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lement en diverses manières, et à tout moment, sans vouloir nous faire mourir, comme si la mort seule faisait le bonheur des soldats de Jésus-Christ, et que les tourments ne fussent pas propres aussi à procurer la gloire en proportion de la souffrance qu'ils occasionnent. Mais aussi, nous savons que plus cette carrière est longue, plus elle abonde en mérites..... Il faut que la vertu souffre tout ce qu'une nature mortelle apprend qu'on peut souffrir. Augmentez nos supplices, choisissez des bourreaux encore plus impitoyables, des ministres plus féroces encore de vos vengeances, afin de manifester avec plus d'éclat la force que la miséricorde de Dieu nous donne. Jusqu'ici, invincibles par sa vertu elivine, nous ne le serons pas moins dans l'avenir. Car ce n'est pas nous qui triomphous de vos fureurs, c'est celui dont le secours nous soutient, et dont la puissance

nous conserve. »

L'écrit intitulé : Pes

Des rois apostats. rois apostats, a pour but de justifier la providence de Dieu sur la prospérité des souverains, persécuteurs de l'Eglise. Il est surtout destiné à désabuser Constance des avantages qu'il prétendait tirer de sa prospérité temporelle, en disant que si la foi qu'il professait n'était point orthodoxe, et si Dieu n'avait pas pour agréable la persécution qu'il faisait subir aux défenseurs de la doctrine de Nicée, il ne ui eut point donné un empire si florissant. Il répétait souvent la même chose et de différentes manières. Lucifer réfute toutes ces prétentions par les exemples, non de princes infidèles et étrangers à la vraie religion, mais de ceux qui avaient régné dans l'Ancien Testament sur le peuple de Dieu, et dont le règne a été long et heureux, quoiqu'ils fussent des persécuteurs des saints. Le Seigneur en use ainsi avec les méchants rois, alin de faire voir leur ingratitude; pour montrer aussi combien sa miséricorde est gratuite et indépendante des mérites humains, et pour donner à ces princes le temps de faire pénitence et de se convertir à lui de tout leur cœur « Voilà, dit-il à l'empereur, la cause de ces retards, qui du reste ne sauraient être longs; voilà pourquoi vous autres, ariens, vous n'êtes pas encore exterminés; voilà pourquoi la sainte Eglise ne jouit pas encore de la paix parfaite qui l'attend après votre mort; car il convient que, sous une telle persécution, nous soyons tous mis à l'épreuve. »

Qu'il ne faut point communiquer avec les hérétiques. Tel est le titre du troisième ouvrage. Lucifer y répond au reproche que Constance adressait aux orthodoxes, d'être les ennemis de la paix, de l'union et de la charité fraternelle. Lucifer prouve, selon sa méthode ordinaire, par toute la suite des Ecritures, qu'on ne doit avoir rien de commun avec les ennemis de la religion. Entre autres passages, il rapporte au long l'histoire du prophète qui fut envoyé vers Jeroboam,

à Béthel, et que le Seigneur châtia si rigoureusement pour avoir bu et mangé contre sa défense, dans ce lieu profane, à l'instigation d'un autre prétendu prophète, qui lui persuada faussement qu'un ange lui avait parlé à ce sujet; puis, s'adressant à l'empereur lui-même, il lui dit : « Tu as imité cet imposteur qui se disait prophète pour mieux tromper l'homme de Dieu; quoique arien, tu as feint d'être Chrétien pour mieux nous surprendre; et comme si l'Eglise du Seigneur n'avait pas toujours eu la paix et qu'elle n'eût pas anathématisé les ariens, comme elle a condamné tous les hérétiques des autres secles, sous prétexte d'affermir la paix dans ton empire, tu travailles à nous ravir celle du Seigneur, tu divises le peuple de Dieu pour faire triompher l'arianisme, où tu veux nous amener tous. Il lui reproche d'avoir, par ses entreprises criminelles, donné occasion à tant de combats de paroles, de contentions mortelles, de disputes pernicieuses, qui détiguraient de son temps la face de l'Eglise : ce qui revient à ce que dit Ammien Marcellin, que ce prince troubla la religion chrétienne, si simple d'elle-même par des superstitions de vieilles femmes, et que, s'appliquant plus à l'examiner en curieux qu'à la régler sé qu'il fomenta ensuite par des disputes de rieusement, il excita plusieurs divisions

mots.

