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et Jean abandonner tout pour s'attacher au Sauveur.» Nous ne nous arrêterons pas à relever ici les inconvénients que Jérôme signale dans le mariage; nous aurons occasion d'y revenir en rendant compte de son livre contre Helvidius, où il les a exposés avec étendue.

« Nous ne nous contentons donc pas de louer la virginité, poursuit-il, nous en pratiquons les saintes règles. Il ne suffirait pas de connaître ce qui est bien, la raison seule nous l'apprend; il faut s'y maintenir, et pour cela il en coûte. Le salut n'est at taché qu'à la persévérance.

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Ne prêtez jamais l'oreille aux paroles deshonnêtes. Souvent on ne s'en permettra en votre présence que pour vous éprouver, pour essayer l'impression qu'elles feront sur vous. Si votre pudeur ne s'en alarme pas; si vous aimez que l'on rie, que l'on plaisante; on applaudira à ce que vous direz Vous direz non, on dira non. On se récriera que vous avez de la piété avec de l'enjouement, de la candeur avec la grâce de l'innocence. Voilà, dira-t-on, la vraie dévotion. Ce n'est point là cette vertu farouche, atrabilaire, repoussante de telle et telle qui n'est restée vierge que faute de trouver personne qui voulût l'épouser.

Un secret penchant nous porte au mal; nous écoutons volontiers ceux qui nous flattent. On répond bien qu'on ne mérite pas ces compliments; on ne les entend point sans rougir; et toutefois, on ne laisse pas d'en savourer l'encens au fond de son cœur.. L'épouse de Jésus-Christ, telle que l'arche d'alliance, doit être toute d'or, au dehors comme au dedans. Il n'y avait dans l'archeque les tables du Testament; ainsi nulle pensée terrestre là où le Seigneur veut se reposer sur vous comme sur son propitiatoire. -Pointde liens qui doivent vous arrêter, ni mère, ni sœur, ui parente, ni frère. Le Seigneur a besoin de vous. C'est un Dieu jaloux; il ne peut souffrir que la maison qui lui est consacrée soit changée en un lieu de négoce. Aux soins empressés de Marthe, il préfère le repos de Marie assise à ses pieds. Renfermée dans votre intérieur, abandonnezvous aux saintes effusions du chaste amour qui vous unit à lui. Vous priez, c'est vous qui lui parlez; vous lisez, c'est lui qui vous parle.

« Ecoutez donc, ma chère Eustochie, ma fille, ma dame, ma compagne, ma sœur; ma fille par votre âge, ma dame par votre mérite, ma compagne par la commune profession religieuse, ma sœur par le lien de la charité; écoutez ce que dit Isaïe: Mon peuple, entrez dans vos chambres, fermez vos portes, et demeurez cachés jusqu'à ce que la colère du Seigneur soit passée. Laissez les vierges folles aller çà et là; mais vous, demeurez avec votre époux dans le secret de votre maison. Daniel se retirait au haut de sa maison pour prier; car il ne pouvait rester en bas; et il ouvrait ses fenêtres du côté de Jérusalem. Ouvrez donc aussi vos fenêtres, pour laisser entrer la lumière dans votre

chambre, et pour voir a cité du Seigneur. Mais n'ouvrez pas ces fenêtres dont un prophète a dit: La mort est entrée par vos fenêtres.» Suivent des conseils dans le genre de ceux que nous avons déjà reproduits ailleurs, sur les moyens de garder la virginité. Il est difficile de représenter cette vertu sous des couleurs plus séduisantes, ni avec des termes qui la fassent mieux aimer. Et comme d'ailleurs il la loue sans rien enlever à la sainteté du mariage, on peut dire que Jérôme a gagné son procès sur ses ennemis.

