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le respect humain déterminent de pareils dons; et ils ne coûtent rien à la paresse, au plaisir, à la délicatesse. Mais il d'appartient qu'au Chrétien digne de ce nom, de joindre la miséricorde et le sacrifice. Nonseulement il n'hésite pas à faire celui de tout ce qui ne tient pas au strict nécessaire, celui de ses goûts, et de ses préférences; non-seulement il y dévoue ses travaux, ses veilles, ses facultés, son existence tout entière; mais il surmonte encore les répugnances naturelles et presqu'invincibles, les obstacles de tous genres, l'opposition même de ce monde insensé qui méprise et condamne dans la Charité tout ce qui s'étend au-delà, et s'élève au-dessus de cette bienfaisance facile qu'il n'exalte tant, que parce qu'elle s'accommode à son esprit et à ses maximes.

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Croire que les OEuvres de miséricorde ne sont point de précepte, mais seulement de conseil, qu'elles ne trouvent rang que parmi les devoirs de surérogation, c'est un principe aussi faux qu'abusif, et trop généralement répandu. Il en résulte deux grands inconvénients le premier, c'est que les Chrétiens lâches, dont ces mêmes œuvres contrarient les penchants déréglés, la mollesse, le luxe, l'avarice, s'en dispensent, sous prétexte que, n'étant pas nécessaires au salut, ils ne prétendent pas faire plus qu'il ne faut pour se sauver le second, c'est que les personnes qui se sentent portées à la pratique de ce genre de devoir, trop souvent s'en glorifient comme d'un degré de perfection qui les élève de beaucoup audessus des autres. Deux écueils également dangereux, mais que nous éviterons, si nous suivons la route que le Fils de Dieu est venu nous tracer. Méditons ses actions, écoutons les oracles sortis de sa bouche et de celles des Apôtres qu'il a éclairés de sa lumière et remplis de sa sagesse; rappelons-nous surtout ces paroles tout à la fois consolantes pour les uns et terribles pour les autres, par lesquelles il justifiera les premiers et condamnera les seconds au dernier jour; paroles qui semblent en quelque sorte faire à elles seules la matière de ce redoutable jugement :

nous ne douterons plus alors de la nécessité de l'aumône spirituelle et corporelle nous ne laisserons pas enfouis, ou nous ne dissiperons pas les talents que le Maître nous a donnés à faire valoir et après avoir employé pour lui dans la personne du prochain nos moyens, nos forces, nos années, nous reconnaîtrons que nous ne sommes que des serviteurs inutiles qui n'ont, tout au plus, qu'exécuté les ordres qu'ils avaient reçus.

Etudions donc, et imitons la Charité admirable du Fils de Dieu envers les hommes, parmi lesquels il a vécu. Comme lui, nous ne ressusciterons pas les morts; mais nous convertirons les pécheurs, et cette résurrection sera plus grande et plus heureuse; car elle répandra la joie dans le Ciel. Comme lui, nous ne guérirons pas miraculeusement les malades, mais nous leur porterons des soulagements et des consolations nous leur montrerons le prix des souffrances et de la résignation; nous prierons avec eux et pour eux. Comme lui, nous n'opérerons pas la multiplication des pains, pour nourrir des milliers d'hommes; mais nous en distribuerons à qui nous en demandera ou du moins à qui nous en pourrons accorder. Comme lui enfin, nous ne rendrons pas la vue aux aveugles et la parole aux muets; mais nous instruirons la jeunesse, nous éclairerons l'ignorance, nous redresserons l'erreur et nous mettrons la louange de Dieu dans des bouches qui ne s'ouvraient auparavant qu'aux jurements grossiers et aux blasphèmes.

En établissant que le précepte de l'aumône est pour tous les lieux, toutes les époques et tous les états de la vie, gardons-nous de penser que son accomplissement s'oppose ou supplée à celui des autres devoirs de notre condition rappelons-nous toujours, au contraire, que le mérite du premier ne commence, que lorsque les seconds n'exigent plus rien de nous.

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Pères et Mères, ne vous occupez des malheureux que la Charité vous fait adopter pour vos enfants,

qu'après avoir prodigué à ceux que vous tenez de la nature, ou plutôt de Dieu même, une surveillance, une sollicitude et des sacrifices qui leur appartiennent d'abord tout entiers... Maîtres et Maîtresses, avant de visiter les ménages indigents, commencez par établir dans le vôtre, l'ordre, la paix, les mœurs et l'exactitude aux devoirs de la Religion.... Enfants, inférieurs, avant de rendre vos services aux pauvres, ayez pour vos parents et supérieurs l'obéissance, la condescendance, tous les égards que vous leur devez, et même ceux que vous ne leur devez pas.... Chefs de famille, tâchez d'entretenir parmi les membres qui la composent, l'union, l'harmonie, la bienveillance, avant de vous employer ailleurs à ramener un fils à son père, à réunir deux époux, à rapprocher des amis, à réconcilier des ennemis.... Riches, qui voulez faire un bon usage de vos biens, examinez d'abord s'ils vous sont légitimement acquis, épurezen la source, administrez-les avec justice, droiture, désintéressement, économie, discernement.... Vous tous qui avez près de vous un parent, un hôte, un serviteur malade, iufirme; n'allez pas chercher plus loin des êtres souffrants, avant d'avoir donné à celui-là votre présence et vos soins.... Vous tous enfin, qu'anime le zèle de la gloire de Dieu et du salut de vos frères, que votre vigilance et votre correction se portent premièrement sur ceux de qui vous répondez, et plutôt encore sur vous-mêmes.

