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-On trouve ces monuments dans la Collection des conciles.

LOTHAIRE, moine et gardien de l'église du monastère de Saint-Amand, est, selon toute apparence, auteur d'un poëme en vers hexamètres sur l'origine et les premiers exploits des Français. C'était un homme fort studieux. Le soin qu'il prenait de l'église ne lui faisait point négliger la bibliothèque. Milon nous apprend en effet qu'il l'enrichit de plusieurs volumes. Quoique fort connu dès 809, lors de la seconde élévation du corps de saint Amand, à laquelle il eut la plus grande part, rien n'empêche qu'il n'ait vécu jusqu'aux premières années du règne de Charles le Chauve, et qu'il n'ait pu composer un poëme sur l'origine de la seconde race de nos rois. Il y a même quelques raisons de croire qu'il est auteur des vers ancnymes sur la cérémonie dont on vient de parler, et qui forment le cinquante-quatrième poëme parmi les poésies d'Alcuin. Après tout, le poëme dont il s'agit fut composé sur un ouvrage en prose, aussitôt après la mort de Louis le Débonnaire, et lorsque Charles le Chauve lui eut succédé au royaume de France, en août 840. Ce prince y est qualifié de jeune roi, et on voit par le douzième vers que ce fut par son ordre que le poëte l'entreprit. Les vers 116, 117 et 129 font voir que c'est l'ouvrage d'un moine Bénédictin. Cette pièce, qui comprend en tout cent qua rante-cinq vers héroïques qui ne sont pas mauvais, se trouve dans quelques manus crits à la suite du chant lugubre de l'abbé Colomban sur la mort de Charlemagne, ce qui pourrait faire naître l'idée qu'elle appartient au même auteur; mais ni les temps ni le génie poétique de ce morceau ne peuvent le permettre. Il nous semble donc plus simple de nous réunir au grand nombre de criliques qui l'attribuent au moine de SaintAmand. Cet ouvrage a été imprimé in-4° à Paris, en 1644, chez Antoine Bertier, par les soins du P. Thomas d'Aquin, de l'ordre des Carmes. L'éditeur l'a accompagné d'une dissertation et de notes historiques, trèsintéressantes.

magne l'appeia à Aix-la-Chapelle, où, en présence des grands de l'Etat, il le déclara son successeur à l'empire. Son premier soin, lorsqu'il y fut parvenu, fut de faire exécuter toutes les dispositions faites en faveur des églises, des pauvres, des officiers de sa maison et des enfants que Charlemagne avait eus de ses dernières femmes. Il pourvut ensuite aux affaires de l'Etat, après en avoir délibéré dans une assemblée qu'il avait convoquée à ce sujet à Aix-la-Chapelle, dès les commencements de son règne. Il fut sacré par le Pape Etienne IV, et couronné à Reims en 816. L'année suivante, il associa Lothaire, son fils aîné, à l'empire. Bernard, roi d'Italie, en prit occasion de se révolter contre lui; mais ne pouvant soutenir sa révolte, il fut obligé de mettre bas les armes et de recourir à la clémence de ce prince.

Capitulaires de l'an 817. La même année, 817, les évêques assemblés à Aix-laChapelle dressèrent par son ordre deux règles: une pour les chanoines et l'autre pour les religieuses. L'empereur Louis envoya ces règles aux archevêques de ses Etats qui n'avaient point assisté au concile, avec ordre de les notifier aux évêques de leur dépendance, et de leur en faire tirer des copies, afin qu'elles fussent observées dans tout l'empire. On a trois de ses lettres dans les Capitulaires de Baluze, et dans les Conciles du P. Labbe. La première est adressée à Sichaire, archevêque de Bordeaux; la seconde, à Magnus de Sens, et la troisième, à Arnon de Strasbourg. A ce sujet, ce prince fit un capitulaire composé de vingt-neuf articles, qui la plupart ne font que renouveler ce qui avait été réglé par les capitulaires de Charlemagne ou par les anciens conciles sur les revenus des églises, le rétablissement des églises détruites, l'élection et les fonctions des évêques, la simonie, la défense aux enfants de se faire tonsurer ou de prendre le voile sans le consentement de leur famille, les mariages incestueux et plusieurs autres points de discipline. L'empereur renouvelle en particulier la défense portée par Charlemagne de rechercher la vérité par l'examen de la croix. Nous avons marqué ailleurs en quoi consistait cette épreuve.