A Magnus. L'éducation des femmes ne permettait pas à Jérôme de perdre de vue celle qui manquait aux hommes, et si nous n'avons pas sur cette matière des traités aussi étendus et aussi complets, c'est que le sujet ne le comportait pas. Ce que nous possédons se borne à quelques aperçus littéraires envisagés au point de vue chrétien, mais qui ne manquent ni d'à propos ni de profondeur.

« Vous me demandez pourquoi, dit-il à Magnus, il m'arrive souvent de citer des écrivains profanes : n'est-ce pas, dites-vous, altérer la pureté de notre morale chrétienne par un alliage indécent avec le paganisme? Je répondrai sommairement à cette question. Vous ne me la feriez pas, si au lieu de ne lire que Cicéron, vous connaissiez mieux nos livres saints. Vous y verriez que Moïse et les prophètes avaient quelquefois emprunté aux livres de la gentilité, et que Salomon entretenait correspondance avec les savants de Tyr. Il propose, dès le début de ses Proverbes, de s'appliquer à pénétrer les paraboles et leur sens mysté rieux, les paroles des sages et leurs énigmes; ce qu'il entend des écrits des logiciens et des philosophes. L'apôtre saint Paul cite un vers d'Epiménide dans son épître à Tite, et un autre de Ménandre; dans son discours à l'Aréopage il s'appuie du témoi gnage.d'Aratus. David, lui, avait appris à arracher l'épée de la main de son ennemi, et à tuer l'orgueilleux Goliath par ses propres armes. Pourquoi trouver mauvais que je fasse servir la sagesse du siècle à l'oruement de la vérité; que j'émancipe l'esclave pour le faire entrer dans la famille d'Israel? Lactance reproche à saint Cyprien, ce grand évêque, si célèbre par son éloquence et la gloire de sa confession, d'avoir employé, en écrivant contre Démétrien, le témoignage des philosophes et des poëtes, plutôt que de s'en rapporter à celui des prophètes et des apôtres. C'est que Démétrien ne croyait pas à ceux-ci, et que l'autorité des écrivains du paganisme était bien plus propre à le confondre. Celse et Porphyre se sont déchaînés, dans leurs livres, contre le christianisme. Origène a refuté le premier; l'au tre l'a été de la manière la plus solide par Méthodius, Eusèbe, Apollinaire. Pour y répondre il fallait bien les lire. L'empereur Julien, pendant qu'il allait à son expédition contre les Parthes, a publié sept livres des plus dégoûtantes calomnies contre Jésus

Christ; il s'étaye des fictions de ses poëtes; cétait se percer de sa propre épée. Si j'entreprenais de lui répondre, je crois que vous me défendriez de m'armer contre lui de la massue d'Hercule, et de le battre en ruines, en lui opposant les principes de son école. Au reste, celui qu'il appelait le Galiléen a bien su pourvoir lui-même à sa défense. Il a s'est vengé tout seul de l'insolent blasphémateur, et a réduit au silence cette langue sacrilége, par le trait dont il le perça dès le commencement de son expédition. Josèphe a composé deux livres en faveur de l'antiquité de sa nation, contre Appion, grammairien d'Alexandrie. Il cite à chaque page les écrivains profanes, et le fait avec lant d'érudition, que je m'étonne comment un Juif, anssi sérieusement appliqué dès son enfance à l'étude des livres saints, a pu trouver le temps de connaître aussi bien tous les livres de la Grèce. Que dirai-je de Philon que l'on nomme le Platon des Hébreux?

