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jusqu'à son temps. Cet ouvrage, dont on ne saurait trop regretter la perte, montrait la suite de la tradition, et établissait que, malgré de nombreuses hérésies, le dépôt des vérités éternelles enseignées par JésusChrist avait jusque-là été conservé intact. Il n'était aucun siége épiscopal, aucune église particulière qui ne gardât fidèlement tout ce que la loi avait ordonné, tout ce que les prophètes avaient enseigné, tout ce que le Seigneur lui-même avait prêché. Selon lui le premier hérétique qui tâcha d'infecter de ses erreurs l'Eglise de Jérusalem, fut un nommé Thebutes, irrité de n'en avoir pas été élu évêque. Malgré ses efforts, cependant, cette Eglise se conserva vierge et incorruptible dans sa foi, tant qu'elle fut gouvernée par quelques-uns de ceux qui avaient appris la vérité de la bouche du Sauveur. Hégésippe décrivait assez longuement le martyre de saint Jacques, premier Evêque de ce berceau du christianisme; la persécution que l'empereur Domitien suscita contre les parents du Rédempteur, dans la crainte qu'ils ne tramassent quelque entreprise contre la sûreté de l'Etat; et le inartyre de l'Evêque saint Siméon déféré à Trajan, comme issu de la race de David et comme Chrétien. Il citait encore dans ses livres, auxquels Eusèbe donne le nom de Commentaires, l'Evangile selon les Hébreux et rapportait plusieurs traditions des Juifs qu'on ne trouve plus écrites nulle part. I donnait, et plusieurs anciens ont donné après lui le titre de Livres de la Sagesse aux Proverbes de Salomon, parce qu'ils contiennent les préceptes de toutes les vertus. Il faisait aussi mention de plusieurs livres apocryphes, dont quelques-uns, suivant lui, avaient été écrits par les hérétiques de son temps. On cite encore des écrits d'Hégésippe quelques passages qui n'ont pas grande autorité. Etienne Gobar emprunte au cinquième livre de ses Commentaires plusieurs paroles qui ne paraissent pas très-orthodoxes; mais, outre que ce passage est tronqué, il est permis de douter qu'un aateur qui partageait l'hérésie des trithéites ait rapporté fidèlement les passages d'Hégésippe, qui, au jugement d'Eusèbe, nous a laissé, dans ses Commentaires, des preuves illustres de la pureté de sa foi.

Quant aux cinq livres sur la ruine de Jérusalem qui portent le nom d'Hégésippe, on convient généralement aujourd'hui qu'ils sont d'un auteur beaucoup plus récent qui semble avoir vécu sur la fin du Iv siècle ou au commencement du v siècle. Quelques-uns ont cru que dans ses Commentaires Hégésippe avait marqué la succession des évêques de chaque Eglise et qu'il avait surtout donné la saite des évêques de Rome, mais Eusèbe n'en dit rien. Tout ce que l'on peut conclure de ses paroles, c'est qu'Hégésippe avait consigné par écrit la doctrine suivie de son temps par l'Eglise de Rome, doctrine jusque là invariable et qu'elle tenait par une succession non interrompue depuis le temps des apotres. Sur ce point son témoignage présente DICTIONN. DE PATROLOGIE. III.

d'autant plus de garantie, qu'il avait visité les principales Eglises d'Orient et d'Occident. Saint Hégésippe, au rapport de saint Jérôme, était rempli de l'esprit des apôtres et doué d'une profonde humilité, qui se manifestait jusque dans la simplicité de son style. Il mourut à Jérusalem dans un age très-avancé, vers l'an 180. On célèbre sa fête le 7 avril.

