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aujourd'hui comme auteur d'une Collection de sentences choisies des anciens pour l'instruction de la jeunesse. La préface, le seul morceau qu'on ait imprimé et qui mérite d'être lu, porte en tête le nom de Jean surnommé l'Homme de Dieu. Elle est bien écrite pour le temps, et conserve quelque ressemblance avec le style de Jean de Fécamp, qui, du reste, se plaisait beaucoup à extraire ainsi les écrits des anciens. Mais on croit devoir l'attribuer, avec bien plus de fondement, à l'abbé de Frutare; et la raison qui en fait juger ainsi, c'est qu'un auteur contemporain nous apprend que cet abbé avait été surnommé Homme de Dieu par le fondateur de Frutare, le bienheureux Guillaume lui-même. Du reste, cette opinion pourrait encore tirer quelques chances de probabilité dans le peu de distance qui se trouve entre l'abbaye de Frutare et celle de Talaire, où fut découvert le manuscrit du collecteur.

JEAN, diacre et moine de Saint-Ouen, dans la seconde moitié du xr siècle, commença, dès l'âge de vingt ans, à se signaler par des écrits dont quelques-uns sont venus jusqu'à nous. Mais ce qui lui est plus honorable encore que ses ouvrages, c'est le choix que l'on fit de lui pour tenir la plume et remplir les fonctions de secrétaire dans le concile présidé à Reims, en 1119, par le Pape Calixte II. Cette glorieuse époque prouve qu'on ne peut placer sa mort, dont le temps est incertain, avant cette année. Jean n'avait que vingt ans lorsqu'il composa, en prose et en vers, la Vie de saint Nicolas. A l'âge de vingt-cinq ans, il fit des additions en vers et en prose rimée à la Vie de saint Ouen, composée par un anonyme du vin siècle, et versifiée déjà par le moine Thierry, son comtemporain et son confrère. Ces additions consistent dans le récit de quelques miracles qui avaient été omis par cet écrivain. — On croit que le moine Jean pourrait bien être l'auteur de plusieurs discours ou sermons qui, ainsi que beaucoup d'autres ouvrages, se trouvent recueillis dans un fort beau manuscrit de l'ancienne abbaye de Saint-Ouen, qui paraît avoir au moins sept cents ans d'antiquité. Dom Martène en a publié quatre pièces, du nombre de celles que Ton croit appartenir au moine Jean, sans toutefois les lui attribuer positivement, ni les lui contester. Ces pièces sont quatre discours; le premier, sur la translation de saint Ouen, en 918; le second, sur une autre translation du même saint, dont le corps, pour la troisième fois, se retrouva entier et sans aucune altération. Le troisième discours porte ce titre : Translation de saint Nicaise, martyr, et de ses compagnons, saint Quirin, prêtre, et saint Scuricul, diacre. Enfin le quatrième est un sermon sur la fête des saints, dont on conservait alors les reliques dans T'abbaye de Saint-Ouen, et qui ont été brûlées depuis par la fureur des calvinistes. Si le inoine Jean est auteur du troisième de ces discours, comme le P. Pommeraye semble l'affirmer, on ne peut lui en contester aucun.

Ils sont si semblables par le style et par tout ce qui peut caractériser un écrivain, que lui en accorder un seul, c'est le reconnaître auteur des trois autres. Du reste, ces discours sont moins des sermons que des relations historiques des translations de saint Ouen et de saint Nicaise et des différents événements qui les ont signalées.

JEAN DE REIMS, ainsi nommé du lieu de sa naissance, après avoir fait dans cette ville des études distinguées, se retira, pendant quelque temps, à la cour de Guillaume le Conquérant, puis, de là, à l'abbaye de SaintEvroul, où il fut placé par le grand sénéchal Raoul de Montpinçon, vers l'an 1077. Jean était jeune, habile dans les lettres, et il n'est pas douteux qu'il n'ait été chargé de les enseigner dans ce monastère, puisque Orderic Vital se glorifie d'avoir été son disciple. Dans la suite il occupa la place de sousprieur, et il édifia longtemps ses frères, aussi bien par ses exemples que par ses discours. Son abbé, qui connaissait ses talents, s'était déchargé sur lui du soin de faire ses instructions. Il s'en acquitta avec un zèle habile et une prudence pleine de discrétion. Il était doué d'un esprit vif, pénétrant, ennemi de l'oisiveté et infatigable. Tant qu'il vécut, il ne cessa de s'appliquer à la lecture et à l'étude. Il écrivait avec une égale facilité sur toute sorte de sujets, et il paraît que ses talents ne se bornaient pas seulement aux sciences, puisqu'il s'acquitta avec succès d'une mission délicate dont son abbé l'avait chargé à la cour d'Urbain II. Il passa les sept dernières années de sa vie en proie à une maladie cruelle, qu'il supporta avec une parfaite résignation, et mourut le 23 mars 1125.

