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tere qu'à ceux dont la probité était bien reconnue, et encore fallait-il que ce métier fût nécesaire, ou au moins utile à la maison. Lettre aux moines.-Dans le code de saint Benoît d'Ancône, où cette règle se trouve rapportée, elle est suivio d'une lettre de Macaire adressée aux moines. Quoiqu'elle soit digne de saint Macaire d'Egypte, on ne peut néanmoins la lui attribuer, puisqu'elle n'a rien de commun avec celle dont parle Gennade. Il vaut mieux la donner à l'abbé de Nitrie, avec la règle précédente. Voici le précis de cette lettre : « Quand une fois l'homme connaît pourquoi il a été créé, et qu'il cherche sincèrement Dieu, son Créateur, aussitôt il apprend à faire pénitence de ses fautes. Avec la douleur, Dieu lui inspire le désir de les expier par les jeûnes, les veilles, les prières et le mépris du monde, de sorte qu'il supporte avec patience les injures; qu'il déteste tous les soulagements du corps, et qu'il aime mieux pleurer que rire, parce qu'il a sans cesse présents à sa pensée ses iniquités, le jour de sa mort, celui du jugement de Dieu, les peines de l'enfer et la gloire des bienheureux dans le ciel. Un moine ne se sauvera pas dans l'abondance; au contraire, s'il ne possède rien, il s'enlèvera vers le ciel avec la rapidité de l'aigle. S'il est véritablement moine, il ne prendra de la nourriture que par nécessité. Après un travail modéré, il s'occupera de la prière et de la lecture; il chantera jour et nuit les louanges de Dieu'dans la crainte du Seigneur. Toute sa gloire sera dans la patience, dans la charité, dans le mépris des choses de la vie présente, dans la douceur, dans la foi, dans les larmes, dans l'amour de Dieu et du prochain, dans les bonnes œuvres, dans la stabilité. Les entretiens avec des personnes du sexe sont dangereux pour lui. Il doit travailler de ses mains pour avoir de quoi vivre; s'il en reçoit d'ailleurs, ses veilles et ses prières ne lui servent à rien. L'abondance de nourriture cause la désobéissance et la mort; la frugalité, au contraire, rend vigilant dans les prières et acquiert à l'âme une couronne.

Homélies. On a aussi publié, sous le nom de saint Macaire d'Egypte, cinquante homélies. Le premier qui les lui a attribuées est Jean Pic, président aux enquêtes de Paris, qui les fit imprimer in-8° en 1559. Le P. Possin croit qu'elles sont de Macaire de Pispir; d'autres les donnent à celui de Nitrie, les uns et les autres sans aucunes preuves concluantes. Mais il y en a de trèsfortes pour montrer qu'elles sont d'un siècle plus récent que celui de certains solitaires, et que l'auteur a vécu, non-seulement depuis l'hérésie de Pélage, mais qu'il a même pris parti dans les disputes sur la grâce. Entre autres preuves, la plus convaincante que l'on en puisse donner se tire de la matière même qui fait le sujet de ces homélies. Dans la totalité, il y en a plus que les deux tiers qui roulent sur les matières de la grâce. Elles traitent de sa nature, de sa force, de sa nécessité, des rapports qu'elle

a avec notre liberté, de la corruption introduite dans la nature humaine par le péché, et d'autres questions semblables. Quelle apparence qu'avant la naissance des disputes sur ces matières, dans un siècle où personne ne s'était encore avisé de les approfondir, et où l'on vivait dans l'ignorance de ces questions, aimant mieux ressentir les effets de la grâce que d'en examiner la nature; en un mot, dans un temps où aucun des Pères de l'Eglise, depuis a naissance de Jésus-Christ, n'avait encore rien écrit de spécial sur ces matières, un abbé, vivant avec les religieux, au fond d'une solitude, ait entrepris de les en instruire, et d'agiter toutes ces questions, Dog en passant, mais de propos délibéré; non dans une seule homélie, mais dans la pla part de celles que nous possédons sous son nom. L'affectation qu'il met à traiter si sonvent le même sujet, marque bien clairement dans cet auteur un dessein qui ne pouvait venir, ou que du désir de s'instruire des questions qui faisaient du bruit dans le monde, ou de la démangeaison d'en dire son sentiment, ou de quelque autre motif semblable. Ces homélies ne peuvent être une œuvre du Iv siècle, époque où les esprits avaient à s'occuper d'autre chose que des matières de la grâce, mais du siècle suivant, où elles furent très-agitées.