LOUIS LE Débonnaire. Après avoir donné place à Charlemagne parmi les écrivaius ecclésiastiques, il nous est impossible de la refuser à l'empereur, son fils, dont nous avons plusieurs capitulaires très-intéressants pour l'histoire et la discipline de l'Eglise. Louis le Débonnaire, né à Casseneuil dans l'Agenois, en 778, fut fait roi d'Aquitaine par son père à l'âge de trois ans, et envoyé aussitôt vers les peuples de ce royaume, dont il adopta le costume, la langue et les usages, afin de les attacher à la domination française. Louis reçut une éduque le Saint-Siége viendra à vaquer, les

cation brillante; il savait le grec et le latin, parlait cette dernière langue comme sa langue naturelle, et entendait très-distinctement l'autre. Mais l'étude qui avait pour lui le plus d'attrait était celle de l'Ecriture sainte.

en savait non-seulement le sens littéral, mais encore le sens spirituel, moral et figuré. Au mois de septembre de l'an 813, Charle

Ce fut encore en 817 que l'empereur Louis accorda au Pape Etienne, nouvellement élu, la confirmation des donations faites à l'Eglise romaine par le roi Pépin et Charlemagne. Louis ajouta à ces donations celle de la ville et du duché de Rome, les îles de Corse, de Sardaigne et de Sicile, avec cette clause: Sauve sur ces duchés de notre domination souveraine et leur sujétion à l'empire. Il est dit dans la même constitution que, lors

Romains éliront librement un Pape et le fe ront consacrer. Il suffira après sa consécra tion qu'il envoie des légats au roi des Francais pour entretenir la paix. Les rois continuèrent malgré cela d'approuver l'élection du Pape avant qu'il fût consacré, ce qui rend cette clause suspecte ou prouve au moins qu'elle ne fut pas exactement observée. La

constitution était signée de l'empereur et de ses trois fils, de dix-huit évêques, de huit abbés, quinze comtes, un bibliothécaire, un mansionnaire et un huissier; mais on ne lit dans les imprimés que la souscription de l'empereur.

Léon d'Ostie lui attribue un autre capitulaire fait à Aix-la-Chapelle en 817, pour établir l'uniformité d'observance dans tous les monastères. Il ne compte que soixante-douze articles dans ce capitulaire, qui en contient quatre-vingts dans les imprimés. Ils furent composés sur l'ordre du prince et dans son palais, par plusieurs abbés et moines qu'il y avait appelés. Louis les approuva ei en ordonna l'exécution.

Il fit dresser la même année un état des monastères de son obéissance, avec la note détaillée de leurs charges envers lui. Il les it ranger en trois classes. Il y en avait quatorze qui devaient des dons et de la milice; seize qui n'étaient chargés que de dons, et dix-huit qui n'étaient astreints qu'à des prières pour le salut de l'empereur, de la famille impériale et de l'Etat. On ne comprit point dans ce dénombrement quantité d'autres monastères, comme ceux de Saint-Denis, de Saint-Germain, de Saint-Médard de Soissons et de Centulle, probablement parce qu'ils n'étaient point chargés de redevances envers l'empire.

En 819 l'empereur, tenant un parlement à Aix-la-Chapelle, ajouta plusieurs articles à la loi salique, en modifia quelques autres, et expliqua divers points de la même loi. Ces changements comprennent en tout trois capitulaires qui renferment eux-mêmes un grand nombre d'articles. On en a trois autres de la même année. Le premier présente huit règlements concernant la police séculière. Le second compris en vingt-neuf articles et le troisième en onze renferment, pour les envoyés du prince, des instructions qui ont beaucoup de conformité avec celles de Charlemagne sur le même sujet.