Jean a composé un grand nombre d'ouvrages, la plupart en prose, qui n'ont pas encore été publiés, et qui probablement ne le seront jamais. Il faut en excepter pourtant l'épitaphe de Pierre, seigneur de Maulia et bienfaiteur de Saint-Evroul, laquelle a été insérée par Orderic Vital dans son Histoire. Elle consiste en douze vers hexamètres, assez plats, tant pour la versification que pour les pensées, et qui dénotent un poëte fort médiocre, même pour le siècle où il vivait. On conserve sous son nom, parmi les manuscrits de Saint-Evroul, 1° un Poëme sur la sainte Vierge, composé selon l'ordre des lettres de l'alphabet; 2° un autre poëme adressé à l'abbé Guarin, dans lequel l'auteur fait l'histoire des premiers abbés de son monastère, de son rétablissement et des donations faites par les princes, seigneurs et autres personnes de piété ; 3° une Vie en prose de saint Evroul: Orderic Vital, qui n'a pas connu cette Vie, fait mention d'une autre, écrite en vers et dédiée à Raoul, son métropolitain; 4 un Poëme sur la passion du Sauveur; 5° un autre poëme sur toute la vie de Jésus-Christ, lequel n'est autre chose qu'une Histoire évangéligue, ou Gestes et miracles de Jésus-Christ; 6° un Poëme sur saint Valentin, martyr; 7° la Vie en vers de sainte Marie Egyptienne; 8° des gloses sur le Psautier, sous ce titre : Psal

terium glossatum; 9° un Recueil des passages des saints Pères sur Dieu, la Trinité, l'Incarnation, les anges, les hommes, les preuves de la foi et les hérésies opposées; 10° sur la manière d'entendre et d'expliquer l'Ecriture sainte; 11° des Explications allégoriques de plusieurs animaux; 12° un écrit intitulé : Avec quel soin il faut éviter la compagnie et la familiarité des femmes. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, auxquels nous empruntons cette énumération des ouvrages composés par Jean de Reims, donnent à entendre qu'il pourrait s'en trouver un grand nombre d'autres encore parmi les anciens manuscrits de Saint-Evroul. On voit par là que c'est avec fondement qu'Orderic Vital le représente comme un homme infatigable au travail et continuellement appliqué à la lecture et à l'étude.

JEAN, moine de Sardaigne à la fin du XI' siècle, ne nous est connu que par une lettre qu'il écrivit à Richard, cardinal et abbé de Saint-Victor de Marseille. Il lui demande comment il doit se conduire envers un juge nommé Torquitor, que le Pape Alexandre II avait excommunié, et qui ne voulait pas se corriger des fautes pour lesquelles il avait encouru cette censure, malgré tous les mouvements que le légat du Pape et les évêques de Sardaigne rassemblés en concile s'étaient donnés pour le faire rentrer en lui-même.

JEAN, Syrien d'origine et né à Damas, occupait le siége patriarcal d'Antioche lorsque les croisés s'emparèrent de cette ville en 1098. Le comte Boémond devenu prince d'Antioche laissa le patriarche Jean en paisible possession de sou siége. Il avait élé moine dans l'ile d'Oxia et avait confessé la foi de Jésus-Christ devant les Sarrasins; mais voyant que son ministère ne pourrait

être d'aucun secours aux latins dont la langue ne lui était pas familière, il se démit de ses fonctions vers l'an 1100, et vécut encore plusieurs années, puisque nous possédons, à la date de l'an 1109, une longue lettre qu'il écrivit contre Thomas Haranit, évêque de Kfartab, qui répandait l'hérésie des monothélites parmi les maronites. Il prouve solidement, par l'autorité des Pères et des conciles, qu'il y a deux volontés en Jésus-Christ. Il composa plusieurs autres écrits sur le même sujet, et voyant que Thomas persistait dans son erreur, il le frappa d'anathème et jeta au feu la lettre qu'il avait reçue de cet évêque.