HEIRIC cu HÉRIC, moine de Saint-Germain d'Auxerre, sut joindre à un savoir peu commun une grande piété qui lui a mérité une place parmi les saints confesseurs. Il naquit vers l'an 834, à deux lieues de cette ville, dans le village de Héry, qui formait alors une dépendance de l'abbaye de SaintGermain. Placé dans cette maison dès l'âge de sept ans, il y embrassa plus tard la profession monastique. Après y avoir achevé ses premières études, il alla les perfectionner successivement à Fulde et à Ferrières, où il étudia à fond l'Écriture sainte, la théologie et la littérature. Il donna aussi quelque application à la langue grecque et acquit tant d'autres belles connaissances, que la postérité qui l'a honoré du titre de théologien, l'a regardé en même temps comme un des meilleurs poëtes, des écrivains les plus polis et des orateurs les plus éloquents de son siècle. Ce qui nous reste des écrits de ce saint religieux confirme en partie l'idée qu'on s'était faite de son mérite. Habile philosophe, on voit qu'il poussa également ses réflexions sur cette partie sérieuse des connaissances humaines jusqu'à découvrir et expliquer clairement le fameux doute méthodique dont il était réservé à Descartes do faire plus tard l'application. De retour à Auxerre, Héric s'appliqua surtout à enseigner aux autres ce qu'il avait appris luimême. Il eut l'honneur de donner des leçons au prince Lothaire, fils de Charles le Chauve, et alors abbé de Saint-Germain. Il compta aussi parmi ses disciples le célèbre Remi et le savant Hugbald, deux des plus grands hommes de ce siècle, qui surent faire passer dans le siècle suivant quelques vestiges de sa littérature. Les heures qu'il ne consacrait pas à l'enseignement, il les employait à écrire ou à annoncer au peuple les vérités du salut. On a dit qu'il avait du talent pour la chaire, et le grand nombre de ses homélies qu'on nous a conservées montre qu'il en faisait un fréquent usage. On ignore celles de ses autres actions qui lui ont acquis le titre de saint. Les Bollandistes ont publié son éloge au 24 juin, jour auquel son nom est marqué dans plusieurs martyrologes. On ne convient pas de l'année de sa mort; mais l'opinion la plus suivie cependant la fixe en 881. Ce qu'il y a de certain c'est que saint Heiric vécut jusqu'au règne de Charles le Chauve, à qui il dédie en sa qualité d'empereur le principal de ses ou

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main, avec un zèle ardent pour le ministère de la parole évangélique. Il n'est donc pas surprenant que presque tous ses écrits regardent ou l'histoire de ces saints Pontifes ou l'instruction des fidèles.

Le premier par ordre de date est un recueil de traits historiques et de sentences choisies des Pères, de saint Jérôme, de saint Augustin, du Vénérable Bède, et même aussi de quelques auteurs profanes. Heiric avait formé ce recueil de ce qu'il avait appris de la bouche de ses anciens maîtres, Haimon de Fulde et Loup de Ferrières, qui dans les moments de récréation rapportaient à leurs disciples, avec un certain ordre et d'une manière qui ne manquait pas d'agrément, ce qu'ils avaient trouvé de plus intéressant dans leurs lectures. Heiric, au sortir de ces entretiens qu'il écoutait toujours avec une attention singulière, allait aussitôt rédiger par écrit ce qu'il en avait retenu. Voyant dans la suite que cette rédaction formait un recueil considérable, il le dédia à Hildebolde, évêque d'Auxerre, mort en 856. A la tête se lit un petit poëme en vingtsix vers élégiaques, dans lequel l'auteur nous apprend ce que nous venons de rapporter de l'origine de son premier oùvrage. I témoigne à Hildebolde que le voJume qu'il lui présente est bien au-dessous de son mérite, mais que pourtant il ne lui sera pas tout à fait inutile pour lui faire pas ser de temps en temps quelques heures agréables. Cet écrit, quel qu'il soit, sert au moins à nous faire connaître deux choses : d'abord l'ardeur qu'avait Heiric à profiter de tout pour augmenter son instruction, et ensuite l'attention aussi louable qu'ingénieuse des maîtres, à mettre à profit en faveur de leurs disciples les instants qui leur étaient accordés pour se délasser de l'étude. Dom Mabillon ayant trouvé ce recueil dans un manuscrit de Corbie, ancien de plus de sept cents ans, s'est borné à en publier les premières lignes avec le petit poëme qui leur sert comme de préface.

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Poëme sur la vie de saint Germain. L'ouvrage le plus considérable et celui qui a coûté le plus de travail à Heiric est son long poëme sur la vie de saint Germain d'Auxerre, divisé en six livres. Le fond de ce poëme n'est autre chose que la vie en prose du même prélat écrite sur la fin du v siècle par le prêtre Constance de Lyon. Heiric pressé par le jeune prince Lothaire, alors abbé de Saint-Germain, fit d'abord quelques difficultés de se prêter à ce travail de versification, qu'il regardait comme au-dessus de ses forces. Mais enfin, vaincu par les instances de son abbé, et dans le désir aussi de contribuer à la gloire de Dieu et à l'honneur du saint Pontife, il se chargea de l'exécution de ce dessein. Nous reproduisons ici quelques-uns de ses vers dans lesquels il rend compte des motifs qui l'y déterminèrent, afin qu'on puisse juger du mérite de sa poésie.