l'au

Une onde raison qui montre que teur de ces homélies a vécu depuis l'hérésie de Pélage, c'est qu'il se déclare partout pour ceux que l'on a depuis appelés sempélagiens. Il entre dans leurs principes et les suit exactement. En effet, bien que plusieurs Pères, qui ont vécu et qui sont morts avant l'hérésie de Pélage, aient avancé beaucoup de choses qui favorisent les sentiments des semi-pélagiens, ils l'ont fait sans dessein prémédité; tandis que l'auteur de ces homélies prend visiblement parti dans les querelles de la grâce. Son but est d'établir tous les principes des semi-pélagiens; il se sert de leurs manières de s'erpliquer et de leurs comparaisons, pour en tirer les mêmes conséquences que ces hé rétiques en tiraient; de sorte que, se lenant constamment dans les bornes des mêmes principes, sans jamais les dépasser, il condamne également les erreurs grossières de Pélage sur la nécessité de la grâce, et les sentiments des catholiques sur les commen cements de la foi et du salut. Il n'y a done pas lieu de douter qu'il ait vécu depuis la naissance des hérésies de Pélage et des semi-pélagiens.

La plupart de ces cinquante homélies sout en forme d'entretiens et de dialogues, et il y en a même peu qui traitent de suite une même matière. Par exemple, dans la douzième, l'auteur, après avoir parlé de l'état d'Adam avant son péché, traite de la pauvreté d'esprit; puis il revient à Adam, et quelques lignes après, il se fait deux questions qui n'ont aucun rapport à ce qu'il vient de dire; savoir: pourquoi saint Pad défend aux femmes de prier la tête décou

verte dans l'Eglise, et pourquoi Marthe se plaignit à Jésus-Christ de ce que Marie ne l'aidait point dans les soins qu'elle se donnait pour le recevoir. Dans la quinzième, il traite de la résurrection et de la concupiscence, du péché, de la grâce, du libre arbitre, de la dignité des chrétiens, et en quoi Ils sont plus parfaits qu'Adam. Il en est de même des autres; ce qui montre que ce ne sont point des discours faits pour être prononcés de suite dans quelque assemblée, mais plutôt les réponses d'un abbé à diverses demandes que lui faisaient ses religieux dans des conférences où chacun prononçait ses doutes. I paraît aussi, par le titre qui se lit à la tête du volume, qu'elles n'ont point été recueillies par l'abbé même qui les avait faites; mais il n'en est pas moins l'auteur. Le style en est tout uni, sans ornement et sans affectation. Un peu plus de méthode et de netteté les rendrait plus utiles et plus propres à former ceux qui s'appliquent à la vie extérieure. Elles furent d'abord imprimées en grec, puis en latin, sur la version de Jean Pic, Paris 1559. L'édition latine fut réimprimée en 1562, et insérée dans les différentes bibliothèques des Pères. Parthénius en fit une nouvelle traduction, ce qui occasionua de les reproduire, en grec et en latin, à Francfort, en 1594 et 1621. George Pritius corrigea la version de Jear. Pic et donna une nouvelle édition des homélies de Macaire, à Leipsick en 1698 et 1714. Nous les avons en alle mand, de la traduction de Geoffroi Arnold, à Leipsick, 1696, et en flamand, à Anvers, 1580, traduites par Corneil Kiel.

