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moins qu'il s'y est maintenu à la hauteur des autres interprètes de son temps. Les idées mystagogiques qui avaient prévalu au x siècle ne permettaient guère de saisir le véritable esprit d'un texte dont la lettre sert de base à toutes les interprétations. Ces mêmes idées l'ont jeté dans l'illusion, et lui ont fait avancer beaucoup d'absurdités sur les rites ecclésiastiques. C'est ainsi que les bons esprits se gåtent en se laissant entrainer par les préjugés ou le mauvais goût que des esprits faux ont fait prévaloir avant eux. En somme donc, Honorius ne fut point supérieur à son siècle, mais il réunissait des connaissances assez étendues dans toutes les sciences que l'on cultivait alors. Ses ouvrages manquent de distribution et de méthode. On voit que c'est un auteur qui enfante pour l'ordinaire à mesure qu'il conçoit, sans trop se soucier de ce qui précède ni de ce qui doit suivre. De là vient cette négligence que l'on remarque également dans son style. Il eût pu se garantir de ces défauts en travaillant ses écrits avec plus de loisir et de réflexion, et il faut lui rendre la justice de dire qu'il s'en est garanti en effet pour quelques-uns.

HOEL, surnommé le Bon, roi de Galles en Angleterre, convoqua une assemblée générale de tous ses Etats, dans laquelle furent rédigées plusieurs lois en faveur de l'Eglise. La plupart des historiens rapportent ce fait à l'an 935. Tous les évêques, abbés et supérieurs de monastère se rendirent à cette assemblée avec six laïques de chaque centurie ou canton, parmi lesquels le roi choisit les plus doctes et les plus prudents. Ces lois sont divisées en quarante articles et on passa tout le carême à les rédiger. Voici les plus remarquables:

Le roi donnait à son chapelain, le jour de Pâques, les habits qui lui avaient servi pendant le carême; la reine en faisait autant à l'égard de son aumônier et lui abandonnait les vêtements sous lesquels elle avait passé ce temps de pénitence. L'office du prêtre de la cour pendant les audiences consistait à effacer du registre les procès qui étaient jugés, à conserver ceux qui ne l'étaient pas et à prêter son ministère au roi pour lui lire les lettres qu'il recevait et en écrire les réponses. Les douze principaux officiers de la cour prêtaient chaque année serment dans l'Eglise et devant le chapelain de rendre la justice gratuitement, avec équité et sans acception de personnes. Le chapelain du roi était chargé de bénir les viandes et la boisson que l'on servait sur sa table. Lorsqu'il s'agissait de se purger d'un crime par serment, on le répétait trois fois en présence du prêtre, d'abord à l'entrée du cimetière, ensuite à la porte de l'Eglise, et enfin à la porte du chœur. Il paraît par le dix-septième article, qu'un homme pouvait répudier sa fenime pour le seul cas de familiarité avec un autre homme, et sans aucune preuve d'adultère.

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misdas, ce que nous avons dit ailleurs de la vie de Grégoire VII. Elle se trouve tellement mêlée à ses écrits qu'il nous a semblé comme impossible de l'en séparer. Nous ferons donc aller de pair l'analyse et la biographie dans l'article que nous fui consacrons, et les lettres du saint Pontife serviront de commentaire à ses actes.