Germano titulum parare laudis
Urget materies, amor coarctal,
In te mirificus, puer Hlothari;
Cui fas non fuerit negare quicquam,
Non os, non animum, non illa certe,
Quæ sunt officiis amica pulchris.

élo

travail du vivant de Lothaire, par conséComme on le voit, Heiric commença son quent avant 865; mais une mort prématurée enleva ce jeune prince bien avant qu'il fût leur qu'il eut besoin que le temps vint terminé. Notre poëte en conçut tant de doul'adoucir pour pouvoir continuer. Il le reprit dans la suite, et il était dans la trenteComme il attendait quelque occasion favodeuxième année de son âge lorsqu'il le finit. rable pour le publier, il crut la trouver à I le retoucha apparemment et le dédia à cet l'avénement de Charles le Chauve à l'empire. empereur par une assez longue épître en quelle suite de vicissitudes la publication de prose, dans laquelle il nous apprend par ce poëme avait été retardée. Cette épître, qui ne manque pas d'une certaine glorieux pour la mémoire de Charles le quence, est en même temps un monument Chauve et du prince Lothaire son fils. L'auteur nous représente le premier comme un autre Charlemagne à cause du zèle avec lequel il favorisa la culture des lettres, et le second plus belles espérances. Après l'épître dédicomme un jeune prince qui donnait les catoire vient l'invocation du poëte. C'est une prière en vers hendécasyllabes adressée à la sainte Trinité. Il y explique succinctement ce système et y consacre quantité de mots grecs, quelquefois même des vers entiers, ce qui montre qu'il possédait cette langue. Son invocation est suivie d'une courte préface en vers élégiaques, dans laquelle le poëte adresse la parole à son propre ouvrage. A la tête de chacun des autres livres se trouve également une préface en vers de port au sujet principal du poëme qui est différentes mesures, mais qui n'a aucun rapgénieux et qui offrent des beautés que l'on tout entier en vers héroïques. Il y en a d'inmême siècle; mais en général cependant, trouve rarement dans les autres poésies du la versification d'Heiric est obscure, emoutre les défauts ordinaires à cette époque, beaucoup lu les anciens, il a voulu les barrassée et peu naturelle. Comme il avait imiter; mais il n'a pu soutenir un tel essor. s'élever. Dans la suite on fit tant d'honneur Le plus souvent il tombe quand il veut à son ouvrage que dès le x siècle, on le l'expliquait publiquement dans les écoles lisait au clergé de l'église d'Arles, et qu'on poëme est celle que les successeurs de Boldes monastères. La meilleure édition de ce landus publièrent dans le dernier volume du mois de juillet, sur deux excellents manuscrits, l'un de l'abbaye de Laubes et plus exact en ce genre que ce dernier mal'autre de Lyon. Rien de plus correct ni de nuscrit qui paraît être du ix' ou x' siècle. Si l'on fait bien attention aux notes interlinéaires et marginales, qui sont pour la plù

part de la même main, quoique d'une écriture plus fine, on les prendrait volontiers pour être de la main de l'auteur. S'il en est ainsi, elles montrent chez Heiric une connaissance approfondie de la grammaire, de la théologie et de la philosophie. Mais comme elles ne faisaient rien au sujet, les éditeurs n'en ont inséré que quelques-unes dans leurs remarques.

