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SERMON

POUR UNE PROFESSION.

SUR LA VIRGINITÉ.

pour

Sainte séparation et chaste union, deux choses dans lesquelles consiste la sainte virginité : combien elle est mâle et généreuse. De quelle manière, en établissant son siége dans l'ame, rejaillit-elle sur le corps. Avec quel soin les vierges doivent garder tous leurs sens. D'où vient la sainte virginité a-t-elle tant d'attraits le Sauveur, Saint ravissement des vierges, et leurs priviléges. Précautions qui leur sont nécessaires, pour être saintement unies à leur Epoux. Son amour et sa jalousie : ses deux regards sur elles. Qu'estce qui cause sa retraite. Funestes effets de l'orgueil : avantages de l'humilité.

Emulor vos Dei æmulatione: despondi enim vos uni viro, virginem castam exhibere Christo.

J'ai pour vous un amour de jalousie, et d'une jalousie de Dieu; parce que je vous ai fiancés à cet unique Epoux, qui est Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge toute pure. II. Cor x1. 2.

PUISQUE la sainte cérémonie par laquelle vous vous consacrez au Sauveur avec la bénédiction de l'Eglise, vous met au nombre des vierges sacrées, et vous joint à la troupe innocente de ces filles choisies et bien-aimées, qui doivent être conduites au Roi,

selon la prophétie du Psalmiste (1); pour vous faire connoître avec évidence quelle est la profession que vous faites, il est nécessaire que vous pénétriez ce que c'est que la virginité chrétienne, dont les anciens docteurs nous ont fait de si grands éloges. C'est aussi ce que vous enseigne le divin apôtre, en vous assurant qu'il vous a unie, comme une vierge chaste et pudique, à un seul homme qui est Jésus-Christ; et il vous montre, par ces paroles, que la sainte virginité consiste principalement en deux choses. Mais pour entendre un si grand mystère, remontons jusqu'au principe, et supposons avant toutes choses que cet Epoux immortel, que votre virginité vous prépare, a deux qualités admirables. Il est infiniment séparé de tout par la pureté de son être : il est infiniment communicatif par un effet de sa bonté.

Quand j'entends le Seigneur Jésus qui enseigne à Marthe empressée, qu'il n'y a qu'une chose qui soit nécessaire (2); je remarque en cette parole la condamnation infaillible de la vanité des enfans des hommes. Car si le Fils de Dieu nous apprend que nous n'avons tous qu'une même affaire, ne s'ensuit-il pas clairement que nous nous consumons de soins superflus, que nous ne concevons que de vains desseins, et que nous ne repaissons nos esprits que de creuses imaginations, nous qui sommes si étrangement partagés parmi tant d'occupations différentes ? tellement que ce divin Maître, nous rappelant à l'unité seule, condamne la folie et l'illusion de nos désirs inconsidérés, et de nos prétentions infinies: d'où il est aisé de conclure que la solitude que les hommes faient,

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et les cloîtres qu'ils estiment autant de prisons, sont les écoles de la véritable sagesse; puisqué tous les soins du monde en étant exclus avec leur empressante multiplicité, on n'y cherche que l'unité nécessaire, qui seule est capable d'établir les cœurs dans une tranquillité immuable.

C'est, Madame, à cette unité que vous invite le divin apôtre, quand il vous assure aujourd'hui qu'il vous a unie pour toujours, comme une vierge chaste et pudique, à un seul homme qui est Jésus-Christ, Univiro. C'est en effet à cet unique Epoux que votre profession vous consacre; et la sainte virginité, que vous lui offrez en ce jour, vous sépare de toutes choses pour vous attacher à lui seul. Mais avant que de traiter un si grand mystère, recourons tous, d'une même voix, à la mère et au modèle des vierges, et implorons sa bienheureuse assistance, en la saluant avec l'ange et disant, Ave, Maria.

