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Une préface ici serait inutile.

L'auteur s'est efforcé d'être clair et il a l'espoir d'y avoir réussi.

Il n'a pas tout dit, mais ce qu'il a dit est le fruit de longues réflexions, de sérieuses études; il a, sur chaque point, consulté les maîtres.

Comprenant combien la moindre erreur pourrait tirer à conséquence en si délicate matière, il Soumet toutes et chacune de ses assertions au jugement infaillible du Saint-Siége.

1er mai 1870.

LE

MARIAGE CHRÉTIEN

ET LE CODE NAPOLÉON

CHAPITRE I.

OCCASION DE CE LIVRE. PROJET DE RÉVISION DU CODE
NAPOLÉON. UN CAS DE MARIAGE.

On nous a plus d'une fois raconté en fort bon lieu que, lorsque Maleville fit paraître, en 1807, son Analyse raisonnée, etc., -un premier et bien modeste commentaire du Code civil alors vierge encore, Napoléon, qui ne s'attendait à rien de tel, ne put s'empêcher de s'écrier avec humeur : « Mon Code est perdu! >>

Il s'était imaginé, ce grand capitaine, qu'une nation est faite pour être conduite par ses chefs comme une armée bien façonnée à la manœuvre, qu'on peut enfermer le droit et la loi dans des formules d'une préci

sion géométrique, et que désormais, grâce à lui, le juge n'aurait plus que faire de tout ce qui s'appelle jurisprudence, attendu qu'il lui suffirait de savoir son Code à peu près comme un sous-lieutenant sait sa théorie.

Comme il était loin du compte! On sait si les commentaires ont manqué à son œuvre, surtout depuis la chute de l'Empire, et maintenant voici venir les critiques, les projets de réforme. Par une singulière ironie, nous avons vu un professeur de droit, occupant une des chaires de la Faculté de Paris, soumettre un projet de révision du Code civil à cette même Académie des sciences morales que Napoléon avait supprimée, parce qu'elle n'était, disait-il, composée que d'idéologues. Les idéologues ont beau jeu pour prendre leur revanche.

M. Batbie, l'auteur du projet en question, n'est pourtant pas un réformateur bien redoutable; il est et il reste, avant tout, professeur; il ne touche aux articles qu'il voudrait corriger que d'une main aussi indulgente que respectueuse, et jamais il n'enfonce le fer jusqu'au vif. Toutefois, qu'un professeur de la Faculté de Paris convienne que le Code n'est pas dans toutes ses parties la perfection absolue, et qu'il pourrait être utile d'y introduire quelques changements, c'est déjà un fait assez remarquable, et, si j'ai bonne mémoire, cela n'arrivait guère il y a trente ans.

A Dieu ne plaise que nous poussions de gaieté de cœur à l'émancipation de la critique, particulièrement en ce qui touche l'autorité des lois : la conscience des

citoyens en pourrait être troublée, et le respect, cette chose si catholique, y trouverait mal son compte. Seulement, quand la conscience proteste déjà, quand elle ne cesse d'élever contre une législation où ses droits sont méconnus des réclamations impuissantes, quand l'Église parle, quand la plus haute autorité qui soit sur terre a prononcé en dernier ressort, alors notre devoir est clair, et nous nous félicitons qu'il soit rendu plus facile par le concours de ceux-là mêmes qui sont les interprètes officiels et les défenseurs zélés de la loi.

C'est ce qui arrive dans la question présente, l'une des plus difficiles à démêler d'après les principes du droit moderne, comme vont le prouver jusqu'à l'évidence les incertitudes et les dissentiments des légistes. La jurisprudence, après tant d'années, est toujours flottante, et, il faut le dire, elle se ressent beaucoup trop, en général, des passions du moment et des crises qui agitent le monde politique; une révolution peut la faire passer du blanc au noir, au grand détriment de la famille, dont l'existence ne devrait pas reposer sur une base si fragile. Pourquoi craindrait-on de changer des lois dont l'autorité morale est chancelante et qui se défendent mal au tribunal de la raison et de la conscience? Cela vaut pourtant la peine d'y réfléchir.

Voici en quels termes M. Batbie justifie, devant l'Académie des sciences morales, l'idée, le projet bien vague encore d'une révision du Code civil:

<<< Dans toute société qui progresse, les lois, mème

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