qui

Dans un parlement tenu à Thionville en 821, l'empereur rappela tous les évêques et abbés qui avaient pris part à la révolte de Bernard, roi d'Italie, leur rendit leurs biens confisqués, et les renvoya à leur Eglise. It at rédiger en la même ville un capitulaire portant ordre que les additions qu'il avait faites à la loi salique auraient à l'avenir la même autorité que cette loi elle-même. L'année suivante, 822, il se réconcilia à Attigny avec ses trois jeunes frères qu'il avait forcés à accepter la tonsure. Il s'accusa publiquement de cette faute, et de la rigueur dont il avait usé envers Bernard son neveu, et en fit pénitence à l'imitation de l'empereur Théodose. Quelque temps après, étant venu à Tribur près de Mayence, il confirma quelques articles que les évêques réunis à Thionville avaient rédigés pour la sûreté des personnes ecclésiastiques. Ces décrets, au nombre de quatre, établissent des peines spirituelles et pécuniaires contre ceux qui auraient eu le malheur de tuer, frapper, maltraiter ou injurier un évêque,

un prêtre, un diacre et un sous-diacre, lis sont rapportés avec la supplique des prélats, en tête du capitulaire de l'empereur, qui les confirma en détail, et qui les souscrivit avec l'empereur Lothaire, son fils, et presque tous les grands de France et de Germanie qui se trouvaient à cette assemblée. Le capitulaire publié la même année en faveur du monastère de Sainte-Croix à Poitiers, ne contient que huit articles, tendant à la conservation des biens et des droits de co monastère. L'empereur défend d'augmen ter le personnel de la communauté au delà de cent religieux, et fixe le nombre des clercs, pour le service de l'église, à trente.

Il y a de notre empereur un fort beau capitulaire publié en 823, et qui contient vingt-huit articles pour le bien général de l'Eglise et de l'Etat. Ces articles sont autant d'instructions que le prince donne à ses sujets, mais principalement aux évêques et à ses envoyés, pour l'aider à établir la bon ordre en toutes choses. I insiste dans le cinquième article, sur l'établissement des écoles, qu'il avait déjà recommandé dans l'assemblée d'Attigny, et auquel on avait promis de donner les mains. Ce capitulaire a paru tout entier si intéressant, qu'on a cru devoir lui accorder une place dans les Collections des conciles. Quelques historiens le rapportent à l'année 825, et croient qu'il fut publié dans un parlement tenu à Aix-laChapelle.

cela

Question des images. Le Pape Pascal, étant mort le 11 mai 824, fut remplacé par Eugène II, dont le sacre se fit le 24 juin de la même année Au mois de novembre, Louis le Débonnaire donna audience aus ambassadeurs que l'empereur Michel la avait envoyés pour le prier de continuer à observer les traités de paix faits sous Charlemagne, et de contribuer, autant que lui serait possible, à réunir les Eglises dans un même sentiment sur la question des images. Ces ambassadeurs passèrent jus qu'à Rome, où, de son côté, l'empereur Louis députa Froculphe de Lizieux et Aldegaire, pour obtenir du Pape la permission de faire examiner cette question par les évêques de son royaume. Eugène l'ac corda; sur quoi l'empereur ordonna à un grand nombre d'évêques de ses Etats de s'assembler à Paris le 1 novembre 825. Les évêques assemblés lurent d'abord plusieurs écrits composés à l'occasion d'une dispue qui s'était élevée sur le même sujet dès le temps de Charlemagne. Ils prirent en même temps connaissance de la lettre de l'empe reur Michel, qui exposait avec de grands détails les abus superstitieux du peuple et du clergé de l'Eglise grecque dans le culle des images. Puis blamant presque égale ment l'opinion qui semblait leur déféret une adoration superstitieuse, et celle qu voulait qu'on les brisât, ou tout au moins qu'on les fit enlever des lieux où elles étaient en vénération, ils prirent un milieu à peu près semblable à celui des livres carolins auxquels ils donnèrent leur app

