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vif et ardent, une grande connaissance des Ecritures et beaucoup d'érudition dans les lettres grecques et latines. Comme il prétendait avoir appris toutes les subtilités renfermées dans les catégories d'Aristote, il affectait de s'en servir dans la dispute pour confondre ses adversaires; mais ses arguments n'avaient ni force ni solidité, et son éloquence, aussi aveugle que vaine, lui faisait avancer de temps en temps des propositions dont ses antagonistes se servaient avantageusement contre lui-même. Toutefois, à défaut de raison, il se répandait en injures et en calomnies, et n'épargnait personne, pas même les plus saints docteurs de l'Eglise.» On connaît de lui deux lettres au Pape Zosime, sur les matières de la grâce; quatre livres pour réfuter le premier de saint Augustin, qui a pour titre : Du mariage et de la concupiscence; huit livres pour repondre au second du même docteur sur cette matière; un dialogue, dans lequel il se pose en interlocuteur et dispute contre saint Augustin. Quelques bibliographes le font encore auteur d'un Commentaire sur le Cantique des cantiques, précédé d'un livre intitulé, De l'amour, parce qu'il y montrait la différence entre l'amour sacré et l'amour profane. Enfin on lui attribue aussi un autre livre qui avait pour titre Du bien de la constance. On peut se faire une idée de la doctrine de Julien d'Eclane en lisant les six livres que saint Augustin écrivit pour la réfuter.

JULIEN SABAS, saint anachorète de Mésopotamie, florissait vers le milieu du v siècle. Sa grande sagesse lui mérita le surnom de Sabas, d'un mot syriaque qui signifie vieillard. Après avoir passé plusieurs années dans une caverne près d'Edesse, il se retira sur le mont Sina en Arabie. Aux plus rigoureuses austérités il joignait le travail des mains, qu'il sanctifiait par l'exercice continuel de la méditation. Il fut averti par une révélation de la mort de Julien l'Apostat, et en fit part à ses disciples. Sous le règne de l'empereur Valens, protecteur déclaré des ariens, il se rendit à Antioche

Our confondre ces hérétiques, qui se vantaient de l'avoir dans leur parti, et opéra plusieurs miracles pendant ce voyage. D retour dans sa solitude, il continua de diriger dans les voies de la perfection les disciples qui s'étaient placés sous sa conduite, au nombre de plus de cent. Voici la règle qu'il leur avait donnée: Tant qu'ils demeuraient dans la caverne qu'il avait d'abord choisie pour lui-même, et où il les logeait tous, ils ne cessaient de chanter tous ensemble les louanges du Seigneur; mais ils en sortaient sitôt que le soleil était levé, et s'en allaient deux à deux dans le désert. L'un, mettant les genoux en terre, rendait à Dieu l'adoration qui lui est due, tandis que l'autre, demeurant debout, chantait quinze psaumes de David; à son tour, celui qui était à genoux se levait pour chanter, et celui qui était debout se prosternait pour adorer Ils observaient cet exer

cice depuis la pointe du jour jusqu au soir, et après s'être un peu reposés avant le cou cher du soleil, ils rentraient dans la caverne, où ils offraient à Dizu tous ensemble les hymnes et les cantiques du soir. Saint Sabas avait coutume de prendre, pour l'assister dans les soins de sa charge, ceux d'entre ses disciples qui se montraient les plus éminents en vertu. Nous devons la connaissance de cette règle au bienheureux Théodoret, qui l'a rapportée dans son Histoire des solitaires. Saint Jean Chrysostome parle de saint Julien Sabas comme d'un homme de miracles, et il s'étend sur les honneurs qu'on Jui rendit, soit pendant sa vie, soit apres sa mort, dont la date est inconnue; mais on croit généralement qu'il faut la placer avant la fin du iv siècle. (Voir l'édition de Théodoret par le P. Sirmond; Paris, 1642.)

JULIEN, évêque d'Halicarnasse et un des principaux ennemis du concile de Chalce doine, fut chassé de son siége, après la mort de l'empereur Anastase, par Justin, so successeur. Il se retira à Alexandrie, où d eut une dispute avec Sévère d'Antioche su la corruptibilité du corps de Jésus-Christ. Julien soutint, de vive voix et par écrit, l'incorruptibilité contre Sévère, et il est regardé comme le chef de la secte des incorruptibles, qui n'était qu'un rejeton de T'hérésie des eutychéens. Julien écrivit aussi un Commentaire sur Job, dont il ne nous reste que quelques fragments dans une chaine grecque imprimée à Londres en 1637. Ses écrits contre Sévère ne sont point ve nus jusqu'à nous.