Le P. Possevin leur a donné place dans son Trésor ascétique, imprimé à Paris en 1684, et y a joint sept opuscules imprimés la même année à Toulouse, qu'il dit être, non de Macaire, comme les cinquante honélies, mais de quelques-uns de ses disciples qui mettaient, dit-il, en abrégé, les exhortations que ce solitaire leur faisait do vive voix. Il y a néanmoins une grande conformité de style entre les homélies et ces sept opuscules, et il est difficile de n'y pas reconnaître et le même génie et la même main. Le premier de ces opuscules paraît n'être qu'un précis des six autres. I est intitulé: De la garde du cœur; le second, De la perfection en esprit; le troisième, De l'oraison et de la discrétion; le quatrième, De la patience; le cinquième, De l'élévation de l'ame; le sixième, De la charité, et le septième, De la liberté de l'âme. On les trouve, à la suite des cinquante homélies, dans la plupart des éditions que nous avons indiquées. MACAIRE, moine, habitait Rome lorsqu'il publia contre les astrologues un traité dans lequel, suivant son aveu, il s'était aidé du secours des saintes Ecritures par le travail des Orientaux. Ce Macaire est probablement le même à qui Rufin a adressé son Apologie et sa traduction du livre Des principes d'Origène. Saint Jérôme, dans sa seeonde Apologie contre Rufin, dit de Macaire: Si vous ne fussiez venu d'Orient, cet haDICTIONN. DE PATROLOGIE. III.

bile homme serait encore parmi les astrologues. Macaire vivait au commencement du v siècle.

MACARIUS (MAGNÈS) vivait dans la première moitié du Iv siècle. On dit qu'il était évêque, et on le prouve par un exemplaire de ses ouvrages, qui lui donnait ce titre, et où on le voyait représenté sur la couverture en costume d'évêque; mais on ne dit point quel a été son siége. Saint Nicéphore de Constantinople, dans un écrit qu'il composa au commencement du 1x siècle, remarque que les iconoclastes citèrent pour eux un passage tiré, disaient-ils, du quatrième livre des Réponses de saint Macaire. Les orthodoxes, à qui cet ouvrage et son auteur étaient inconnus, en découvrirent enfin un exemplaire, et apprirent que Macarius, ou Macaire, avait vécu plus de trois cents ans après les apôtres. Ce qu'ils disent de cet ouvrage, en démontre en effet l'antiquité; car, selon eux, Macarius y combattait les païens, et particulièrement un philosophe aristotélicien, qui, à la vérité, reconnaissait bien un seul Dieu souverain, mais chef de plusieurs autres dieux, et qui employait toute la subtilité de sa dialectique et tout le faste de son éloquence contre la simplicité de la religion chrétienne. Or, nous ne voyons pas que, depuis le règne de Constantin, sous lequel le paganisme se vit à la veille de sa ruine, on ait beaucoup traité cette matière. Arnobe et Lactance sont presque les derniers qui se soient appliqués à renverser les fondements de l'idolatrie par leurs écrits. Macarius disait, dans son livre, que les chrétiens bâtissaient alors de grandes églises, ce qui convient mieux au règne de Constantin qu'aux siè cles postérieurs, où cette remarque aurait été fort inutile. Il adressait son écrit à Théosthène, son ami particulier, qu'il priait de vouloir bien en être le juge.

C'est de cet écrit qu'est tiré le fameux passage sur l'Eucharistie, dans lequel Macarius dit en termes exprès qu'elle n'est point la tigure, mais le corps et le sang de JésusChrist. Le ministre Aubertin n'a pu se tirer de ce passage qu'en rejetant Macarius Magnès, comme un auteur nouveau ou supposé, dont le nom n'a pas même été connu pendant neuf ou dix siècles.