Symmaque étant mort le 19 juillet de l'an 514, après un pontificat de quinze ans et huit mois, on élut pour lui succéder le diacre Hormisdas, qui prit possession de la chaire de Saint-Pierre le 26 du même mois. Il était à Frosinone, dans la campagne de Rome, et fort instruit dans l'étude des lettres. Il venait à peine de s'asseoir sur le trône pontifical, lorsque saint Remi lui écrivit pour lui faire part de la conversion et du baptême du roi Clovis. Le Pape lui répondit par une lettre de congratulation, dans laquelle il investit l'archevêque de Reims de la plénitude du pouvoir apostolique dans tout le royaume de France: Qua sedis apostolicæ vices per omne regnum Clodovai, en reconnaissance de ce mémorable événement. En vertu de ce titre, il le charge de veiller à l'exécution des canons, de convoquer des conciles de tous les évêques du royaume lorsque les besoins de l'Eglise l'exigeront, de terminer les différends qui pourraient s'élever entre les évêques, et de lui rendre compte de ce qu'il aurait fait pour le maintien de la foi et de la vérité, soit de son propre mouvement, soit par autorité apostolique. Cette lettre est sans date, mais on ne peut douter qu'elle n'ait suivi de près l'élection d'Hor misdas, puisque c'est à cette époque qu'il faut rapporter les événements qui y donnès rent occasion.

A l'empereur Anastase. Anastase régnait alors sur le trône d'Orient et protégeait les sectateurs d'Eutychès. Son compétiteur à l'empire, Vitalien, après avoir obtenu des succès militaires contre Anastase, appuyait au contraire le parti catholique, et voulait qu'on assemblât un concile pour faire juger le différend. Anastase, obligé d'y consentir, se résigna donc à écrire au Pape. La dureté de ses prédécesseurs, lui dit-il, l'avait empêché de communiquer avec eux, mais sa réputation de bonté l'encourageait à avoir recours au Saint-Siége. Il le prie de se rendre médiateur entre Vitalien et lui, parce qu'il prévoyait que les troubles de la Scythie ne pourraient s'apaiser que par la réu nion d'un concile. Vitalien, disait-il, avait appuyé sa révolte du prétexte de la religion, en déclarant qu'il n'avait pris les armes que pour protéger les catholiques et faire réta blir Macédonius sur le siége de Constantino ple. Par une seconde lettre datée du 14 inai 515, Anastase marquait au Pape que le concile se tiendrait à Héraclée en Thrace, et le priait de s'y rendre le 1" juillet de la même année.

En répondant à la première de ces lettres; le Pape rend grâces à Dieu de ce qu'il avait enfin inspiré à l'empereur la pensée de rompre le silence. Il justifie ses prédécesseurs

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en disant que leur intention avait toujours été de procurer la paix et l'union, et il se réjouit lui-même de voir qu'elles seront bientôt rétablies. Enfin il promet à ce prince de lui répondre plus au long, quand il aurait appris le sujet de la convocation du concile. Cette lettre est du 4 avril 515. Dans une autre du 8 juillet, il promet à Anastase de Jui envoyer sous peu des évêques chargés de ses ordres. Son dessein n'était pas qu'ils assistassent au concile indiqué par l'empereur, mais afin d'examiner dans quelle intention ce prince l'avait demandé et s'il était dans la résolution sincère de professer la vraie foi, de recevoir la lettre de saint Léon, et d'anathématiser les hérétiques. Toutes ces précautions étaient nécessaires pour empêcher qu'Anastase ne trompât le Saint-Siége, en recourant à son secours, non pour la défense de la foi, mais pour s'affermir dans ses Etats et en éloigner Vitalien. Ce général, en effet, avait déjà conquis toute la Thrace, la Scythie, la Mysie, et il était même venu jusqu'aux portes de Constantinople. Cependant sur la promesse que lui fit Anastase de rappeler les évêques exilés et de rétablir Macédonius sur son siége et Flavien sur celui d'Antioche, Vitalien de son côté envoya des députés au Pape, touchant le concile que l'on était convenu d'assembler, pour exaininer les excès dont se plaignaient les catholiques.

