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sont l'ouvrage de quelque pieux faussaire du moyen âge. Nous nous contenterons de remarquer seulement qu'elles n'ont pas été citées par saint Bernard, comme quelquesuns l'ont cru, mais seulement celle qui est adressée à Marie de Cassoboles, car il n'y a pas d'apparence que ce Père, en citant une lettre adressée à la mère de Dieu, l'eût fait en ces termes Le grand Ignace, dans plusieurs lettres qu'il écrivit à une certaine Marie, la salue sous le nom de Porte-Christ. D'ailleurs on assure que ces lettres n'ont été découvertes qu'en 1425.

AUTRES OUVRAGES SUPPOSÉS A SAINT IGNACE. - Socrate rapporte que saint Ignace, ayant entendu dans une vision des anges qui chantaient alternativement les louanges de Dieu, institua à Antioche cette manière de chanter, qui se répandit ensuite dans toute l'Eglise; mais il ne nous apprend pas de qui il tenait ce fait. Théodoret affirme au contraire que ce fut vers le milieu du Iv° siècle, que deux prêtres d'Antioche, Flavien et Diodore, introduisirent les premiers l'usage de chanter les psaumes de David à deux choeurs. Théodore de Mopsueste dit à peu près la même chose. Cependant la lettre que Pline écrivit à l'empereur Trajan, au sujet des Chrétiens, nous apprend que cette coutume était déjà établie de son temps dans la Bithynie; et Philon fait la même remarque dans les Thérapeutes, ce qui montre que cette pratique est beaucoup plus ancienne que Théodoret ne le suppose. La raison qui a porté cet historien à en faire honneur aux prêtres Flavien et Diodore, c'est qu'ils introduisirent dans l'Eglise d'Antioche l'usage de chanter en grec ce qui auparavant ne s'y chantait qu'en syriaque.

Enfin les anciens catalogues, au nombre desquels nous comprendrons celui d'UsseTius, font mention d'un livre intitulé Doctrine de saint Ignace; d'un autre, composé par demandes et par réponses, et qu'Hervet a fait imprimer sous le nom de saint AthaBase de Nicée; et enfin d'une Liturgie que le saint évêque aurait composée en grec vingtsept ans après l'ascension de Jésus-Christ, et qui fut traduite en chaidéen par l'évêque d'Edesse, saint Jacques. Mais parce que ces trois ouvrages portent le nom du saint martyr dans quelques catalogues, il ne s'ensuit pas pour cela qu'il en soit l'auteur, et en Voici les raisons. D'abord, le livre intitulé Doctrine de saint Ignace est placé dans les Catalogues au rang des apocryphes; et combien les hérétiques en ont composé sous des titres tout aussi respectables, pour répandre plus sûrement leurs erreurs. Ensuite, Lous ne voyons nulle part qu'aucun des anciens ait cité sous le nom de saint Ignace celui que le critique Hervet attribue à Anaslase de Nicée; et puis d'ailleurs cet ouvrage n'a rien qui convienne à notre saint martyr que son nom qu'on lui a emprunté. Enfin l'abbé Renaudot, qui a publié la Liturgie attribuée à saint Iguace, n'y trouve rien non plus qui soit digne des premiers siècles de .Eglise.

DICTIONN. DE PATROLOGIE, III,

Les écrits authentiques du saint évêque d'Antioche se réduisent donc aux sept Epîtres que nous avons analysées, en en multipliant les citations avec un plaisir qui, nous l'espérons, sera partagé par nos lecteurs. Elles avaient été altérées par différents écrivains; mais enfin Isaac Vossius en donna une bonne édition avec des notes, d'après le célèbre manuscrit de Florence (Amsterdam, in-4o, 1646), et y joignit la traduction latine attribuée à Robert de Lincoln. Jacques Usher en publia ensuite une édition encore plus correcte, avec une nouvelle version latine (Londres, in-4°, 1647). Ces lettres, insérées par Cotélier dans son recueil des Ouvrages des premiers Pères grecs (Paris, in-folio, 1672), ont été depuis plusieurs fois réimprimées, mais de toutes les éditions, les deux plus estimées sont celles d'Oxford, 1708, en gree et en latin, avec les notes de C. Aldrich, in-8°; et 1709, in-4°, grec et latin, avec les notes de Jean Pearson et de Th. Smith. Elles ont été traduites en français par le P. Legras, de l'Oratoire, Paris, in-12, 1717. Elles ont passé de ces éditions dans le Cours complet de Patrologie.

