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et les vertus éminentes de saint Irénée. Ils se sont servis de son autorité pour établir les vérités catholiques et repousser les erreurs enfantées par l'orgueil. Ils l'ont regardé comme un athlète plein de force et de vigueur, couvert d'armes célestes et toujours prêt au combat; mais ils lui ont aussi accordé le titre de pacifique, à cause de la douceur de ses mœurs, de la modération de su conduite, et de ses longs travaux pour procurer la paix de l'Eglise. Les modernes en ont généralement parlé avec beaucoup de respect et d'estime. Mosheim, au tome I de sou Histoire ecclésiastique, dit que les travaux de saint Irénée furent extrêmement utiles à l'Eglise, et qu'il employa sa plume contre les erreurs monstrueuses que plusieurs Chrétiens avaient adoptées. Ce que nous avons rapporté de la vie et des écrits de saint Irénée justifie parfaitement tous ces éloges. Dom Gervaise, qui l'a écrite, y a joint, à la fin, une apologie pour justifier le saint évêque de Lyon des calomnies des écrivains protestants, et même de quelques nouveaux docteurs catholiques. Saint Irénée écrivit en grec, qui était sa langue naturelle; mais ses écrits ne tardèrent pas à être traduits en latin, et cette traduction était même nécessaire de son temps, à cause des marcosiens qui infestaient alors les Gaules, où le grec n'était entendu que de peu de personnes. L'auteur de cette version est inconnu; ce qu'on en peut dire, c'est qu'il paraît avoir vécu du temps même de saint Irénée, puisque Tertullien, qui cite les paroles de notre saint docteur, suit presque mot à mot la traduction latine telle que nous l'avons aujourd'hui. Le style en est rude, grossier, mal poli, difficile, embarrassé, diffus, et ne conserve presque rien de la beauté de l'original grec, qui, au jugement de saint Jérôme, était aussi remarquable par l'érudition que par l'éloquence. Les oeuvres de saint Irénée ont été recueillies et publiées par Erasme, en 1526, et par Feuardent, en 1596. Grabe les fit réimprimer à Oxford, en 1702; mais on l'accuse d'avoir souvent altéré le texte et défiguré le vrai sens par des notes conformes aux opinions des protestants. Dom René Massuet en donna une édition excellente à Paris, en 1710, et ce fut cinq ans plus tard que Pfaff publia les quatre fragments qu'il avait découverts dans la bibliothèque de Turin. C'est sur l'édition de dom Massuet que ces œuvres ont été reproduites dans le Cours complet de Patrologie.

IRÉNÉE (Saint) DE SIRMIUM. - Nous ne consacrons ici quelques lignes au saint martyr Irénée, que parce qu'on nous a conservé sa confession authentique, et la belle prière qu'il adressa à Jésus-Christ, avant de recevoir le coup de la mort. Saint Irénée était évêque de Sirmium dans la basse Pannonie, en 304. Les édits de persécution ayant été publiés dans sa province, il fut arrêté et conduit au gouverneur Probus qui lui dit : « Les lois divines obligent tous les hommes à sacrifier aux dieux. Le feu de l'enfer sera le partage de quiconque