Relation des miracles de saint Germain. A la fin de sa longue épître à Charles le Chauve, Heiric lui parle d'un recueil des miracles de saint Germain, divisé en deux livres et qu'il avait également composé. Il l'adressait à ce prince avec son poème, ce qui a fait croire à dom Mabillon qu'il lui était antérieur. Mais il faut se souvenir que le poëme était fini plusieurs années avant cette dédicace et peu de temps avant la mort de Lothaire, vers 866 ou 867. Heiric au contraire n'acheva l'autre ouvrage qu'en 873, comme il est facile de s'en convaincre par le récit d'un miracle opéré la même année, sur un homme de l'Anjou qui vivait encore lorsque l'auteur écrivait. Il entreprit cette relation de miracles, autant pour suppléer à ce qui en avait échappé dans la Vie du saint à l'écrivain original, que pour conserver à la postérité le souvenir de ceux qui s'étaient opérés dans la suite. On lit en tête une préface très-érudite, dans laquelle il accorde à la ville de Lyon de grands éloges pour le zèle qu'elle mettait à déve lopper les fortes études, et où il a fait entrer en même temps de sages remarques sur les défauts trop communs à ces sortes de recueils; ce qui ne l'a pas empêché de s'y laisser aller quelquefois dans le sien. Il s'y montre trop crédule, ne fait pas assez de choix et racoute indistinctement ceux qui se sont opérés à Auxerre, comme ceux qui se sont opérés dans le reste de la France et même en Angleterre. Du reste l'ouvrage est beaucoup plus savant et mieux écrit qu'au cun autre de ce genre rédigé dans le cours du même siècle. Il le finit par une excellente exhortation adressée à ses frères, pour les animer à la vertu et à la persévérance dans l'amour et la pratique des devoirs de leur état. Son sentiment touchant les connaissances que possèdent les saints dans le ciel, est qu'ils n'ignorent rien de ce qui se passe dans la nature. Cette relation est publiée à la suite du poëme dont nous avons rendu compte plus haut dans la collection des Bollandistes.

On y trouve immédiatement après un sermon d'Heiric en l'honneur de saint Germain. Ce discours, qui est une assez belle pièce d'éloquence pour l'époque, fut prononcé au jour de la fête du saint évêque. Du reste, ce mérite à part, il ne contient rien de bien remarquable, et n'est pour ainsi dire qu'un abrégé très-succinct de la vie de saint Germain. A la suite viennent trois appendices au recueil des miracles. Le premier, qui n'est pas long, a été écrit après les premières années du xi siècle par un moine anonyme de Saint-Germain d'Auxerre.

C'est peu de chose pour le fond et le style, plein d'affectation, manque de gravité. Le second est une compilation écrite par divers auteurs postérieurs encore au précédent; et le troisième, qui est le plus prolixe, appartient à un écrivain anglais. A la fin du troisième livre du poëme d'Heiric sur la vie de saint Germain, mais dans le seul manuscrit de Laubes, se trouve une hymne en l'honneur du même saint évêque, telle à peu près qu'on la voit encore imprimée dans les anciens Bréviaires d'Auxerre, pour les deux vêpres de la fête du saint patron. Elle est suivie dans le manuscrit cité de deux strophes profanes, qui n'ont aucun rapport à la vie de saint Germain. On la trouve aussi dans les Adversaria de Barthius.

Actes des évêques d'Auxerre. Heiric travailla aux Actes des premiers évêques d'Auxerre, de concert avec Rainagala et Alagus, chanoines de la cathédrale. Ce recueil qu'ils avaient poussé jusqu'à l'épiscopat de Chrétien, prédécesseur de Wala, mort en 876, ne subsiste plus aujourd'hui; mais il est hors de doute que l'écrivain anonyme qui a continué ces Actes jusqu'en 1277, a profité de leur travail, si même il ne l'a pas fondu entièrement dans son histoire. Tout ce qu'il en dit se borne à nous apprendre que ces trois auteurs s'étaient appliqués à observer une grande concision, et qu'ils écri vaient sous l'évêque Wala, qui aimait les lettres et s'était fait le protecteur de ceux qui les cultivaient.