IGNACE, grammairien de profession, fut d'abord diacre de la grande église de Constantinople et ensuite métropolitain de Nicée. Il avait été disciple du patriarche Taraise et témoin de la plupart de ses actions; ce qui doit concilier une grande autorité à la vie qu'il nous en a laissée, et que Surius et Bollandus ont publiée au 25 février. Ignace écrivit également celle de Nicéphore, successeur de Taraise; nous l'avons en grec et en latin au 13 mars, avec les notes d'Henschénius et de Papebrock. Suidas atribue encore à Ignace quelques petits poëmes en vers ïambiques et des lettres; mais il ne nous en reste rien.

ILDEFONSE (Saint) DE TOLEDE. - Tout Chrétien à qui la gloire de Marie est chère doit une tendre reconnaissance à ce pieux Pontife, l'un de ceux qui aient répandu son culte avec le plus de zèle dans notre Europe. Saint Ildefonse naquit à Tolède en 607, d'une famille noble et distinguée. Il était neveu par sa mère d'Eugène III, archevêque de Tolède, qui prit soin de sa première éduca tion, puis l'envoya achever ses études auprès de saint Isidore de Séville. Revenu dans sa ville natale, Ildefons embrassa la vie monastique, et devint abbé de son couvent. A la mort de son oncle, il fut élu pour lui succéder, et mourut lui-même en 669, après avoir gouverné l'Eglise de Tolède pendan! neuf aus et deux mois. Sa vie fut écrite par Zixelane et Julien, qui furent l'un et l'autre

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qu'attaquer sa virginité, c'est attaquer celui qui est né de son sein; qu'il fut tout aussi facile à Jésus-Christ de conserver la virginité de sa sainte Mère, que de naître d'elle miraculeusement, et d'opérer tous ses autres miracles; que les anges ont rendu témoignage à la virginité de Marie par ces paroles: L'Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. Il invoque affectueusement la protection de Marie, se consacre à son service: « Que je sois à vous, pour être à Jésus-Christ! c'est là de tous mes vœux le plus ardent. » Serviteur de Marie, pour être le serviteur de son divin Fils! Ainsi l'honneur rendu à une reine retourne-t-il à la personne du roi!

Messe en l'honneur de la Vierge. Thomas Tamayus, dans ses notes sur la Vie de saint Ildefonse, dit que son livre De la virginité n'est autre chose que la messe qu'il composa en l'honneur de la sainte Vierge, mais on ne peut douter que ce ne soient deux onvrages différents. Le livre De la virginité comprend douze grands chapitres, dans lesquels l'auteur discute, à la manière des controversistes, la virginité perpétuelle de Marie, et l'établit par des passages de l'AnGien et du Nouveau Testament et par des raisonnements fondés sur chacun de ces textes. La messe en l'honneur de la sainte Vierge était d'autant moins susceptible de controverse et d'une aussi grande étendue, que l'auteur l'avait notée lui-même et mise en musique pour être chantée. Ajoutons que Zixelane, évêque de Tolède, distingue ces deux ouvrages, en attribuant formellement à son prédécesseur un traité de la virginité et une messe en l'honneur de la sainte Vierge.

On a publié sous le nom de saint Ildefonse un autre traité De la virginité de Marie et des homélies sur le même sujet, insérées dans le tome XII de la Bibliothèque des Pères, et dans celle des Prédicateurs de Combefis, mais que le P. Mabillon a revendiquées pour Paschase Radbert. Nous observerons, à propos de ce second traité, qu'il est écrit d'une manière moins concise et plus dogmatique, et qu'il est chargé de passages de Pères, en particulier de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Grégoire le Grand, de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Pierre de Ravenne, dont aucun n'est cité dans le premier, écrit au contraire d'un style coupé et sentencieux. D'ailleurs on y trouve plusieurs passages d'auteurs postérieurs de plusieurs siècles à saint Ildefonse. De la connaissance du baptême.