Quoique invité à cette assemblée, le Pape ne voulut ni s'y rendre ni y envoyer ses légats; seulement après en avoir délibéré daus un concile, et de l'avis du roi Théodoric, il députa en Orient Ennode de Pavie avec un auire évêque nommé Fortunat, Venonce prêtre, Vital diacre et le notaire Hilarus, et les chargea d'un mémoire instructif qui commence ainsi : « Lorsque vous arriverez en Grèce, si les évêques viennent au-devant de vous, recevez-les avec le respect convenable; s'ils vous préparent un logement, ne le refusez pas, dans la crainte que les catholiques ne pensent que vous ne voulez point de réunion; mais s'ils vous invitent à manger, soyez polis, et excusez-vous en leur disant Priez Dieu d'abord pour que nous communiquions à la table mystique, et alors celle que vous nous offrez nous sera plus agréable; n'acceptez aucune des choses qu'ils pourront vous proposer, si ce n'est les voitures en cas de besoin. Dites que vous ne manquez de rien, et que vous espérez même qu'ils vous donneront leur cœur. Lorsque vous serez à Constantinople, prenez le logement que l'empereur aura ordonné, et avant de le voir, ne recevez personne que ceux que vous connaîtrez zélés pour l'union, mais avec précaution cependant, et pour vous instruire de ce qui se passe. Si vous avez audience à la cour, présentez nos lettres à l'empereur en lui disant: « Votre Père vous salue, et par l'intercession des apôtres saint Pierre et saint Paul, il prie Dieu tous les jours, afin que, comme il vous a inspiré le désir de le consulter pour l'unité de l'Eglise, il vous en donne la vo

lonté parfaite. lonté parfaite. « Ne lui parlez de rien avant qu'il ait reçu nos lettres, et, après qu'il les aura lues, ajoutez: Le Pape a écrit également à votre serviteur Vitalien qui lui a envoyé des gens de sa part, avec votre permission, mais il a ordonné que ces lettres ne lui seraient remises que par votre ordre. Si l'empereur demande ces lettres à Vitalien, répondez-lui: Le Papene nous l'a pas ordonné, mais avant que vous connaissiez la simplicité de ces lettres qui ne tendent qu'à vous porter à l'union de l'Eglise, envoyez-nous quelqu'un en présence de qui nous puissions les lire. S'il vous dit: Peut-être êtes-vous encore chargés d'autres ordres, répondez: Dieu nous en garde, ce n'est pas notre coutume; nous venons pour la cause de Dieu, et nous croirions l'offenser. Le Pape agit simplement et ne demande rien, sinon que l'on n'altère point les constitutions des Pères, et que l'on chasse de l'Eglise les hérétiques; notre commission ne contient rien davantage.

Si l'empereur répond: c'est pour cela que j'ai invité le Pape au concile, afin que toute difficulté, s'il en existe quelqu'une, soit terminée; répondez. Nous en rendons grâce à Dieu; mais le moyen de rétablir l'union, c'est d'observer ce que vos prédécesseurs Marcien et Léon ont observé. S'il vous demande ce que c'est, vous direz, l'engagement de ne porter aucune atteinte au concile de Chalcédoine et à la lettre de saint Léon. S'il dit : Nous recevons le concile do Chalcédoine et les lettres de saint Léon, vous lui rendrez grâce et lui baiserez la poitrine en disant : Nous voyons maintenant que Dieu vous favorise. C'est la foi catholique, et sans elle on ne peut être orthodoxe. S'il vous dit: Les évêques sont catholiques, et ne s'écartent point des maximes des Pères, répondez-lui: Mais pourquoi donc existe-t-il tant de divisions entre les Eglises de vos contrées ? S'il réplique : Les évêques étaient en repos, c'est le prédécesseur du Pape actuel qui les a troublés par ses lettres; diteslui: Nous avons en main les lettres de Symmaque; si elles contiennent autre chose que ce dont vous convenez, c'est-à-dire le concile de Chalcédoine, la lettre de saint Léon, avec des exhortations pour les observer, que peut-on y trouver à reprendre? Ajoutez à ce discours les larmes et les prieres, et conjurez-le, en lui disant: Regardez Dieu, Seigneur, rappelez-vous le souvenir de ses jugements. Les Pères qui ont fait ces décisions ont suivi la foi de saint Pierre sur laquelle l'Eglise a été bâtie. Si l'empereur vous dit Communiquez donc avec moi, puisque je reçois le concile de Chalcédoine et les lettres du Pape Léon, répondez-lui: Nous nous en réjouissons, et nous vous prions de réunir les Eglises, afin que tous les évêques sachent que votre intention est d'observer les lettres et le concile. S'il vous demande comment cela se doit faire, ditesCui avec humilité : Le Pape a écrit aux évéques en général; joignez vos lettres aux siennes, et déclarez que vous soutenez ce

