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cédé de sept diacres, de sept sous-diacres et d'un pareil nombre d'acolytes portant chacun un flambeau. Après avoir fait sa confession, il donnait le baiser aux deux prêtres, et le premier diacre ainsi que le premier sous-diacre baisaient l'autel avec lui, lorsqu'il y était monté. Les hosties étaient faites en forme d'un denier, in modum denarii et n'en excédaient pas la grandeur; l'image du Sauveur y était empreinte avec les lettres de son nom, comme l'image et le nom du prince sont empreints sur les monnaies. Les chantres avaient des bonnets sur la tête et des bâtons à la main; deux d'entre eux présentaient à l'autel le pain et le vin. La fonction de l'archidiacre était de verser le vin dans le calice. Le bâton épiscopal était de bois et la courbure d'ivoire, avec une pomme dorée ou de cristal qui joignait les deux parties ensemble. La crosse des abbés différait de celle des évêques par la partie recourbée qui était noire. Les prêtres, après avoir oint d'huile la tête du baptisé, la couvraient d'une mitre qu'il gardait huit jours. En parlant des cérémonies de Pâques, Honoré dit que ce jour, à Rome, lorsque le Pape entrait dans l'église, on allumait au-dessus de sa tête des étoupes dont les étincelles étaient reçues par les ministres ou tombaient à terre; cérémonie, ajoute-t-il, instituée pour l'avertir que tout se réduit en cendres, et que lui-même doit y retourner. Son exactitude en parlant de l'Eucharistie lui mérite un rang distingué parmi les témoins de la tradition sur le dogme de la présence réelle. A l'occasion de ce mystère, il dit : « Comme le monde a été fait de rien par la parole de Dieu, de même par la parole de Jésus-Christ son Fils, la nature de ces choses (c'est-àdire, du pain et du vin) est véritablement changée au corps et au sang de Notre-Seigneur. » Et plus bas : « On emploie le nom de mystère, dit-il, quand on voit une chose et que l'on en entend une autre; par exemple, on voit les espèces du pain et du vin, mais on croit que c'est le corps et le sang de Jésus-Christ. » Si Thomas Valdensis eût fait attention à ces paroles, il eût été plus équitable envers notre auteur, et loin de le mettre comme, il l'a fait, au nombre des partisans de Bérenger, il l'eût compté parmi ses adversaires les plus déclarés. Cet Ouvrage est un de ceux dont on a le plus multiplié les éditions. Il a été reproduit dans tous les recueils des Pères; mais la meilleure édition est celle de Leipsick, in-4°, 1514.

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taire sur le premier chapitre de la Genèse. Honorius l'adresse à ses écoliers, à l'usage et sur la prière desquels il déclare l'avoir composé. Il conseille à ceux qui en seront satisfaits de le mettre en tête de son Elucidarium. On ne voit pas trop le motif de celte recommandation. Cet écrit n'est qu'une explication mystique et très-alambiquée dans laquelle l'auteur compte 4184 ans depuis la création du monde jusqu'à l'Incarnation. Il ne donne que douze ans à la sainte Vierge lorsqu'elle enfanta le Sauveur, qui souffrit, suivant lui, à l'âge de trentequatre ans. Ce sont les seuls traits remar quables de ce commentaire que dom Bernard Pez a pareillement tiré de l'obscurité. S'il faut en croire cet éditeur, la préface et le dernier chapitre ne sont pas d'Honorius, et la raison qu'il en donne, c'est que ces deux morceaux manquent dans l'exemplaire de Molk, lequel date de cinq cents ans.

L'Eucharisticon. Ce traité, divisé en douze chapitres, contient une exposition fidèle de la croyance de l'Eglise catholique touchant le dogme de l'Eucharistie. Cependant, au rapport de dom Bernard Pez qui l'a reproduit, une main du xv siècle avait mis en marge du manuscrit de Molk, d'où il l'a tiré, la note suivante: « Il paraît qu'on ne doit pas lire ce livre en public, à cause de certains points sur lesquels il semble que l'auteur se soit mépris, ou du moins expliqué de manière à ne pouvoir être entendu sans une grande application. » Mais le savant éditeur remarque fort bien que celle note est d'un scholastique ignorant qui voulait juger des locutions des anciens d'après les petites questions qui s'agitaient à son époque. Il prouve ensuite qu'Honorius s'est énoncé très-correctement sur le dogme de la présence réelle et de la transsubstantiation.