Qu on ne doit user d'aucun ménagement livre a pour but de justifier la conduite pleine avec ceux qui pèchent contre Dieu. - Ce de sévérité des catholiques contre les ariens et la liberté qu'ils se donnaient de les reprendre avec force, sans même épargner les puissances; c'est-à-dire, que ce livre tend à justifier la manière dont Lucifer de Cagliari, catholiques avaient parlé à l'empereur Conssaint Hilaire de Poitiers et quelques autres tance. L'auteur y pose avec beaucoup de précision les bornes qui séparent la puissance temporelle des droits de la puissance Spirituelle, dans les choses où la religion est intéressée; et il finit en s'objectant les paroles de l'Ecriture qui commande d'obéir aux puissances et aux rois; à quoi il répond que l'empereur aussi, puisqu'il se dit Chrétien, doit écouter avec respect les correcd'exhorter et de reprendre avec empire, et tions des évêques, car il leur est ordonné de ne se laisser mépriser par personne. « Sache, lui dit-il, que nous reconnaissous l'obéissance que nous devons à toi et à tous ceux qui sont constitués en dignité; mais nous la devons seulement pour les bonnes œuvres et non pour condamner un innocent et pour abandonner la foi. L'Apôtre parle des princes et des magistrats qui ne croyaient pas encore au Fils unique de Dieu, et qui devaient être attirés à la foi par notre humilité, notre patience et notre soumission dans les choses raisonnables; mais toi, parce que tu es empereur, et que tu feins d'être un d'entre nous, si tu prétends, sous ce prétexte, nous contraindre d'abandonner Dieu et d'embrasser l'idolatrie, devons-nous

t'obéir dans la crainte de paraître manquer aux préceptes de l'Apôtre?»

Qu'il faut mourir pour le Fils de Dieu. Dans ce dernier ouvrage Lucifer ne se propose autre chose que de prouver à l'empereur que son autorité est impuissante contre les catholiques, toujours préparés au martyro. Il le termine ainsi : « Ce qu'il m'importe de savoir, c'est pour quelle cause je mourrai, et non par quel genre de supplice; si j'ai mérité la peine, ma faute doit être mon plus grand tourment, sinon, la croix où tu m'attacheras sera plus ton supplice que le mien. »

Ouvrages perdus. Dans un passage des livres que nous venons d'analyser, Lucifer dit à l'empereur: « Mes lettres et mes li vres, quoique écrits d'un style simple et rustique, prouvent que j'ai souvent répété la même chose, à savoir que nos péchés nous ont fait tomber entre tes mains, ce qui n'empêche pas que tu combattes contre Dieu.» Comme on ne trouve rien de semblable dans les ouvrages que nous connaissons, il est naturel de conclure que Lucifer en avait composé d'autres, qui sont perdus. Il en est de même de ses lettres dont saint Athanase fait mention, et qui ne sont pas arrivées jusqu'à nous. Il ne nous reste que la lettre en réponse à Florent, grand maitre du palais, et dans laquelie Lucifer s'avoue l'auteur de l'ouvrage contre Constance. Cette lettre est fort courte, et n'a d'autre but que de prier Florent de le défendre et de croire qu'il est prêt à souffrir tout avec joie, même la mort, plutôt que de départir de sa doctrine.

Saint Athanase ne manqua point de se montrer reconnaissant envers son intrépide défenseur. Il admire dans les écrits de Lucifer la liberté des prophètes et des apôtres, l'ancienne tradition du gouvernement ecclésiastique, une vigueur mêlée à l'adresse pour démasquer les fourberies des hérétiques et les couvrir de confusion. Le reproche le plus grave que l'on puisse faire à sa mémoire, c'est une dureté inflexible qui l'a précipité dans le schisme. Il doit demeurer pour constant que Lucifer s'est séparé de l'Eglise, que toutes les palmes qu'il avait remportées pour la défense de la foi ont été flétries par son opiniâtreté, et qu'on peut justement lui attribuer la faute que le grand saint Grégoire reprend dans ceux qui, voyant que l'Eglise, mue par un esprit de charité, fait quelque brèche à la discipline, regardent sa condescendance comme une chute, condamnent légèrement ce qui devrait les édifier, et se perdent, comme Osa, par la témérité qui les porte à vouloir soutenir l'arche avec indiscrétion. Lucifer mourut à Cagliari en 370. Socrate et Sozamène font de vains efforts pour prouver qu'il demeura toujours dans la communion de l'Eglise, et qu'il ne participa point au schisme de ceux que son mécontentement en avait séparés. Mais ce système est détruit par Rufin, dont ces deux historiens invoquent mal à propos le témoignage, par