qu'enseigne le Siége apostolique: alors on connaîtra ceux qui sont orthodoxes et ceux qui ne le sont pas. Si vous réglez ainsi les choses, le Pape sera prêt à venir en personne et ne refusera rien pour la réunion de l'Eglise. Si t'empereur vous répond: Je l'accorde, mais en attendant recevez l'évêque de cette ville; vous lui direz humblement Seigneur, il s'agit ici de deux personnes, c'est-à-dire de Macédonius et de Timothée, c'est une affaire à examiner; il faut auparavant régler l'état des évêques et rétablir une communion universelle; ensuite on pourra mieux examiner la cause de ceux qui gouvernent et de ceux qui sont hors de leurs Eglises. Si l'empereur observe: Vous parlez de Macédonius, je comprends votre ruse, Macédonius est un hérétique et il ne peut être rappelé en aucune manière. Répliquez alors: Nous ne désignons personne en particulier; nous parlons dans l'intérêt de votre conscience et de votre réputation, afin que si Macédonius est hérétique, on le reconnaisse et que l'on ne dise plus qu'il est opprimé injustement. Si l'empereur dit : L'évêque de cette ville reçoit le concile de Chalcédoine et la lettre du Pape saint Léon; répondez-lui: Sa cause n'en sera que plus favorable; mais puisque vous avez permis à Vitalien de faire examiner ses affaires par le Pape, laissez-le examiner aussi celle des évêques. Si l'empereur ajoute: Mais ma ville restera donc sans pontife? répondez-lui encore y a plusieurs moyens de vous empêcher de rester sans communion, en conservant la forme des jugements. On peut tenir en suspens la cause des autres évêques, et cependant, par provision, laisser à la place de celui de Constantinople l'évêque quí souscrira à votre profession de foiet aux décrets du Saint-Siége.

«Si l'on vous accorde des requêtes contre d'autres évêques, principalement contre ceux qui anathématisent le concile de Chalcédoine et rejettent les lettres du Pape saint Léon, acceptez ces requêtes, mais réservez la cause au Saint-Siége.

« Si l'empereur vous promet tout, à la condition que nous viendrons en personne, exigez qu'il envoye d'abord sa letire par les provinces, et faites accompagner ses envoyés par un des vôtres, afin que tout le monde connaisse qu'il reçoit le concile de Chalcédoine et la lettre de saint Léon. De plus, c'est une coutume à Constantinople que tous les évêques soient présentés à l'empereur par l'évêque de la ville, s'il veut s'en prévafoir pour vous obliger à voir Timothée, et qu'il vous soit possible de pénétrer son dessein, vous répondrez Les ordres que nous avons reçus du Pape portent que nous verrons votre clémence, sans être présentés par aucun évêque; et vous tiendrez ferme Jusqu'à ce qu'il renonce à cette coutume. S'il ne veut pas, ou si par une ruse quelconque on vous fait voir Timothée devant l'empereur, dites-lui: Que votre piété nous accorde une audience particulière pour que nous puissions lui exposer notre charge. S'il vous

ordonne de le faire devant ce prélat, répondez: Nous ne prétendons pas l'offenser, mais nous avons des ordres qui le regardent lui-même et nous ne saurions parler en sa présence. Enfin, ne proposez rien devant lui, de quelque manière que ce soit, mais après sa sortie, faites voir la tenue de votre délégation à l'empereur. »>

