pour me purifier et pour me rendre digne de vous. Hélas! ce monde insensé n'est occupé que du moment présent qui échappe. Tout ceci va périr, et on veut en jouir comme s'il devoit être éternel. Le ciel et la terre passeront comme la fumée; votre parole seule demeure éternellement. O vérité, on ne vous connoît point. Le mensonge est adoré et remplit tout le cœur de l'homme. Tout est faux, tout est trompeur. Tout ce qui se voit, tout ce qui se touche, tout ce qui est sensible, tout ce qui est mesuré par le temps, n'est rien. Faut-il que ce vain fantôme soit cru si solide, solide, et que l'immuable vérité passe pour un songe? Hélas! Seigneur, pourquoi souffrez-vous cet enchantement? La terre entiere est plongée dans le sommeil de la mort : réveillez-la par votre lumiere. Pour moi je ne veux que vous ; je n'attends que vous : je regarde la foudre prête à partir de votre main pour écraser les hommes superbes et pour venger votre patience méprisée;

et loin de craindre la mort, je la regarde comme la délivrance de vos enfants. Oui, Seigneur, nous mourrons, et le charme funeste se rompra tout-àcoup. Vous ne serez plus offensé; je vous aimerai; je n'aimerai que vous; je ne m'aimerai qu'en vous et pour vous. O que j'aime votre avènement! Déja, selon votre précepte, je leve les yeux et la tête pour aller au devant de vous. Par le transport de mon amour je m'élance au devant du Seigneur comme le premier de vos apôtres me l'a enseigné. Je suis foible, misérable, fragile, il est vrai ; j'ai tout à craindre si vous me jugez dans la rigueur de votre justice, j'en conviens mais plus je suis fragile, plus je conclus que la vie est un danger et que la mort est une grace.

O Seigneur, ôtez le péché; venez régner en moi; arrachez-moi à moi-même et je serai pleinement à vous. Hé! qu'ai-je à faire sur la terre? Que puis-je desirer dans cette vallée de larmes où le mal paroît au comble et où le bien est imparfait? Rien que votre volonté ne peut m'y retenir. Je n'aime rien de tout ce que je vois; je ne veux point m'aimer moimême autrement qu'en vous et pour vous; je ne yeux aimer que votre avènement.

II. Pour le jour de saint Thomas.

Ó mon Dieu, ouvrez-moi les yeux; élargissez mon cœur pour me faire comprendre et sentir les dons que vous avez mis dans cet apôtre. Esprit qui l'avez envoyé, qui l'avez conduit, qui l'avez rempli, remplissez-moi, inspirez-moi, transformez-moi en une créature nouvelle. O Pere des lumieres et des miséricordes, vous faites des hommes ce qu'il vous plaît. Ils semblent n'être plus hommes dès que vous parlez. Quel est donc cet homme foible, timide, vil selon le monde, pauvre, grossier, ignorant? Où va t-il? Que prétend-il faire? Changer la face des nations les plus éloignées, vaincre par la seule vérité les peuples jusques auxquels les rois conquérants n'ont jamais pénétré par leurs armes; découvrir un nouveau monde pour y porter une nouvelle loi. Entreprendre de telles choses sur le monde, c'est être bien mort à sa propre sagesse; c'est être bien enivré de la folie de la croix. C'est ainsi, esprit destructeur, que vous anéantissez dans vos parfaits enfants toute sagesse vaine, tout esprit propre quine s'attache qu'aux regles humaines, qui, dans le choix des moyens, n'écoute que notre raison foible et bornée. Vous

appelez ce qui n'est pas, pour confondre ce qui est. Vous vous plaisez à choisir ce qui est le plus vil, pour faire aux yeux du monde surpris ce qui est le plus grand et le plus impossible. Vous êtes jaloux de la gloire de votre ouvrage, et vous ne le voulez fonder que sur le néant. Vous creusez jusqu'au néant pour le fonder, comme les hommes sages dans leurs bâtiments creusent jusqu'au rocher ferme. Creusez donc en moi, ô mon Dieu, jusqu'à l'anéantissement de tout ce qui dans moi-même s'opposeroit à vous. Esprit destructeur, renversez, mettez tout en désordre; n'épargnez aucun arrangement humain ; défaites tout pour tout refaire. Que votre créature soit toute nouvelle et qu'il ne reste aucune trace de l'ancien plan. Alors, ayant tout effacé, tout défiguré, tout réduit à un pur néant, je deviendrai en vous toutes choses parceque je ne serai plus en moi rien de fixe. Je n'aurai aucune consistance; mais je prendrai dans votre main toutes les formes qui conviendront à. vos desseins. C'est par l'anéantissement de mon être propre et borné que j'entrerai dans votre immensité divine.

O qui le comprendra? O qui me donnera des ames qui aient le goût de la destruction? Si peu que l'on réserve on demeure borné. Quelque bonne que paroisse la réserve, quand c'est à l'égard de Dieu

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