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Les colonnes de l'église étaient ornées de chapiteaux romans, dont quelques-uns, conservés encore, présentent toute l'habileté et toute la variété des sculptures de cet âge. Dans chaque travée, deux rangs de petites arcades ouvertes au-dessus de la grande, différant de celles du vestibule par leur nombre et leur disposition, conservaient toutefois le style roman le plus pur, aussi bien que celles du vestibule, et à plus forte raison, puisqu'elles avaient été construites plus d'un siècle auparavant. Les trois arcades du rang inférieur étaient supportées par des pilastres, les trois supérieures par de petites colonnes. Mais on remarquait encore, dans cette construction toute à plein cintre, la forme ogivale de la grande arche ouverte sur les collatéraux, forme plus remarquable même ici que dans le vestibule, à cause de l'antériorité de la date. Cette bizarrerie n'empêche point que l'on n'assigne à l'église le caractère architectural que nous lui avons donné. L'ogive que l'on reconnaît dans quelques monumens de cette époque n'était qu'un accident. Elle n'était point encore l'expression d'un système; le style gothique n'existait pas.

A l'entrée du chœur, on voyait adossées au dixième pilier de la grande nef quatre grandes statues de bois peint; elles représentaient saint Maïeul, une tiare à ses pieds; saint Hugues, tenant l'abbaye dans sa main droite; saint Odon, un livre à la main; saint Odilon, portant une crosse. Ces attributs allégoriques étaient accompagnés des armoiries de chacun des quatre abbés.

Le chœur comprenait environ le tiers de la grande nef. Au milieu du chœur il y avait deux jubés; mais on y admirait principalement le sanctuaire, hardiment porté par huit colonnes de marbre, de 30 pieds d'élévation. Six surtout étaient précieuses : trois de cipolin d'Afrique, trois de

marbre grec de Pentélie veiné de bleu. Saint Hugues les avait fait amener d'Italie par la Durance et le Rhône. Leurs chapiteaux surtout étaient sculptés avec une rare magnificence, et avec toute la variété infinie de l'art roman.

Il y avait au chœur 225 stalles pour les religieux, toutes d'un travail remarquable, mais bien postérieur à la fondation de l'église car, pendant la durée des siècles, le chœur changea plus d'une fois de proportions et de distribution. Au 15° siècle, Jean de Bourbon avait fait entourer le sanctuaire de tapisseries magnifiques, nommées tapisseries de la passion, lesquelles représentaient les scènes de la vie et de la mort de Jésus-Christ, et d'autres sujets pieux, tirés quelquefois de la vie des saints abbés de Cluny. Nul vestige n'est demeuré de ces tapisseries regrettables.

Ce qui est bien plus regrettable encore, c'est la belle peinture qui remplissait la voûte de l'abside (1). Elle représentait la figure du Père Éternel, de dix pieds de hauteur, porté sur des nuages, une main levée, l'autre posée sur l'Apocalypse fermé des sept sceaux. A ses pieds reposait l'agneau sans tache. Cette composition gigantesque était accompagnée des figures ailées de l'homme, du lion, de l'aigle et du bœuf. Toute cette peinture se détachait sur un fond d'or orné de losanges, en forme de mosaïque.

Ce bel ouvrage, qui décorait la coupole de Cluny, avait conservé jusqu'au 19° siècle tout l'éclat et toute la fraîcheur de ses couleurs primitives. Il serait aujourd'hui une chose bien rare en Europe; mais le fondateur du musée des

(1) M. Lenoir en a donné un dessin et une description dans son Musée des monumens français; mais ce dessin et cette description, aussi infidèles l'un que l'autre, n'attestent que trop le peu d'intelligence que l'on avait du style roman à l'époque où M. Lenoir a écrit son livre.

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