Mais puisque, selon saint Nicéphore, les iconoclastes en citèrent un passage dans le vine siècle, et que les orthodoxes trouvèrent qu'il avait vécu dans le iv', on ne peut nier qu'ils ne l'aient, les uns et les autres, regardé comme un ancien, et qu'on ne puisse alléguer son autorité contre les sacramentaires, comme celle d'un écrivain qui vivait au moins dans le vir siècle, et avant l'hérésie des iconoclastes. Il paraît que c'est encore du même ouvrage que sont tirés deux passages cités par Turrien; mais, au lieu de ce qu'en rapporte saint Nicéphore de Constantinople, qui dit que Macarius avait dédié son écrit à Théosthène, Turrien marque, au contraire, qu'il l'avait composé contre Théosthène, gentil de religion, qui ob

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jectait aux chrétiens les contrariétés qu'il croyait avoir remarquées entre les Evangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean.

On cite quelques autres fragments tirés de divers ouvrages de Macarius sur la Genèse, dont l'un entre autres est intitulé son Dix-huitième discours; mais, comme il y a dans ces fragments et dans plusieurs autres qu'on cite de lui, des sentiments assez extraordinaires et même dangereux, il vaut mieux attendre que les Vénitiens, qui possèdent ses ouvrages manuscrits dans leur Bibliothèque, les aient rendus publics, pour en juger plus sainement et en traiter plus au long. On trouve dans un manuscrit de l'ancienne bibliothèque Coislin, à la date du x siècle, une petite note sur saint Jude, attribuée à Macarius Magnès.

Si cette note est vraie, c'est encore une preuve en faveur de l'antiquité de cet écrivain. MACROBE, originaire d'Afrique, où il avait été ordonné prêtre, avait composé sur les mœurs et adressé aux confesseurs et aux vierges, un livre rempli d'instructions fort nécessaires et d'avis particuliers pour conserver la chasteté. On ne sait pas quels étaient ces confesseurs auxquels Macrobe avait dédié cet ouvrage, alors qu'il était encore prêtre catholique. Peut-être donnait-il ce titre à ceux qui, en Afrique, avaient défendu la consubstantialité contre Constantius, en 355 ou dans les années suivantes. Depuis il embrassa le parti des donatistes, et devint célèbre parmi eux, comme il l'avait été parmi les catholiques. Il vivait encore vers l'an 370, et se trouvait, en qualité d'évêque, à la tête de quelques donatistes africains, qui tenaient leurs assemblées, hors la ville de Rome, dans une caverne où ils s'étaient arrangé comme un amphitheatre pour leur servir d'église.Macrobe était le quatrième évêque de ces schismatiques, en cette ville, et son troupeau n'y était pas nombreux.

Nous avons, sous le nom de Macrobe, une Lettre adressée à l'Eglise de Carthage. Elle contient le détail de ce qui se passa à la mort de deux donatistes, nommés, l'un Maximien, et l'autre Isaac, que ceux de la secte regardaient comme martyrs. Voici quelle en fut l'occasion: Le bruit de la persécution que Macaire faisait souffrir aux circoncellions, dans la Numidie, s'étant répandu à Carthage, on y afficha l'édit de réunion, par lequel il était ordonné que ceux qui s'y opposeraient seraient chassés. Les donatistes, à cette nouvelle, perdirent courage. Mais un d'eux, nommé Maximien, étant à table, à Carthage, eut en buvant une vision, qui, à ce qu'on dit, l'anima au combat. Le lendemain, comme il se sentait encore de l'ivresse de la veille, il alla au lieu où on avait affiché l'édit et le déchira. Il fut arrêté aussitôt, et mené devant le proconsul qui le fit battre avec des lanières plombées et avec des verges. Macrobe, témoin de son supplice, dit qu'Isaac, qui était aussi présent, ne pouvant retenir sa joie, s'écria tout a coup Venez, traditeurs, venez; vantez

nous la folie de votre unité! » Le proconsul, l'ayant entendu, entra en colère, commanda d'arrêter Isaac, lui fit subir la même peine. qu'à Maximien, les condamna tous deux à l'exil et les mit en prison, en attendant qu'on pût les mener au lieu où ils devaient être relégués. Isaac mourut dans les fers. Mais le proconsul, au lieu de permeture qu'on enterrât son corps, le fit mettre sur un vaisseau, avec Maximien, qui vivait encore, et ordonna de les jeter à la mer.