La Connaissance de la vie. Ce traité de Dieu et de la vie éternelle, De Deo et æterna vita, auquel l'auteur a donné la forme d'entretien du maître avec ses disciples, ou, suivant le manuscrit de Molk, du solitaire avec ses auditeurs, porte le nom de saint Augustin dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale. C'est sur un exemplaire de ce genre que les Grecs, ayant connu cet ouvrage, en traduisirent un fragment considérable en leur langue, avec ce titre que nous rendons en français Sentiments de saint Augustin sur la Trinité, tirés de son livre De la connaissance de la vraie vie, dans lequel, sous la forme d'un dialogue, les frères interrogent et le maître répond. Mais les éditeurs de saint Augustin ont très bien prouvé qu'on ne peut méconnaître la plume d'Honorius dans ce traité qu'ils ont inséré tout au long parmi les OEuvres supposées du saint docteur. Dans la préface, l'auteur fait entendre qu'il était en butte aux traits de l'envie et qu'il ne les recevait pas avec indifférence. Il exhorte ses adversaires à déposer le venin qui les consume, à prendre des sentiments plus charitables, et à le suivre pacifiquement dans la vaste forêt

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des Ecritures où il est près de s'engager, non pour y porter de nouvelles idées, comme ils l'en accusent, mais pour y cueillir le fruit de vie. Il expose ensuite son dessein, qui est de traiter des principales questions de la philosophie chrétienne. Après ce préambale, il entre en matière et prouve que notre intelligence grossière, et accoutumée à juger de tout par les sens, ne peut, sans le secours de la foi, connaître ce qui concerne Dieu et les esprits créés. Il partage Ceux-ci en deux espèces, l'ange et l'âme humaine. Il montre ce qu'ils ont de commun et de différent. Quant à l'Etre souverain, dit-il, incompréhensible de sa nature, nous ne pouvons déterminer d'une manière précise ce qu'il est. Cependant, ajoute-t-il, essayons, puisque la substance intellectuelle veut en quelque façon que ce soit là le connaître, essayous, dis-je, de le définir, 1 moins imparfaitement et d'une manière enigmatique. Après avoir donné de Dieu la definition usitée dans les écoles, il s'applique à prouver son existence. » De là, il passe aux moyens par lesquels on peut parvenir à le voir et à le contempler dans sa gloire. Ses disciples, satisfaits de ce qu'il leur a dit sur ce point, lui demandent qu'après leur avoir démontré l'unité de l'essence divine, il leur apprenne comment il ya dans cette même essence trinité de personnes. C'est la matière de leur entretien, depuis le chapitre 10 jusqu'au chapitre 19. Honoré répond à toutes leurs questions, suivant les principes de saint Augustin et de saint Anselme, dont il emploie souvent les paroles, sans les nommer. Les chapitres suivants, au nombre de vingt-huit, roulent sur la miséricorde de Dieu, sa justice, sa Sagesse, son immensité, son immutabilité, sa grandeur, la profondeur de ses jugements daus la distribution inégale de ses dons, sur l'origine du mal, sur la misère de Thomme, sur les causes de cette misère et les moyens de la réparer, sur la nécessité et les caractères de la foi, sur l'état des âmes dégagées des corps, sur la manière dont les sats entendent nos prières, sur la résurrection des morts, sur le bonheur de la vie eternelle. Tel est le sommaire de ce traité, dans lequel on remarque une métaphysique saine et lumineuse, puisée dans l'Ecriture et dans la tradition. C'est de tous les ouvrages d'Honorius celui qui parait le plus chât:é, tant pour le choix et la justesse des pensées que pour la méthode et l'élo

cution.