bation... Sur ce principe, les membres du concile recueillirent des Pères grecs et latins un grand nombre de passages qu'ils rapportent à quinze chefs. Le premier combat le sentiment de ceux qui voulaient abolir les images; le second montre, par l'autorité du Pape saint Grégoire le Grand et par plusieurs autres Pères, que leur usage est légitime. Enfin les treize autres sont employés à réfuter ceux qui leur rendaient un culte excessif et poussé jusqu'à l'adoration. Le deuxième concile de Nicée s'y trouve partout combattu. On y explique avec assez de soin le terme d'adoration, et l'on croit montrer la différence entre le culte des images et celui rendu à la croix. Ces actes ainsi rédigés furent portés à Louis 2 le Débonnaire par les députés du concile. L'empereur se les fit lire et les approuva. Pourtant il ne s'en tint pas absolument aux décisions du concile; il envoya à Rome Jérémie de Sens et Jonas d'Orléans, avec des instructions pour traiter l'affaire avec sagesse et modération. I leur recommandait de relire ensemble les Actes du concile de Paris, d'en faire des extraits bien choisis, dans lesquels ils réuniraient les passages essentiels au sujet en question, de façon à ce que le Pape et son conseil ne pussent raisonnablement les rejeter. Il leur défend de résister ouvertement au Pape dans les entretiens qu'ils auraient avec lui, mais de faire leur possible pour l'amener à un milieu qui évitait les deux extrêmes de cette question. Si, ajoutaitil, vous ne pouvez l'amener à ce point, convenez avec lui d'envoyer des agents à Constantinople, que je ferai accompagner par mes ambassadeurs. Louis écrivit en même temps au Pape une lettre dans laquelle il lui confirmait tout ce que ses ambassadeurs étaient chargés de lui dire. Il l'assurait de leur capacité et témoignait un grand désir que l'on pût trouver un milieu qui amenât la réunion des deux Eglises. Le milieu fut rejeté et les députés revinrent en France sans avoir rien fait.

On trouve à la suite de cette lettre au Pape et parmi les capitulaires de notre empereur, le serment que le clergé et le peuple romain lui prêtèrent en 824 dans la personne du roi Lothaire, son fils. Outre la promesse de fidélité, on s'y engageait encore à ne point souffrir qu'un Pape élu, suivant les canons, fût consacré avant d'avoir prêté le même serment, comme l'avait pratiqué le Pape Eugène II, qui venait de monter sur le Siége apostolique. C'était déroger à l'acte confirmatif des donations faites à l'Eglise romaine en 817, et dont nous avons parlé plus haut.

Le capitulaire suivant, daté d'Ingelheim en 876, et compris en sept articles, a pour but de réprimer les rapines qui devenaient frequentes, et l'insolence de quelques sujets qui s'oubliaient jusqu'à blasphémer contre Dieu et à insulter les personnes consacrées son culte. On trouve à la suite un diplôme our le rétablissement des moines de Mou

tier-en-Der, au diocèse de Châlons. I est daté de l'an 827. Le capitulaire daté de la fin de l'an 828 fut la conclusion d'un parlement tenu à Aix-la-Chapelle, comme il paraît par d'autres monuments. Le prince y ordonne quatre conciles pour l'octave de la Pentecôte de l'année suivante; un à Mayence, un autre à Paris, un troisième à Lyon et le quatrième à Toulouse. Il proposa lui-même les matières que l'on y devait traiter, et écrivit deux lettres circulaires au clergé et au peuple, portant ordre d'observer un jeûne de trois jours pendant la célébration de ces conciles. La plupart des articles du capitulaire. de Worms, en 829, sont répétés des capitulaires précédents. Nous observerons seulement que le septième article de la première partie impose aux peuples l'obligation de payer la dime, sans qu'il soit loisible d'en diminuer la quotité, et que la prescription après trente ans suflira pour les Eglises comme elle sullit pour le fisc, suivant le diplôme de Louis le Débonnaire, portant le rétablissement de l'observance monastique dans l'abbaye de Saint-Denis, et l'érection d'un évéché à Hambourg.

L'empereur Louis avait eu d'Ermengarde, sa première femme, trois fils, qu'il avait déclarés rois tous les trois en s'associant à l'empire Lothaire qui était l'aîné. Après la mort d'Ermengarde, il épousa Judith, dont il eut, en 823, un quatrième fils, nommé Charles, à qui il assura, en 829, un royaume composé de la partie de ses Etats située sur le Haut-Rhin, avec la Rhétique et une portion de la Bourgogne. Cette disposition causa une guerre entre le père et les enfants du premier lit; mais ceux-ci, s'étant trouvés les plus faibles, furent contraiuts de recourir à la clémence de leur père, qui fit comparaître les chefs de la rébellion à la diète de Nimègue, tenue en 830. Jessé, évêque d'Amiens et l'âme de la révolte, fut déposé, et le prince se contenta de reléguer les autres. Quelque temps après, Lothaire fut déclaré déchu de son titre d'empereur, et les sujets de l'empire déliés du serment qu'ils lui avaient prêté : Louis ne lui laissa que la qualité de roi d'Italie, à la condition qu'il n'y entreprendrait rien d'important sans son consentement. Ce fut pour ses trois fils une nouvelle occasion de se liguer contre leur père, auquel ils parvinrent à ôter l'empire. Lothaire, après s'être fait proclamer à sa place, emmena à sa suite son malheureux père jusqu'à Soissons, où il le fit enfermer dans le monastère de Saint-Médard. Il fit ensuite prononcer sa déposition par une diète convoquée au château de Compiègne, et cet arrêt fui fut notifié. Cependant remis sur le trône par le repentir de ses autres enfants, Louis le Débonnaire convoqua à Thionville une assemblée où tous les actes du Parlement de Compiègne furent annulés. Il pardonna de nouveau à Lothaire, et, comme les justes sujets de plainte qu'il avait contre lui lui étaient communs avec ses autres frères, il continua de le désigner pour son successeur. Malgré cette condescendance il