IL importe infiniment au salut des ames de considérer sérieusement un endroit admirable du divin apôtre (1), où cet excellent maître des Gentils nous représente l'économie de l'Eglise dans la diversité des opérations qui font l'harmonie de ce corps mystique. Il se fait, dit-il, en l'Eglise une certaine distribution de grâces; et comme nous voyons que le corps humain se conserve par les fonctions différentes de chacun des membres qui le composent, ainsi en est-il du corps de l'Eglise, dont tous les membres ont des dons divers, selon que l'Esprit de Dieu les anime. C'est de là que nous apprenons cette belle

4) Rom. x11. 4 et seq.

et importante leçon, que la perfection du christianisme consiste à nous acquitter de la fonction à laquelle le Saint-Esprit nous destine. Car comme le corps humain est parfait lorsque l'œil discerne bien les objets, et l'ouïe la différence des sons; lorsque l'estomac prépare au reste du corps la nourriture qui lui est propre, que le poulmon rafraîchit le cœur, et que le cœur fomente le corps par cette chaleur douce et vivifiante qui réside en lui comme dans sa source; et enfin lorsque les organes exécutent fidèlement ce que la nature leur a commis: ainsi la perfection du corps de l'Eglise, c'est que tous les membres de Jésus-Christ exercent constamment l'action qui leur est particulièrement destinée, et que chacun rapporte son opération à la fin du divin Esprit qui nous meut et qui nous gouverne. C'est sans doute pour cette raison, mes très-chères Sœurs, que vous avez désiré de moi que je vous entretinsse aujourd'hui de la sainte profession à laquelle le Saint-Esprit vous a appelées; et pour contenter ce pieux désir considérons, avant toutes choses, pourquoi vous vous êtes retirées du monde, à quoi vous avez été destinées, quel est votre nom, quel est votre titre, quelle est votre fonction dans l'Eglise.

Vous êtes, mes Sœurs, ces filles choisies qui devez être conduites au Roi, selon la prophétie du Psalmiste; vous êtes les vierges de Jésus-Christ et les chastes épouses du Sauveur des ames: de sorte que, pour connoître avec évidence quelle est la profession que vous faites, il est nécessaire que vous pénétriez ce que c'est que la virginité chrétienne à laquelle vous avez été consacrées. C'est aussi ce que

vous enseignera le divin apôtre, en vous assurant qu'il vous a unies, comme une vierge chaste et pudique, à un seul homme qui est Jésus-Christ. Mais pour entendre le sens de ce beau passage, disons que la virginité chrétienne consiste en une sainte séparation et en une chaste union. Cette séparation fait sa pureté, cette chaste et divine union est la cause des délices spirituelles que la grâce fait abonder dans les ames vraiment virginales.

Que le principe de la pureté soit une séparation salutaire, vous le comprendrez aisément, si vous remarquez que nous appelons impur ce qui est mêlé, et que nous estimons pur et net ce qui étant uni en soi-même, n'est gâté ni corrompu par aucun mélange. Par exemple, tant qu'une fontaine se conserve dans son canal, telle qu'elle est sortie de la roche qui lui a donné sa naissance, elle est nette, elle est pure, elle ne paroît point corrompue. Que si par l'impétuosité de son cours elle agite trop violemment la terre sur laquelle elle passe, et qu'elle en détache quelque partie qu'elle entraîne avec elle parmi ses eaux; aussitôt vous lui voyez perdre toute sa netteté naturelle; elle cesse visiblement d'être pure, sitôt qu'elle commence d'être mêlée.

Mais élevons plus haut nos pensées, et considérons en Dieu même la preuve de la vérité que j'avance. La théologie nous enseigne que Dieu est un être infiniment pur elle dit qu'il est la pureté même. En quoi est-ce que nous remarquons cette pureté incompréhensible de l'Etre divin, sinon en ce que Dieu est d'une nature entièrement dégagée, libre de toute altération étrangère, sans mélange,

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