« Laissez-moi vous parler des autres. Quadrat, disciple des Apôtres, évêque d'Athènes, saisit le moment où l'empereur Adrien venait assister aux mystères d'Eleusis, pour lui présenter sa Défense du christianisme. Cet ouvrage excita, pour le génie de l'auteur, une admiration telle, que le prince fit cesser l'horrible persécution ouverte contre nous. Aristide, autre philosophe chrétien nou moins éloquent, fit agréer au même empereur une nouvelle apologie de notre religion, toute composée de citations des philosophes profanes. Son exemple fut imité par Justin, lorsqu'il adressa à l'empereur Antonin le Pieux, à ses fils et au sénat, son livre contre les erreurs des gentils, où il venge la prétendue ignominie de la croix, et prêche la résurrection du Sauveur avec une liberté héroïque. De même Méliton de Sardes, Apollinaire d'Hiéraple, Denys de Corinthe, Tatien, Bardesane, Irénée, qui succéda au martyr Photin. Dans combien d'ouvrages n'ont-ils pas attaqué et poursuivi Thérésie depuis son origine, et dans les écrits des philosophes qui en ont été la Source! Démétrius, évêque d'Alexandrie, envoya Pontanus, jeune apôtre sorti de l'école des stoïciens, et dont il connaissait l'érudition, prêcher l'Evangile aux philosophes de l'Inde. Clément, prêtre d'Alexandre, et, selon moi, le plus savant de nos écrivains, nous a donné huit livres de Stromates et d'autres compositions. Rien de médiocre, rien qui n'appartienne à la philosophie. Origène a aussi ses Stromates, où il établit des rapprochements entre les chrétrens et les philosophes, et confirme la vérité de nos dogmes par les temoignages de Platon, d'Aristote, de Numenius et de Cornatus. Nous avons de Miltiade un excellent écrit contre les gentils; nous en avons d'Hippolyte et d'Apollonius, sénateurs de Rome, de Jules Africain, qui s'est exercé sur la chronologie, de Théodore, depuis appelé Grégoire, tous dignes des temps apostoliques, de Dénys d'Alexandrie, d'Anatole

évêque de Loadicée, de Pamphile de Plésius, de Lucien, de Malchion, d'Eusèbe de Césarée, d'Eustathe d'Antioche, d'Athanase d'Alexandrie, d'Eusèbe d'Emèse, de Triphile de Chypre, d'Astère et de Sérpion, de Titus de Bostre, de Basile de Césarée, de Grégoire de Nazianze, d'Amphiloque. Tous ces grands hommes étonnent par leurs profondes connaissances dans les lettres profanes, autant que par leur érudition dans l'intelligence des livres saints.

« Je passe aux Latins. Qui fut jamais plus savant et plus profond que Tertullien ? Son Apologétique, ses livres contre les gentils renferment tout ce qu'il est possible de savoir dans le monde. Minucius, avocat romain, a épuisé, dans son octave, toute la littérature profane. Aruobe nous a laissé sept livres contre le paganisme; Lactance, son disciple, divers traités, entre autres sou livre des Institutions, abrégé des Dialogues de Cicéron. Le martyr Victorin a peu cité les profanes, j'en conviens; c'est moins faute de volonté que d'occasion. Cyprien a prouvé que les idoles ne sont pas des dieux avec une netteté, une intelligence de toutes les histoires, un choix d'images et de pensées au-dessus, de tout éloge. De notre temps, Hilaire, évêque et confesseur de la foi, a reproduit Quintilien, par le nombre comme par le style de ses livres, et laissé la preuve de sa capacité en fait de littérature profane, dans un petit écrit qu'il a composé contre le médecin Dioscore. Le prêtre Juvencus, qui vivait du temps de Constantin, a fait en vers l'histoire de notre rédemption, et n'a pas craint de soumettre la majesté de l'Evangile à la cadence de la poésie. Je ne parle pas de beaucoup d'autres écrivains, norts ou vivants, dont l'opinion aussi bien que les talents sont assez connus par leurs Ouvrages. >>