Saint IIdefonse ne dit rien de nouveau dans le livre De la connaissance du baptême, il se contente d'y ranger par ordre ce qu'il avait lu dans Jes anciens qui avaient écrit sur la même matière; c'est pour cette raison qu'il lui a donné ce titre. On peut diviser cet ouvrage en deux parties. La première traite des instructions que l'on doit donner à ceux que l'on prépare au baptême, et la seconde, des devoirs qu'ils ont à remplir après l'avoir reçu et de ce qu'ils doivent espérer; et à

propos de ces devoirs, il n'oublie pas les obligations contractées par les parrains el marraines envers ceux qu'ils ont tenus sur les fonts. Les jours destinés au baptême étaient ceux de Pâques et de la Pentecôte. Il semble dire qu'il y avait à Tolède des fonts baptismaux qui se remplissaient d'eux-mêmes, au moment d'administrer le baptême, et dont l'eau s'écoulait toute seule après chacune de ces solennités.

Du désert.- Par les renoncements faits dans le baptême, nous nous engageons à vivre dans ce monde comme dans un désert, où, à l'imitation des saints anachorètes, nous fermons les yeux à tous les objets capables de nous séduire et de nous entraîner dans les voluptés et les autres plaisirs défendus. Jésus-Christ, notre Sauveur, le soleil de jusNous prenons pour guide de notre conduite. tice qui éclaire nos pas, et dont la grâce nous facilite le chemin qui mène à la céleste patrie. C'est en lui seul que nous devons mettre notre espérance, puisqu'il prépare la volonté, puisqu'il donne le pouvoir, puisqu'il accorde gratuitement des mérites à ceux qui d'eux-mêmes n'en ont point, afin qu'ils lui restituent les dons qu'il leur avait faits. Saint Ildefonse fait un détail des bienfaits dont Dieu nous comble en cette vie, et rapporte un grand nombre de figures sous lesquelles ces dons et ces grâces sont marquées dans l'Ecriture, et il pose pour principe que la foi et les bonnes œuvres sont également nécessaires au salut.

Saint

Traité des écrivains ecclésiastiques. Ildefonse déclare lui-même qu'il fut porté à entreprendre ce travail par l'exemple de saint Jérôme, de Gennade et de saint Isidore, et aussi par la crainte de laisser dans l'oubli plusieurs écrivains de distinction dont il possédait les ouvrages. Il commence son catalogue par saint Grégoire le Grand, ne trouvant pas que saint Isidore de Séville eût consacré un article suffisant à la mémoire de ce savant Pontife, et le finit à Eugène le Jeune, son prédécesseur, qui avait succédé lui-même à un autre prélat du même nom. Ce livre contient en tout quatorze chapitres consacrés à rappeler les ouvrages d'autant d'ecclésiastiques. Les ouvrages de saint 1defonse avec ceux qu'on lui a supposés ont été imprimés à Paris par les soins du P. Feuardent, de l'ordre des Frères Mineurs, en 1576, et depuis dans toutes les Bibliothè ques des Pères.

INGOMARD, écrivain breton, qualifié prêtre dans quelques anciens monuments, vivait sous le règne du duc Geoffroy 1", mort en 1008, et sous celui de son fils Alain III. Il est auteur d'une généalogie des rois bretons, c'est-à-dire des princes de la Donmonée, ou partie septentrionale de cette province. On lui attribue encore une Vie de saint Judicaël, roi de la Bretagne; mais ces ouvrages n'existent plus aujourd'hui, ou sont encore ensevelis dans la poussière de quelques bibliothèques. Seulement on en trouve d'assez longs fragments dans la Chronique de

l'église de Saint-Brieuc e. dans l'Histoire de Pierre Lebaud.