JULIEN, évêque de Coos, d'abord nonce du Pape saint Léon à Constantinople, et ensuite son légat au concile général de Chalcédoine, se montra très-zélé pour is défense de la foi, comme l'attestent les leltres de ce saint Pontife qui, selon sa propre expression, avait établi cet évêque en senti nelle pour veiller à la conservation de l'or thodoxie. Nous ne possédons aucune de ses réponses au Pape; il ne nous reste de lu qu'une lettre à Tempereur Léon, qui, apres avoir écrit une circulaire à tous les évêques, pour avoir leur avis sur le concile de Cha cédoine et sur Timothée Elure, l'adressa en particulier à Julien, en lui ordonnant de lui dire là-dessus son sentiment. Quoique determiné à garder le silence et à s'en rappor ter au jugement des métropolitains, Julien changea toutefois de résolution. Il réponit donc que les crimes de Timothée étaient s énormes que, l'Eglise n'ayant pas de peines assez grandes pour les punir, il fallait s'en rapporter à la justice de l'empereur, qui en ordonnerait selon sa conscience et sa religion. Quant au concile de Chalcédoine, a fallait en maintenir les décrets, puisque, sur la foi, ils n'ordonnaient rien qui ne tel entièrement conforme aux décisions des conciles de Nicée et d'Ephèse. Le diar Libérat fait mention de cette lettre. Elle fut écrite primitivement en grec, quoique nous ne l'ayons qu'en latin, et encore d'un sty très-mauvais; ce qui prouve que la traduc

tion n'est pas de Julien lui-même, qui possédait fort bien ces deux langues.

JULIEN (Saint), né à Tolède, y reçut le baptême et fut élevé dans les principes de la religion, sous les yeux de l'archevêque Eugène III. Après avoir passé par les degrés da diaconat et de la prêtrise, il fut élu luimême archevêque de Tolède, en 680, à la place de Quiricius, mort dans la même année. Félix qui lui succéda, en 690, a fait de Jai un grand éloge, dans lequel il relève son savoir et ses vertus. Il le finit par le catalogue de ses ouvrages, dont trois seulement sont venus jusqu'à nous.

Des Prognostiques. Le premier a pour titre Des Prognostiques, c'est-à-dire, de la considération des choses futures. I est adressé à Idalius, évêque de Barcelone, à qui Julien rappelle les circonstances qui l'engagèrent à le composer, par une lettre qui sert de préface à cet ouvrage. « Comme nous étions ensemble à Tolède, le jour de la Passion de Notre-Seigneur, nous cherchames dans un lieu retiré le silence qui convient aux méditations d'un pareil jour. Là, assis sur chacun un lit, nous prîmes en main l'Ecriture sainte, et nous lûmes la Passion, en comparant le récit des évangélistes. Quand nous fûmes arrivés à un certain passage que je ne me rappelle pas, nous nous sentimes touchés, des soupirs agitèrent notre poitrine; nous fumes remplis d'une consolation céleste, et nous nous vimes élevés à une haute contemplation. Nos larmes interrompaient notre lecture; nous commencions à nous entretenir avec une douceur inexprimable, et je crois que vous oubliates alors la goutte dont vous étiez tourmenté. Nour résolumes de chercher ce que nous deviendrions après la mort, afin que la pensée vive et sérieuse des choses futures nous détachât plus sûrement de la varité des choses présentes. » Saint Julien ajoute qu Idanus et lui se proposèrent mutuellement des questions sur ce qui regarde l'autre vie, et qu'il fut convenu entre eux que l'on mettrait par écrit ce que leur mémoire leur fournirait sur cette matière. En effet, ils firent appeler un notaire, mais en se séparant, Idalius le chargea de rédiger lui-même à loisir ce qu'ils n'avaient fait qu'effleurer dans cette matière.