. Nous avons reproduit avec quelque étendue cette instruction du Pape Hormisdas à ses légats, parce que c'est là plus ancienne pièce que nous possédions en ce genre, et que l'on peut dire que la prudence y brille à l'égal de la charité. Toutefois il ne faut pas. s'étonner que le Pape prévoie si bien les réponses etles objections de l'empereur; il pouvait en être instruit, et par Patrice, envoyé d'Anastase, et par ceux de Vitalien. Cette instruction est suivie de quelques articles destinés à entrer dans la déclaration que l'empereur et les évêques devaient faire dans l'église et en présence du peuple, pour marque de leur réunion. Cette déclaration porte en substance qu'ils reçoivent le concile de Chalcédoine et les lettres de saint Léon contre Nestorius, Eutychès, Dioscore et leurs sectateurs, Timothée Elure, Pierre et tous ceux qui partagent la même cause; et qu'ils anathématisent Acace et Pierre d'Antioche avec leurs compagnons. Ils devaient l'écrire de leurs mains, en présence de personnes choisies, et suivant le formu laire tiré des archives de l'Eglise romaine, dont le notaire Hilarus avait le protocole. Le Pape veut, avant toutes choses, que l'on rappelle les évêques chassés de leurs Eglises, parce qu'ils étaient en communion avec le Saint-Siége; qu'on fasse venir à Rome ceux qui ont été relégués pour quelque cause ecclésiastique, afin qu'ils y soient examinés; et s'il arrive que quelqu'un présente des requêtes contre les évêques qui ont persécuté les catholiques, que le jugement en soit également réservé au Saint-Siége.

Outre ces deux pièces, le Pape avait encore chargé ses légats d'une lettre pour l'empereur, dans laquelle il lui témoigne que, malgré qu'il fût sans exemple que l'évêque de Rome eût assisté à un concile hors de sa ville, il se trouverait néanmoins à celui que le prince avait indiqué, pourvu qu'avant de le tenir on approuvât le concile de Chalcédoine et la lettre de saint Léon, or anathématisat Nestorius, Eutychès et leurs sectateurs, on enlevât des dyptiques sacrés les noms de Dioscore, Timothée Elure, Pierre d'Antioche et Acace de Constantinople. It combat en peu de mots les hérésies d'Eutychès et de Nestorius; il montre contre celui-ci, par les paroles de l'ange Gabriel à Marie, que celui qui est né d'elle est vrai ment Fils de Dieu; et contre le premier, que les deux natures subsistent en Jésus-Christ, où elles sont unies en une seule personne, de sorte que Dieu et l'homme ne sont qu'un seul Fils de Dieu, Jésus-Christ, notre maître et notre rédempteur. Cette lettre est du 11 aon 515.

Celle que l'empereur écrivit au Pape, es

lui renvoyant ses égats, est de l'an 516. Il fait un grand éloge de la façon dont ils s'étaient acquittés de leur ministère; il accepte toutes les confessions de foi qui lui sont proposées, mais il refuse absolument de souscrire à la condamnation d'Acace; du reste il espère que les choses se régleront mieux par un concile, et promet d'envoyer des ambassadeurs pour lui faire connaître la droiture de ses intentions. Mais au lieu d'envoyer des évêques, comme il l'avait promis, il n'envoya que deux laïques, sectateurs acharnés de l'hérésie eutychéenne, et les chargea de deux lettres, une pour le Pape et l'autre pour le sénat de Rome. Dans la première, il témoigne un désir sincère de procurer la paix de l'Eglise; dans la seconde, il prie le sénat de disposer l'esprit du roi Théodoric et du Pape à la réunion. - Dans la réponse que lui fit Hormisdas, le saint Pontife se plaignit doucement des délais que ce prince avait mis à lui envoyer des députés, et lui témoigna que loin d'avoir besoin d'être exhorté par le sénat de travailler à la paix de l'Eglise, il se jetait lui-même à ses pieds pour les intérêts de l'Eglise universelle, le conjurant, au nom de Jésus-Christ, de ne pas permettre plus longtemps que ses membres fussent dévorés par de mauvais chiens. Il ne lui parla point d'Acace, mais le sénat répondit que tant que l'on continuerait à respecter le nom de cet évêque, il n'y avait point de réunion à espérer entre les deux Eglises. Ainsi les légats du Pape revinrent sans avoir rien obtenu.