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leuroffre des sacrifices. - L'édit des empereurs très-cléments, porte que l'on sacrifiera aux dieux ou que l'on subira la peine décernée contre les réfractaires. La loi de mon Dieu m'ordonne de subir toutes sortes de tourments plutôt que de sacrifier. Ou sacrifiez, ou je vous ferai mettre à la torture. - Vous ne sauriez me faire un plus grand plaisir, puisque par là vous me rendrez participant des souffrances de mon Sauveur. » Le gouverneur l'ayant fait étendre sur un chevalet lui dit : « Eb bien, Irénée, sacrifierez-vous maintenant? - Je sacrifie à mon Dieu en confessant aujourd'hui son saint nom. » Pendant qu'il était ainsi livré à une cruelle torture, sa mère, sa femme et ses enfants étaient autour de lui, fondant en larmes; ses enfants lui embrassaient les pieds en lui criant: Mon père, ayez pitié de vous et de nous. Sa femme s'étant jetée à son cou le conjurait de se conserver pour elle et pour eux. Sa mère poussait d'une voix cassée des cris déchirants auxquels se mêlaient les gémissements de ses domestiques, de ses voisins et de ses amis, de sorte qu'autour du chevalet, ce n'était que plaintes et que lamentations. La constance d'Irénée n'en fut pas ébranlée. Si quelqu'un me renonce devant les hommes, répondait-il, je le renoncerai devant mon Père qui est dans le ciel; et il disait la même chose à chaque nouvel assaut que lui livrait sa famille. « Quoi! lui dit Probus étonné, seriez-vous donc insensible à tant de douleur et d'affection? Il n'est pas indigne d'un grand courage de se laisser attendrir; sacrifiez donc et ne vous perdez pas à la fleur de l'âge. C'est pour ne pas me perdre que je refuse de sacrifier. » Làdessus, il fut envoyé en prison où le gouverneur le fit tourmenter à plusieurs reprises. Quelques jours après il le fit compa raître de nouveau, et voyant qu'il ne pouvait le gagner par la douceur, il employa la violence et lui fit donner un grand nom bre de coups de bâton. Il lui demanda ensuite, ce qu'il savait déjà bien, s'il était marié et s'il avait des enfants. Irénée ayant répondu négativement à toutes ces questions, Probus lui dit:-« Mais qui étaient donc alors ces gens que l'on voyait naguère si affligés de votre sort? Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit: Celui qui aime son père ou sa mère, sa femme ou ses enfants, ses frères ou ses proches plus que moi, n'est pas digne de moi. Aussi lorsque je lève les yeux au ciel, vers le Dieu que j'adore, et que je pense aux promesses qu'il a faites à ceux qui le servent fidèlement, j'oublie que je suis père, mari, fils, maître et ami. Mais vous n'en êtes pas moins tout cela sacrifiez donc par amour pour ceux qui vous sont si chers. -Mes enfants ne perdront pas beaucoup d ma mort; je leur laisse pour père le Dieu qu'ils adorent avec moi; ainsi vous pouvez exécuter les ordres de l'empereur. — Je vous le dis pour la dernière fois, obéissez, autrement je serai forcé de vous condamner. Vous ne sauriez me faire un plus grand plaisir » Alors Probus prononçà cette sen

tence: « Nous ordonnons qu'Irénée, pour s'être rendu réfractaire à l'édit des empereurs, soit jeté dans le fleuve. Après tant de menaces, je m'attendais à un supplice extraordinaire, et vous vous contentez de me faire noyer. En agissant ainsi, vous me faites tort, parce que vous me privez de l'occasion de montrer au monde que les Chrétiens qui ont une foi vive méprisent la mort, sous quelque forme qu'elle se présente. » Probus se croyant bravé, ajouta à sa sentence qu'Irénée avant d'être précipité dans le fleuve, aurait la tête tranchée; et le martyr rendit grâces à Dieu de ce qu'il le faisait arriver à la gloire par un chemin ensanglanté. Lorsqu'il fut arrivé sur le pont de Diane, d'où il devait être précipité dans le fleuve, il ôta sa robe et fit cette prière Seigneur Jésus qui avez daigné souffrir la mort pour le salut des hommes, commandez que le ciel s'ouvre et que les anges viennent recevoir l'âme de votre serviteur Irénée, qui donne sa vie pour la gloire de votre nom, et pour votre sainte Eglise de Sirmium. Il reçut ensuite le coup de hache qui sépara sa tête de son corps, et fut précipité dans la Save, le 25 mars 304.