INGULFE, ancien historien anglais, naquit à Londres en 1030, de parents peu favorisés des biens de la fortune, mais qui ne laissèrent pas de lui faire donner, d'abord à Westminster, puis ensuite à Oxford, une éducation dont il se montra peu reconnaissant. La médiocrité de leur fortune lui faisait peine, et il songea à les quitter pour aller briguer les honneurs à la cour des princes. En 1031, il passa la mer, et obtint la faveur de Guillaume, duc de Normandie, qui le prit pour son secrétaire. Il accompagna, en 1065, quelques seigneurs dans un pèlerinage à la terre sainte, et à son retour il prit Thabit de bénédictin dans l'abbaye de Fontenelle en Normandie, sous l'abbé Gerbert, qui Ten nomma bientôt après prieur. En 1076, Guillaume, appelé au trône d'Angleterre par le testament d'Edouard, le Confesseur, manda Ingulfe près de lui et le nomma abbé de Croyland. Pendant plusieurs années il jouit d'une grande faveur, soit auprès du roi, soit auprès de Lanfranc, archevêque de Cantorbéry. Ingulfe rebåtit son monastère qui avait d'abord été brûlé par les Danois en 870, et réparé par le pieux abbé Turketil en 946, puis consumé par un nouvel incendie en 1091. I oblint pour sa maison divers priviléges et en écrivit !'histoire sous ce titre Historia monasterii Croylandensis, ab anno 664 ad annum 1091.

Il s'étend principalement sur les ravages causés par ce dernier incendie. L'accident était arrivé la nuit; le feu s'était communiqué à la maison par les fenêtres qui étaient en bois. On ne put rien sauver, ni de la bibliothèque, composée de plus de sept cents volumes, ni des archives, quoique la salle en fût voûtée. C'est à peine si les moines purent éviter le danger; il fallut les descendre par les fenêtres de leurs cellules pour les soustraire aur atteintes de l'incendie. Ingulfe s'appliqua aussitôt à réparer ce monastère, aidé par Remi, évêque de Lincoln, et plusieurs autres dont il rapporte les noms et les qualités dans son Histoire. Il n'oublie pas surtout d'exprimer sa reconnaissance envers une pauvre veuve, nommée Julienne, qui lui donna une grande quantité de fil retors pour coudre les vêtements de ses religieux. Ives Talbois, ennemi implacable du monastère, avant appris que tous les titres en avaient été brulés, fit assigner l'abbé à prouver devant les tribunaux sa possession légitime des terres qui en composaient le domaine. Le procureur, nommé Trigas, comparut et montra des copies en langue saxonne de tous les titres et priviléges consumés dans Fincendie. Ces copies avaient échappé aux flammes, parce que l'abbé les avait confiées à Falmor, chantre de l'abbaye, pour les faire lire aux jeunes moines, et les exercer ainsi à la lecture de l'écriture saxonne, si négligée depuis l'arrivée des Normands, que les anciens mêmes ne la pouvaient plus lire. Talbois récusa ces copies comme indignes de témoigner, parce qu'elles avaient été

écrites en langue barbare; mais le procureur fit voir qu'elles avaient été confirmées par le roi Guillaume et par son fils. C'est par ce traité qu'Ingulfe finit son récit, qui n'est, à proprement parler qu'une compilation des anciennes histoires de ce monastère; mais il ne s'attache pas tellement à donner l'histoire de sa maison, qu'il n'y fasse entrer quantité de traits intéressants pour celle des rois d'Angleterre. Cette Chronique a été imprimée dans les Quinque scriptores, par sir H. Savile (Londres, in-folio, 1596), et séparément à Oxford, en 1601, et à Francfort, 1684, dans le premier volume des Rerum Anglicarum scriptores. Cette édition est la plus complète et contient les cinquante lois faites par le roi Edouard, qui ne se trouvent point dans l'édition de Savile. Ingulfe mourut en 1109.