Cet ouvrage, divisé en trois livres, est un abrégé de cosmographie tel qu'on peut l'attendre d'un écrivain de cette époque. Il est précédé de deux lettres : l'une d'un nommé Chrétien qui qualifie l'auteur d'homme doué des sept dons du Saint-Esprit, et l'autre de l'auteur lui-inême en réponse à celle de Chrétien. Nous allons rendre compte de ces trois livres très-succinctement. Dans le premier livre, Honorius compare le monde à un œuf et ne reconnaît que trois parties de la terre qui soient habitables; le second traite

du temps et de ses divisions, c'est-à-dire des heures, des jours, des années, des olympiades, des différents cycles, concurrents ou réguliers, des épactes, du terme pascal, des fêtes mobiles, de l'embolisme ou intercalation; le troisième est une petite chronologie universeile, qui finit, dans les premières éditions, à l'empereur Lothaire II, et dans les suivantes à Frédéric Barberousse. Peut-être dans le manuscrit autographe finissait-elle à l'empereur Henri V, ce qui paraît d'autant plus vraisemblable que cet ouvrage est antérieur à celui des écrivains ecclésiatiques, dans lequel Honorius, parlant de lui-même, dit qu'il écrivait sous le règne de ce prince. On compte jusqu'à sept éditions de l'ouvrage dans les Bibliothèques des Pères publiées dans le xv et xvI° siècles.

On en conserve aussi une traduction italienne parmi les manuscrits de la Bibliothè que nationale.

Du Pape et de l'empereur. Dans ce traité, intitulé Summa de Apostolico et Augusto, l'auteur se propose d'établir deux choses: la prééminence du sacerdoce sur l'empire et l'incapacité des princes séculiers pour conférer les dignités ecclésiatiques. Sur le premier chef, l'éditeur, dom Bernard Pez, remarque très-judicieusement que si l'auteur s'était renfermé dans de justes bornes, en se contentant de préférer un genre à un autre, il aurait de son temps comme du nôtre rencontré peu de contradicteurs. Car le point essentiel de la dispute ne consistait pas à savoir lequel des deux genres devait l'emporter sur l'autre, mais à déterminer les conséquences qui résultaient de la prééminence accordée universellement au premier. C'est sur ces conséquences que l'on disputait, les uns les exagérant sans mesure, et les autres les resserrant avec la même indiscrétion. Honorius, partisan prononcé des premiers, va jusqu'à soutenir que c'est au Pape à élire l'empereur, avec le consentement des princes, de iuème qu'à le sacrer et à le couronner. Sur le second chef, il fait ce raisonnement, qui n'est pas le plus mauvais de son livre : « Je demande si les dignités ecclésiastiques sont spirituelles ou séculières. Tout homme sensé me répondra sans doute qu'elles sont de la première espèce. Je demande encore de quelle nature est la puissance royale. On ne manquera pas de me dire qu'elle est séculière. Donc, répliquerai-je, il n'appartient pas à cette puissance de conférer une dignité spirituelle. » Il recherche ensuite l'origine de l'usage contraire, et croit le trouver dans un prétendu privilége, accordé par le Pape Léon III à l'empereur Charlemagne, pour instituer en son nom et comme son vicaire des évêchés dans les Gaules et en Allemagne.« Mais dès que l'Eglise a vu, dit-il, que des hommes sans moeurs et sans respect pour elle s'ingéraient, après avoir envahi l'empire sans le consentement du Pape, à vendre à prix d'argent les évêchés et les autres digniiés ecclésiastiques, alors, frappée de l'abus et de la profanation qu'ils faisaient des choses sacrées, elle a sagement retiré ses droits

des mains des étrangers pour les dispenser elle-même suivant les lois de la convenance et de l'équité. »

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avait eu la même idée, parce qu'on y loue le talent admirable avec lequel l'auteur a commenté le Cantique des cantiques : Miro modo Cantica canticorum exposuit; ita ut prius exposita non videantur.

Mais ne pourrait-on pas répondre qu'Honoré, faisant la fonction d'historien, parlait de son ouvrage comme le public le jugeait alors? Ce qu'il y a de certain, c'est que cet article se rencontre dans toutes les éditions, dans tous les manuscrits qui existent, et qu'on le retrouvait dans un des plus anciens, sur lequel celui de Molk a été copié dans le xv siècle. Ce traité, imprimé pour la première fois, à Bâle, en 1544, avec d'autres Ouvrages d'Honorius, a été inséré dans les collections d'écrits du même genre, publiés par Saffred Petri, Aubert le Mire. et Fabricius, et dans le tome XX de la Bi

principaux ouvrages d'Honorius.