Au bout de six jours, leurs corps furent trouvés sur le rivage et enterrés avec honneur par les donatistes. Macrobe relève la constance de ces prétendus martyrs, et exhorte ceux de Carthage à les imiter, afin, dit-il, qu'il puisse aussi écrire leur histoire. Cependant, la manière dont il a écrit celle de Maximien et d'Isaac ne leur est pas fort honorable. On n'y retrouve nulle pari la simplicité chrétienne, et on n'y admire aucune de ces réponses courtes, mais pleines de foi el animées du feu de la charité, qu'on admire dans les actes authentiques des vrais martyrs.

Il faut porter le même jugement sur l'his toire de Marcule, autre martyr donatiste, qui, après avoir été fustigé, conduit en diverses villes, à la suite de Macaire, puis enfermé pendant quatre jours dans un cha teau, fut enfin précipité du haut d'une rocke voisine. Saint Augustin, à qui les donatistes objectaient les actes de ces prétendus martyrs, en conteste l'authenticité, et montre particulièrement que ce qu'ils disaient du genre de supplice de Marcule, ne pouvait être vrai, puisque les Romains n'avaient pas coutume d'en ordonner de semblables.

MAGINHARD, moine de Fulde, florissait vers le milieu du 1x siècle. Il faut se garder de le confondre avec d'autres persona ges du même temps et du même nom. Ona de lui un assez long panégyrique de saint Ferruce, martyr, honoré au diocèse de Mayence, plusieurs siècles avant saint Lulie, qui fit la translation de ses reliques au monastère de Blédeinstad. Maginhard le com posa, à la prière d'Adalger, abbé de cette maison, à qui il le dédie par une préface. Maginhard était bien éloigné des temps où avait vécu le saint, pour réussir à nous donner exactement son histoire. Cependant le peu de faits qu'il rapporte n'est point à mé priser, de l'aveu mème des meilleurs critiques. A défaut des événements de la vie du saint et de son martyre, la pièce en contient de très-curieux sur sa translation et ses miracles. Du reste, on a peu de monuments de ce temps-là qui soient mieux écrits, ni où l'on respire plus de piété et d'onction. Surius a publié cet ouvrage sous le titre de Sermon, et Serarius en a inséré une grande partie dans son Histoire de Mayence.

On imprima à Cologne, en 1532, sous le nom de Maginhard, un Traité sur la foi et le symbole des apôtres, avec l'Evangélistaire de Marc Mérulle. Ce traité est dédié à Gonthier. Si ce Gonthier est le même archevêque de Cologne qui, en 860, favorisa le divorce entre Lothaire et la reine Tietberge, on peut

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DICTIONNAIRE DE PATROLOGIE.

croire que Maginhard, auteur du Traité sur la foi, n'est pas différent du moine de Fulde du même nom; mais on ne peut pas en dire autant d'un autre écrit, imprimé aussi à Cologne en 1527 et 1540, sous le titre de Dispule entre la Synagogue et l'Eglise; car, quoique l'éditeur prétende qu'il fut écrit vers le milieu du 1x siècle, il est évident, par la préface, qu'il ne le fut qne sur la fin du XIII', au temps des croisades.