INNOCENT I". A la mort du saint Pontife Anastase, on élut, pour lui succéder, un prêtre d'Albano, aussi recommandable par sa sagesse que par ses vertus, qui fut proclamé Pape sous le nom d'Innocent I", au mois de mai de l'an 402. L'empire d'Occident était gouverné par Honorius; l'Eglise d'Afri que était divisée par la secte des donatistes. C'était le beau temps des Chrysostome, des Jérôme et des Augustin. Le Pape Innocent fut toujours lié d'intérêt et d'opinion avec ces grands et saints personnages. Il employa tout son crédit auprès d'Honorius pour obtenir des lois sévères contre les donatistes, et fut assez heureux pour y réussir. Il appuya saint Jean Chrysostome contre les décisions du concile du Chêne, qui avait banni cet illustre évêque du siége de Constantinople. Ce fut également pendant son pontificat que le moine Pélage remplit la Palestine de ses doctrines et de ses violences. Saint Jérôme, persécuté par ses sectateurs, au nombre desquels il signala Théodore de Mopsueste et l'évêque Jean de Jérusalem, écrivit au Pape Innocent pour implorer sa médiation apostolique. Saint Augustin, qui avait découvert un des premiers le venin de cette hérésie, la dénonça aussi au siége de Rome, et les lettres de ce Pape aux évêques d'Orient forment une partie de son histoire. Plusieurs décrétales adressées aux évêques d'Italie, des Gaules et d'Espagne, attestent encore son zèle pour l'établissement du dogme, le maintien de la tradition et le respect de l'Ecriture, surtout par rapport aux sacrements de confirmation et d'extrêmeonction, ainsi que sur plusieurs points de discipline. Son pontificat fut troublé par l'invasion d'Alaric, roi des Goths, qui mit deux fois le siége devant Rome, et qui finit par la livrer au pillage. Ses ennemis l'accusent d'avoir ménagé la colère du vainqueur en tolérant le rétablissement de quelques cérémonies païennes. Baronius ie défend contre cette inculpation, qu'il appelle une calomnie de l'historien Zosime; mais l'abbé Fleury n'ose pas se prononcer. Ce qu'il y a de plus assuré, c'est que, lors du premier siége, on apaisa l'ennemi à force de présents, et que l'on fondit les idoles pour

compléter .e prix de la rançon. Saint Innocent alors quitta Rome pour aller trouver Honorius à Ravenne, et l'engagea à traiter définitivement de la paix avec Alaric. Une imprudence du préfet du prétoire, Jovius, fit rompre les négociations. Le barbare reprit les hostilités, et obligea de choisir pour empereur Attale, préfet de la ville. Les voeux et les soins d'Innocent furent inutiles. Alaric, qui s'était éloigné un moment vers les Alpes, retourna sur Rome pour la troisième fois, la prit et la livra au pillage. Le Pape ne fut pas témoin de cette catastrophe; il était encore retenu en ce moment auprès de l'empereur; et quand il revint, il ne trouva que des ruines. On le reçut comme un ange consolateur. Il ne s'occupa plus, dès lors, qu'à faire fleurir la religión, en continuant de la défendre contre les attaques de l'hérésie. Nous rapporterons dans l'analyse de ses lettres les autres actions de sa vie, qu'il termina en combattant pour la grâce de Jésus-Christ contre les pélagiens, le 12 mars de l'an 417. L'Eglise honore sa mémoire le 28 juillet.

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Ses lettres. La première des lettres du Pape Innocent est celle qu'il adressa à Anysius, évêque de Thessalonique. Il lui dit que, prenant pour règle les sentiments de ses prédécesseurs et voulant s'appliquer comme eux à honorer le mérite, il le confirmait dans le gouvernement spirituel de l'Illyrie orientale, qui lui avait été confié par les Papes Damase, Cyrice et Anastase. A Victricius, évêque de Rouen. La seconde est adressée à Victricius de Rouen, qui lui avait demandé quelques éclaircissements sur divers points de discipline, en le priant de lui marquer comment ils étaient observés dans l'Eglise romaine. Saint Innocent commence sa réponse par l'éloge de la discipline observée dans son Eglise, et exhorte Victricius à communiquer sa lettre à ses confrères, afin qu'ils fussent instruits des règles qu'ils devaient suivre. Il réduit ces règles à treize canons, dont la plupart ont été empruntés à des décrets antérieurs. Nous en rapporterons deux qui nous ont paru les plus remarquables : le troisième, qui défère au synode des évêques de la province le jugement des causes qui concernent les personnes des évêques et des clercs, suivant le décret du concile de Nicée, mais sans préjudice, toutefois, des droits de l'Eglise romaine, pour laquelle on doit avoir beaucoup d'égards dans toutes les causes, surtout dans les causes majeures, et dévolues au Saint-Siége, qui ne les juge cependant qu'après qu'elles ont été instruites par les évêques de la province; le douzième, qui regarde les vierges consacrées solennellement à Dieu, qui se seraient mariées ou laissé entraîner à la fornication. Il défend de les recevoir à la pénitence avant la mort de leur séducteur; « car, dit-il, si une femme qui, du vivant de son mari, en épouse un autre, est adultère, et n'est admise à faire pénitence qu'après que l'un des deux est mort, à plus forte raison on doit observer