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Aux évêques de l'ancienne Epire. Cependant plusieurs évêques des provinces de Thrace, de Dalmatie et de Pannonie, se réunirent au Souverain Pontife. Jean, qui venait d'être élu évêque de Nicopolis, métropole de l'Epire, de concert avec ses suffragants, écrivit à Hormisdas pour se soumettre à ses volontés, en le priant de les leur faire connaître. Le Pape répondit à Jean et à son concile par deux lettres différentes, l'une du 15 et l'autre du 19 novembre 517, qu'ils devaient, s'ils voulaient revenir à l'unité de l'Eglise, condamner Nestorius, Eutychès, Acace, et généralement tous ceux que l'Eglise romaine condamne. A ces deux lettres il en joignit une troisième adressée à Jean, avec un mémoire qu'il lui fit remettre par le sous-diacre Pollion, afin qu'il le souscrivit avec son concile, comme l'avaient fait tous ceux de ces provinces qui s'étaient réunis à l'Eglise. Avant son départ, Pollion avait reçu du Pape cette instruction particulière: « Quand vous serez arrivé à Nicopolis, et que l'évêque aura reçu nos lettres, faites en sorte qu'il assemble les évêques de sa province, pour leur faire souscrire le libelle joint à ces lettres. S'il vous objecte que cette réunion est difficile, demandez-lui de vous faire accompagner auprès de chaque évêque, afin qu'ils souscrivent en votre présence. Vous ferez lire publiquement nos lettres, et si les évêques n'osent s'en charger, vous obtiendrez d'eux au moins qu'ils les lisent à leur clergé. Laissez-leur-én le choix, et

rapportez-nous leurs souscriptions, avec celle de Jean, leur métropolitain, sans vous arrêter plus longtemps sur les lieux, à cause des artifices des ennemis. » Ce libelle ou mémoire, que Pollion était chargé de faire souscrire par chaque évêque, portait en substance, que la foi s'étant toujours conser vée pure dans le Siége apostolique, ceux qui souhaitaient ne point s'éloigner de cette foi et suivre en tout les décrets des Pères, devaient anathématiser tous les hérétiques, principalement Nestorius, Eutychès, Dioscore, et recevoir le concile de Chalcédoine où ces hérétiques ont été condamnés. En outre, ils devaient anathématiser Timothée Elure, le meurtrier de saint Protère, Pierre Mangus, son disciple, Acace, qui est demeuré dans leur communion, et Pierre d'Antioche; avec promesse de ne jamais prononcer dans la célébration des saints mystères le nom de ceux qui s'étaient séparés de la communion catholique. Enfin ils devaient souscrire de leur propre main cette profession.