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A Paulin. Dans une lettre à Paulin, sur le même sujet, il apprécie ainsi les premiers écrivains du christianisme : « Tertullien abonde en pensées, mais il est difficile à entendre. Je compare saint Cyprien à ces belles sources qui épanchent leurs eaux égales et majestueuses. Uniquement occupé d'exhorter aux vertus chrétiennes, absorbé d'ailleurs par les persécutions du temps, il n'a pu se livrer au travail du commentaire sur l'Ecriture. Lactance nous rappelle la pompe de l'éloquence cicéronienne; mais il est plus heureux à battre en ruines les systèmes qu'il combat, qu'à établir les vérités qu'il défend. Arnobe me paraît inégal, diffus, dépourvu complétement de méthode. Il y a dans saint Hilaire une magnificence qui approche de la poésie, caractère général à sa nation; c'est toute l'élégance des compositions grecques: seulement il allonge quelquefois ses périodes, ce qui en rend la lecture difficile. Je ne dis rien des autres, morts ou vivants, j'en laisse le jugement à ceux qui viendront après nous. Quant à vous, n'allez pas croire qu'ici l'expression de l'amitié soit celle du compliment: je vous le dirai franchement, au plus heureux natu

rel vous joignez une profonde instruction, Vous vous exprimez avec autant d'aisance et de pureté que de justesse; il ne vous manque qu'une intelligence plus consommée de nos saintes Ecritures. >>

Au même. Pour aider cette intelligence et pour en favoriser les développements, après quelques conseils généraux qui l'exhortent à cette étude, il lui fait un exposé concis, mais cependant approprié des différents sens de l'Ecriture : « J'ai reçu de notre frère Ambroise, lui dit-il, avec les présents que vous m'avez fait la grâce de m'envoyer, une de vos lettres qui m'a procuré le plus grand plaisir. Vous m'y donnez, dès les commencements d'une liaison naissante, des témoignages d'une confiance et d'un attachement qui supposeraient une vieille amitié. Il n'est d'amitié ni plus sincère, ni plus solide que celle qui est fondée, non sur aucun intérêt temporel, ni sur la seule présence, ni sur d'artificieuses complaisances, mais sur la crainte du Seigneur et sur l'amour des saintes Ecritures.

éprouver la puissance de Jésus-Christ, qui parle par ma bouche ? » Quand, dis-je, nous le voyons, après être demeuré long-temps à Damas, avoir parcouru toute l'Arabie, se rendre à Jérusalem pour y conférer avec saint Pierre auprès de qui il séjourna quinze jours, préludant par ces savantes conférences à la prédication du ministère de l'Evangile, qu'il était chargé de porter aux gentils. Quatorze ans après, ayant pris avec lui Tite et Barnabé, il revint encore à Jérusalem pour rendre compte aux apôtres de sa mission, afin de ne pas perdre le fruit de ce qu'il avait déjà fait, ou de ce qui lui restait à faire dans le cours de son ministère. Il savait que les instructions données de vive voix ont je ne sais quelle force secrète qui se communique avec une toute autre énergie.

«En vous parlant de la sorte, je n'ai pas la prétention de croire que je puisse rien vous apprendre qui soit digne de vos recherches et de votre application. Mais à part ce que vous devez espérer de moi, je ne saurais trop louer l'ardeur et l'empresse ment que vous mettez à vous instruire. L'envie d'apprendre, quelque soit le maître qui la dirige, est toujours un mérite. Ce que je considère ici, c'est moins le secours que je puis vous offrir que le sentiment qui me porte à vous le demander. Une cire molle, disposée à recevoir l'empreinte qu'on voudra lui donner, n'aurait pas d'ouvrier qui la mette en œuvre, qu'elle n'en présente pas moins les qualités nécessaires pour être employée. L'apôtre saint Paul se faisait gloire d'avoir appris la Loi et les Prophètes auprès de Gamaliel, afin qu'étant