IRÉNÉE, comte de 'empire du temps de Théodose le Jeune, assista en son nom au concile général d'Ephèse qui se tint en 431, et fut un des protecteurs de Nestorius. Ce fut lui que les Orientaux, assemblés à Ephèse, prièrent d'aller défendre leur cause auprès de l'empereur, pour qui ils lui donnèrent deux lettres. Mais Irénée fut prévenu par les députés du concile, qui arrivèrent à Constantinople trois jours avant lui et eurent assez de temps pour persuader à tout le monde et même aux plus grands de la cour, que la déposition de Nestorius s'était faite suivant toutes les formalités de la justice. Irénée, honteux de n'avoir pu réussir dans sa commission, ne trouva pas d'autre moyen de se consoler avec ceux de son parti qu'en décriant la conduite que les députés du concile avaient tenue à Conslantinople, en cette circonstance, ajoutant que pour lui il avait même eu peine à pouvoir y entrer. Nous avons encore dans l'Appendice des conciles la lettre qu'il écrivit sur ce sujet à ceux qui l'avaient envoyé. Son attachement à Nestorius lui avait attiré la disgrâce de l'empereur qui le relégua en 435 à Petra, avec ordre au préfet Isidore de confisquer tous ses biens, en réservant toutefois ce qui serait nécessaire pour le conduire au lieu de son exil. Ce fut là ap. paremment qu'il composa son ouvrage intitulé Tragédie. Il est au moins certain qu'il le fit comme il n'était encore que laïc. Cet ouvrage est divisé en plusieurs livres d'où sont tirées presque toutes les pièces qui composent le recueil synodique, publié d'abord par le P. Lupus et ensuite par Baluze et Garnier dans l'Appendice des conciles. Le but du comte Irénée est d'y justifier Nestorius et ceux qui étaient demeurés attachés à son parti jusqu'à la fin, entre autres Alexandre d'Hiéraples dont il parle toujours

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avec éloge. Une parue de cet ouvrage est employée à rapporter ce qui se passa à Alexandrie, dans la négociation de la paix qui fut conclue en 433. L'auteur s'y défend avec une certaine énergie, et condamne non-seulement saint Cyrille et les Egyptiens, mais encore Jean d'Antioche et tous les' évêques d'Orient qui étaient entrés dans la paix; et loue avec une obstination surprenante ceux qui continuaient à demeurer séparés de l'Eglise. Il ne le publia qu'après les troubles qui s'élevèrent à propos de Théodore de Mopsueste, en 437 ou 438. Mais ayant obtenu sa liberté et son rappel, en rentrant dans la communion de l'Eglise, Irénée fut fait évêque de Tyr, par Domnus d'Antioche. ISAAC D'ANTIOCHE. Isaac, surnommé le Grand et quelquefois l'Ancien, était prêtre de l'Eglise d'Antioche, et se rendit célèbre sous le règne de Théodose le Jeune et de Marcien. Il avait eu pour maître Zénobius, disciple de saint Ephrem, et non pas saint Ephrem lui-même, puisqu'il était mort dès l'an 379. L'auteur de la Chronique d'Edesse donne à Isaac la qualité d'archimandrite ou d'abbé, mais sans marquer de quel monastère; cependant il paraît par quelques monuments syriens qu'il était situé à Gabula, dans la Comagène, sur les bords de l'Euphrate, ou plutôt à Gabula de Phénicie. On ne sait combien de temps vécut l'abbé Isaac; mais on ne peut placer sa mort avant l'an 460, puisqu'il a fait un poëme sur la ruine d'Antioche, arrivée en 459. On l'a quelquefois confondu avec un autre Isaac, surnommé le Ninivite, qui nous a laissé sur le mépris du monde quelques discours insérés dans la Bibliothèque des Pères; mais celui-ci était évêque, tandis qu'Isaac le Grand n'eut jamais d'autre dignité dans l'Eglise que celle du

sacerdoce.