ne jouit pas longtemps du repos dont il avait besoin. Bientôt après, un de ces mêmes enfants qui l'avaient rétabli, Louis de Bavière, se révolta encore; il fut mis en fuite; mais le malheureux succomba à son chagrin le 20 juin 840. Avant de mourir, ce prince fit de grands présents aux églises et de plus grandes aumômes aux pauvres; il pardonna à ses enfants les offenses qu'il en avait re çues, en prenant soin toutefois de faire avertir Lothaire de ne se pas oublier. C'est ceite facilité à pardonner les injures qui lui a fait donner le surnom de Débonnaire.

Ses Capitulaires et les autres monuments de son règne se trouvent non-seulement dans les collections de Baluze et du P. Labbe, mais il y en a aussi dans les recueils de Duchesne, du P. Le Cointe et de dom Mabillon. Thégon, l'un des historiens de cet empereur, parle d'une lettre à Lothaire son fils, dans laquelle il s'efforçait de le rappeler à son devoir. Elle n'est pas venue jusqu'à nous. On en possède une autre parmi celles d'Hilduin, abbé de Saint-Denis.

LOUIS II. Nous avons encore, sous le nom de Louis II, fils aîné de Lothaire I et son successeur à l'empire, des capitulaires publiés par Goldast, et divisés en quatre titres. Le dernier, qui devrait en former un cinquième, est intitulé Fragments de capitulaires. Ces règlements sont suivis d'une Longue lettre apologétique adressée par ce prince à l'empereur grec Basile, qui se prétendait seul en droit de porter le titre d'empereur. Cette lettre a été traduite en français par le président Cousin, dans son Histoire de l'Empire.

LOUIS LE BEGUE, fils de Charles le Chauve, et roi de France après lui, nous a laissé également quelques capitulaires qui ont été recueillis par Baluze. Il s'en trouve un, entre autres, formé des canons du deuxième concile de Troyes et de la loi contre le sacrilége, qui fut ajoutée aux anciennes lois des Goths, pour les provinces de France qu'ils avaient habitées, et notamment pour celle de Narbonne. Ce concile fut un des plus célèbres du ix siècle par sa convocation. Il ne s'y trouva cependant que le Pape Jean VIII, trois évêques d'Italie qu'il avait amenés avec lui, huit archevêques et dix-huit évêques, tous de la domination du roi Louis qui y fut couronné. Il se tint en août et septembre 878. Outre les canons qui y furent rédigés au nombre de sept, et qui regardent le temporel de l'Eglise, on a une relation de ce qui s'y passa dans chaque session, avec les discours qu'y tint le Pape, les lettres qu'il y écrivit à quelques particuliers, les priviléges qu'il y accorda à diverses églises et monastères, et le petit discours qu'il adressa au roi en le couronnant.

LOUIS LE GROS, qui fut aussi appelé le Batailleur, était fils de Philippe I et de la reine Berthe. Né en 1078, il fut associé par son père au gouvernement en 1100, et lui succéda au mois de juillet 1108, à l'âge de trente ans. Dès son enfance, le jeune prince fut envoyé à l'abbaye de Saint-Denis pour y