« L'histoire nous apprend qu'il a existé, dans les temps les plus reculés, des savants qui ont parcouru les provinces, voyagé parmi les nations étrangères, passé les mers pour aller voir de leur propres yeux de grands hommes qu'ils ne connaissaient que par leurs ouvrages. Pythagore quitta son pays pour aller consulter les sages de Memphis; Platon vient à Tarente écouter Archylas, après avoir parcouru, avec des difficultés sans nombre, l'Egypte et toute cette côte de l'Italie qui s'appelait autrefois la grande Grèce. Quoique universellement esmé dans Athènes, où il enseignait la phi-muni de ces armes spirituelles, il put losophie avec une si haute réputation, et o sa doctrine était reçue avec vénération dans toutes les écoles de l'Académie, ce grand homme voulut connaître une école étrangère, aimant mieux écouter les autres avec modestie, que de débiter avec faste sa propre doctrine. Tandis qu'il courait après la science, qui semblait partout se dérober à sa poursuite, il tomba au pouvoir des pirates qui le vendirent; mais tout esclave qu'il était d'un maître dur et impitoyable, jusque dans les fers, Platon, philosophe, était bien au-dessus de celui qui l'avait acheté. Nous lisons aussi que des étrangers d'un rang illustre vinrent à Rome, des extrémités de l'Espagne et des Gaules, pour y voir Tite-Live, ce fleuve d'éloquence. La magnificence de Rome les avait trouvés insensibles; ils cédaient au charme d'entendre un de ses habitants. Rome jouit alors d'un spectacle tout nouveau pour elle, et digne de tout son intérêt, celui de voir des étrangers y chercher autre chose qu'elle

même.....

« Mais pourquoi m'arrêter à des exempls profanes, quand nous voyons l'apôtre saint Paul, ce vaisseau d'élection, ce docteur des nations, fortifié par la présence de celui qu'il portait en lui-même, ainsi qu'il le déclare dans ces terines: « Est-ce que vous voulez

dire avec confiance: Les armes de notre milice ne sont point charnelles, mais puissantes en Dieu, pour renverser les remparts qu'on leur oppose; et c'est par ces armes que nous détruisons les raisonnements humains, et tout ce qui s'élève avec hauteur contre la science de Dieu; et que nous réduisons en servitude tous les esprits pour les soumettre à l'obéis sance de Jésus-Christ, ayant en main le pou voir de dompter les désobéissants. Le même apôtre, écrivant à Timothée, qui, dès ses plus tendres années avait été élevé dans l'étude des saintes Ecritures, l'exhorte à s'appliquer sans cesse à cette divine leeture, de peur qu'il ne vienne à négliger la grâce qu'il avait reçue par l'imposition des mains. Après avoir fait à Tite le portrait d'un véritable évêque et des vertus qu'il doit pratiquer, il lui enjoint de n'élever à cette même dignité que ceux qui joindront à toutes ces vertus la science de l'Ecriture sainte. Il faut, dit-il, qu'un évêque soit fortement attaché à la parole de vérité, telle qu'on la lui a enseignée, afin qu'il soit capa ble d'exhorter, selon la saine doctrine, el de convaincre ceux qui y résistent. La piété ignorante n'est bonne que pour elle-même; elle a beau édifier par l'exemple de sa régularité; elle devient nuisible si elle ne sait resister à ceux qui attaquent l'Eglise, de

Dieu..... Pourquoi l'apôtre saint Paul est-il appelé un vase d'élection ? C'est parce qu'il était tout rempli de la loi de Dieu et de la science des saintes Ecritures. Les pharisiens étaient tout surpris d'entendre Jésus-Christ parler des choses de Dieu avec tant de lumière et tant de sagesse; ils ne pouvaient comprendre comment saint Pierre et saint Jean, qui n'avaient aucune étude, pouvaient être si savants dans la Loi. C'est que le Seigneur, comme parle l'Ecriture, les instruisait lui-même et que l'Esprit saint leur inspirait ce que les autres n'apprennent que par de longues méditations et par un travail continuel. Nous voyons le Sauveur, à l'âge de douze ans, interroger les vieilJards dans le temple, sur des points de la la Loi, par la science qui éclate dans ses questions, prouver déjà qu'il est leur

maître.