SES ÉCRITS. Il avait composé en langue syriaque, plusieurs ouvrages dont Gennade établit ainsi le catalogue: Deux Livres contre les nestoriens et les eutychéens; — une Exhortation à la vie spirituelle; - un Livre du combat des vices; un Livre de l'accès à Dieu; un autre De la difficulté de pratiquer les vertus; un Dialogue de l'avancement spirituel ; - un Livre de l'ordre monastique;-un Traité de l'humilité; - un Traité des trois ordres de ceux qui s'avancent dans la perfection;-un De la solitude des moines; un Des différentes tentations; un De l'instruc— tion des novices; un autre De la pénitence; et un poëme où il déplorait la ruine de la ville d'Antioche, comme saint Ephrem avait pleuré celle de Nicomédie. Gennade, qui avait vu ces traités et qui en cite le commencement, ajoute que cet auteur avait encore composé quelques homélies, qui n'étaient point tombées entre ses mains. Il ne nous reste plus aujourd'hui que quelques fragments des ouvrages polémiques de l'abbé Isaac, les Syriens, qui étaient presque tous partisans des erreurs de Nestorius et d'Eutychès, ne s'étant pas mis en peine de conserver des écrits quiles combattaient. Mais deux manuscrits de la bibliothèque du

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Vatican contiennent, l'un soixante, et l'autre quarante-quatre de ses sermons sur différentes matières. Plusieurs sont adressés aux moines, et traitent de la perfection à laquelle ils doivent tendre. - Dans le septième, où il parle du culte des reliques et de l'observation des fêtes, il remarque que, outre le dimanche, plusieurs Chrétiens chômaient encore le vendredi en l'honneur de la Passion. Le huitième fut prononcé à l'occasion d'une comète qui parut en forme de lance, et Isaac dit qu'elle était un signe de tremblement de terre qui arriva peu de temps après. Dans le neuvième, il combat les erreurs de son temps sur le mystère de l'Incarnation: mais d'une manière qui pourrait faire supposer qu'il donnait dans les erreurs opposées. Toutefois ses expressions sont d'autant plus susceptibles d'une bonne interprétation, qu'il s'explique nettement ailleurs sur les deux natures et sur l'unité de personne en Jésus-Christ. Il établit dans ce discours la vérité de la présence réelle au sacrement de l'Eucharistie, en confessant que le corps qui paraît mort sur l'autel et que l'on sert comme nourriture aux fidèles, est le corps de Dieu, et ce qui est dans le calice, le sang du Rédempteur. Il enseigne dans le dixième, que l'on doit baptiser les enfants aussitôt après leur naissance, afin que l'ennemi tremble de frayeur en voyant le signe sacré imprimé sur leur corps; tant que l'enfant n'est pas baptisé, il n'est pas permis à sa mère qui a reçu le baptême, de l'allaiter, parce qu'il ne doit pas se nourrir d'un lait qui est formé ou accru par l'Eucharistie; d'où il conclut qu'il faut baptiser les enfants au sortir du sein de leur mère. — Il montre dans le vingt-troisième, que JésusChrist, en tant qu'il est Dieu, n'est point sujet aux souffrances; et dans le vingt et unième, que le démon n'a de pouvoir sur l'homme qu'autant que Dieu le lui permet, et que l'homme est libre de consentir ou de résister à ses suggestions. Il paraît par le trente-sixième, intitulé: Des rogations, qu'il y avait des jours institués. pour des prières publiques, dans lesquels on s'efforçait de fléchir la colère de Dieu. Le calendrier des maronites fixe une de ces solennités qui s'observait dans l'Eglise d'Antioche, au 24 janvier. Dans les trentecinquième et trente-sixième discours sur le jeûne du carême, il exhorte les vieillards à imiter le jeune de Moïse; les moines, celui d'Elie; les jeunes gens, celui des trois jeunes hommes de Babylone et de Daniel; les vierges, celui de la Mère de Dieu, et les personnes mariées, celui d'Esther. « Si vous n'êtes pas assez forts pour vous abstenir de vin, dit-il, abstenez-vous de l'iniquité et de la rapine, et alors le souverain juge ne vous condamnera pas pour avoir bu du vin. »> Dans le cinquante-troisième, intitulé: De la foi, il établit la consubstantialité des trois personnes qu'il tâche de rendre croyable par des exemples tirés des créatures, savoir du soleil, de l'âme et d'un caillou d'où l'on fait jaillir du feu. Le cinquante-septième Le cinquante-septième