Oui, remplissons préférablement les devoirs de notre condition; mais en même temps persuadonsnous bien qu'il n'en est aucune qui ne nous offre des moyens d'exercer ceux de la Charité. Que chacun donc s'en acquitte, selon le pouvoir qu'il en a reçu. Mal partagés, comme favorisés du côté de la fortune; dans la dépendance et l'obscurité, comme élevés en crédit et en dignité; ignorants comme savants, tous sont appelés à l'observation de ce beau précepte, et aux avantages inestimables qui en sont la récompense.

Que le riche distribue son superflu au moins, avec

discernement, ou, s'il ne le peut par lui-même, qu'il le confie à des mains pures, dont la privation des ressources pécuniaires arrête et paralyse trop souvent le zèle généreux.... Que celui qui chérit la jeunesse, et qui sait s'en faire écouter, s'applique à lui faire connaître et servir son Dieu, à former de bons Chrétiens et d'honnêtes artisans.......... Si l'Auteur de tous les dons a mis la lumière dans votre esprit et la persuasion sur vos lèvres, éclairez, convertissez l'incrédule et le pécheur.... S'il vous a doué d'une ame tout à la fois courageuse et sensible, si vous avez appris à soutenir le spectacle de la douleur et de la mort, venez aider les malades à faire un bon usage de leurs maux et de leurs derniers moments.... Possédez-vous le don des consolations? empressez-vous de les répandre qu'on vous trouve partout où il y a des peines à partager, des larmes à essuyer.... Avez-vous beaucoup d'activité naturelle, l'esprit entreprenant, des vues étendues, de grandes ressources dans votre position, vos alentours, et surtout dans votre caractère? formez les écoles pour l'enfance, ménagez des asiles à la vieillesse; offrez du travail à l'indigence laborieuse.... Enfin, que parmi les personnes du sexe, celles même que le défaut de capacité, de forces, et de toutes autres facultés, réduit à l'ouvrage des doigts, se rendent utiles aux malheureux en leur préparant des vêtements de toute espèce.......... Les pauvres eux-mêmes, objets de cette miséricorde tant recommandée, doivent l'exercer entre eux; ils peuvent s'entr'aider, relativement et proportionnément à leur situation d'une manière plus efficace que ne le saurait faire l'aumône même du riche.

Heureux le Chrétien qui, réunissant et la puissance et la bonne volonté, embrasse à la fois ces diverses fonctions de la Charité, les fait marcher de front, sait trouver du temps, de l'attention et des ressources pour toutes !

Tel et plus étonnant encore se montra le digne et parfait modèle des ames charitables. Le Vénérable Vincent de Paul, dénué de toute fortune et de toute

autorité, a nourri des pays entiers, converti des milliers d'hérétiques et de pécheurs, répandu plus d'argent que n'en possèdent les royaumes les plus florissants, formé plus d'établissements utiles, que n'en ont pu fonder les plus grands princes.

Mais n'oublions jamais que ces œuvres, toutes excellentes et toutes merveilleuses qu'elles sont, auraient été sans mérites aux yeux de Dieu, et qu'elles n'auraient point empêché ce saint prêtre, de paraître les mains vides devant lui, si elles n'avaient été accompagnées d'une profonde humilité, d'un détachement parfait, d'un mépris absolu de lui-même et du monde, de ses honneurs, de son approbation, et de sa vaine gloire. C'est ainsi qu'il a marché sur les traces de Jésus-Christ, et que nous pourrons nous-mêmes acquérir quelques traits de cette ressemblance divine, qui nous feront reconnaître un jour pour ses bien-aimés et les cohéritiers de son royaume éternel.

Prière à saint Vincent de Paul.

GRAND SAINT! vos sublimes vertus ont excité notre admiration, touché nos cœurs: apprenez-nous à les imiter, à faire le bien comme vous, et surtout à le faire dans le même esprit et les mêmes dispositions que vous. Obtenez-nous, avec votre charité tendre, ingénieuse et inépuisable, l'humilité profonde, l'abnégation de toute volonté propre, la soumission parfaite à celle de Dieu, qui vous ont constamment animé, dirigé et soutenu dans cette laborieuse car rière. Aidez-nous à surmonter les obstacles, à vaincre les répugnances, à supporter les contrariétés et les dégoûts qui s'y rencontrent. Faites, qu'à votre exemple et par votre protection, nous ne passions jamais un jour, sans avoir exercé la miséricorde; et que les œuvres que nous en ferons, servent à réparer tant d'années perdues dans le péché, à nous en mériter le pardon, à attirer sur nous de nouvelles grâces, enfin à nous rendre dignes de partager vos éternelles récompenses dans le Ciel, après avoir partagé vos travaux et imité vos vertus sur la terre. Ainsi soit-il.

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