Saint Julien divisa son ouvrage en trois livres. Dans le premier il recherche l'origine de la mort. Elle est le châtiment du péché du premier homme, infligé à sa postérité, qui n'en pouvait être relevée que par le baptême; ce qui résulte évidemment de ce texte de saint Paul Per unum hominem mors introivit in mundum, et per peccatum mors. Il est vrai que ce péché originel est elfacé par le baptême, mais seulement quant à la coulpe et non quant à la peine de mort qu'il entraine nécessairement avec lui. I examine pourquoi le baptême, en remettant le péché originel, n'exempte pas l'homme de la nécessité de mourir, et il en donne cette raisou, tirée de saint Augustin, c'est que s'il en était autrement, beaucoup de personnes

recevraient le baptême plutôt pour éviter la mort que pour obtenir le salut de leur âme. Il croit que les anges assistent les justes à la mort, et que les démons leur dressent des embûches. Il loue la piété des fidèles dans les devoirs funèbres qu'ils rendent aux morts. Il rapporte des passages de saint Augustin sur les sacrifices que l'on offre pour eux et sur les suffrages des martyrs; d'où il tire une preuve de la certitude du dogme de la résurrection. Il traite dans le second livre de l'état des âmes avant la résurrection, ce qui lui donne lieu d'examiner ce que c'est que le paradis, le purgatoire et l'enfer. Il ne doute point que les âmes, après leur séparation d'avec le corps, ne soient reçues dans l'un de ces trois endroits; que les âmes des justes n'aillent en paradis, celles des méchants en enfer, et qu'il n'y ait aussi un feu purificateur pour celles qui quittent ce monde avec des péchés légers qui ne sauraient entraîner la damnation éternelle. I pense que le purgatoire ne durera que jusqu'au jour du dernier jugement; que toutes les âmes n'y restent pas également; que les unes en sortent plus tôt, les autres plus tard, à proportion des fautes qu'elles ont à expier, et de la délivrance qu'elles peuvent obtenir par les prières et les secours de la charité. Il appuye tout ce qu'il dit sur cette matière, de passages des Pères, et enseigne, d'après saint Grégoire le Grand, que les bienheureux ne prient point pour les damnés, dans la persuasion où ils sont qu'il n'y a point de salut à espérer pour eux. Il prouve, par quelques exemples, que les saints s'intéressent dans e ciel pour ceux qu'ils ont laissés sur la terre, non qu'ils voient par eux-mêmes ce qui s'y passe, mais par la connaissance que les anges.leur en donnent, avec la permission de Dieu. La résurrection des morts et l'état des bienheureux font la matière du troisième livre. Il n'y a aucun doute que Dieu ne doive juger tous les hommes, mais personne ne sait ni le temps ni le lieu, et moins encore combien de jours durera ce jugement. Quoiqu'il soit réservé au Fils de Dieu, néanmoins le Père n'en sera pas exclus, mais il jugera par le Fils. Le jugement sera précédé de la résurrection générale. Les bons et les méchants ressusciteront, avec cette différence, que les méchants ne seront pas changés, et que les bons le seront, parce qu'eux seuls seront glorifiés. Saint Julien imite la modestie de saint Augustin, qui ne voulut point décider si les corps conserveraient la même forme qu'ils avaient avant leur séparation d'avec l'ame; seulement il soutient que les corps des bienheureux seront sans aucune difformité. Si ceux des martyrs conservent les cicatrices de leurs plaies, elles ne feront aucune peine à voir, et la différence des sexes n'excitera aucune cupidité; sur quoi il cite Eugène, archevêque de Tolède, qu'il appelle son maître. Les bienheureux, devenus semblables aux anges, verront Dieu comme ils le voient; leur félicité sera toujours proportionnée aux dif

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Traité du sixième age du monde. ouvrage, qui est plus de la composition de notre auteur, est dirigé contre les Juifs d'Espagne, qui s'efforçaient de montrer que le Messie n'est pas encore venu, sous prétexte qu'il ne devait venir qu'au vra âge du monde.