l'autorité de saint Ambroise et de saint Algustin, du Pape Innocent I", de Sulpice Sévère, et en particulier de saint Jérôme qui, nalgré son affection pour lui, est forcé de reconnaitre qu'il avait abandonné le troupeau de Jésus-Christ. Comment en effet se persuader que s'il fût toujours resté dans la communion de l'Eglise, son mécontentement passager en eût fait sortir ceux qu'on avoue s'en être séparés à cause de lui? Quelques auteurs ont encore avoué que l'évêque de Cagliari n'avait point persévéré dans le schisme, et qu'il était rentré dans le sein de l'unité avant sa mort. Ce nouveau système a contre lui le silence de tous les monuments de l'antiquité qui ne parlent ni de sa pénitence, ni de son retour; le té moignage formel de Rufin, qui assure qu'il est mort dans le schisme, et surtout celui de saint Jérôme qui cherche seulement à l'excuser sur son intention. Cependant l'Eglise de Verceil l'invoque comme saint; et celle de Cagliari qui a bâti une église en son nom, célèbre sa fête le 21 mai de chaque année, depuis le xvII° siècle. On peut voir à ce sujet le livre curieux imprimé dans cette ville, en 1639, sous ce titre: Defensio sanctitatis B. Luciferarii. On ne lui impute au surplus aucune erreur contre la foi. Il n'en est pas de même de ses disciples connus sous le nom de lucifériens.

LUCIUS, évêque intrus que les ariens mirent à la place de Pierre sur le siége épiscopal d'Alexandrie, était né en cette ville, où il avait été ordonné prêtre par Georges. Les hérétiques le choisirent pour chef et firent tous leurs efforts pour engager Jovies à confirmer leur choix; mais ce prince se moqua d'eux et de Lucius. Jusque-là ils n'avaient encore osé le consacrer évêque, mais on croit qu'ils l'ordonnèrent enfin à Antioche ou au moins hors de l'Egypte. Lorsque Valens fut parvenu à l'empire, Lucius lui demanda plusieurs fois d'être mis en possession, ce que l'empereur ne permit qu'après la mort de saint Athanase. Le comte Magnus y entra avec le nouvel évêque, et sou intronisation fut signalée par une cruelle persécution contre les catholiques. C'était en 373. Pierre, élu évêque d'Alexandrie à la place de saint Athanase, fut contraint d'en sortir, et n'y revint qu'en 378, après que Lucius en eut été chassé définiti vement par l'empereur Théodose. Saint Jérome a compris Lucius dans son catalogue des écrivains ecclésiastiques pour quelques écrits qui ne sont pas venus jusqu'à nous. Ce Père marque en général quelques ouvrages sur divers sujets, puis il ajoute que Lucius, suivant la coutume des évêques d'Alexandrie, avait écrit des lettres pascales. Il en reste un fragment qui prouve que l'auteur n'était pas moins infecté de l'hérésie d'Apollinaire que de celle d'Arius, puisqu'il avance que le Verbe a pris seulement le corps et non l'âme humaine, et qu'avec son corps il n'avait qu'une nature composée.