est une prière composée à l'occasion de la persécution que Varannes, roi des Perses, fit souffrir aux Chrétiens, en 421, après son expédition contre les Romains. Il fait voir dans le cinquante-neuvième contre les novatiens, que l'homme tombé peut recouvrer son innocence, aussi bien par la pénitence que par le baptême. Dans le soixantdeuxième, il déplore les calamités de son temps, les incursions des Huns et des Arabes; la famine, la peste et le tremblement de terre arrivé à Antioche. - I avertit les prêtres, dans le soixante-cinquième, d'user rarement de l'excommunication envers les pécheurs, mais de leur imposer souvent des pénitences corporelles. Il y a six sermons sur la Passion, et il déclare dans l'un de ces discours, que tous les sacrements de l'Eglise sont sortis du côté de Jésus-Christ quand il fut percé d'une lance. - Le soixante-treizième, attribué à saint Ephrem, dans l'office férial des maronites, porte le nom d'Isaac dans le manuscrit du Vatican. C'est une prière en vers de cinq syllabes, ce qui a fait juger à Assémaui qu'elle est plutôt du Syrien Balous dont tous les ouvrages sout versifiés sur cette mesure. Selon le même critique, quoique le quatre-vingt-quatrième discours sur la Trinité et l'Incarnation soit sans nom d'auteur, le style annonce assez clairement qu'il est d'Isaac. Il cite un manuscrit qui attribue à saint Ephrem le poëme intitulé: Des prêtres et des diacres qui sont morts; autrement, De la crainte de Dieu et de la mort, ainsi que le discours cent et unième qui traite aussi des morts. Il remarque encore que les maronites out dans leur office du Jeudi saint deux hymnes sous le nom d'Isaac, et que Jean Maron, dans sou Traité contre les eutychiens et les nestoriens, cite de lui deux discours qui ne se trouvent point dans les manuscrits du Vatican. Dans le premier qui a pour titre : Du char d'E:6chiel, Isaac établissait clairement la doctrine des deux natures et d'une seule personne en Jésus-Christ, et il faisait la même chose dans le second qui traitait aussi de l'Incarnation. Nous n'avons pas besoin d'avertir nos lecteurs que toute cette analyse plutôt bibliographique que critique, est faite sur les fragments des discours d'Isaac, publiés dans le tome 1" de la Bibliothèque orientale d'Assémani.

ISAAC était Juif d'origine, mais ayant eu connaissance de la religion chrétienne l l'embrassa, comme l'atteste le manuscrit sur lequel le P. Sirmond nous a donné son ouvrage, intitulé: Livre de la foi de la sainte Trinité et de l'Incarnation du Seigneur. Les anciens ont peu connu cet écrivain, et Gennade le placé parmi les auteurs qui ont paru un peu avant la fin du iv siècle; ce qui donne lieu de conjecturer que c'est le même Isaac que la faction d'Ursin suborna pour l'engager à poursuivre le Pape Damase de diverses calomnies; car cet Isaac était Juif de naissance, et avait quitté les superstitions judaïques pour se faire Chrétien. Depuis, la crainte d'une profanation ne l'empêcha point d'apos

tasier pour retourner à la Synagogue. Comme il ne ut prouver les crimes dont il avait chargé Damase, il fut puni de ses calomnies et relégué en Espagne. Son Livre de la foi est d'un style traînant, obscur et embarrassé. Il y établit, par divers raisonnements, le mystère de la Trinité, et montre que les trois personnes, quoique distinguées entre elles par leurs propriétés singulières ne forment toutefois qu'une seule Divinité; que le Fils est égal et co-éternel au Père, et que le Père, le Fils et le Saint-Esprit n'ont tous les trois qu'une même substance. I prouve aussi que dans l'Incarnation, le Fils de Dieu s'est formé un corps de la substance de Marie, et qu'en Jésus-Christ, les deux natures, divine et humaine, subsistent et ne forment que la personne du Fils unique de Dieu.