Contre les donations de monastères aux laïques. L'empereur Alexis Comnène s'étant saisi dès le commencement de son règne des biens des monastères d'hommes et de filles, en avait disposé en faveur des grands seigneurs qui l'avaient aidé à usurper l'empire. Le patriarche Jean écrivit un traité contre cet abus, dans lequel il fait voir l'origine de l'ordre monastique, ses progrès, son utilité. En fondant les monastères on les avait dotés, et les fonda.curs avaient défendu sous les plus terri

bles imprécations de toucher aux donations faites à Dieu. Les princes et les patriarches donnèrent d'abord les monastères ou les hôpitaux qui tombaient en ruine à des hommes puissants, non pour en tirer les revenus, mais pour les rétablir. Dans la suite l'avarice eut plus de part à la disposition de ces monastères; les princes les donnèrent aux laïques et quelquefois même à des infidèles qui en tirèrent les revenus au préjudice des pauvres. Jean d'Antioche fait sentir l'injustice de ces sortes de donations. C'est une espèce de blasphème de donner à des laïques des lieux consacrés à Dieu, à la sainte Vierge et aux saints. Ces monastères n'appartiennent pas à ceux qui les donnent. Ils sont destinés à loger les serviteurs de Dieu, et les revenus doivent en être employés à leur nourriture et à celle des pauvres. On ne peut, sans renverser l'ordre, mettre des gens du monde à la place des moines. Ils laissent tomber les monastères en ruine, faute d'entretien et de réparation, traitent les religieux comme leurs esclaves ct ne leur accordent qu'après beaucoup d'instances la plus petite portion des biens du monastère. Avec ces donataires laïques, le maintien de la discipline n'est plus possible. Les prieurs, dépouillés par eux de leur autorité, ne peuvent plus se faire obéir. Les moines reçus sans épreuves et sans vocation s'abandonnent à la licence et au déréglement. Jean d'Antioche compare cet abus de donner des monastères aux Taïques à la plus grande impiété et à l'hérésie. Il s'étonne que ces laiques les reçoivent et les possèdent jusqu'à la mort, sans aucun scrupule et sans penser à faire pénitence d'une faute qu'il regarde comme mortelle et digne de la damnation. On appelait bendiers ces laïques donataires. Théodore charisticaires, autrement bénéficiers ou préBalsamon et Mathieu Blastarès font mention de ce traité. Nous l'avons tout entier dans le tome 1 des Monuments de l'Eglise grecque par Cotelier. On cite sous le nom de Jean, patriarche d'Antioche, des Eglogues ascétiques tirées de plusieurs anciens écrivains, particulièrement de saint Basile, de saint Anastase le Sinaïte, d'André de Cappadoce et d'Antoine Melisse; un Traité contre les latins et quelques autres opuscules dont on n'a point de preuves qu'il soit réellement l'auteur.

JEAN, archidiacre de Bari, écrivit l'Histoire de la translation des reliques de saint Nicolas de Myre à Bari, après la ruine de cette ville par les infidèles. Cet ouvrage n'existe plus. On lui attribue aussi la Vie de saint Sabin, évêque de Canosa dans la Pouille, et mort en 566. Elle est rapportée en partie par Baronius et tout entière par Ughelli, à l'exception d'une élégie en l'honneur du même saint, imprimée par les Bollandistes au 9 de février. Un diacre nommé Jean a également écrit la Vie de saint Nicolas de Myre. Elle est divisée en chapitres avec des sommaires en vers à la tête de chacun. Elle a été corrigée par Othlon, moine de

Saint-Emméramne et publiée par les Bollan

distes.

JEAN DE MONTMEDY, était religieux de la Chartreuse des Portes, sous la direction de Bernard de Varan, premier fondateur de ce monastère. Outre une lettre qui lui est commune avec cet abbé, on en possède de lui cinq autres que le P. Chifflet a publiées dans son Manuel des solitaires, et qui de là sont passées dans le tome XXIV de la Bibliothèque des Pères. La première est adressée à Etienne de Chalmet, que l'auteur appelle son frère selon l'esprit et selon la chair. I fait tous ses efforts pour l'arracher au monde et l'attirer auprès de lui. Jean était encore jeune alors, ou du moins nouveau venu dans la solitude; mais à quelqu'âge qu'il ait écrit cette lettre, elle prouve cependant qu'il était fort éclairé dans les voies du salut; aussi eut-elle son effet comme nous le verrons bientôt.