LUCIUS CHARINUS ne nous est consu que par le rapport que Photius nous a laisse

sur un de ses ouvrages intitulé: Voyages des apôtres. Ce livre contenait les actions de saint Pierre, de saint Jean, de saint André, de saint Thomas et de saint Paul. Le style en était inégal et les termes fort communs; et cependant sa manière de raconter était bien éloignée de la naïve simplicité des écrits apostoliques, parce qu'il affectait de temps en temps de mêler à sa narration les termes du barreau. Du reste, cet ouvrage était rempli d'histoires fabuleuses qui se détruisaient les unes les autres. Au dire du Bibliographe, il admettait un Dieu particulier des Juifs, qu'il disait être mauvais, et dont Simon le Magicien avait été le ministre, le distinguant de Jésus-Christ qu'il disait être le Dieu bon. Gåtant et confondant tout, il donnait à ce Dieu de bonté, tantôt la qualité de Père, tantôt celle de Fils, et soutenait qu'il ne s'était fait homme qu'en apparence; qu'il était apparu à ses disciples sous diverses formes, tantôt jeune, tantôt vieux, tantôt enfant, tantôt grand, tantôt petit, et quelquefois si haut qu'il semblait toucher le ciel. Il débitait plusieurs folies à propos de la croix, jusqu'à soutenir qu'un autre y avait été attaché à la place de Jésus-Christ, qui se moquait de ses bourreaux. Il rejetait les mariages, même légitimes, et regardait la génération comme une œuvre diabolique. I racontait des résurrections absurdes de berufs, de chevaux et d'hommes. En parlant des actions de saint Jean, qu'il avait vues reproduites par la peinture, il semblait embrasser les sentiments des iconoclastes et condamner les images. En un mot, ce livre ne renfermait que des fables, où l'ineptie le disputait à l'impiété, de sorte que, sans s'écarter du vrai, on pouvait le regarder comme une source d'erreur, ou plutôt comme une wuvre d'extravagant et de fou. Aussi ne doit-on pas en regretter la perte.

LUDGER, premier évêque de Munster et apôtre de la Saxe, naquit vers l'an 743 d'une des plus illustres familles de la Frise. Après avoir été élevé sous la discipline de saint Grégoire d'Utrecht, il se retira en Angleterre, où il passa quatre ans à l'école d'York, dirigée alors par le célèbre Alcuin. Il y fit de grands progrès, et trouvant dans ce pays plusieurs livres qu'il n'aurait pu se procurer dans sa patrie, il en rapporta un grand nombre à Utrecht. En 782, à la suite d'un voyage en Italie, il se mit à annoncer l'Evangile en Saxe et dan le pays des Frisons. Ordonné évêque, il établit son siége à Munster, où il mourut au mois de mars de l'an 809. Il écrivit la vie de saint Grégoire, son maître, et quelques circonstances de celle de saint Boniface, archevêque de Mayence, omises par Willibald, son historien. Allfride, auteur de sa Vie, semble lui attribuer aussi une Vie de saint Albric, évêque d'Utrecht, son contemporain qui le précéda de peu de temps dans la tombe; mais nous n'avons de saint Ludger que la vie de saint Grégoire elle se trouve dans le tome IV des Actes de l'ordre de Saint-Bernard.

LUDOLPHE, premier prieur du monas

tère de Saint-André de Bruges. qui dans son origine n'était qu'un prieuré dépendant de l'abbaye d'Afflighem, fut fait ensuite abbé d'Oostbrouck. Il florissait en 1105 et doit avoir vécu jusqu'en 1120. Il est auteur d'une lettre sur l'origine du prieuré de Saint-André, érigé depuis en abbaye. Cette lettre se trouve au tome V de la Nouvelle· Gaule chrétienne.

LUITBERT, archevêque de Mayence, à la fin du 1x siècle, ne nous est connu que par une lettre adressée à l'empereur Louis, et dans laquelle il dit à ce prince qu'il se sent obligé de parler en voyant à combien de périls l'Eglise est exposée, parce que la primauté et la dignité de saint Pierre sont attaquées et déshonorées par ceux-là mêmes qui devraient être les guides du peuple de Dieu, mais qui préfèrent tellement les intérêts humains aux choses divines, qu'il est à craindre que le mal qui est dans la tête ne se répande dans tous les membres, si on n'y apporte un prompt remède. Il avertit l'empereur que le péril est imminent, parce que ceux qui devaient veiller au salut des autres, se précipitent euxmêmes, et ouvrent la fosse de perdition à ceux qui les suivent. Il l'exhorte à conférer avec les hommes instruits dans la loi du Seigneur sur les moyens d'arracher les scandales et de rendre la paix à l'Eglise. Il ajoute que cela est d'autant plus facile que tout le corps n'est pas encore atteint. Il y a bien quelques membres affaiblis de la blessure qu'a reçue la tête; mais ils peuvent être guéris si on y apporte les remèdes convenables. Il lui semble utile que le roi Charles convoque au plus tôt un concile, afin que les évêques de son royaume, jusque-là exempts de cette maladie, s'unissent à lui et aux autres évêques d'Allemagne, pour travailler de concert à rétablir la paix et la concorde au sein de l'Eglise catholique, aussitôt qu'il sera de retour d'un voyage qu'il a entrepris. Cette lettre semble avoir rapport aux brouilleries, arrivées après la mort de Lothaire, à propos du royaume de Lorraine que le Pape Adrien revendiquait en faveur de l'empereur Louis, en mena-. çant d'excommunication Charles et les autres princes qui s'en étaient mis en possession. Cette lettre se trouve dans le Spicilège de dom Luc d'Achey.