Homélies. Nous avons dit ailleurs, d'après Honoré d'Autun et Trithème, qu'Heiric avait composé des homélies pour l'instruction des fidèles. Ce que nous avons exposé du sermon pour la fête de saint Germain en est déjà une preuve ; mais on en a bien d'autres dans un manuscrit ancien d'environ six cents ans, et qui contient soixante-quatre homélies sous le nom d'Heiric, moine d'Auxerre. Dom Pez qui avait vu ce manuscrit dans la bibliothèque de saint Emmeram, en a publié la préface. Il est vrai qu'il écorche le nom de l'auteur, et que dans une de ses tables, il le confond avec Henri, moine de Richenou sons l'abbé Bernon, tout en avouant cependant qu'à la tête du manuscrit de saint Emmeram, il est qualifié moine d'Auxerre. La préface nous apprend que ces homélies furent composées à la prière d'une communauté; mais pour dire ce que nous pensons de cette petite pièce, on n'y reconnaît, point le style de notre auteur. Si le P. Félix Wirtemberger, religieux servite, eût mis au jour les recherches qu'il faisait dès l'an 1723 sur Heiric d'Auxerre, nous posséderions aujourd'hui sur ces homélies des renseignements plus complets. En attendant, nous remarquerons que dans l'homiliaire de Paul Warnefrid, revu par Alcuin, il s'en trouve treize qui portent le nom d'Heiric, et qui y auront été ajoutées après coup. Ces homélies sont les suivantes: Pour la fête do saint Etienne, premier martyr: Evangelica hujus lectionis; pour le jour de la Purification de la sainte Vierge: Ex verbis hujus sacre

lectionis; pour le mardi de la seconde semaine de Carême Repudiatis Dominus; pour la fête de la sainte Trinité: Positus in cana Dominus; pour le cinquième dimanche après la Pentecôte: Dominus Deus ex lege; pour le douzième dimanche: Sensus hujus lectionis; pour le quatorzième : Familiare et quodammodo proprium est celle-ci est fort longue; pour le quinzième dimanche: Itinera Domini et Salvatoris nostri; pour le seizième: Dominus ad hoc_homo factus est; pour le dix-huitième : Eternus atque invisibilis rerum conditor; pour le vingtdeuxième: Divina judicia quam sunt incomprehensibilia; pour le vingt-quatrième : Luca referente evangelista; entin pour la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul Herodes major sub quo Dominus natus est. Mais outre ces homélies que nous venons de nommer, il y en a encore quatre autres qui nous paraissent être du même auteur, parce qu'elles rappellent son style à s'y méprendre. Ce sont celles pour le mercredi, le vendredi et le samedi de la seconde semaine de Carême, et la seconde sur l'évangile du vingttroisième dimanche après la Pentecôte.

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ECRITS SUPPOSÉS. A s'en tenir au texte de Possevin, on croirait qu'Heiric, qu'il appelle Henri, aurait écrit en vers la Vie de saint Alban, comme il l'avoue, à propos de certains vers de lui, traduits en français par René Benoît, dans ses Vies des saints; mais Bollandus, qui a examiné la chose de plus près, a reconnu que cet écrivain français n'avait fait qu'approprier à l'histoire de saint Alban quelques vers du quatrième livre de la Vie de saint Germain par Heiric. Il ne faut pas non plus s'arrêter à l'inscription d'un manuscrit de Saint-Germain des Prés, qui accorde à notre auteur le traité du Comput, ou supputation des temps, par Helpéric de Grandfel. Dans un autre manuscrit provenant de la même bibliothèque et contenant divers opuscules, on en trouve un intitulé: De la position et du cours des sept planètes sous le nom d'Heiric ou Henri, moine d'Auxerre. Mais nous n'oserions affirmer qu'il y eût plus de fond à faire sur cette inscription que sur la précédente, parce que les copistes ont souvent confondu le nom d'Heiric avec celui d'autres écrivains qui s'appelaient Helpéric ou Henri, comme on a eu lieu de s'en convaincre plus d'une fois dans le cours de cet article.

HELGAND, successeur de Rodulfe dans le titre d'abbé de Saint-Riquier, ne gouverna ce monastère que quatre ans, et mourut en 863. I dressa pour les gens du pays de Ponthieu des lois qui étaient encore en vigueur au x1 siècle. Hariulphe, qui nous apprend ce fait, suppose que dès le temps d'Helgand les abbés de ce monastère portaient le titre de comte, en vertu duquel ils étaient obligés de défendre le pays contre les incursions des ennemis. Ce fut à ce titre sans doute plutôt qu'à celui d'abbé qu'Helgand s'érigea en législateur.

HELGAUD, en latin Helgaldus, moine français du xi siècle, mériterait mieux le

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Ce fut par les ordres de ce prélat, devenu en même temps archevêque de Bourges, qu'Helgaud éditia sur le domaine de Fleuri une chapelle en l'honneur de saint Denyset de ses compagnons, martyrs. D'abord bâtie en bois et ruinée par un incendie, il la releva, la fit construire en pierre, el consacrer par Odalric d'Orléans, qui l'honorait de son amitié. Helgaud était un homme de mérite et de piété, qui sut gagner les bonnes grâces du roi Robert, et s'en faire aimer tendrement, aussi s'appliqua-t-il à lui en témoigner sa reconnaissance en se faisant l'historien de ses vertus.