La seconde est adressée à son frère Latolde, vraisemblablement Chartreux des Portes, qui lui avait demandé le résultat d'une conversation qu'il avait eue avec ses confrères sur la vraie manière de prier. Jean réduit la prière à trois demandes. La première a pour objet le pardon de nos fautes; la seconde, la connaissance de la volonté de Dieu et la grace de s'y conformer; la troisième, le salut éternel. Il indique en suite les psaumes qui ont le plus de rapport à ces trois demandes, après quoi il donne diverses formules de prières. En finissant il prie Latolde de saluer de sa part tous ses confrères, non omnes simul, sed nominibus suis singulos. Cette lettre étant venue à la connaissance d'un autre Chartreux, nommé Hugues, il en demanda copie à l'auteur, le priant en même temps d'y ajouter en sa faveur quelques nouvelles formules de prières. Jean le satisfit par une réponse dans laquelle il inséra tout entière sa lettre à Latolde.

La quatrième, écrite à un confrère nommé Bernard, est intitulée : De la garde du cœur. Elle renferme comme les précédentes d'excellents avis. Jean avait parmi les Chartreux, mais dans une maison différente, un neveu nommé Bernard. Ayant appris qu'il Songeait à passer dans un autre Ordre, il lai écrivit pour le détourner de ce dessein. Dans cette lettre qui est très-pathétique, il n'hésite pas à affirmer que sortir d'une religion austère pour rentrer dans une autre plus mitigée, c'est la même chose que d'apostasier. Et comme son neveu prétextait ses infirmités corporelles, il lui fait voir que rien n'est plus frivole aux yeux de Dieu qu'une pareille excuse; qu'au lieu de se laisser abattre par les maladies, il doit se persuader qu'en les acceptant avec résignation ou il recevra du soulagement, ou il ne tardera pas d'être délivré par la mort. Peut-être, ajoute-t-il, que le démon sachant que vous devez bientôt mourir, ne vous sollicite maintenant avec tant d'importunité, que pour vous enlever l'avantage de la persévérance. Car nous connaissons des

gens de la maison dont vous faites partie, de la grande Chartreuse et de la nôtre, qui, nous ayant quittés, sont morts les uns en peu de iours, et les autres au bout de quelques mois. » Toutes ces lettres, comme on voit, son parfaitement senties et très-bien écrites pour le temps.

JEAN, moine de Bèze, alors au diocèse de Langres. et aujourd'hui dans celui de Dijon, fut élevé dès son enfance dans ce monastère. Il s'y distingua surtout par son goût pour les livres, et par le zèle qu'il mit à en amasser, soit en les copiant lui-même, soit en les faisant copier par d'autres. On voit à la suite de son épitaphe la liste des livres qu'il fit copier ainsi, et dont le nombre est vraiment considérable pour le temps où il vivait. Il fut sacristain et grand chantre de son monastère. C'est tout ce que l'on sait de son existence, et l'on ignore l'époque précise de sa mort, que l'on croit pourtant pouvoir rapporter à

l'an 1120.

Jean est auteur d'une Chronique de son monastère, que dom Luc d'Achery a fait imprimer dans le tome I" de son Spicilége. Quelques critiques ont voulu lui contester cet ouvrage, pour en faire honneur à un écrivain anonyme du vir siècle; mais ils sont loin d'avoir entraîné à leur opinion la partie saine et vraiment savante de nos bibliographes, et, après dom d'Achery et dom Mabillon, les auteurs de l'Histoire littéraire de la France revendiquent cet ouvrage pour le moine Jean, par des raisons solides et convaincantes que tout le monde peut lire au tome X de ce recueil, page 273 et suivante. Une grande partie de cette Chronique est copiée sur celle de saint Bénigne de Dijon, mais pas d'une façon tellement servile, copendant, que l'auteur ne tienne compte et ne rapporte, avec une certaine étendue, les faits particuliers à son monastère. Il déclare que pour ne pas donner lieu à ceux qui lui succéderont de se plaindre de la négligence de son temps, comme on avait trop de raison de blâmer celle des siècles précédents, il entreprenait de leur transmettre, quoiqu'en style impoli et grossier, l'histoire de la fondation de leur abbaye, son antiquité, les dons qu'elle avait reçus des rois, des évêques, des ducs, comtes et autres personnages illustres, pour exciter la reconnaissance des moines envers leurs bienfaiteurs et les engager à prier Dieu pour eux. Tel est son dessein; et certes on ne peut nier qu'il ne soit très-louable. Il entre ensuite en matière et commence sa chronique par le règne de Clovis, qui défit Siagrius et établit la monarchie française en chassant les Romains des Gaules. Comme cette partie de la Chronique de Jean se trouve tout entière dans celle de saint Bénigne, l'éditeur, pour ne point répéter inutilement les mêmes choses, en a retranché tout ce qui précède la fondation du monastère de Bèze, par le duc Amalgaire, en l'an 600, sous le règne de Clovis II. L'auteur, suivant le plan qu'il s'est proposé dans cette