la même rigueur à l'égard de celles qui, après s'être unies à un époux immortel, ont passé à des noces humaines. » Le saint Pontife termine sa lettre en observant que, si ces canons étaient suivis par tous les évêques, on ne verrait plus parmi eux autant d'ambition: les divisions cesseraient, les schismes et les hérésies seraient étouffés, et le démon n'aurait plus de prise pour attaquer le troupeau de Jésus-Christ. Au concile de Tolède. Cette lettre n'a pour but que d'éteindre le schisme auquel ce concile avait donné occasion, en conservant dans leurs dignités Symphose, Dietinius et plusieurs autres évêques, qui avaient renoncé à l'hérésie des priscillianistes pour se réunir à l'Eglise. Comme un certain nombre d'évêques blåmaient cette indulgence, le saint Pape Innocent observe que l'on ne doit pas imiter la dureté de Lucifer qui refusait de recevoir les hérétiques qui se convertissaient; mais qu'au contraire on devait faire son possible pour les faire rentrer dans le sein de l'Eglise. It parle des ordinations illicites qui s'étaient faites en Espagne contre les canons de Nicée; mais comme elles étaient en grand nombre, il excuse pour le passé, de peur d'augmenter le trouble dont cette Eglise était alors agitée, à la condition que dorénavant les clercs ordonnés contre les canons seraient déposés avec les évêques qui les auraient ordonnés. 1 demande ensuite que l'on examine les plaintes de Grégoire de Mérida, s'il en forme quelques-unes, et qu'on lui rende justice en punissant ceux qui l'auraient offensé. | déclare que l'on doit exclure de la cléricature ceux qui, après leur baptême, ont embrassé la profession des armes, et prescrit plusieurs autres règles à suivre dans le choix de ceux que l'on doit admettre aux

ordres.

A Théophile d'Alexandrie. Cette lettre est une réponse à celle que le Pape avait reçue de cet évêque, avec les actes du concile du Chêne, contre saint Jean Chrysostome. Elle est conçue en ces termes: a Mon frère Théophile, nous vous tenons dans notre communion, vous et notre frère Jean, comme nous vous l'avons déjà déclaré dans nos lettres précédentes, et nous vous répondrons la même chose toutes les fois que vous nous écrirez. Mais si l'on examine légitimement toute la part que la collusion et l'intrigue ont eue dans cette affaire, il est impossible que nous quittions sans raison la communion de notre frère Jean. Si donc vous avez confiance en notre jugement, présentez-vous au concile qui se tiendra; et, Dieu aidant, expliquez vos accusations suivant les canons de Nicée, car l'Eglise romaine n'en connaît pas d'autres. » Les autres lettres du Pape Innocent à Théophile, dont il est question dans celle-ci, ne sont pas venues jusqu'à nous.

A Exupère de Toulouse. Ce prélat l'avait consulté sur plusieurs doutes, en lui demandant sa décision sur chacun; Inuoceut lu répondit par une lettre décrétale résumée

e sept canons. Le premier confirme la loi du Pape Sirice sur le célibat des prêtres et des diacres. Toutefois il pardonne à ceux qui jusque-là ne l'ont pas observée par ignorance, à la condition pourtant qu'ils demeureront dans l'ordre où ils se trouvent, sans pouvoir passer à un ordre plus élevé; mais il veut que l'on chasse du clergé ceux qui l'ont violée avec connaissance de cause. Le Second regarde les pécheurs qui attendent à l'article de la mort pour demander la pénitence. Le saint Pontife remarque qu'on en a usé à leur égard de deux manières différentes. L'ancienne discipline, plus exigeante et plus sévère, leur accordait la pénitence sans four donner la communion; mais de son temps, dit-il, on donnait la communion aux mourants, pour ne pas imiter la dureté de Novatien, qui refusait même le pardon aux pécheurs. Le troisième canon exempte de pénitence ceux qui, en vertu de leur charge, ont fait donner la question ou même proboncé des peines capitales, parce que, les ¡uissances civiles ayant été établies de Dien pour la punition des criminels, c'est à lui seul qu'elles devront rendre compte de leurs jugements. Le quatrième canon explique ainsi la cause qui fait que l'on voit plus de femmes que d'hommes condamnées à la pénitence publique pour crime d'adultère. La ligion chrétienne, dit le saint Pontife, punit également l'adultère dans les deux sexes, mais elle le punit plus rarement dans es hommes, parce que leurs femmes les accusent moins souvent devant les évêques, et qu'on ne les prive pas aisément de la communion sur de simples soupçons. Le cinquième canon exemple de péché ceux qui sont obligés par leur charge de demander la mort d'un coupable ou de le condamner. Le sixième ordonne de chasser de l'Eglise les personnes qui se remarient après un divorce; mais il n'étend point cette peine à leurs parents ni à leurs alliés, à moins qu'ils n'aient contribué à faire ce mariage défendu. A ces décisions le Pape joint un catalogue des livres canoniques, semblable à celui que hous avons aujourd'hui, et marque à la fin quelques livres apocryphes qu'il veut que l'on condamne absolument. Ce sont ceux que Leucius avait écrits sous le nom de saint Mathias, de saint Jacques le Mineur, de saint Pierre et de saint Jean, et les deux écrits par les philosophes Nexochoride et Léonide, sous les noms de saint Thomas et de saint André.