C'est à tort, suivant La Curne de SaintePhalaye, qu'on a regardé ce moine comme le simple abbréviateur de l'histoire qu'il écrivit sous le titre suivant: Epitome vitæ Roberti regis. Cet abrégé n'est que dans le titre, que l'auteur a choisi ainsi, parce qu'il n'entrait pas dans son dessein de parler des guerres de son héros, ni des affaires politiques du royaume. Il laissait aux historiens le soin d'en transmettre le souvenir à la postérité; pour lui, il trouvait sa part assez belle d'avoir à retracer le tableau de ses vertus. Aussi commence-t-il par relever la dévotion du prince pour le sacrement de l'Eucharistie, dévotion teile, qu'il croyait y voir Dieu dans sa gloire, plutôi que sous une forme étrangère et une tigure empruntée. Il avait grand soin de fournir les vases et les ornements pour la célébration des saints mystères; il se faisait un plaisir de couvrir d'or et d'argent les châsses où reposaient les reliques des saints; il poussait la compassion pour les pauvres, jusqu'à leur laisser emporter en sa présence l'argenterie de sa chapelle. Un jour de jeudi saint, ayant fait arrêter douze hommes qui conspiraient contre sa vie, il les fit garder, nourrir splendidement, communier le jour de Pâques, puis après une condamnation à mort, prononcée contre eux le lundi, il leur accorda son pardon par respect pour la nourriture céleste qu'ils avaient reçue la veille. Comme on le voit, tout le récit roule uniquement sur la piété du prince, sur sa dévotion envers les saints, sur ses jeûnes, ses mortifications, ses prières; sur sa charité pour les pauvres, sur l'affection qu'il portait aux moines, sur les biens dont il les combla et sur les grandes fondations qu'il fit dans l'ordre de SaintBenoît, et particulièrement à l'abbaye de Fleuri, enfin sur quelques miracles qui lui furent attribués. De sorte que c'est moins une histoire qu'une oraison funèbre daus le goût de ce temps-là, et dans laquelle lauleur a fait entrer une foule de minuties et est descendu jusqu'aux plus petits détails. Le tout est assorti à un style rude, obscur, sans grâce et sans naturel, et où les consonnances affectées tiennent lieu de bon goût. Cepen

dant c'est un ouvrage utile à consulter et curieux à lire, à cause d'une foule de particularités qui dévoilent l'intérieur de la maison de nos ancêtres, et nous offrent une peinture aussi naïve que singulière de la simplicité des mœurs à cette époque.

Cet écrit est précédé du testament de Léodebode, fondateur de l'abbaye de Fleuri, et d'une notice sur cette fondation. Ces deux pièces font conjecturer qu'Helgaud s'était proposé de donner l'histoire de Fleuri et de saint Aignan d'Orléans et d'y ajouter celle du roi Robert, comme bienfaiteur de ces deux monastères. Cette conjecture semble appuyée sur ce que dans la Vie de ce prince, l'auteur rappelle ce qu'il avait dit de saint Aignan et de Fleuri; après quoi il déclare qu'il va commencer l'histoire du roi Robert: Nunc huic scripto addere curavimus Vitam Roberti, ce qui forme comme une liaison entre les deux parties de cet ouvrage dont la première serait perdue.

La Vie du roi Robert fut imprimée pour la première fois en 1577, avec la Vie de Louis IX, par Guillaume de Nangis; puis en 1596, dans la collection de Pithou, t. I", el plus correctement dans celle de Duchêne, t. IV, en 1641. Vossius se trompe évidemment, lorsque, sur la foi de Baronius, il attribue à Helgaud une Vie de l'abbé Abbon, mort au commencement du x siècle; les compilateurs si savants et si laborieux de l'ordre de Saint-Benoît n'auraient pas manqué d'en faire une mention expresse. Cette opinion, particulière à ces deux critiques, manque donc de toute vraisemblance. Nous croyons avoir montré en son lieu que l'ouvrage en question appartient à Aimoin, disciple d'Abbon.