ISAAC, évêque de Ninive à la fin du Vi siècle, se démit de l'épi-copat pour se faire moine. Les écrivains syriens lui attribient plusieurs discours, la plupart adressés a des anachorètes. Ces discours sont partagés en quatre livres dans les manuscrits. Quelques-uns lui font honneur d'un cinquième livre de discours sur tous les points de doctrine que chaque Chrétien est obligé de savoir; inais d'autres croient que ce dernier livre est plutôt l'ouvrage d'un autre Isaac, né à Edesse, dont il devint évêque à peu près dans le même temps.

ISAAC, surnommé le Bon à cause de sa douceur naturelle et de son inclination bienaisante, fut disciple d'Hilduin à l'abbaye de Saint-Germain de Paris, puis diacre de Parqulus dans l'église de Laon, et enfin nommé évêque de Langres, au plus tard en 856. Troublé dans la possession de son siége par un sous-diacre de sa propre Eglise, nommé Auscaire, il obtint le repos par la condamnation de cet ambitieux, au concile de Savonnières, en 859. Il assista à presque tous les autres conciles qui se tinrent en France, jusqu'à celui de Troyes en 878. Ayant en repris un voyage à Reims, il fut arrêté à Chalons par une maladie qui l'emporta presque subitement le 18 juillet 880.

On possède de ce. pieux prélat un recueil de canons, qui montre que malgré sa grande réputation de douceur, il ne manquait ni de courage ni de fermeté pour maintenir la vigueur de la discipline. En tête se lit une petite préface, dans laquelle il rend compte de son dessein et des motifs qui le lui ont fait entreprendre. L'indocilité de son clergé et de son peuple, jointe au mépris qu'ils faisaient de ses exhortations, furent une des Causes principales qui le déterminèrent. Il espérait concilier plus de respect à ses insructions en les appuyant de l'autorité des deux puissances. Pour former son recueil,

eut recours aux décrets que saint Boniface, archevêque de Mayence et légat du Saint-Siége, de concert avec le roi Carloman, publia dans deux conciles, et qui furent confirmés par le Pape Zacharie en 742. Toutefois, quoiqu'il n'indique que cette source, on peut dire qu'il puisa peut-être plus en

core dans les capitulaires de nos rois et particulièrement dans les trois livres ajoutés par le diacre Benoît à la collection d'Anségise. Nous avons peu de recueils de canons de ce temps-là plus volumineux et plus détaillés que celui de l'évêque Isaac. H est divisé en onze titres, et chaque titre en plusieurs articles ou capitules. Le premier titre est employé à traiter des pénitents; et il résulte de plusieurs passages, qu'à cette époque la pénitence publique était encore en usage dans l'Eglise de France. Les sept titres suivants roulent sur les crimes capitaux, l'homicide, l'adultère, l'inceste, le rapt, le pillage, le sacrilége, le serment. Le neuvième traite des excommuniés, le dixième des prêtres, et le onzième des différents sujets qui regardent le clergé et le peuple. Ce recueil a été publié par le P. Sirmond, dans le tome IX des Conciles de France, et par Baluze, dans le tome I" des Capitulaires.