LUITPRAND, connu sous le nom de Diacre de Pavie, et élu évêque de Crémone vers le milieu du x' siècle, fut envoyé, en 946, en ambassade auprès de Constantin Porphyrogenète par Bérenger, marquis d'Yvrée. L'empereur Othon le nomma, en 962, son représentant auprès de Jean XIII. Luitprand assista l'année suivante au concile de Rome, qui déposa ce Pape, et il y porta la parole au nom de l'empereur, qui y assistait, mais qui ne comprenait pas la langue des Romains. En 968, il retourna à Constantinople, en qualité d'ambassadeur d'Othon, et n'y reçut que de mauvais traitements de la part de l'empereur d'Orient, Nicéphore Phocas. Il en repartit le 2 octobre, après

quatre mois de séjour, pendant lesquels il avait dignement représenté son maître et répondu avec courage aux propos outrageants que Phocas se permettait contre lui. Luitprand était un des hommes les plus érudits de son siècle. Il connaissait trèsbien l'antiquité, et écrivait même des vers en grec et en latin. On ne sait ce que devint Luitprand depuis son retour de Constantinople, ui en quelle année il mourut.

Nous avons de lui deux ouvrages. Le premier, sous le titre de Gestes des rois et des empereurs, contient le récit de ce qui est arrivé de plus remarquable en Allemagne et en Italie, depuis l'an 862 jusqu'à l'an 964.

Cette relation en six livres est écrite avec beaucoup plus d'élégance qu'on n'en trouve dans les autres ouvrages du même temps. Le second, et le plus important, est la relation de son ambassade auprès de l'empereur Phocas; relation intéressante par le tableau des mœurs grecques à cette époque. Voici le jugement qu'en porte l'abbé Guillon; nous le reproduisons sous toutes réserves, parce qu'il est loin d'être flatteur: « On n'y trouve ni goût, ni même un jugement bien épuré. Son érudition, étonnante pour un siècle accusé de tant d'ignorance, y est prodiguée hors de propos, et souvent avec un étalage puéril. L'auteur affecte d'y mêler les vers à la prose; mais ce qu'il y a de plus inconséquent dans cet ouvrage composé par un diacre vertueux, et dédié à un évêque, c'est le ton plaisant poussé jusqu'à la bouffonnerie, et quelquefois jusqu'à une licence qui offenserait aujourd'hui l'oreille la moins délicate.» Ces deux morceaux, qui sont cependant précieux pour l'histoire, ont été traduits e français par le président Cousin, dans le tome II de son Histoire de l'empire d'Occident. La meilleure édition des œuvres de Luitprand est l'édition publiée in-folio à Anvers, 1640. Jérôme de la Hiquera lui a faussement attribué une chronique qui commence à l'an 606 et finit en 960, avec des Adversaria ou journaux. Tous les savants conviennent aujourd'hui que ces deux ouvrages sont supposés. Il en est de même des Vies des Papes depuis saint Pierre jusqu'à Formose, imprimées à Mayence eu 1602, et à la fin desquelles on trouve un passage emprunté de son Histoire. Ce n'est qu'une compilation de l'ouvrage sur le même sujet, publié sous le nom d'Anastase.

LUL (Saint), archevêque de Mayence, naquit en Angleterre au commencement du vin siècle, et fut élevé dans le monastère de Maldubi, aujourd'hui Malmesbury dans le Withsire. Il passa ensuite dans celui de Jarrow, pour y perfectionner ses études sous le vénérable Bède. En 732, il se rendit en Allemagne, près de saint Boniface, son parent, qui lui donna l'habit monastique, et après l'avoir élevé au diaconat, l'envoya prêcher l'Evangile aux idolâtres. Il fut ordonné prêtre en 751, et saint Boniface l'envoya à Rome consulter le Pape Zacharie