recevoir son éducation. On mit à la tête de ses études un religieux, nommé Herluiu. dont les soins et la capacité répondirent à l'importance du ministère qui lui était confié. Louis remporta de cette école, avec la connaissance des lettres et de la religion, les vertus qui font les bons rois. Aussi, à peine arrivé au trône, ses premiers exploits signalèrent-ils la bonté de son cœur. Il prit en main la défense des faibles, des ecclé siastiques, des laboureurs, des marchands, que la noblesse opprimait jusqu'alors impu nément. Il poursuivit ces tyrans à main armée, et les força pour la plupart à réparer les dommages dont ils étaient les auteurs. Le succès des batailles qu'il livra contre Henri I", roi d'Angleterre, ne fut pas égale ment heureux. Il fit des efforts continuels, mais toujours insuffisants, pour rétablir l'in fortuné Robert Courte-Cuisse dans le duché de Normandie, dont le monarque anglais, son frère, l'avait injustement dépouillé. La faute de Louis, que la postérité aura toujours peine à lui pardonner, fut de n'avoir pas su prévenir les desseins ambitieux de Henn, si contraires au repos de la France. Il n'ou vrit les yeux qu'après coup sur les suites funestes dont la Normandie, possédée par un roi puissant, menaçait ses Etats. Alors commença la rivalité entre les deux cou ronnes; mais la plaie que cette invasion fit à la monarchie française a saigné pendant plusieurs siècles, et n'a pu se fermer entiè rement que sous le règne de Charles VII. La France a été de tous temps l'asile des Papes persécutés, et l'on peut dire qu'à notre époque même elle s'est montrée fidèle à ces glorieux souvenirs. Louis, marchant sur les traces de ses prédécesseurs, ouvrit une retraite dans son royaume à quatre de ces Pontifes, obligés de quitter l'Italie, Pas cal II, Gélase II, Calixte II et Innocent II. Ce dernier lui fut de plus redevable de son affermissement sur le Saint-Siége. Son dro contesté par Anaclet, n'était rien moins qu'évident Le roi convoqua, en 1131, les prélats et les principaux seigneurs du royaume à Etampes, pour décider entre les deux prétendants. L'assemblée se décida pour Innocent, et Louis, en appuyant cejugement, donna le ton à tous les princes chrétiens, qui se virent obligés de souscrire aux décisions de la France. Le zèle que ce prince montra en toutes circonstances pour les intérêts de l'Eglise, partait d'un cœur droit et sincèrement religieux. S'il ne garda pas toujours les règles de l'exacte justice envers certains prélats, on doit moins s'eu prendre à lui qu'à ses ministres, dont il suivit quelquefois trop aveuglément les conseils. Ses sentiments de piété se renou velèrent avec éclat dans les dernières années de sa vie. Il vit approcher la mort de loin, l'attendit avec résignation, et se prépara, per tous les moyens que la religion peut four, à paraître devant le tribunal du souverain juge. On peut voir dans Suger le détail edifiant des pieux exercices, auxquels il se livra, sans néanmoins oublier le soin de

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LOU

DICTIONNAIRE DE PATROLOGIE.

l'Etat, depuis le milieu de l'année 1135 qu'il sentit les premières atteintes de sa dernière maladie, jusqu'au 1" août 1137, qui fut le terme de ses jours. Ce prince emporta dans le tombeau le respect des grands qu'il avait fait rentrer dans le devoir, la reconnaissance du clergé qu'il avait comblé de bienfaits, et les regrets du peuple qu'il avait tiré de l'op pression. Ses lois. Depuis Charlemagne jusqu'à saint Louis, il s'est rencontré peu de princes qui aient fait d'aussi grands changements que Louis le Gros, dans la police et la jurisprudence du royaume. La seule institution des communes dont il fut l'auteur, introduisit parmi le peuple une forme d'administration et un corps de droit tout nouveau. Les communes étaient des sociétés que les habitants d'un lieu formèrent entre eux, par la concession de leurs seigneurs et avec l'agrément du roi, pour se défendre contre. les violences des nobles et se rendre justice à eux-mêmes. Quoique les priviléges de ce gouvernement municipal ne fussent pas partout les mêmes, cependant il y en avait d'universels, comme la mairie, l'échevinage, le sceau, le droit de cloche pour convoquer les assemblées des habitants, celui de béfroi, pour faire la garde. On comptait aussi parini les obligations générales des communes, celles de faire par elles-mêmes la levée des milices à la place des officiers royaux que cet emploi regardait auparavant, et de les envoyer à l'armée sous la bannière de la paroisse, accompagnés de leur curé (19). Le roi et l'Etat, pour le dire en passant, gagnèrent beaucoup à ces établissements; le roi, parce qu'outre l'argent qu'il se faisait donner pour les autoriser, y trouvait, en dehors de la noblesse, des troupes toujours disposées à le suivre non-seulement contre l'étranger, mais aussi contre les vassaux révoltés; l'Etat, par l'heureuse révolution qu'ils y accomplirent. En effet, à mesure que les communes se multiplièrent, on vit l'agriculture, le commerce et les arts refleurir sous les auspices de la liberté. Les sciences mêmes commencèrent dès lors à être cultivées par le peuple; et c'est de cette époque qu'on aperçoit des roturiers laïques parmi les gens de lettres.