L'Echelle du ciel - Ce traité est un ouvrage mystique, divisé en deux parties intitulées la grande et la petite Echelle, et qui n'ont pas grand rapport entre elles. Avant l'édition de dom Bernard Pez, il passait pour constant, sur la foi d'Antoine Hiérat, que L'Echelle du ciel était la même chose que le Traité des affections du soleil, dont nous parlerons dans la suite; mais aujourd'hui que l'on possède ces deux écrits, on reconnaît qu'ils diffèrent autant entre eux que la morale, objet du premier, diffère de la physique, qui fait tout le sujet du second. Explication du Psautier. Ce commentaire ainsi que celui sur le Cantique des cantiques et le traité de l'Image du monde, est dédié à l'abbé Conon, le même vraisembla-bliothèque des Pères, où l'on trouve aussi les blement qui passa de l'abbaye de Sibourg à l'archevêché de Ratisbonne, en 1126. Dans sa préface, Honorius dit qu'il a pris pour texte le Psautier gallican plutôt que le romain, parce que le premier est en usage dans les églises du pays où il se trouve. « Or, ajoute-t-il, le Psautier gallican est celui qui a été traduit sur les Septante, tandis que le romain est fait d'après Symmaque ou je ne sais quel autre interprete. » It explique ensuite ce que c'est que le Psautier et pourquoi on l'appelle ainsi; puis il traite de la matière, de l'objet, de l'économie et de l'auteur du Psautier. Cette préface, dans laquelle on trouve quelques bonnes choses parmi un grand nombre de fausses et d'inutiles, a été publiée par dom Bernard Pez, avec un petit nombre de psaumes commentés par Honorius. L'éditeur avertit qu'il y a des exemplaires complets de cet ouvrage, non-seuleinent parmi les manuscrits de l'abbaye de Molk, mais encore en d'autres bibliothèques d'Allemagne qu'il a soin d'indiquer. il ajoute qu'on trouve à la fin de ces manuscrits un commentaire du même auteur sur les cantiques qui se chantent à Laudes et aux Vêpres, ainsi qu'un Commentaire sur le Symbole des apôtres.

Des écrivains ecclésiastiques. - Ce traité est intitulé, De luminaribus Ecclesiæ. Des quatre livres qui le composent, le premier est tiré de saint Jérôme, le second de Gennade, dont l'auteur adopte le jugement sur Cassien et saint Prosper, en donnant gain de cause au premier dans les disputes qu'ils eurent sur la grâce. Le troisième n'est qu'un abrégé de saint Isidore. Le quatrième, emprunté, pour la plus grande partie, de Bède et de quelques autres bibliographes, ne contient en tout que dix-sept auteurs dont Honorius lui-même est le dernier. Il se place immédiatement après Rupert et il dit qu'ils florissaient tous les deux sous le règne de l'empereur Henri V; ce qui montre que cet ouvrage fut composé du vivant de Rupert, mort sous le règne de Lothaire II. On a déjà remarqué que l'abbé Lebeuf regarde l'article d'Honorius comme une édition faite par une main étrangère. Avant lui Fabricius

Philosophie du monde. - Tels sont les ouvrages imprimés que notre auteur lui-même énonce dans le traité dont nous venons de rendre compte. Parmi ceux qui n'y sont point nommés, et dont le public est aussi en possession, est le Traité de la philosophie dr monde, partagé en quatre livres. On le trouva à la tète de sept écrits d'Honorius publiés à Bâle, en 1844, et de là, il a passé dans les grandes Bibliothèques des Pères de Cologne et de Lyon. Dans le premier livre l'auteur parle de l'âme du monde, des anges et de l'âme humaine. Après avoir prouvé l'existence de Dieu par la nécessité d'admettre une providence, il cherche la raison pourquoi le Père est appelé la puissance, le Fils la sagesse, et le Saint-Esprit la volonté; pourquoi la création est attribuée au Père, l'incarnation au Fils, et la rémission au SaintEsprit. Sur l'âme du monde, il propose divers sentiments, et renvoie pour connaître le sien à ses gloses sur Platon, que nous n'avons plus. Il distingue deux sortes d'anges, les bons et les mauvais. Il fait trois classes des premiers, dont la première habite, selon lui, le firmament, pour régler le cours des étoiles; la seconde réside dans le ciel des planètes, et la troisième est répandue sur la terre, pour prendre soin des hommes. Il ne dit presque rien de l'âme humaine, parce qu'il doit en traiter à fond, dit-il, dans le dernier livre. De là il passe aux principes de la physique, et finit par des raisonnements sur la manière dont s'est exécutée la création. L'objet du second livre est la disposition du ciel. Le troisième traite de l'eau, de l'air, du feu, des cinq zones, des pluies et des autres météores. Dans le quatrième il est question de la terre et de ses habitants. Mais ce qui occupe surtout l'auteur, c'est l'homme dont il donne une description anatomique assez ample, et cependant fort superficielle. Ce qu'il dit sur l'ame est loin de répondre à ce qu'il avait promis. Dans les préfaces qui se trouvent en tête de chacun de ces livres, il invective avec chaleur contre ses envieux, qu'il se flatte de confondre par ses succès. Cet ouvrage ne nous semble