chronique, s'attache spécialement à ce qui regarde sa maison; dans la description qu'il fait du terrain, il n'oublie pas la belle fontaine qui forme une rivière à sa source et fournit une grande abondance de poissons, ni les riches prairies produisant des herbes, qui, dans les temps de disette, servent de nourriture aux pauvres. Il fait le détail des donations faites par le fondateur, et continue son histoire en rapportant les différents événements arrivés depuis cette époque jusqu'à son temps; de sorte que cette chronique n'est, à proprement parler, que l'histoire et le recueil des chartes du monastère de Bèze. I la conduit jusqu'au temps de l'abbé Etienne, sous la direction duquel cette abbaye fut si florissante que sa réputation s'étendit par toute la France, et même jusqu'à Rome. La communauté était composée de soixante religieux, et on en comptait plus de quarante qui habitaient au dehors dans des celles particulières. Plusieurs d'entre eux furent choisis pour gouverner d'autres monastères, entre autres Gui, abbé de Saint-Michel de Tonnerre, Henri de Saint-Seine, Eustase, Saint-Eloi de Noyon, Godefroi de Saint-Jean de Réomé, et plusieurs autres. Quoique l'objet principal de la Chronique de Bèze soit de rapporter ce qui regarde cette abbaye, on y trouve cependant plusieurs traits très-importants pour l'histoire de Bourgogne et des évêques de Langres. Nous remarquerons, en finissant, que cette chronique a été continuée à peu près sur le même plan, mais d'une manière moins intéressante pour l'histoire générale, jusqu'au temps de Geoffroi, qui était abbé de Bèze en 1253 et 1255.

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JEAN, qui paraît avoir été religieux de l'abbaye d'Epternac, dans le duché de Luxembourg, est auteur d'une longue lettre à Adalberon, archevêque de Trèves, dans laquelle il traite des trois messes qu'on célèbre le jour de Noël et des fêtes qui se solennisent pendant son octave. Il y témoigne qu'il avait déjà composé, pour l'instruction de quelques amis, un petit livre sur la célébration des messes de tous les dimanches de l'année. Comme il y a eu deux Adalberon qui ont occupé le siége de Trèves, l'un intrus, en 1005, l'autre, promu légitimement, en 1132, prélat d'ailleurs recommandable par sa science et sa vertu, dom Martène, éditeur de cette lettre, pense qu'il est plus vraisemblable qu'elle ait été adressée au dernier. Suivant cette conjecture, on peut la rapporter à l'an 1136. L'autre écrit dont elle fait mention n'existe plus, ou du moins n'est pas venu à notre connaissance.

JEAN, surnommé de Coutances, est auteur d'un Traité du comput ecclésiastique, dédié à Geoffroi, abbé de Savigni, qui gouverna cette maison depuis l'an 1122 jusqu'en 1138. Dom Martène a fait imprimer le prologue de cet ouvrage dans le tome I" de ses Anecdotes.

JEAN, frère de Gilbert, et comme lui disciple de Wazelin II, à l'abbaye de SaintLaurent de Liége, y exerça l'emploi d'éco

lâtre avec une rare capacité, vers le milieu du x siècle. Renier, qui avait été son élève, convient que ce n'était pas un maître commode. Dans une maladie qu'il eut, il vit en extase des choses singulières, qu'il laissa par écrit pour l'édification de ses lecteurs. Il se mêlait aussi de vers, et composa deux poëmes héroiques que nous n'avons plus, l'un sur Tobie, et l'autre sur le martyre de saint Etienne. Peut-être est-il aussi auteur de quelques satires, dont on conservait autrefois un exemplaire à Saint-Waast d'Arras, sous le titre de Joannis Legii Satyra. Il nota encore les offices de saint Christophe, de sainte Marie Egyptienne et plusieurs versets du Cantique des cantiques.