sur plusieurs questions importantes. A son retour, il le désigna pour son successeur, d'après la permission qu'il avait obtenue du Saint-Siége. Le roi Pepin ayant approuvé ce choix, Lul fut sacré, en 754, archevêque de Mayence, par saint Boniface; et lorsque celui-ci eut été martyrisé l'année suivante, il fit transporter son corps à Fulde, et l'enterra honorablement. A l'exemple de son illustre prédécesseur, il fut l'âme des conciles tenus de son temps en France et en Italie. On le consultait de toutes parts, et il paraît, par les questions qu'on lui adressait, qu'on avait la plus haute idée de son savoir. Saint Lul fut aussi employé pour né gocier la paix entre la France et l'Angleterre, et il s'acquitta de cette mission avec succès. I prit d'abord parti contre saint Sturmes, abbé de Fulde, faussement accusé de trahison contre le roi Pepin; mais il reconnut bientôt après qu'il s'était trompé, et rendit hommage au saint abbé, dans sa charte de donation à l'abbaye de Fulde, qu'il signa en 785, en présence de Charlemagne. C'est vers le même temps qu'il quitta son Harefeld, où il mourut le 1er novembre 787 siége pour se retirer dans le monastère de après trente-quatre ans d'épiscopat. SES LETTRES. - Il nous reste de saint Lul neuf lettres imprimées parmi celles de saint Boniface, son prédécesseur.-On voit par la première qu'il faisait venir de bons livres gleterre et en France. des pays étrangers pour les répandre en AnLa sixième est adressée à plusieurs prêtres de son diocèse, ringe des prières publiques et un jeûne de pour commander dans la province de Thusept jours, afin d'obtenir de Dieu la déli l'abondance des pluies. - Dans la septième, vrance d'un fléau dont on était menacé par il demande justice au Pape Etienne contre un prêtre nommé Endrade, qui, quoique or donné pour une autre paroisse et dans un diocèse étranger, était venu s'établir dans une paroisse du diocèse de Mayence, contre tous les canons et sans son agrément ni celui de saint Boniface, son prédécesseur. Il marque que, conformément aux décrets du mais qu'il se mettait peu en peine de cette Saint-Siége, il avait excommunié ce prètre, censure, parce qu'il avait trouvé un appui dans un autre prêtre nommé Wilfrid, le même qui l'avait introduit dans la paroisse qu'il desservait. Il prie donc le Pape de juger cette affaire, et d'obliger Endrade à réparer tous les torts qu'il avait faits à celle Eglise et les scandales qu'il avait donnés au peuple. La huitième est adressée à un évêque nommé Cana, avec lequel il était lié d'amitié depuis longtemps. If se plaint des vexations que les princes faisaient souffrir à l'Eglise, en changeant les lois et en introduisant de nouvelles coutumes qui tendaient à corrompre les mœurs. Dans la neuvième, il demande à l'abbé Cuthbert quel ques ouvrages du vénérable Bède. Ces lettres se ressentent du temps où elles ont été écrites, et n'ont guère d'autre mérite que celui de la clarté.

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MACAIRE Nous avons plusieurs perSouages de ce nom, auxquels on attribue les mêmes ouvrages.

MACAIRE l'Ancien, qui naquit dans la haute Egypte vers l'an 300, et qui, après avoir gardé les troupeaux dans sa jeunesse, se retira dans la solitude à l'âge de trente ans, pour se livrer plus tranquillement à la méditation et à la prière. Ne trouvant pas dans sa première cellule la paix pour laquelle il avait abandonné le monde, il alla se cacher à Scété, dans la Thébaïde. Il y forma un grand nombre de disciples, qu'il dispersa dans différents ermitages, où il allait les visiter, et ne garda près de lui qu'un seul religieux. Macaire, à la prière de ses frères, se laissa élever au sacerdoce, et ce titre fut une raison pour lui d'ajouter encore aux grandes austérités qu'il pratiquait. L'attachement qu'il portait à la foi de Nicée lui attira des persécuteurs. Il fut relégué par ordre de l'empereur Valens, avec quelques autres anachorètes, dans une île du Nil; mais le mécontentement que le peuple fit éclater obligea le préfet à rappeler Macaire. Il retourna dans son désert de Scété, où il mourut vers l'an 390. Quelques critiques lui attribuent la règle qui porte son nom; mais Tillemont, Ellies Dupin, dom Ceillier et autres la regardent comme l'ouvrage de saint MACAIRE le jeune.