« Vous m'objecterez que Pierre et Jean n'é taient que des hommes grossiers. Oui, pouvaient ils répondre avec saint Paul, dans le langage et non pas dans la science. Jean, grossier et ignorant? Mais, dites-moi, d'où partaient donc ces paroles: Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu? Car ce mot Verbe dans le grec a plusieurs significations. Parole, raison, Hombre, cause universelle de tous les êtres. Il veut dire tout cela, et tout cela s'applique à Jésus-Christ. Voilà ce qu'ignora le savant Platon, ce que Démosthène, avec toute son éloquence ne sut jamais. « C'est, avait dit le Seigneur, que je détruirai la sagesse des sages, et que j'anéantirai la science des savants. La vraie sagesse réduira au silence la fausse prudence des hommes..... Saint Jean parle dans son Apocalypse, d'un livre fermé avec sept sceaux: « Donnez ce livre à un homme sachant lire, il vous répondra: je ne saurais le lire parce qu'il est fermé. »> Combien de gens aujourd'hui se vantent d'être savants, et pour qui ce livre reste scellé sans le pouvoir ouvrir, si celui-là n'en donne le secret qui a la clef de David, qui ouvre ce que personne ne peut fermer, et qui ferme ce que personne ne peut ouvrir. Nous lisons dans les Actes des apôtres, que saint Philippe ayant demandé à l'eunuque de la reine d'Ethyopie, qui lisait le prophète Isaïe, s'il entendait bien ce qu'il lisait, en reçut cette réponse : « Comment pourrai-je l'entendre, à moins que quelqu'un ne m'en donne l'intelligence?» Pour moi, puisqu'il faut bien en venir là, je n'ose me flatter d'être ni plus saint, ni plus affectionné à l'étude que cet eunuque qui quitta sa cour et vitit du fond de l'Ethiopie, c'est-àdire des extrémités du monde, visiter le temple de Jérusalem, et qui était si passionné pour la science de la loi de Dieu et des saintes Ecritures, qu'il les lisait même en voyage. Mais quoiqu'il eût le livre entre les mains, qu'il entendit les paroles du prophète et qu'il les répétât souvent, néanmoins il ne savait quel était celui qu'il adorait dans ce livre sans le connaître. Saint Philippe l'ayant abordé lui fit connaître Jésus-Christ caché

sous les paroles qu'il lisait. Admirez ici combien d'avantages on peut tirer d'un aussi habile maître. Cet officier, dans un même moment, croit en Jésus-Christ, reçoit le baptême, entre dans la société des fidèles et des saints, devient maître de disciple qu'il était et trouve dans les eaux sacrées du baptême ce qu'il avait inutilement cherché dans le magnifique temple de la synagogue.

«Comme les bornes d'une lettre ne permettent guère (de s'étendre davantage sur ce sujet, je me contente de vous avoir dit ceci en passant, pour vous faire comprendre que vous avez besoin d'un maître dans l'étude des saintes Ecritures, et que vous ne devez point vous engager sans guide dans des routes si difficiles. Tous les arts de l'esprit, les simples professions mécaniques ont des maîtres, des méthodes, de longs préliminaires; il n'y a que l'Ecriture sainte qui n'en a pas. Savants, ignorants, tout le monde s'en mêle; on en parle sans en avoir rien appris. Il n'y a pas jusqu'aux femmes elles-mêmes qui s'érigent en docteurs. Ce que l'on n'entend pas, on vient le débiter effrontément; on mèle le sacré et le profane; parce que l'on couvre son ignorance de beaux termes et d'un jargon étudié, on se donne l'autorité d'un oracle. On altère l'Ecriture en l'expliquant. Quelle imprudence de ne pas savoir même que l'on ne sait rien. Tout est-il donc si facile à entendre dans le livre de la Genèse; qui comprend l'histoire de la création du monde, dès le commencement du genre humain, du partage de la terre eutre ses premiers habitants, de la confusion des langues, de la dispersion des peuples, de l'entrée des Hébreux dans l'Egypte ?