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pas de nature à leur fermer la bouche. Des affections du soleil. Ce livre, intiCe livre, intitulé De solis affectibus. et dont nous avons déjà dit un mot, est un abrégé d'astronomie usuelle. Il est le quatrième des sept livres de l'édition de Bâle dont Honorius ne dit rien dans son catalogue. Il faut que le manuscrit sur lequel il a été publié dans cette édition ainsi que dans les grandes Bibliothèques des Pères ait été fort défectueux, ou que ceux qui l'ont fait imprimer aient été bien mauvais lecteurs, car on y trouve des fautes grossières de calcul, et d'autres qui forment des contresens.

Livre des hérésies. - Dans cet ouvrage Honorius parcourt sommairement les anciennes sectes ou hérésies, tant parmi les Juifs que chez les païens et les Chrétiens. Il en compte huit chez les Juifs, neuf chez les piens, et soixante-sept chez les Chrétiens; jusqu'aux Agnaëtes, par où il finit son résumé. Cet opuscule, inséré dans les grandes bibliothèques des Pères, a été imprimé pour la première fois à Hemlstad, en 1612, avec le catalogue des hérétiques, dressé par Constantin Hermenopule, en un volume

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Liste chronologique des Papes. Un autre ouvrage, imprimé égaleinent dans la grande bibliothèque des Pères de Lyon, est une liste chronologique des Papes qui se termine à Innocent II. Elle est suivie, dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale, d'une pareille liste des empereurs d'Occident, et l'une et l'autre ne forment qu'une suite au quatrième livre de la Philosophie du monde, qui les précède immédiatement dans le même manuscrit. Les dernières paroles de ce livre le prouvent manifestement: Non arbitror infructuosum seriem temporum huic operi inserere, quo lector cuncta transacti mundi tempora queat uno intuitu

agnoscere.

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Questions et réponses sur les Proverbes et 'Ecclésiaste. Nous remarquerons, après Cornélius a Lapide, que ces deux espèces de commentaires sont tirés mot à mot de ceux de Salonius, écrivain du v° siècle, à cette différence près, que notre auteur a transposé un passage de notre interprète et en a retranché ou changé un autre dans ses parties les plus importantes. Par exemple, ce que Salonius dit des trois noms de Salomon à la tête de l'Ecclésiaste, Honorius

emploie pour la préface de ses explications des Proverbes, et, à la fin de ces mêmes explications, il abrége ou supprime ce que l'autre avait mis dans les siennes. Si notre auteur a voulu faire passer le travail de Salonius pour le sien, ce plagiat est loin de faire honneur à sa mémoire. Quoi qu'il en soit, ces questions et ces réponses, après avoir été publiées en 1554 à Cologne sous le nom d'Honorius d'Autun avec d'autres écrits reunis en un volume in-8°, ont été insérées depuis dans les grandes bibliothèques des Pères de Cologne et de Lyon.

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Somme de douze questions. Voici quelle tut l'occasion de ce livre. Deux hommes,

dit l'auteur, l'un chanoine et l'autre moine, s'étant rencontrés en voyage, se demandérent réciproquement ce qu'ils étaient et d'où ils venaient. J'appartiens à saint Pierre, dit le chanoine; et moi, dit le moine, à saint Michel. Le premier soutient que son patron est le plus digne comme prince et portier du ciel; le second prétend, au contraire, que c'est le sien qui doit l'emporter, puisque non-seulement il est ange, mais encore prévôt de la cour céleste. La dispute s'étant beaucoup échauffée sans qu'il y eût rien de conclu, quelques personnes, dit Honorius, m'ont demandé sur cela mon sentiment. J'ai d'abord répondu de vive voix, puis ensuite, à leur prière, j'ai mis ma réponse par écrit. Honorius, pour résoudre une question aussi futile, entreprend d'établir douze points métaphysiques à la fin desquels on est à peu près aussi avancé qu' l'au commencement. Cet ouvrage est adresà un nommé Thomas, tout rayonnant de l'éclat de la sagesse, suivant l'expression de l'auteur.