A saint Avit. Comme les Grecs se vantaient partout d'être réconciliés avec l'Eglise romaine, dans le désir de savoir s'il avait enfin réussi à rétablir la paix entre les Eglises, saint Avit, évêque de Vienne, écrivit au Pape, au nom de tous les évêques de sa province, pour avoir des nouvelles du succès de sa députation. Cette lettre lui fut remise le 30 janvier 517, par le diacre Venance et le prêtre Alexis. Hormisdas répondit qu'il n'avait encore envoyé qu'une légation. Si elle eût été heureuse, il n'eût pas manqué de lui faire part du succès. Au reste les Grecs ne désiraient la paix qu'en paroles. Ils proposaient des choses justes et ne les exécutaient pas; ils détruisaient par leurs actions ce qu'ils présentaient comme leurs volontés; ils négligeaient d'accomplir ce qu'ils avaient promis et continuaient de suivre ce qu'ils avaient condamné. « Voilà, dit le Pape, la cause de mon silence à votre égard; qu'aurais-je pu vous mander, puisqu'ils persévèrent dans leur obstination? Pour preuve de leur peu de disposition à la paix, il dit qu'au lieu d'en voyer des évêques en députation à Rome, comme ils l'avaient promís au légat Ennode, ils n'avaient envoyé que des laïques, comme pour une affaire de peu d'importance. « C'est pourquoi, ajoute le Saint-Père, je vous avertis, et avec vous tous les évêques des Gaules, de demeurer fermes dans la foi, et de vous garder des artifices de ces séducteurs; mais afin que vous sachiez dans quelles dispositions se trouvent ces provinces, je vous dirai que plusieurs évêques de la Thrace, bien que persécutés, persévèrent dans notre communion. La Dardanie et l'Illyrie, voisines de la Pannonie, nous ont demandé de leur consacrer des évêques, et nous l'avons fait partout où il en était besoin. L'évêque de Nicopolis, métropolitain d'Epire, s'est joint à notre commu nion avec son concile. Nous vous marquons cela, afin que, comme il convient de plaindre le sort de ceux qui périssent, vous vous réjouissiez avec nous du salut de ceux qui

retournent à l'unité. Nous nous voyons obligé d'envoyer une seconde légation, afin d'enlever toute excuse aux schismatiques. Joignez vos prières aux noires pour demander à Dieu que cette union s'accomplisse, s'ils se corrigent, ou que nous méritions d'être préservés du poison de leurs erreurs. Nous vous envoyons les pièces qui vous apprendront comment les évêques de Nicopolis et de Dardanie sont entrés en communion avec nous. Cette lettre est du 15 février 517.

A l'empereur Anastase et à plusieurs. Cependant Hormisdas ne se rebuta point et envoya de nouveaux ambassadeurs à Constantinople. Il mit à la tête de cette légation Ennode de Pavie, qui avait déjà fait partie de la première, et lui adjoignit Pérégrin de Misène. Il leur donna six lettres, avec le formulaire de réunion, et dix-neuf copies de la protestation qu'ils devaient répandre par les villes, dans le cas où l'on refuserait de recevoir leurs lettres. Dans la première, adressée à l'empereur Anastase, il exhorte ce prince à exécuter sa promesse, lui donDant à entendre que toutes les démarches qu'il avait entreprises jusque là pour l'utilité de l'Eglise resteraient sans résultat s'il n'achevait l'oeuvre qu'il avait commencée. Il le loue de s'être déclaré contre Nestorius et Eutychès et contre tous les partisans de leurs erreurs; mais ce n'est point assez, ditil, il doit encore condamner Acace, nonseulement parce qu'il est uni de communion avec Pierre Mongus et Dioscore dont il partage les doctrines; mais parce qu'il est cause encore que le ferment de l'erreur a vieilli dans les Eglises d'Orient, et que celle d'Alexandrie persévère dans le schisme, qui, né d'abord chez elle, s'est répandu ensuite dans tout le reste de l'empire. Il presse vivement Anastase de prendre la défense de la foi, de faire cesser les pleurs que l'Eglise répand sur la division de ses membres, et de lever l'étendard du salut, comme un autre Ezéchias, pour éloigner l'erreur du peuple d'Israël. Il lui représente les inquiétudes des évêques des Gaules sur les suites de sa première légation, leur désir d'apprendre qu'elle avait été suivie du succès qu'on lui prêtait. Il ne tenait qu'à lui qu'Ennode, qui lui avait déjà donné un commencement de bonne espérance, lui rapportât, qu'avec l'aide de Dieu l'ouvrage de la réunion était consommé. Cette lettre est du 3 avril 517. -- La seconde est adressée à Timothée, patriarche de Constantinople. Quoique le Pape le regardât comme un intrus et un excommunié, il ne laisse pas de lui donner le titre d'évêque. Il l'exhorte à effacer ses fautes passées, en revenant à l'unité, et en travaillant à y ramener les peuples. Dans la troisième, destinée aux évêques d'Orient, il suppose que plusieurs d'entre eux étaient dans la vraie foi, et leur représente la nécessité de se déclarer et de la professer courageusement; Dieu leur commande, comme autrefois aux pasteurs d'Israël, d'élever la voix sans crainte pour faire entendre aux peuples la