Le livre de l'Exode est-il sans difficultés, dans le récit qu'il fait des douze plaies de l'Egypte, de la loi donnée sur le mont Sinaï ? N'y en a-t-il pas dans le Lévitique, où tout est mystère, l'ordre des sacrifices, les habits du grand prêtre, les divers offices des lévites; pas un mot, pas une syllabe qui n'y soit symbole et figure. Le livre des Nombres n'est-il pas tout mystérieux, soit dans le dénombrement du peuple, soit dans la prophétie de Balaam, soit dans les quarante-deux campements que les Israélites firent au désert? Le Deuteronome, qui est une seconde loi figurative de notre Evangile, reproduit ce qui avait été dit dans les livres antérieurs; mais de manière à laisser croire que tout est nouveau. Job, ce miroir de patience, que de mystères il nous présente ! Le commencement et la fin de ce livre sont en prose, le reste est en vers. L'auteur y observe exactement toutes les lois de la didactique, pour la méthode qui règne dans l'exposition, le développement, la confirmation des preuves et la conclusion. Autant de mots, aulant de sentences. Pour n'en donner qu'un exemple, quel autre prophète s'est jamais exprimé sur la résurrection des corps avec autant de clarté et de précision qu'il le fait dans ces paroles: Je sais que mon Ré

dempteur est vivant et qu au dernier jour je mne releverai de la terre; que je verrai mon Dieu dans ma propre chair qui m'aura été rendue; que je le verrai moi-même et non un autre; que je le contemplerai de mes propres yeux. C'est là l'espérance dont je suis animé et qui repose pour toujours dans mon cœur.

« Josué ou Jésus, fils de Navé, a été la figure de Jésus-Christ, tant par ses actions que par son nom seul. Il passe le Jourdain, il se rend maître du pays ennemi; il le distribue aux Israélites victorieux, et, par le partage qu'il fait des villes, des bourgs, des inontagnes, des fleuves, des torrents et des frontières de la Palestine, il nous donne une image du royaume spirituel de l'Eglise et de la céleste Jérusalem. Chacun de ceux qui ont gouverné le peuple d'Israël et dont il est parlé au livre des Juges, devient à son tour l'image anticipée des choses à venir. Nous voyons dans Ruth, la Moabite, l'accomplissement de cette prophétie d'Isaïe « Seigneur, envoyez l'agneau dominateur « de la terre, de la pierre du désert à la « montagne de Sion.» Les livres de Samuel nous font voir dans la mort d'Héli et de Saul une figure de l'abolition de l'ancienne Loi, et nous représentent dans la personne du grand prêtre Sadoc et du roi David, l'établissement d'un nouveau sacerdoce et d'un nouvel empire. Le troisième et le quatrième livre des Rois contiennent l'histoire des rois de Juda, depuis Salomon jusqu'à Jécho nias, et des rois d'Israël, depuis Jéroboam, fils de Nabat, jusqu'à Osée qui fut mené captif à Babylone. Toute cette histoire est écrite d'un style extrêmement simple. Mais si l'on y pénètre le sens caché sous la lettre, on y découvrira une image du petit nombre des fidèles et des guerres que les hérétiques devaient faire à l'Eglise. Les douze petits prophètes, que l'on peut réunir dans un seul volume, donnent à entendre bien plus qu'ils n'expriment. Osée parle souvent d'Ephraïm, de Samarie, de Joseph et de Jezraël, d'une femme de mauvaise vie et des enfants de cette prostituée ; d'une épouse adultère enfermée dans la chambre de son mari, assise pendant longtemps dans la solitude de son veuvage et qui attend son retour, couverte d'une robe de deuil. Joël, fils de Phanuel, nous décrit les ravages que les sauterelles, les insectes divers et la nielle firent dans les terres des douze tributs. Iprédit qu'après la destruction de l'ancien peuple, Dieu répandra son esprit sur ses serviteurs et ses servantes, ce qui s'accomplit lorsque l'Esprit saint descendit sur les cent vingt personnes qui étaient réunies dans le cénacle de Sion. Amos n'était qu'un berger, un homme de la campagne, se nourrissant des mûres qu'il cueillait sur les buissons; et pourtant qui pourrait exprimer en peu de paroles le sens mystérieux de sa prophétie, où il révèle les trois ou quatre grands crimes de Damas, de Gaza, de,Tyr, des Iduméens, des Ammonites des Moabites, et du peuple d'Israël et de Judas, qu'il nomme les derniers? Abdias, dont le om signifie serviteur du Seigneur, fulmine