est divisé en trois livres: Julien prouve dans le premier que les signes de l'avénement du Messie, marqués dans l'Ancien Testament, se sont manifestés; que les temps assignés par Daniel conviennent à la naissance de Jésus-Christ; et qu'après la destruction de Jérusalem, les Juifs ne peuvent plus attendre de Messie. Dans le second, il prouve par l'histoire du Nouveau Testament que Jésus-Christ est le Messie annoncé, et que les apôtres en ont convaincu les Juifs. Enfin, dans le troisième livre, il distingue les âges du monde par les générations, et fait voir que nous sommes au sixième. Il compte le premier depuis Adam jusqu'au déluge; le second, depuis le déluge jusqu'à Abraham; le troisième, depuis Abraham jusqu'à David; le quatrième, depuis David jusqu'à la transmigration de Babylone; le cinquième, depuis la transmigration jusqu'à Jésus-Christ. Il compare le calcul des années suivant le texte hébreu et la version des Septante, et préfère le dernier parce qu'il s'accommode mieux à son dessein. Par ce moyen, il trouve cinq mille ans écoulés depuis le commencement du monde jusqu'à la naissance de Jésus-Christ. Il relève l'autorité de la version des Septante, et prétend que les Juifs ont altéré le texte hébreu. Il ajoute que quand même il n'en serait pas ainsi, la distinction des générations fait voir que le cinquième âge du monde était écoulé quand Jésus-Christ est venu.

Histoire de la guerre de Wamba. Le troisième ouvrage de saint Julien est l'Histoire de la guerre du roi Wamba contre le duc Paul. Wamba avait été élu malgré lui pour succéder au roi Recesvinte, et sacré en 672, à Tolède, par l'archevêque Quiricius. Aussitôt après son sacre, il s'éleva contre lui un parti dans la Gaule narbonnaise. Wamba envoya pour le réprimer le duc Paul, qui se révolta lui-même. Le roi marcha en personne contre ce rebelle, le prit et fit rendre aux églises toutes les richesses qu'il leur avait enlevées, et entre autres la couronne d'or que le roi Récarède avait déposée sur le tombeau de saint Félix de Girone, et que Paul avait mise sur sa tête.

Il fit ensuite juger les rebelles dans l'assem blée de la nation, suivant les canons et les lois des Visigoths. Wamba, étant tombé malade en 680, reçut la pénitence de l'archevêque de Tolède, renonça à son royaume, proclama Ervige son successeur, et laissa à saint Julien une instruction marquant le cérémonial que l'on devait suivre dans l'onction d'Ervige. Ce sont là les deux premiers exemples du sacre des rois.

La Bibliothèque des Pères de Cologne avait attribué à Julien de Tolède un livre des antilogies ou contrariétés apparentes qui se trouvent dans l'Ecriture sainte; mais ce livre, déjà imprimé sans nom d'auteur, est de Bertharius, abbé du mont Cassin. On a donné également sous le nom de saint Julien une partie de commentaire sur la prophétie de Nahum; mais outre qu'il n'en est rien dit dans le catalogue de Félix, qui a rédigé avec beaucoup de soin la liste des ouvrages de son prédécesseur, le style et la manière dont ce commentaire est écrit font assez connaître qu'il est d'un autre auteur, quoiqu'il portât le nom de Julien dans le manuscrit sur lequel Canisius l'a publié. Félix cite dans son catalogue plusieurs autres ouvrages de saint Julien qui ne sont point venus jusqu'à nous. Cet auteur était habile pour son temps. Il avait lu les Pères et possédait l'Ecriture sainte. Son style est clair, et sa latinité beaucoup plus pure que celle de la plupart des autres écrivains du même siècle.

JULIUS FIRMICUS MATERNUS. - On

ignore quel est cet apologiste, et nous n'avons pas même de conjectures sur son pays ni sur sa profession. Pourtant le titre de Clarissime ajouté à son nom de Julius Firmicus Maternus, en tête du seul ouvrage qui nous reste de lui, a fait croire qu'il était sénateur. Quelques-uns, mais sans fondement, comme Baronius par exemple, l'ont fait évêque, et confondu tantôt avec saint Materne de Milan et tantôt avec un certain Julius que l'on croit avoir été évê que de la même ville; mais saint Materne était mort dès l'an 314, tandis que Firmicus Maternus vivait encore sous l'empire de Constance, et que le Julius dont on fait un évêque de Milan n'est connu que par les souscriptions d'un concile de Rome qui ne se tint jamais que dans l'imagination d'Isidore, l'auteur des fausses décrétales. Après avoir embrassé la religion chétienne, Julius Firmicus étudia les saintes Ecritu res, dont il devint dans la suite un des plus zélés défenseurs, comme on peut s'en convaincre, par une excellente réfutation du paganisme, insérée sous son nom au IV volume de la grande Bibliothèque des Pères. Cet ouvrage intitulé: De Errore profansrum religionum, n'a que trente chapitres, et encore sont-ils très-courts; mais, dit Colonia, dans son Histoire littéraire de Lyon, la brièveté s'en trouve compensée par une force et une solidité de raisons qu'on ne saurait trop admirer. L'auteur l'adressa au empereurs Constance et Constant, fils du

gran Constantin, dans la vue de les engager à ruiner les restes de l'idolâtrie, qu'il combat en effet par ses origines, ses traditions et ses monuments. Il manque quel que chose au commencement, où l'on voit que l'auteur parlait de la formation et de la chute de l'homme.