JEAN PETIT, plus connu sous le nom de JEAN DE SALISBERY, parce qu'il naquit dans ce diocèse en Angleterre, vint étudier à Paris, en 1137, et y apprit les premiers éléments de la dialectique sous Pierre Abailard, qui enseignait alors avec beaucoup de réputation sur la montagne de Sainte-Geneviève. Il épuisa successivement la science de tous les maîtres alors en vogue, et après avoir consacré douze ans à ces diverses études, il repassa en Angleterre en 1149, où il devint chapelain et secrétaire de Thibaud archevêque de Cantorbéry. On le voit par plusieurs de ses lettres qu'il écrivit au nom de ce prélat, au Pape Adrien, qui tint le SaintSiége depuis l'an 1154 jusqu'en 1159. Chargé de plusieurs missions tant auprès de ce Pontife qu'auprès des Papes ses successeurs, s'en acquitta avec un zèle qui lui valut leur reconnaissance et leur amitié. Il fit preuve surtout d'un grand dévouement envers la personne d'Alexandre III, qu'il servit dans ses démêlés avec l'antipape Octavien, et contre le concile de Paris qu'il appelle un conventicule. A la mort de l'archevêque Thibaud, il conserva sa dignité de chapelain auprès de son successeur et devint le confident intime de saint Thomas de Cantorbéry, le compagnon de son exil et le témoin de ses souffrances et de sa mort. Ce titre joint à son mérite personnel lui donnait droit aux dignités de l'Eglise. Aussi Guillaume aux blanches mains, archevêque de Sens. qui depuis huit ans retenait par dispense l'évê ché de Chartres, s'empressa-t-il de s'en démettre en faveur de Jean de Salisbéry, qui fut nommé à ce siége le 22 juillet 1176. Sacré à Sens le 8 août, il fut intronisé à Chartres le jour de l'Assomption de la même année, c'est-à-dire dans une des plus belles solennités de cette église consacrée à la sainte Vierge. Il ne la gouverna que pendant quelques années et mourut, suivant l'opinion la plus commune, le 25 octobre 1181, peu de temps après son retour du concile de Latran tenu en 1179.

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Polycraticus. Le principal de ses ouvrages est son Polycraticus, sive de nugis curialium et vestigiis philosophorum. Cet ouvrage divisé en huit livres est plein de réflexions sages et vraiement philosophiques. L'auteur y traite des occupations et des aшu

sements des grands; il entre dans le détail des devoirs attachés à leur condition, des vices et des vertus qui leur sont le plus ordinaires. Il y combat l'ambition et la cupidité dans les ecclésiastiques, les exemptions et les priviléges accordés abusivement aux religieux. Cet ouvrage forme un recueil composé d'une infinité de matières, dont la lecture ne peut être que très-agréable. Nous regrettons de ne pouvoir donner qu'un sommaire très-abrégé de chaque livre. - Dans le premier livre, en supposant que chacun doit vivre selon sa condition et travailler au bien de la république, l'auteur entreprend de montrer que les vains amusements dont s'occupent les princes et les grands du siè cle, les éloignent de leurs devoirs. I met parmi ces amusements le jeu, la chasse, la musique, les bouffons, la magie, l'astrologie, les divinations, les prestiges, et traite en particulier de toutes ces choses.-Cependant il observe dans le second livre que l'on ne doit pas mépriser les signes naturels que la Providence nous envoie quelquefois pour nous faire connaître les choses à venir; sur quoi il rapporte ceux qui précédèrent et annoncèrent la ruine de Jérusalem. Il cite le passage de Josèphe en faveur de JésusChrist et semble croire que l'empereur Vespasien guérit réellement l'aveugle et le boiteux qui lui furent présentés. Il déteste les nécroinauciens et tous les autres imposteurs, et ne croit point à l'évocation de Samuel par la pythonisse, mais il pense seulement que par un art diabolique elle fit paraitre l'ombre de ce prophète. Quoique dans son troisième livre il représente les flatteurs comme ce qu'il y a de plus pernicieux dans une république et les fasse envisager comme des ennemis de Dieu et des hommes; toutefois il ne laisse pas d'enseigner qu'il est permis de flatter les tyrans, parce que, dit-il, il est permis de les tuer; mais il entend par tyran celui qui a usurpé la puissance du glaive et ne l'a pas reçue de Dieu. Il signale cet homme comme un ennemi public dont personne ne doit venger la moit. Il établit dans le livre quatrième que toute puissance vient de Dieu. C'est en son nom et à sa place que le prince temporel exerce la justice; l'Eglise lui donne le glaive et la puissance coactive; car, encore qu'elle le possède, elle ne peut s'en servir par elle même, mais seulement par le ministère du prince, à qui elle contie cette puissance sur les corps, réservant aux évêques le pouvoir sur les âmes et les choses spirituelles. Jean de Salisbéry regarde donc le prince temporel comme le ministre du prêtre; d'où il conclut qu'il lui est inférieur. Il confirme ce qu'il avance là-dessus par l'exemple du grand Constantin qui, dans le concile de Nicée, céda la première place aux évêques et reçut leurs décrets comme des oracles de Dieu. Il ajoute, suivant les maximes qui régnaient alors, que les prêtres ayant le pouvoir de donner l'autorité aux princes, ils ont également le pouvoir de la leur ôter; comme Samuel qui prononça contre Saül