et lance ses traits contre Elom, cet homme de sang et de terre, qui fut l'ennemi déclaré de son frère Jacob. Jonas, c'est-à-dire colombe, image par son naufrage de la passion du Sauveur, exhorte tous les hommes, sous le nom de Ninive, à faire pénitence et à rentrer dans les voies du salut. Michée, né à Morasthi, prédit à la ville de Jérusalem, qu'il appelle Fille du voleur, qu'elle sera assiégée et pillée par ses ennemis, parce qu'elle a frappé la joue du prince d'Israël. Nahum, consolateur de l'univers, s'élève contre la ville de Samarie, et après avoir prédit sa ruine, il ajoute: Je vois paraître sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles et qui annonce la paix. Habacuc, lutteur fort robuste, se tient sur les remparts comme posté en sentinelle, afin de dire, en voyant Jésus-Christ at taché à la croix: Sa gloire a ouvert les cieux, et la terre est pleine de ses louanges; il jette un éclat semblable à une vive lumière; la force est dans ses mains, et c'est là que sa puissance est cachée. Sophonie, cet homme qui considère et qui connaît les mystères du Seigneur, entend de grands cris et des gémissements à la seconde porte, et le bruit d'un grand carnage au haut des collines. I exhorte ensuite les habitants de Jérusalem, qui devaient être pillés dans leur ville comme dans un mortier, à pousser des hurlements, parce que toute cette race de Chanaan sera réduite au silence, et que ceux qui seront couverts d'argent seront tous exterminés. Aggée, qui veut dire solennel et joyeux, sème avec larmes pour recueillir avec joie, rétablit les ruines du temple et met ces paroles dans la bouche du Père éternel: Encore un peu de temps, et j'ébranlerai le ciel et la terre, la mer et tout l'univers; j'ébranlerai tous les peuples, et le désiré de toutes les nations viendra. Zacharie, dont le nom signifie souvenir de Dieu, embrasse diverses prophéties. Il voit Jésus revêtu d'habits sales et sordides, une pierre qui a sept yeux, un chandelier d'or garni de sept lampes, deux oliviers, dont l'un est à la droite du chandelier et l'autre à sa gauche; des chevaux roux, noirs, blancs et mouchetés; les charriots d'Ephraïm qu'on brise et des chevaux qu'on chasse de Jérusalem, après qu'il avait prédit la venue d'un roi pauvre, qui doit venir monté sur le poulain d'une ânesse sous le joug. Malachie, le dernier des prophètes, prédit, dans les termes les plus clairs, la réprobation des Juifs, et la vocation des gentils. Mon affection n'est point en vous, dit le Seigneur des armées, et je ne recevrai point de présents de votre main; car depuis l'orient jusqu'à l'occident, mon nom est grand parmi les nations, et l'on m'offre en tous lieux des sacrifices et une oblation pure.

« Mais qui peut bien entendre ou expliquer Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel? Il semble qu'Isaïe soit moins un prophète qu'un évangéliste. Jérémie voit une baguette de coudrier, une chaudière bouillante qui vient du côté de l'aquilon, et un léopard dont la peau n'est plus mouchetée. Les premiers

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