HELICON. Suidas parle d'un historien. grec, nommé Hélicon, professeur d'éloquence à Constantinople, qui avait composé en dix livres un abrégé d'histoire ou de chronologie universelle, commençant à Adam et se pour suivant bien avant dans le règne du grand Théodose, c'est-à-dire jusque vers l'an 395. Simler et Vossius assurent que cet ouvrage se trouve manuscrit dans les bibliothèques d'Italie.

HELIE, patriarche de Jérusalern, écrivit en 887 une lettre adressée au roi Charles le Gros, au clergé et aux seigneurs du royaume de France, pour implorer quelques secours en faveur des églises de son pays. Il leur marque que le prince, sous la domination duquel ils se trouvent, s'étant fait chrétien, leur a permis de rebâtir ou de restaurer leurs églises, dont les unes étaient ruinées entièrement et les autres prêtes à tomber. Pour le faire, dit-il, ils ont été obligés d'engager leurs terres et tout ce qu'ils possédaient en biens; de sorte qu'il ne leur reste pas même de quoi se procurer l'huile, les ornements et les vases sacrés nécessaires pour le service divin. Il fait donc un appel à la charité du prince et de tous les Français, et les exhorte à donner quelque chose aux deux moines qu'il enverra de Jérusalem avec des lettres de créance pour recueillir

ces aumônes. Cette lettre très-pathétiquement écrite a été publiée en latin au tome II du Spicilége de Dom Luc d'Achéri.

HELIE (Pierre), que l'abbé Lebeuf croit mal à propos avoir été moine de Saint-Martial de Limoges, enseignait la grammaire. et la rhétorique à Paris, dans le temps que Jean de Salisbery vint y étudier, c'est-à-dire de l'an 1136 à l'an 1148. Il eut pour disciple cet insulaire qui témoigne avoir beaucoup profité de ses leçons. Arnoul, évêque de Lisieux, lui confia un autre élève de sa famille,.dont ce professeur n'eut pas également lieu d'être satisfait. Lejeune homme, ennuyé de l'étude, prit la fuite et s'en revint chez son père. Il y fut mal accueilli. Après avoir été châtié comme il le méritait, on le renvoya avec une lettre du prélat, qui priait Hélie de recevoir de nouveau le fugitif dans son école et dans sa maison. Nous soupçonnons avec assez de vraisemblance, que ce jeune homme était Hugues de Nonant, neveu d'Arnoul, que son mérite éleva dans la suite à l'évêche de Coventry en Angleterre, après avoir été archidiacre de Lisieux. Il sera parlé de lui plus amplement vers la fin du siècle qui nous occupe. Pour en revenir à son maître, Hélie ne se borna pas seulement à donner les règles de son art, mais il les consigna encore dans trois écrits dont le premier est un commentaire sur les seize livres, de Priscien, qui traitent des partitions oratoires. Il commence par ces mots : Ad majorem artis grammaticæ cognitionem, et n'a pas encore vu le jour. On serait en droit de regarder cette omission comme un défaut, si le jugement du xII° siècle pouvait servir de règle. En effet l'ouvrage de cet auteur fut en grande estime de son temps, et l'on remarque qu'il faisait partie de ceux dont le bienheureux Emon I", abbé de Werum dans la province de Groningue, eut soin de se pourvoir, lorsqu'il vint étudier à Paris, vers l'an 1170.

Le second écrit de Pierre Hélie est un abrégé de grammaire en vers héroïques. C'est le seul qui ait été publié; il fut imprimé à Strasbourg avec le commentaire de Jean de Sommersfeld un volume in-4° en 1499. Il debute ainsi.

Sicut ab esse rei solitt vem promere dicunt Philosophi.

Le troisième est un Lexicon, ou dictionnaire versifié des mots rares et inusités. Cet ouvrage est resté dans l'obscurité; on n'en connaît même qu'un seul exemplaire manuscrit, qui appartient à la bibliothèque du collége d'Erford.

HELIODORE n'est connu que par sa qualité de prêtre et ses liaisons avec saint Hilaire de Poitiers. C'est déjà un grand préjugé en faveur de son mérite que son union avec un aussi saint et aussi savant évêque. Pendant son exil en Phrygie, le saint docteur ayant pris un goût particulier à la lecture. des ouvrages d'Origène, forma le dessein d'en traduire quelques-uns et l'exécuta en

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