MAGNUS, connu sous le règne de Charlemagne par son savoir et par diverses commissions dont ce prince l'honora, occupa le siége de Sens depuis l'an 801 jusqu'à sa mort arrivée en 818, et eut Jérémie pour successeur. En 811, Charlemagne lui adressa, comme aux autres métropolitains, sa lettre circulaire sur les cérémonies du baptême. En 817, Magnus reçut de Louis le Débonnaire une autre lettre par laquelle ce prince Jui notifiait les décrets du concile d'Aix-laChapelle, pour les faire publier et observer dans tous les monastères de sa province. Magnus communiqua cette lettre à ses suffragants, en les priant de répondre aux questions proposées. Il y répondit lui-même par un petit traité intitulé, Du mystère du baptéme, et adressé à Charlemagne. Le P. Simon, qui l'avait lu, dit qu'il n'était point encore imprimé de son temps. Don Martène en a donné un sous le nom de cet évêque, et qui se trouve également rapporté par Sainte-Beuve dans son Traité de la confirmation. En effet, il est parlé du baptême dans cet écrit, et l'auteur y répond aux questions proposées par Charlemagne. On voit que ce sacrement s'administrait par trois immersions, et qu'on le croyait nul s'il n'était conféré au nom de la sainte Trinité; qu'on faisait apprendre aux catéchumènes non-seulement le symbole, mais aussi les autres mystères de la religion. Il était dit dans ce symbole que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils; que, toutes les cérémonies du baptême achevées, l'évêque donnait au baptisé le sacrement de confirmation par l'imposition des mains. Les prêtres avaient bien le pouvoir de baptiser, mais il était réservé à l'évêque de donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains. On admettait ensuite le nouveau baptisé à la articipation du corps et du sang de Jésus-Christ. Il n'est pas question dans ce traité de l'onction du saint chrême dans l'administration du sacrement de confirmation, et il n'en est pas parlé davantage dans un autre traité anonyme, publié à la suite du précédent par le même éditeur. Nous avons, sous le nom de Magnus, un autre ouvrage adressé au roi Charles; c'est un recueil des anciennes notes du droit. Il y en a plusieurs éditions, à Lyon en 1566, à Paris en 1586 et 1595, à Leyde en 1599 et à Hanovre en 1605, dans le Recueil des Grammairiens d'Elie Putschius.

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MALQUION, prêtre d'Antioche, florissait sous les règnes de Claude II et d'Aurélien, c'est-à-dire vers l'an 300. Il était très-éloquent, et, après avoir enseigné la rhétorique avec beaucoup de réputation, il avait

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été ordonné prêtre, à cause de la pureté de sa doctrine et de l'ardeur de sa foi. Les connaissaient son aptitude pour toutes les évêques du concile réuni à Antioche, qui sciences, le choisirent pour soutenir, en leur nom, la cause de la vérité. Malquion entra donc en conférence avec Paul de Samosate, qui jusque-là s'était efforcé de couvrir son impiété par ses fourberies et ses déguisements. Il mit en évidence toutes ses Jésus-Christ n'était qu'un homme, et qu'il erreurs et le convainquit d'enseigner que reçu plus de grâces. On écrivait ce qui se ne différait des autres que parce qu'il avait rence, et les actes en existaient encore disait de part et d'autre dans cette confélorsque saint Jérôme composa son Catalogue des hommes illustres. Léonce de Byzance nous en a conservé deux fragments dans son troiun troisième, dans sa Lettre à saint Fulgence sième livre contre Nestorius, et Pierre Diacre et aux autres évêques d'Afrique.