De l'exil et de la patrie de l'âme. — Ce Thomas est encore le Mécène célébré en tête de ce traité; mais il avait crû en dignité dans l'intervalle des deux écrits, puisque dans celui-ci Honorius lui fait honneur, non-seulement de tous les dons de la sagesse, mais encore de la grâce apostolique; ce qui semble dire qu'il avait été élevé à l'épiscopat. La matière dont notre auteur l'entretient ici concerne également les sciences humaines et divines. Il dit que notre exil consiste dans l'ignorance, et notre patrie dans la possession de la vraie sagesse qu'il entreprend de développer. Il n'y a rien là qui niérite d'être remarqué. Dialogue entre le maître et le disciple. Cet écrit roule sur huit questions théologiques que le disciple propose et que le maitre résout. Les deux plus importantes sont celles-ci: 1' Jésus-Christ se serait-il incarné si l'homme n'eût pas péché? Le maitre répond affirmativement, parce que le principal motif de l'Incarnation n'a pas été, selon lui, la réparation du péché, mais la déification de la nature humaine. 2° Quelle est la destinée des enfants morts sans baptême? La réprobation et le feu éternel, répond le maître sans hésiter.

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Du libre arbitre. Ce traité est adressé à un abbé nommé Gothescalc. Le dessein

est le même que celui de l'Inévitable, mais six chapitres qui appartiennent à Honorius; exécuté avec plus de brièveté. Il n'y a que le reste consiste en passages empruntés des Pères.

Sur la vie du cloitre. C'est un petit discours qui contient une mysticité peu assortie à la portée du commun des lecteurs. Ces cinq derniers ouvrages ont été tirés de l'obscurité par dom Bernard Pez, qui les a publiés dans le tome II de son Thesaurus anec

dolorum.

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été imprimés, ou qui ne se trouvent plus nulle part, sont:

1 Un Traité de l'incontinence des prêtres.Il était compris dans la liste des livres dont un moine nommé Henri avait fait présent à l'abbaye de Gotwic au x11° siècle; mais il ne se rencontre plus aujourd'hui parmi les manuscrits de cette maison, et il serait difficile de dire s'il existe encore. 2° Un grand Ouvrage intitulé Summa totius de omnimoda historia. Il est compris dans la donation du moine Henri et annoncé sous le nom d'Honorius. Dom Bernard Pez dit avoir vu et parcouru, dans la bibliothèque de Gotwic, une chronique anonyme portant le même titre, et dans laquelle on rencontre des choses importantes pour l'histoire d'Allemagne, mais il doute que ce soit celle qui nous occupe; cependant nous devons dire que les raisons qu'il allègue contre son authenticité ne nous semblent pas suffisantes pour la contester à son auteur. 3° Des extraits de saint Augustin sur la nature et les propriétés de l'âme, et disposés en forme de dialogues. Dom Bernard Pez, qui ne les a découverts dans l'abbaye de Molk qu'après la publication du second tome de ses Anecdotes, témoigne son regret de n'avoir pu les imprimer, et promet de réparer cette omission par la suite; mais il n'a pas tenu parole. 4 Un livre de questions théologiques, tirées pareillement de saint Augustin et des autres Pères, et dans lequel l'auteur traite des limbes, de l'enfer, du ciel, etc. Dom Pez eut également le dessein de le mettre au jour, mais sans le réaliser. 5°. La clef de la physique, Clavis physicæ. « Il y en a, dit dom Pez, qui confondent cet ouvrage d'Honorius avec ses livres de la Philosophie du monde; mais le manuscrit du monastère de Zuetlen nous apprend le contraire. Car il y est annoncé positivement que la Clef de la physique était un abrégé des cinq livres d'un écrivain nommé Chrysostome. Cet ouvrage n'a donc jamais été imprimé, mais nous espérons le donner un jour au public. » C'est encore une promesse qui est restée sans exécution. 6° Un recueil intitulé Pabulum vitæ. Il est indiqué dans la donation de Henri; mais l'exemplaire de Gotwic est perdu, et on n'en connaît pas d'autres. 7° Un autre recueil de sermons qui a pour titre Refectio mentium de festis Domini et sanctorum. Il faisait également partie des livres de Henri, et existait encore du temps de Trithème; mais on ne sait aujour a'hui ce qu'il est devenu. 8° Une chonique intitulée Historia solemnis. Thierry d'En gelhusen nomme cet ouvrage dans la liste des auteurs dont il déclare s'être servi pour la composition de sa Chronique des chroniques; mais est-il différent ou non du Summa totius dont nous venons de parler? c'est ce que nous ne pouvons décider aujourd'hui. 9 Des homélies sur ceux des évangiles que saint Grégoire n'a pas expliques. C'est encore un ouvrage dont on ne peut garantir Texistence. 10° Un opuscule très-court sur les dix ulaies de l'Egypte. On en conserve