Dès les premiers chapitres, il montre que les quatre éléments, le feu, l'air, la terre et l'eau ne sont pas des dieux, mais des œuvres de Dieu. Les Egyptiens qui adoraient l'eau et qui chaque année lui offraient des sacrifices, devaient bien plutôt tenir en honneur celle du baptême, par laquelle les hommes renaissent et reçoivent le salut. Au lieu de pleurer annuellement la mort d'Osiris, n'étaient-ils pas plus intéressés à pleurer leur aveuglement, à chercher le chemin qui conduit à la vie, et à remercier Dieu de l'avoir trouvé, en faisant pénitence de leurs égarements. Il rapporte ce qui se passait dans le culte que les Phrygiens rendaient à la terre sous le nom de Cibèle, et convient avec eux, mais pour leur faire sentir le ridicule de l'idolâtríe, qu'ils avaient raison de l'appeler la mère de tous les dieux puisque ces idoles de pierre ou de bois, c'est la terre qui les a toutes produites. Les Assyriens et une partie des Africains avec eux, s'étaient fait de l'air qu'ils considéraient comme le premier des éléments, une divinité qu'ils appelaient Junon et quelquefois Vénus la vierge ; et ils célébraient avec des turpitudes incroyables les mystères institués en son honneur. Julius Firmicus les leur rappelle pour les en faire rougir, et les engiger à ne plus déshonorer par de semblables infamies un corps que Dieu a créé. Vous pouvez, leur dit-il, par la seule foi en Jésus-Christ, racheter tout ce que vous avez perdu par les mauvaises insinuations du démon. Les Perses, qui adoraient le feu, le représentaient sous les deux sexes et lui donnaient le nom de Mithra. Ils en célébraient les mystères dans des cavernes et des lieux souterrains, comme pour se priver à dessein des rayons de la vraie lumière. Julius leur reproche d'adorer comme Dieu celui dont ils avouaient les crimes. Il passe delà à l'origine des autres fausses divinités, dont il raconte les barbaries, les impuretés, les débauches et la fin tragique. Comme les païens pleuraient annuellement et à certains jours marqués la mort de Bacchus, de Proserpine, d'Attis et d'Osiris, Julius en tire une preuve de la vanité du culte qu'ils leur rendaient. Si ceux que vous adorez sont des dieux, leur dit-il, pourquoi les pleurez-vous? ou s'ils méritent que vous les pleuriez, pourquoi leur rendez-vous un culte divin? De deux choses l'une; ou ne les pleurez pas s'ils sont dieux, ou, si vous les croyez dignes de pleurs, ne les appelez pas Dieu pour ne pas souiller par vos larmes la majesté divine. » A l'occasion d'Adonis, mis à mort par Mars son rival, il fait ce raisonnement: «Si Adonis était dieu, comment a-t-il pu ignorer que son rival lui tendait des piéges? Il se moque de Mars, qui pour

l'emporter sur Aaonis dans l'amour de Vénus, s'était métamorphosé en cochon. Il parle des Bacchanales ou fêtes en l'honneur de Bacchus, et rappelle qu'environ 186 ans avant Jésus-Christ, les infamies qui s'y commettaient ayant été découvertes à Rome par un jeune homme nommé Ebutius, le sénat les défendit sous les peines les plus rigoureuses.