ISAAC, évêque arménien, chassé de son Eglise pour avoir abandonné la communion des autres évêques ses compatriotes, composa contre eux quelques écrits, dans lesquels il combat leurs erreurs. Dans le premier, qu'il publia vers l'an 1130, il les accuse principalement de partager l'hérésie des aphtartadicites, qui consistait à croire que le corps de Jésus-Christ n'avait pas été semblable aux nôtres, mais qu'il avait pris un corps impassible, immortel, incréé, invisible de sa nature; que par l'incarnation il avait été changé en la nature divine, laquelle l'avait absorbé, comme une goutte de miel jetée dans la mer se trouve mêlée à l'eau jusqu'à disparaître entièrement. En conséquence de ce principe erroné, au lieu de désigner les saints mystères, et particulièrement celui de l'Eucharistie, par le nom de sacrifice du corps de Jésus-Christ, ils ne le représentaient que comme une immolation mystique de la Divinité. L'auteur les réfute par des passages de l'Ecriture et par plusieurs témoignages empruntés aux écrits de saint Athanase et de saint Cyrille d'Alexandrie. Il les reprend ensuite de diverses infractions à la discipline, qu'il leur reproche comme autant d'hérésies. Entre autres choses, il leur fait un crime de ne célébrer la fête de l'Annonciation dans aucun mois de l'année, sous prétexte que la sainte Vierge n'a point conçu au mois de mars; Isaac soutient qu'elle a conçu le 25 de ce mois, et s'efforce de le prouver par des témoignages d'Eusèbe, de saint Athanase et de saint Chrysostome; mais ces preuves sont extraites d ouvrages supposés. Il leur reproche encore de se servir de pain azyme dans le saint sacrifice. Il combat cet usage et prétend que Jésus-Christ s'est servi de pain levé dans l'institution de l'Eucharistie; et que quand bien même il se serait servi de pain azyme, ce ne serait pas une raison de l'imiter, puisque l'Eglise observe, dans la célébration des saints mystères, plusieurs choses qui ne sout pas entièrement conformes aux pratiques suivies par Jésus-Christ, et il en rapporte plusieurs exemples. I les reprend

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a vec raison de leur manque de respect pour le signe de la croix, et les accuse de réunir trois croix ensemble pour les adorer sous le nom de Trinité. Enfin il leur reproche d'observer un jeûne appelé artsbure dans la * semaine qui précède celle de la tyrophagie, et dans laquelle les Grecs s'abstenaient de viande et de laitage. Isaac combat cette pralique comme une superstition, et réfute les raisons sur lesquelles ils appuyaient l'origine de ce jeûne. Il les exhorte enfin à quitter ces erreurs et à renoncer à des pratiques contraires à la foi et à la discipline établie dans l'Eglise par les couciles et les évêques de Rome.

Le second traité d'Isaac contre les armé niens est moins étendu que le premier. Il y combat jusqu'à vingt-neuf chefs d'hérésies, dont la plupart se rapportent à celles que nous venons de remarquer, et qui sont moins des erreurs dogmatiques que des fautes contre la discipline. Nous remarquerons entre autres les reproches qu'il leur fait de composer leurs saintes huiles de graine de navette et non pas d'olives, comme cela se pratiquait partout, et de ne donner aucune onction aux nouveaux baptisés; de s'approcher de l'autel avec leurs habits ordinaires, et de rester la tête couverte pendant la célébration de l'office divin; et enfin d'imiter les Juifs, en mangeant le jour de Pâques un agneau, du sang duquel ils frottaient l'entrée de leurs maisons et gardaient le reste pour servir aux bénédictions. Il paraît que dans cette cérémonie ils teignaient en rouge une victime qu'ils amenaient à la porte de l'Eglise, où elle était immolée. Ce fut à peu près vers le même temps que les arméniens députèrent à Rome vers le Pape Eugène III pour entrer en union avec l'Eglise latine, dont ils suivaient la pratique dans l'usage des azymes et dans quelques autres points encore. Cette légation a été rapportée par Othon de Fresinghen. Nous remarquons avec regret qu'en combattant les erreurs des arméniens, l'évêque Isaac ne se fait pas scrupule d'y mêler les siennes.