quion, une partie de la lettre synodale, écrite Nous avons encore, sous le nom de Malau nom des évêques du concile d'Antioche, lexandrie, à tous les évêques, à tous les à Denys, évêque de Rome, à Maxime d'Aprêtres, à tous les diacres et à tous les fidèles de l'Eglise catholique. L'auteur y fait voir le soin que tous les prélats ont apporté pour conserver la pureté de la foi, pour découvrir et combattre la pernicieuse doctrine de Paul de Samosate, les artifices et les supercheries dont cet imposteur s'était servi pour couvrir ses impiétés, les preuves par lesquelles on l'avait convaincu d'erreur, les déréglements de sa vie, son avarice, son ambition, son attachement pour les femmes et pour la bonne chère. Léonce de Byzance cite quelque chose de cette lettre. Elle porte les noms de seize évêques, au nombre desquels se trouve Malquion, ce qui fait croire qu'il est différent du prêtre d'Antioche dont nous venons de parler, parce qu'il n'est pas ordinaire que de simples prêtres soient nommés parmi les évêques à la tête d'une lettre synodale. Cependant ce Malquion vécut en même temps que le premier, sous les règnes de Claude II et d'Aurélien, c'est-à-dire à la fin du ret au commencement du ive siècle. Nous laissons à de plus habiles que nous à vérifier son identité.

abbé de Saint-Marion d'Auxerre, était encore MAMERTIN (Saint), qui devint plus tard idolâtre et très-obstiné dans ses erreurs, lorsqu'une douleur à l'œil et une tumeur à la main le déterminèrent à aller demander à ses dieux la guérison de ces infirmités. Ayant rencontré en route un clerc de saint Germain, nommé Savin, il lui apprit le but de son voyage, et celui-ci en tira occasion pour et la sainteté du christianisme. Mamertin, lui faire sentir la vanité du culte des idoles solution d'aller trouver saint Germain; mais, éclairé par la grâce, prit sur-le-champ la répendant qu'il se rendait à Auxerre, un violent orage l'obligea de se réfugier dans un oratoire construit sur le tombeau de saint Corcodème, et là le Seigneur le favorisa

d'une vision miraculeuse qui acheva de le détromper. Le lendemain, il se rendit auprès du saint évêque pour lui faire part de ses dispositions. Germain, qui se trouvait alors dans le monastère qu'il avait fondé près d'Auxerre, le reçut avec bonté, et après l'avoir instruit et baptisé, il frotta son œil et sa main avec de l'huile qu'il avait bénie. A l'instant Mamertin fut guéri, et la vue de ce miracle produisit sur lui une impression si profonde que, pour en témoigner à Dieu sa reconnaissance, il voulut se consacrer à son service. I fit donc profession dans le monastère, et surpassa bientôt en piété les religieux les plus fervents. Elu pour succéder à saint Alodius dans le gouvernement de la communauté, il se moutra en tout un modèle si parfait, qu'on ne l'appelait plus que le saint abbé. Il mourut le 20 mars ou le 20 avril de l'an 462.

Mamertin rédigea lui-même l'histoire de sa conversion. Il y a toute apparence qu'il le fit par l'ordre de saint Germain, qui, ayant prêté plusieurs fois à ce récit une attention respectueuse, aura voulu que les autres en profitassent pour leur apprendre à louer Dieu. Le prêtre Constance, dont nous avons parlé en son lieu, a respecté l'original, et l'a inséré sans y retoucher un seul mot dans sa Vie de saint Germain. Assurément c'est une vision très-extraordinaire; mais la conversion sincère qui l'a suivie et le miracle qui en fut la cause se sont opérés à la vue de tout le monde. L'historien qui la rapporte est le même qui l'a éprouvée; et Constance, dont saint Sidoine relève particulièrement la sagesse et la gravité, l'a jugée digne d'être conservée. Seulement, on peut s'étonner de voir que Mamertin, qui n'avait aucune connaissance du christianisme, s'exprime avant son baptême par des passages de l'Ecriture. Mais ne peut-on pas dire qu'en écrivant cette relation dans la suite, il s'est servi des paroles de l'Ecriture, ce qu'il avait raconté d'abord dans les termes qui lui étaient familiers. MAMMERT (CLAUDIEN), que saint Sidoine Apollinaire regardait comme le plus grand génie de son siècle, était frère puîné de saint Mammert, archevêque de Vienne. Il embrassa dès sa jeunesse l'état monastique, et consacra les loisirs que lui laissait la solitude, à faire une étude sérieuse des sciences sacrées et profanes. Il devint ainsi géomètre, astronome, musicien, poëte orateur, dialecticien, et suffisamment instruit dans l'interprétation des saintes Ecritures, pour répondre de suite à toutes les questions et combattre toutes les erreurs. Il soutenait ce profond savoir par des vertus plus estimables encore que toutes ses connaissances. Aussi mérita-t-il, de son vivant même, le premier rang parmi les philosophes chrétiens, et quoiqu'il n'affectat aucun des dehors de la philosophie, on peut dire qu'il en conservait l'esprit, sans préjudice de la pureté de sa foi. Son frère, qui connaissait ses talents, voulant l'attacher à l'Eglise de Vienne, l'ordonna prêtre, dans le dessein de partager avec lui les travaux de