un exemplaire, écrit au XIV siècle, dans la Chartreuse de Gemnic, en Allemagne. 11° Des gloses sur Platon, auxquelles l'auteur renvoie lui-même dans le premier livre de sa Philosophie du monde; ouvrage perdu ou profondément enseveli. 12° Un volume de lettres qui n'est connu que sur le témoignage de Trithème. 13 Un écrit intitulé Suum quid de virtutibus et vitiis. Dom Bernard Pez, parlant de cette production: Hoc quid monstri sit nondum assecuti sumus. Quidquid id demum operis fuerit, certe inter Honorii opu scula in donatione Henrici monachi hoc modo exprimitur. 14° Entin Doublet attribue encore à notre auteur un Commentaire sur la hiérarchie de saint Denys l'Areopagite; mais on ne sait où cet historien a puisé celle anecdote, et l'on ne connaît ni bibliographe qui lui donne un pareil ouvrage, ni bibliothèque où il se trouve. Il est inutile de réfuter l'erreur dans laquelle est tombé Polycarpe Leyser, en mettant sur le comple de notre auteur certains vers élégiaques rapportés par dom Mabillon dans le tome 1" de ses Analectes, sous le nom d'Honorius le Scholastique. La note de l'éditeur qui place au vi siècle la mort de Jourdain, évêque de Ravenne, à qui ces vers sont adressés, suffit pour montrer que Leyser a confondu deux écrivains du même nom.

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JUGEMENT CRITIQUE. Quoique la postérité n'ait pas tiré un grand secours écrits d'Honorius, cependant ce serait une injustice de dire qu'ils ont été inutiles à son siècle. A la vérité, comme dans presque tous ceux de ses contemporains, on n'y voit aucune nouvelle découverte, on n'y reconnaît nulle trace de ce gén e inventeur qui sait perfectionner et agrandir les connaissances qu'il a recues; mais ils peuvent être regardés néanmoins comme un dépôt de la tradition en plusieurs genres de savoir. En effet, notre auteur possédait et a transmis presque tout ce que l'on connaissait alors en mathématiques, cosmographie, géométrie el métaphysique. Il excellait même dans cette dernière science, comme le prouve fort bien son traité de la connaissance de Dieu et de la vie éternelle; ouvrage réellement digne des deux grands noms qu'il. porte dans quel ques manuscrits. Sans être un théologien profond, Honorius n'était rien moins que novice en théologie, malgré certaines erreurs que l'on aperçoit dans quelques-uns de ses écrits. Son Elucidarium, qui a donné le plus de prise à la censure, aurait trouvé grace auprès des critiques, s'ils avaient fait attention que cet ouvrage était le début d'un jeune homme et le fruit de ses premières études en théologie. Son traité de l'Inévitable marque plus de maturité; c'est dommage, comme on l'a dit, qu'on y aperçoive deux ou trois taches qui le déparent et l'empechent d'aller de pair avec les meilleurs écrits du temps sur le même sujet. Son Commentaire sur le Cantique des cantiques prouve qu'il possédait le don d'interpréter les livres saints. S'il n'a pas été aussi heureux sur les Psaumes, on peut dire nean

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