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Lavergne avait des opinions réactionnaires. En vain faisait-on observer que des républicains éprouvés, et, à leur tête, Martin Nadaud, l'ancien ouvrier maçon, celui-là même auquel la ville de Guéret vient d'élever une statue, patronnaient la souscription et l'encourageaient de leurs deniers. Rien n'y fit. La municipalité demeura obstinée dans son refus. On avait accepté les libéralités de Lavergne, mais on ne voulait pas de sa statue. C'est toujours l'histoire d'Aristide, avec cette différence que l'ostracisme ne s'appliquait pas à l'homme, mais à son image, ce qui, après tout, est un progrès.

En apprenant cette exclusion, Léon Say se montra plus surpris que déçu: « Ils n'en veulent pas à Guéret, dit-il, eh bien! nous le garderons à Paris. » C'est en effet dans la capitale, au milieu du jardin de l'Institut agronomique, restauré et agrandi, qu'a été érigée la statue proscrite par la Creuse. Le gouvernement d'alors, moins exclusif que la municipalité de Guéret, ne craignit pas de s'associer à l'hommage rendu à la mémoire de Lavergne, et le jour de l'inauguration du monument, le ministre de l'Agriculture, M. Viette, radical, mais homme d'esprit, fit un délicat éloge de l'économiste, du professeur, de l'écrivain. Léon Say avait raison; encore que, de la sorte, le savant seul soit glorifié à l'exclusion de l'homme politique, la place de Lavergne est bien là où son image a été dressée, au centre de cet Institut agronomique, dont il a été l'un des fondateurs, au milieu de cette jeunesse laborieuse qu'il formait par son enseignement à l'étude de la science agricole, aux austères vertus de la vie rurale, à l'amour de la patric!

ERNEST CARTIER.

POÉSIE

I

Dans le verger que juin pavoise de cerises,
Trois vierges, de vingt ans à peine, sont assises.
Une immense lumière occupe le ciel blanc.
Un arbre dont les fruits sont bas couvre le banc
Où, tranquilles, la tête en arrière inclinée,
Elles laissent couler l'heureuse matinée.
Caché dans la charmille obscure, je les vois.
Sans pouvoir distinguer les mots, j'entends leurs voix.
D'un mouvement distrait, tout en causant entre elles,
Elles creusent le sol du bout de leurs ombrelles.
Sous le balancement léger des grands chapeaux
Leurs visages baignés d'un demi-jour sont beaux,
Et la fleur de leur âge éclate sur leurs joues.
Leurs bouches, par instans rêveuses, font des moues,
Ou s'ouvrent sur des dents candides en riant.
Une tête se tourne et montre un cou friand,
Et la perle qui brille au lobe de l'oreille
En rehausse la grâce et la nacre vermeille.
L'aérien tissu des étoffes d'été,

Répandu sur ces corps de chaste volupte,
Flotte en nuages frais de la gorge pudique
Aux genoux que la robe insinuante indique.
Il arrive parfois qu'une jupe soudain

Remonte en découvrant un bas de jambe fin.
L'une de ces enfans se lève, et d'une branche
Elle approche son bras qui colore la manche,

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le ces enfans se lève, et d'une branche proche son bras qui colore la manche,

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