Les païens, selon la remarque de Julius. Firmicus, ne se proposaient d'autre but dans le culte qu'ils rendaient à ces différentes divinités, que de s'autoriser chacun dans leur passion dominante, en se persuadant qu'ils pouvaient se permettre tout ce que leurs dieux avaient fait eux-mêmes. Ainsi, ceux qui se livraient à l'adultère et à divers autres genres d'impureté, justifiaient leur conduite par celle de Jupiter, d'Hercule, d'Apollon, de Bacchus ; et ils trouvaient dans l'histoire de ces faux dieux de quoi s'appuyer dans leurs vengeances, dans leurs cruautés, dans leurs brigandages; car Jupiter attenta à la vie de son père, Corybante tua son frère, Apollon fit écorcher vil Marsyas, Hercule mit à mort Gérion et emmena son troupeau, Tantale viola les droits de l'hospitalité. C'était à ces sortes de dieux que les tyrans forçaient les Chrétiens de sacrifier en punissant de mort ceux qui refusaient.

Firmicus revient, dans le chapitre XIV, sur l'origine de l'idolâtrie, dont il s'était un peu écarté. Il en découvre le berceau en Egypte, et l'époque au temps du patriarche Joseph, d'après qui l'on aurait forgé l'histoire du dieu Sérapis. Les Egyptiens, reconnaissants de ses bienfaits, le divinisèrent peu de temps après sa mort, et l'adorèrent sous ce nom, en mémoire de son aïeule qui s'appelait Sara. Cette opinion n'est point dénuée de vraisemblance; du moins présente-t-elle un point d'appui aux systèmes des savants modernes sur l'analogie des fictions mythologiques avec les événements contenus dans nos livres saints. Il semble étonnant même que l'on aille chercher ailleurs le type des dieux et des héros de la fable, après la déclaration expresse que l'Esprit-Saint luimême a daigné nous en faire, par ces propres paroles du livre des Machabées: Libros legis de quibus furabantur gentes similitudinem simulacrorum suorum. Aussi Tertullien s'autorise-t-il de ce passage des saintes Ecritures pour demander aux païens: «< Y a-t-il quelqu'un de vos poètes et de vos philosophes qui n'ait puisé dans nos prophètes? Mais, ajoute-t-il, ils en ont composé à leur fantaisie des fables, auxquelles ils ont voulu donner le masque de la vérité pour la détruire. » Mais revenons à notre apologiste qui continue ainsi ses découvertes sur l'origine de l'idolâtrie. Les païens ont appelé dieux Pénates le boire et le manger; Vesta, le feu domestique; Pallade, un simulacre composé des os de Pélops; la beauté, Vénus; la terre, Cérès, à cause des semences que l'on jette dans son sein; la déesse de la guerre, Minerve, parce qu'elle menace ou

aiminue le nombre des hommes; et ainsi des autres divinités dont les noms marquent évidemment les propriétés des choses naturelles. Ces noms de dieux, dit-il, n'ont frappé les hommes qu'autant qu'ils ne se sont pas appliqués à en développer la signification; mais quand une fois ils en ont eu compris le sens, ils ont méprisé et enfin abandonné le culte de ceux qui les portaient.

De là le savant réfutateur passe à la description des symboles et des paroles mystérieuSes usitées dans les initiations païennes, et les applique fort spirituellement à JésusChrist. Cette partie de son ouvrage a été d'un grand secours aux critiques habiles, tels que Bergier, Huet, Lavaur, Thomassin, Vivès Bochard et Guérin du Rocher, qu'il était plus facile d'attaquer par des sarcasmes que par des raisons, comme l'a fait l'auteur d'un livre d'ailleurs fort estimable, intitulé: De l'autorité des livres de Moïse. Il rapporte ensuite les différentes paroles figurées dont se servaient les païens, lorsqu'ils voulaient faire entendre qu'ils avaient participé aux mystères de leurs dieux; comme, j'ai mangé du tympan; j'ai bu de la cymbale, et j'ai appris les secrets de la religion. Firmicus en prend occasion de les inviter à manger d'un pain tout différent, le pain de JésusChrist, et à boire dans une autre coupe, celle de son sang, pour acquérir la vraie vie et l'immortalité. Il en use de même à l'égard d'une certaine prière qu'ils récitaient dans les calamités, et dans laquelle ils invoquaient l'époux, la lumière, le dieu de la prière; et il montre, par plusieurs passages de l'Ecriture, que Jésus-Christ est la lumière du monde, l'époux de l'Eglise, la pierre angulaire qui sert de fondement à la nouvelle Jérusalem. Il n'est point de pays dans le monde où son nom ne soit connu, et que sa divinité ne remplisse; le remède à nos maux n'est pas un dieu à deux faces comme le pensaient les païens, mais le sang de Jésus-Christ que nous buvons; mais le signe salutaire de sa croix, qui par sa figure soutient et affermit tout l'univers et produit l'immortalité. L'onction des prètres des idoles donnait la mort; celle du sang de Jésus-Christ donne la vie. L'auteur traite ensuite des mystères de la Passion du Fils de Dieu, de sa Résurrection, de sa naissance; de la chute du premier homme et de la rédemption du genre humain par Jésus-Christ. Il dit nettement que si le Fils de Dieu ne fût pas mort pour les hommes, ni Abel, ni Enoch, ni aucun des anciens patriarches n'eussent été sauvés. Il dit que dans les mystères de la mère des dieux, d'Isis et de Proserpine, les païens imitaient celui de la croix, en altachiant à un tronc d'arbre la figure d'un jeune homme ou d'une vierge; puis après avoir rapporté plusieurs passages de l'Ancien Testament où le bois de la Croix était figuré, il en fait un grand éloge, et invite les païens à venir laver leurs péchés dans le sang que Jésus-Christ a répandu sur ce bois pour le salut des hommes. Ce chapitre, où l'auteur compare les sacrifices des