l'épiscopat. Il prenait son conseil dans la décision des procès déférés à son tribunal, le chargeait du gouvernement des églises et se reposait sur lui du soin de ses affaires domestiques. Parfaitement instruit de toutes les parties de la liturgie, Claudien régla l'ordre des fêtes, celui des offices, le chant des psaumes, et composa, entre autres, l'office des rogations tel que nous l'avons encore aujourd'hui. On sait que ces prières publiques avaient été instituées par son frère en 468. Nous avons rapporté à l'article de saint Avit, dans le premier volume de ce Dictionnaire, l'événement qui en fut l'occasion. On se rappelait que le Pape saint Grégoire le Grand avait ordonné des litanies et des processions pour de semblables calamités. Les instructions et les exemples des deux frères Mammert obtinrent les mêmes succès. De l'Eglise de Vienne l'institution passa bientôt dans celle d'Auvergne, sous l'épiscopat de saint Sidoine, et de là dans un grand nombre d'autres églises. On trouve parmi les sermons attribués à Eusèbe d'Emèse, une homélie que l'on croit être de saint Mammert. Il exhortait ses auditeurs à assister, comme ils l'avaient fait déjà, aux litanies qui se récitaient quelque temps après le jeûne du carême; et il rappelle en même temps le motif de ces prières publiques

«Nous y prierons le Seigneur, dit-il, de nous délivrer de nos infirmités, de détourner les fléaux de sur nos têtes, de nous préserver de tout malheur, de nous garantir de la peste, de la grêle, de la sécheresse et de la fureur de nos ennemis ; de nous accorder un temps favorable, et pour la santé du corps et pour la fertilité de nos terres, de nous faire jouir du calme et de la paix, et de nous pardonner nos péchés. On attribue encore à saint Mammert une Homélie sur la pénitence des Ninivites, qui se trouve également parmicel les qui portent le nom d'Eusèbe d'Emèse. Du reste le style en est le même que de celle dont nous venons de citer le passage.

Pour en revenir à Mammert Claudien, il était à Vienne comme un second évêque, puisqu'au titre près il partageait avec son frère toutes les charges de l'épiscopat. Sa réputation de savoir, justement méritée, attirait vers lui un grand nombre de personnes qui venaient le consulter. Savant, affable, communicatif, il se faisait une joie d'ouvrir à tous les trésors de son érudition, en tenant chez lui des conférences sur tous les genres de littérature. Nous ne pouvons don ner une plus belle idée de ces sortes de réunions qu'en laissant parler saint Sidoine Apollinaire qui en avait été le témoin et souvent l'interlocuteur. « Mon Dieu, dit-il, avec quelle bonté, avec quelle ouverture de cœur il nous recevait tous, sans distinction, quand nous allions lui demander l'éclaircis sement de quelques difficultés ! S'il se présentait une question qui parût inexplicable, on s'apercevait qu'il était heureux, et c'était alors qu'il produisait à nos yeux toutes les richesses de son érudition. Lorsque nous nous trouvions réunis en grand nombre au

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