ISAAC, abbé de l'Etoile. Isaac, naquit en Angleterre et y embrassa la vie religieuse dans un monastère de l'ordre de Citeaux. Après avoir été suffisamment éprouvé dans cette maison, il fut envoyé par ses supérieurs, pour en fonder une autre, dans une ile dont on ignore également et le nom et la position. De là il passa en France en 1147, et devint abbé de l'Etoile au diocèse de Poitiers. L'histoire ne nous apprend aucun détail de son administration, mais les lumières et la piété qui règnent dans ses écrits donnent lieu de présumer qu'elle fut trèssage. L'année de sa mort est incertaine ; il vivait encore en 1155, et Valise, son successeur, ne commence à paraître dans les archives de cette communauté qu'en 1169.

Isaac tient un des premiers rangs parmi les écrivains de son ordre, moins par le nombre que par le mérite de ses ouvrages. Dom Bertrand Tissier les a presque tous

recueillis dans le VI volume de la Bibliothèque de Citeaux. Ce sont:

1 Des sermons au nombre de cent cinquante-deux dont les six premiers roulent. sur la Toussaint; les trente-un suivants ont pour objet les évangiles des dimanches depuis l'Epiphanie jusqu'à Pâques; à quoi succèdent deux sermons sur la Résurrection, un sur l'Ascension, trois sur la Pentecôte, trois sur la fête de saint Jean-Baptiste, deux sur celle de saint Pierre et saint Paul, trois sur l'Assomption et un sur la Nativité de la sainte Vierge.

Dans le premier sermon sur le troisième dimanche après l'Epiphanie, l'auteur expliquant ces paroles du Sauveur : Je le veur, soyez guéri; allez vous montrer au prélre, dit : « L'Eglise ne peut rien remettre sans Jésus-Christ, et Jésus-Christ ne veut rien remettre sans l'Eglise. Elle ne peut rien remettre qu'au pénitent, c'est-à-dire à celui que Jésus-Christ a touché, et Jésus-Christ ne veut rien remettre à celui qui a méprisé son Eglise. Comme tout-puissant il peut faire tout par lui-même, baptiser, consacrer l'Eucharistie, ordonner, absoudre et autres choses semblables; mais l'humble et fidèle époux ne veut rien faire sans son épouse. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a joint. Je dis que ce sacrement est grand en Jésus-Christ et dans l'Eglise. Ne retranchez donc point du corps la tête, de manière que le Christ ne soit nulle part entier Car le Christ n'est nulle part tout entier sans l'Eglise, comme l'Eglise n'est nulle part tout entière sans le Christ, altendu que, dans son intégrité, le Christ est composé d'une tête et d'un corps. C'est là cet homme unique qui remet les péchés, qui tout d'abord touche intérieurement afin d'opérer la pénitence du cœur, et ensuite renvoye pour la confession de bouche au prêtre, lequel renvoye lui-même à Dieu pour 'offrande de la satisfaction. Ces trois choses produisent la parfaite guérison, savoir, la contrition, la confession de bouche et la satisfaction des œuvres, de sorte qu'avant cela personne ne peut se dire guéri. »

Dans un autre sermon, Isaac dépeint ainsi la situation du monastère qu'il gouvernait alors: « C'est pour vous soustraire entièrement au monde, mes frères, que par un dessein bien entendu nous vous avons ame nés dans cette solitude reculée, aride, désagréable, où vous pouvez être humbles et ne pouvez être riches; dans cette solitude, dis-je, placée fort avani dans la mer, et qui n'a presque nul commerce avec le reste de la terre, afin que privés de toute consolation séculière et presque de tout secours humain, vous oubliez entièrement le monde, vous pour qui, à l'exception de cette petite ile, la plus éloignée du continent, il n'y a plus de monde nulle part. » Ce texte ne désigne certainement pas l'abbaye de l'Etoile, qui n'est point dans une ile, et ne peut convenir qu'au oremier monastère dont Isaac fut abbé.

Le début du septième des neuf sermons

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