païens avec celui des Chrétiens, est encore plus intéressant pour le dogme catholique que pour l'histoire. Dans les sacrifices chrétiens, dit-il, le sang précieux de l'Agneau adorable qui s'immole pour leur salut, les fait enfants de Dieu, les rachète, les affranchit et les consacre; mais au contraire, le sang des victimes que les païens immolent à leurs idoles, bien loin de leur être de que! que utilité, ne fait que les souiller encore davantage, et. par une funeste illusion, les précipite eux-mêmes à la mort. Il en prend occasion de s'expliquer plus particulièrement sur le taurobole et le criobole (immolation de taureaux ou de béliers), dont l'initié recevait le sang sur toute sa personne, dans l'espérance d'y recevoir aussi le sceau de la régénération. Tertullien nous apprend que le démon jaloux de contrefaire la vérité de nos mystères chrétiens, avait imaginé cette grossière initiation de notre baptême, en laissant croire que dans ce bain sanglant on trouvait l'expiation de ses crimes.

L'auteur, après cela, traite de la substance des dieux du paganisme, et montre par les paroles des prophètes que cette substance était de pierre, de bois, d'or, d'argent ou de quelque autre métal. Puis s'adressant aux empereurs: « Enlevez, leur dit-il, tous ces vains ornements des temples; faites brûler toutes ces idoles ou faites-les fondre dans vos monnaies, et tournez ainsi au profit de vos domaines tous ces trésors. Après tant de victoires, après avoir traversé l'Angleterre au milieu de l'hiver, ce qui ne s'était jamais vu, vous ne pouvez rien ajouter de plus glorieux à votre grandeur que de détruire les restes du paganisme. En cela, vous ne ferez que vous conformer à la loi du vrai Dieu, qui défend de faire des idoles et d'adorer d'autres dieux que le Seigneur. » Pour les engager à cet acte de justice, il leur rappelle que c'est Dieu qui leur a donné la vietoire sur leurs ennemis, et leur promet toutes sortes de prospérités. Il essaye de détourner les païens de l'idolâtrie, en leur représentant que les démons qu'ils adorent tremblent au seul nom de Dieu et de sou Christ; qu'ils en sont tellement effrayés, que quand on les interroge, c'est à peine s'ils se possèdent; ils ne répondent que d'une manière chancelante, et ils sont contraints d'avouer leurs crimes, lorsqu'on les frappe dans ceux qu'ils obsèdent. Il paraît que Julius croyait les démons corporels, engendrés du diable et se nourrissant du sang victimes; opinion qui a eu cours pendant quelque temps parmi les anciens. Le style de son ouvrage est poli, mais plein de force et de chaleur; on voit qu'il n'était pas moins versé dans les divines Ecritures que dans les sciences profanes, et qu'il aimait sincèrement la religion à laquelle il s'était converti. Cet écrit remarquable fut imprimé pour la première fois à Strasbourg, par les soins de Mathias Flaccus, en 1562, puis réimprimé à Heidelberg, parmi les Micrologues, en 1599, et à Bale, avec les notes de Jean Wawer, en 1603. On le rencontre aussi

des

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