Au clergé et au peuple de Constantinople. -Saint Innocent ayant reçu des lettres du clergé et du peuple de Constantinople, par les clercs Germain et Cassien, se servit de la même voie pour leur répondre et les consoler des afflictions et des maux qu'ils souffraient à l'occasion de saint Jean Chrysostome: «Nous ne sommes pas tellement séparés de vous, leur dit-il, que nous ne prenions aucune part à vos douleurs. Qui pourrait, sans souffrir, voir une conduite aussi injuste et aussi criminelle dans ceux qui devraient travailler avec ardeur à réta

blir la tranquillité dans l'Eglise et à reunir les esprits dans le calme et dans la paix ? Par un renversement étrange des lois les plus saintes, on arrache à des prélats innocents le gouvernement de leurs églises; et tel est l'injuste traitement que l'on fait subir aujourd'hui à Jean, votre évêque, le premier de vos frères, qui nous est si étroitement uni par les liens du sacerdoce. Comme on ne lui a objecté aucun crime, on ne lui a pas donné la liberté de se défendre, et on l'a condamné sans entendre sa justification.» Le Pape se plaint ensuite que l'on ait donné à saint Chrysostome un successeur de son vivant, et dit qu'une ordination aussi illégitime ne saurait priver un évêque du rang qu'il a reçu dans l'Eglise, et que quiconque s'empare de sa place par injustice ou par intrusion, ne peut être considéré comme un véritable évêque. En ces sortes de rencontres, ajoute-t-il, on doit prendre pour règle les canons établis dans le concile de Nicée, les seuls que l'Eglise catholique doive connaître et observer. Si l'on en produit de contraires, il est visible qu'ayant été composés par les hérétiques, les évêques catholiques doivent les rejeter, à l'imitation de ce que firent autrefois leurs prédécesseurs au concile de Sardique. Il déclare, sur la tin de sa lettre, qu'il ne connaît d'autre remède à un si grand mal que la tenue d'un concile; mais qu'en attendant sa convocation, il faut abandonner la guérison des maux que souffre l'Eglise, à la volonté de Dieu, et attendre de sa miséricorde la fin de ces désordres publics, dont le démon est l'auteur, pour éprouver la vertu et exercer la patience des fidèles.

A Aurèle et à saint Augustin. - Le saint Pontife chargea les mêmes clercs d'une lettre pleine de tendresse et de charité, pour Aarèle, évêque de Carthage, et pour saint Augustin d'Hippone. Il leur demande à l'un et à l'autre le secours de leurs prières, leur iémoignant qu'il ne les oubliait pas dans les siennes, persuadé que les prières que nous faisons en commun, les uns pour les autres, ont plus de force que celles que nous faisors en particulier. Cette lettre fut écrite vers l'an 406. On croit que ce fut en cette occasion que le prêtre Germain instruisit ces deux évêques des mauvais traitements que l'on avait fait subir à saint Jean Chrysostome, leur insinuant qu'ils étaient cause de la discorde qui s'était élevée entre le Pape Innocent et Théophile d'Alexandrie, que l'on regardait comme l'auteur de tous ces

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