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Petits-Augustins, M. Alexandre Lenoir, chargé de conserver les monumens antiques, ne put sauver celui-ci, malgré ses lettres au ministre Chaptal. Quelques-uns, entre autres l'Art en province, ont attribué à l'an 1000 cette peinture, dont les couleurs étaient mélangées à l'eau d'œuf, d'après l'usage du temps. Cette date ne saurait être exacte, puisque l'église, commencée en 1089, ne fut terminée que dans le siècle suivant. La peinture de la coupole appartient donc à la fin du 11° siècle, ou au commencemeut du 12° siècle, à moins qu'on ne suppose, ce qui n'est pas supposable, que l'abside de l'église a été bâtie long-temps avant l'église ellemême, qui n'eût fait que se joindre à la vieille coupole.

Même au 11° et au 12° siècle, la coupole peinte de Cluny était infiniment remarquable; sa conservation manque à l'histoire de l'art. On ignore entièrement le nom du peintre. Appartenait-il à la Bourgogne, à la France? L'abbé de Cluny l'avait-il fait venir d'Orient ou d'Italie? Était-il de la famille de ces artistes qui couvrirent de mosaïques d'or les voûtes des églises vénitiennes? Qui le saura jamais!

On avait adossé, soit aux jubés, soit aux piliers même de la grande nef et de ses collatéraux, un grand nombre d'autels consacrés à des saints divers. Nul autel pourtant ne se voyait avant le sixième pilier de la nef principale. Je dois épargner au lecteur les noms et le nombre de ces autels disséminés dans l'enceinte sacrée.

Le grand autel était placé un peu au-delà de la seconde croisée. On en vantait le précieux sanctuaire et la magnifique pierre de jaspe qui l'embellissait. Plus loin, il y en avait un autre, appelé l'autel matutinal. C'est à cet autel que, jusque dans les derniers temps, s'était maintenu l'antique usage de la communion sous les deux espèces, et que les assistans du prêtre qui officiait, les fêtes et les diman

ches, prenaient la communion du vin avec un chalumeau d'or, dont l'extrémité plongeait au fond du calice. C'est aussi derrière cet autel matutinal qu'on voyait le tombeau de Hugues, le saint fondateur de l'église.

Les principales chapelles, aussi vieilles que la basilique, étaient reléguées, autour de la colonnade octogone du chœur, dans cinq voûtes en cul de four.

D'autres chapelles s'ouvrirent ultérieurement, soit le long des nefs latérales, soit le long des deux croisées. De ce nombre la fameuse chapelle Bourbon, élevée, au 15° siècle, dans toute la richesse de l'art gothique, et destinée à survivre seule aux désastres de l'église mère, à côté du clocher méridional: mais triste, mais nue, mais privée de ses tableaux, de ses autels, de ses statues, que Jean de Bourbon y avait placés avec splendeur; montrant pourtant encore à l'œil des curieux les restes de ses quinze belles figures de prophètes et de patriarches, portant sur leurs poitrines de larges légendes rouges avec des lettres d'or effacées; puis ses quinze niches vides au-dessus des prophètes ; ses élégantes et gothiques pyramides; les gracieuses découpures de sa niche gothique placée à gauche de l'autel détruit; sa voûte légère armoriée de fleurs de lys; tout à côté de la chapelle, la chambre de Jean de Bourbon (1), sa cheminée, son écusson barré, son prie-dieu pauvre chapelle! que la protection administrative a sauvée de la destruction, pour en faire comme un reliquaire, où reposent les débris admirables de quelques chapiteaux, une magnifique pierre sculptée d'autel roman, une belle urne en marbre blanc, dont des serpens entrelacés forment les

(1) Cet oratoire, d'où l'on suppose que le cardinal entendait les offices, était lui-même une chapelle sous l'invocation de St. Eutrope.

anses; le plan de l'abbaye qui n'est plus, quelques tronçons de colonnes et des fragmens de tombeaux !

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Les tombeaux aussi couvraient la surface sacrée (1). On y montrait surtout, outre ce que nous avons déjà dit, ceux du pape Gélase, de vingt-six abbés de Cluny, d'une foule d'archevêques, d'évêques, de princes et de personnages de distinction, dont les noms et les épitaphes, en vers ou en prose latine, bien qu'intéressans à l'œil de l'antiquaire, doivent pourtant être négligés par l'historien. Je ne veux nommer, avec les illustres morts de la maison de Bourgogne, avec les Soubise et les ducs de Pondevaux, qu'une sœur de saint Louis, Pernette, qui, devenue veuve, en 1270, de Hugues Guichard d'Hauteville, fils de Tancrède, bâtard de Roger, duc de Pouille, lequel mourut dans l'expédition de Tunis, vint mourir à Cluny en 1286. D'autres sépulcres célèbres, placés hors de l'église, ornaient St.-Pierrele-Vieux, les cloîtres et les cimetières de l'abbaye.

(1) Les principaux sont indiqués dans le plan. Le tombeau dont nous donnons le dessin était probablement celui de Pierre-le-Vénérable.

entre les deux tours, au-devant du portail, et le portail lui-même, étaient recouverts d'un lambris peint, qui les défendait des injures de l'air.

Tout l'intervalle entre les deux tours, au-dessus du portail et du lambris peint, était rempli par une grande rose romane, de 30 pieds de diamètre, en pierre de grès finement taillée et sculptée. Elle se composait de vingt branches qui naissaient d'une autre rose plus petite, formant le centre de la première. L'encadrement de la rose et tous les ornemens accessoires étaient romans et à plein cintre. Elle était surmontée de la figure d'un moine bénédictin en aube, l'encensoir à la main.

Par le portail on pénétrait dans une espèce d'immense vestibule. Ce n'était pas pourtant cet atrium fort commun dans les grandes églises primitives, et que l'on voit encore à St.-Ambroise de Milan, à la cathédrale de Salerne ; cet atrium antique, formé sur un plan quadrilatère, laissait libre et ouvert au ciel l'espace intermédiaire. Le vestibule de l'église de Cluny, entièrement fermé comme un temple ordinaire, était bien plutôt une sorte de première église qu'un véritable vestibule. C'était déjà, en effet, un vaste temple. Il avait 110 pieds de longueur, 81 pieds de largeur, et se divisait en une nef principale et deux collatéraux.

L'intérieur de ce vestibule, ou, pour mieux parler, de cette avant-nef, était orné de trois étages d'architecture. Le premier se composait d'un arc ogive supporté par des pilastres cannelés qui décoraient les quatre côtés de huit piliers énormes. Du chapiteau des pilastres montait un faisceau de quatre colonnes légères qui s'arrêtaient à une large frise, un peu plus haut que la pointe de l'ogive. De cette frise, jusqu'à la naissance de la voûte, on voyait s'élan

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