Du grand nombre de constitutions que Louis le Gros fit à l'occasion des communes, il n'y en a que très-peu qui soient venues jusqu'à nous. On en voit plusieurs rappelées dans celles que ses successeurs donnèrent sur le même sujet, ou citées par les auteurs du temps. Mais nous n'en connaissons que quatre dont les originaux soient conservés. Nous ne dirons un mot que de la quatrième, parce qu'elle a quelque rapport avec les matières de jurisprudence crclésiastique. Elle fut expédiée à Laon en 1136, sur les plaintes que Goslen, évêque de Soissons, avait-portées contre les bourgeois de sa ville épiscopale. Louis, adressant la parole au prélat, dit dans sa constitution que pour le

bien de la patric il avait établi une commune
à Soissons, grâce à laquelle les habitants
étaient déchargés de plusieurs impositions
onéreuses, et avaient obtenu une place avec
une maison dans l'intérieur de la ville; mais
que, non contents de ces prérogatives, ils
avaient usurpé plusieurs droits au préjudice
de l'église épiscopale, des églises qui en
dépendaient et de la noblesse du Soisson-
nais. Après le détail de ces usurpations, il
ajoute qu'ayant fait ajourner devant sa cour,
à Saint-Germain en Laye, le maire et les
échevins pour répondre à ces griefs, ils
s'étaient avoués coupables avec promesse
de ne plus récidiver; que pour caution de
leur parole ils avaient donné le roi lui-même,
la reine Adélaïde et le prince Louis leur fils;
que les mêmes engagements avaient été re-
nouvelés à Soissons dans l'assemblée géné-
rale des bourgeois; et que, pour empêcher
la postérité de donner atteinte à cet accord,
il l'a confirmé par lettres munies de son sceau.
Cette charte a été publiée dans la grande
collection de dom Marlène. La commune de
Soissons ne fut pas la seule qui tenta de sor-
tir des bornes de ses priviléges. Les mêmes
abus se glissèrent dans plusieurs autres.
lieux; mais il paraît que le gouvernement
fut toujours attentif à les réprimer.

Louis fit une autre réforme avantageuse dans les lois de son royaume, en accordant un état civil aux serfs du clergé, sans néanmoins les tirer de leur condition. Au commencement de son règne il rendit une ordonnance, præceptum, par laquelle il déclarait que les serfs de l'Eglise de Paris seraient désormais capables de témoigner en justice contre des hommes libres; qu'on ne pourrait leur opposer la tache de servitude comme des moyens de récusation, et que, dans des inscriptions en faux contre leur témoignage, on serait obligé d'en venir avec eux à la preuve par le duel. Ce diplome, imprimé pour la première fois dans le pénitenciel de Théodore, y porte la date de l'an 1108. Nous avons de ce prince quantité d'ordonnances semblables, données en divers temps, à la demande de différentes églises.

L'ordonnance qu'il rendit en 1121, en faveur de l'abbaye de Saint-Denis, peut être comprise parmi celles qui concernent les serfs du clergé; mais elle est plus étendue et contient d'autres priviléges qui dérogent également au droit commun. Le roi luimême la qualitie d'édit ou d'ordonnance royale: Statuimus et regis edicto præcipimus. li y donne pouvoir à l'abbé et aux religieux de Saint-Denis d'affranchir leurs serfs de l'un et de l'autre sexe, sans que personne puisse les réclamer ni rien exiger pour cet affranchissement. De plus, il leur laisse la connaissance et la punition de tous les criminels, soit usuriers, soit faux monnayeurs. et même criminels de lèse-majesté, qui seront pris dans le château ou bourg de SaintDenis, et dans l'étendue de leur juridiction.

(19) On croit généralement que c'est à ce fait qu'il faut rapporter l'origine des bannières paroissiales.

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