une sentence de déposition et lui substitua le fils d'Isaï, c'est-à-dire David. Il traite ensuite assez longuement des vertus et des devoirs des princes. Il copie dans le livre suivant la lettre adressée à Trajan sous le nom de Plutarque, et l'instruction qu'elle contient sur les maximes du gouvernement. Il rappelle les lois des empereurs contre ceux qui manquaient de respect aux ministres, aux lieux saints et aux choses sacrées; puis, après avoir montré quelle force a l'exemple des princes, soit pour le bien, soit pour le mal, il fait voir par le détail de la vie de Trajan qu'on peut le préférer à tous les empereurs; ce qui lui donne occasion de rapporter le fait attribué à saint Grégoire le Grand savoir, que touchédes vertus de ce prince, il parvint à force de supplications à délivrer son âme des peines de l'enfer. — Le sixième livre traite de la guerre et de la discipline militaire. On peut y remarquer qu'avant le x siècle, il était d'usage que le jour même où un soldat recevait le ceinturon, il allaât solennellement à l'église, et que la, déposant son épée sur l'autel, il prit l'engagement de la faire servir à sa défense. Jean de Salisbéry rapporte cette coutume, quoiqu'elle ne subsistat plus de son temps. Dans le livre suivant il parle des philosophes et de leurs différentes opinions; de l'utilité de la lecture des bons livres et surtout de l'Ecriture sainte, qui est comme le trésor de l'Esprit saint, dans lequel sont renfermés des mystères infinis. Il rappelle ensuite la piété sincère et le désintéressement dont les Chartreux et les moines de Grandmont faisaient profession; mais il désavoue l'ardeur des Templiers pour obtenir du Saint-Siége des exemptions et des priviléges. Dans son huitième livre, après avoir traité des vices et des vertus, l'auteur revient sur le chapitre des tyrans, dont il avait déjà parlé avec assez de hardiesse dans le second livre. Il donne ce nom à Jules César et à Auguste; mais en remarquant qu'ils n'en avaient ni les vices ni les qualités, et qu'ils étaient aimés et dignes de régner. Il s'explique ensuite sur chacun de leurs successeurs à l'empire, et les juge suivant le mérite de leur règne; puis il avance cette roposition, qui dépasse encore ce qu'il a dit plus haut, savoir, qu'il est permis de tuer un tyran public, pourvu qu'on ne lui soit engagé par aucun serment. I autorise cette doctrine de ce que l'Ecriture rapporte d'Aod, de Jahel et de Judith.

Cet ouvrage de Jean de Salisbéry a été traduit en français par Mézeray, sous le titre de Vanités de la cour. On y remarque une grande érudition, une variété piquante, mais une profusion d'esprit et de savoir qui nuisent à l'intérêt de l'ouvrage. Sa critique est loin d'être exacte, et quelques-uns de ses raisonnements paraissent hasardés. Il en est qui ont besoin d'explication: par exemple, ce qu'il dit sur le tyrannicide et le droit quil accorde aux peuples de déposer leurs princes.

Métalogique. Dans cet ouvrage divisé én quatre livres, Jean de Salisbéry censure

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