Celui-ci, surnommé aussi Macaire de Nitrie, était né dans le Iv siècle, à Alexandrie, où il exerça d'abord la profession de boulanger; mais, touché de la grâce, il renonça au monde et se retira, vers l'an 335, dans la solitude de Nitrie, où il vécut du travail de ses mains, jeûnant, priant et pratiquant de grandes austérités. Il fut ordonné prêtre malgré lui, et se trouva chargé de la direction de plus de cinq mille moines, dont ses vertus le rendirent l'inimitable modèle. Macaire conserva soigneusement le dépôt de la foi; Son zèle contre les ariens le fit exiler par Lucius, patriarche d'Alexandrie. Il parvint à une extrême vieillesse, et mourut en 394. L'Eglise grecque honore sa mémoire et celle de saint Macaire d'Egypte, le 29 de janvier. Il y a encore un autre MACAIRE, surnommé Macaire de Pispir, antérieur aux deux premiers, et qui fut disciple de saint Antoine, près duquel il passa quinze ans dans la solitude, et qu'il ne quitta qu'après l'avoir déposé dans le tombeau; mais on ne dit pas qu'il ait laissé aucun écrit.

Enfin, on connaît un quatrième moine du nom de MACAIRE, mais beaucoup plus jeune que les deux premiers, et qui écrivait à Rome, u commencement du v siècle, un traité contre les mathématiciens. C'est celui-ci que Rufin a adressé son Apologie en faveur d'Origène, et c'est de lui que (saint Jérôme dit à Rufin, dans sa seconde Apologie: «Si vous ne fussiez pas venu d'Orient, cet habile homme serait encore au nombre des mathé

maticiens. » Et dans sa lettre seizième, adressée au même, il ajoute: Il eût été vraiment Macaire, c'est-à-dire heureux, s'il n'eût rencontré un Maître tel que vous. »

ECRITS PUBLIÉS SOUS CE NOM. De tous les écrits qui portent le nom de Macaire, it n'y en a pas un seul que l'on puisse attribuer avec certitude au solitaire d'Egypte. Gennade cependant lui fait honneur d'une lettre adressée à des religieux qui avaient depuis peu embrassé la profession monastique. Il leur enseignait que celui-là peut servir Dieu parfaitement, qui connaît à quelle condition il a été créé, qui se porte avec affection vers tous les travaux, qui combat contre toutes les douceurs et tous les attraits de la vie, et qui implore le secours d'en haut pour les surmonter, afin d'arriver à la pureté de l'état naturel, et acquérir la continence que la justice exige de notre nature. Il ne paraît pas que cette lettre soit arrivée jusqu'à nous, et on pense géné ralement que Macaire se trompe en l'attribuant à un autre qu'à Macaire de Pispir.

Règle. Il en est de même de la règle publiée sous son nom, que la plupart des critiques s'accordent à attribuer à saint Macaire de Nitrie. Cette règle est distribuée en trente articles, qui sont autant de règlements pour le maintien de l'observance religieuse. L'auteur y recommande surtout l'obéissance, l'humilité, l'éloignement des plaisirs et des affaires du monde, l'amour du supérieur, la charité envers les frères, la fuite de l'oisiveté, des murmures et des contentions. Il défend à celui qui est repris d'une faute de s'en excuser; les incorrigibles y sont dégradés; le silence y est ordonné pendant le repas; l'hospitalité y est recommandée spécialement envers les pauvres. Les frères, après avoir dit Matines, passaient quelque temps dans la méditation des choses saintes. S'il y avait besoin de sortir du monastère, ceux à qui on le permettait devaient aller deux ou trois ensemble. On lisait la règle à celui qui entrait dans la communauté avec le dessein de se convertir, et on lui en faisait connaître tous les exercices: puis, après les avoir prati qués pendant quelque temps, et donné des preuves de sa vocation, il était admis, et i. renonçait, dès lors, à tous ses biens et à sa propre volonté. Si trois jours après il voulait sortir, à la suite de quelque faute considérable, on le lui permettait, à la condition de n'emporter que l'habit dans lequel il était venu. On punissait les fautes des frères par des jeunes et en leur interdisant la prière commune; s'ils demandaient pardon devant la communauté, on leur pardonnait. Les incorrigibles étaient punis de verges. C'était un crime semblable à celui de Judas que de rompre le jeûne le mercredi et lo vendredi. On ne permettait l'exercice do quelque métier dans l'enceinte du monas

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