doctrine de la vérite; par ce moyen, suivant la parole de l'Apôtre, ils se sauvèrent euxmêmes et le troupeau confié à leurs soins. -La quatrième, adressée aux évêques orthodoxes, a pour but de les consoler dans leurs souffrances. Le Pape loue leur constance dans la foi, et leur fait part de sa seconde légation, dont le but, dit-il, est de ramener à la vérité ceux qui s'en écartaient, ou du moins de faire voir au monde que le Saint-Siége n'avait rien négligé pour les y ramener; c'est pourquoi ils étaient eux-memes cause de leur perte. Hormisdas écrivit en particulier à un évêque d'Afrique nommé Possessor, qui, après avoir été banni par les ariens, s'était retiré à Constantinople, d'où il avait envoyé à Rome sa profession de foi par les légats. Comme depuis il avait continué à défendre la vérité, au grand avantage des catholiques, le Pape loue son zèle et sa fermeté, l'exhortant à persévérer dans d'aussi bonnes dispositions et même à les agrandir encore, parce que les bonnes cuvres, surtout en ce qui touche aux doctrines de la foi, semblent diminuer si on ne les augmente toujours. Enfin, dans la sixième, au peuple et aux moines de Constantinople, le Pape les console dans leurs souffrances, les encourage à persévérer dans la vraie foi, en s'abstenant de tout commerce avec les hérétiques. Ces cinq lettres portent la même date que la première, et sout du 3 avril 517.

A Ennode, son légat. - Aussitôt après le départ des légats, un diacre de Nicopolis, qui les avait rencontrés en chemin, arriva à Rome portant une lettre de l'évêque Jean et de son concile, qui se plaignaient des persécutions qu'ils avaient à subir de la part de Dorothée, évêque de Thessalonique, schismatique outré, qui ne pardonnait pas à ce prélat de ne lui avoir pas donné avis de son ordination, Le Pape, après avoir examiné l'affaire, envoya quatre lettres à ses légats avec cette instruction: « Quand vous serez arrivés à Thessalonique, en rendant nos lettres à l'évêque, observez pour le saluer les formes que nous avons prescrites à l'égard de ceux qui ne communiquent point avec le Saint-Siége. Pressez-le fortement de faire cesser ses persécutions contre l'Eglise de Nicopolis; représentez-lui que l'évêque, élant revenu à la communion de l'Eglise, n'a pu communiquer avec ceux qui n'en sont pas. Si Dorothée veut y rentrer à son tour, loin de révoquer aucun de ses priviviléges, nous ferons tous nos efforts au contraire pour les étendre. Si, avec le secours de Dieu, vous pouvez terminer cette affaire, donnez-en avis par lettre à l'évêque de Nicopolis; si Dorothée reste obstiné, attendez les lettres que nous écrirons à l'empereur pour le poursuivre devant lui; alors vous fui direz Aleyson, évêque de Nicopolis, a a satisfait à l'Eglise catholique, qui, en coua séquence l'a admis à sa communion; Jean « son successeura suivi son exemple; maintenant l'évêque de Thessalonique le persé«cute; si vous n'arrêtez cette vexation, on en

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