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ORAISONS FUNÈBRES.

BOSSUET. XVII.

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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

LES Notices que nous avons cru devoir placer à la tête des ORAISONS FUNÈBRES ont déjà été imprimées plusieurs fois. Nous les avons un peu retouchées. Elles ne sont guère que des extraits des longues Notices, jointes par l'abbé Lequeux à l'édition des ORAISONS FUNÈBRES, qu'il publia en 1762. Le texte de Bossuet fut revu avec assez de soin, pour cette édition. Nous avons suivi exactement les corrections indiquées par Lequeux; et nous en avons fait plusieurs autres, qu'une lecture attentive des premières éditions nous a fournies. Les quatre dernières Oraisons funèbres sont fort inférieures aux six premières : Bossuet ne les avoit pas fait imprimer. On y trouve néanmoins des traits dignes de son génie.

ORAISON FUNÈBRE

DE

HENRIETTE-MARIE DE FRANCE,

REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE,

Prononcée le 16 novembre 1669, en présence de MONSIEUR, frère unique du Roi, et de MADAME, en l'Eglise des Religieuses de Sainte-Marie de Chaillot, où repose le cœur de Sa Majesté.

NOTICE

SUR HENRIETTE-MARIE DE FRANCE,

REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

HENRIETTE-MARIE étoit la sixième des enfans que Henri IV, roi de France, eut de son mariage avec Marie de Médicis. Elle naquit en 1609. En 1625, elle épousa Charles I, roi d'Angleterre, si connu par ses revers et sa mort malheureuse. Louis XIII, frère aîné de la princesse, n'avoit consenti à ce mariage, qu'à condition que le Pape accorderoit une dispense à cause de la différence de religion. Cette dispense fut accordée, et la jeune Reine, qui, aux termes du contrat de mariage, devoit jouir de la plus grande liberté relativement à l'exercice du culte catholique, partit pour l'Angleterre, suivie de son confesseur, le P. de Bérulle, depuis cardinal, et de douze autres prêtres de la Congrégation de l'Oratoire. Ces prêtres furent accusés de travailler secrètement à faire des prosélytes à la religion catholique, et la Reine fut obligée de les remplacer par des Capucins, qui déplurent comme leurs prédécesseurs.

Bientôt le feu des discordes civiles et religieuses s'alluma avec fureur; il fit de la vie de la Reine d'Angleterre et de celle du Roi, un enchaînement de catastrophes plus tra-giques les unes que les autres. En Ecosse et en Angleterre, on se révolta, on prit les armes, et le Roi eut à combattre ses propres sujets. Dans tout le cours de cette guerre malheureuse, il y eut quelques intervalles de calme et de soumission; mais les rebelles augmentant chaque jour d'audace et de puissance, le Roi fut obligé de quitter Londres et de se séparer de la Reine. Celle-ci

alla en Hollande, chercher à son époux des secours en hommes et en argent. Une furieuse tempête l'accueillit à son retour, lui fit perdre deux vaisseaux, et la rejeta sur les côtes de Hollande, d'où elle repartit encore et aborda en Angleterre. Cinq vaisseaux ennemis, avertis de sa descente, vinrent canonner le lieu où elle étoit retirée. Elle y courut les plus grands dangers, et dans cette occasion, comme dans toutes celles qui suivirent, montra, avec le plus grand zèle pour la cause de son époux, un courage au-dessus de son sexe et de sa fortune. Forcée de quitter encore le Roi qu'elle avoit rejoint, et qu'elle accompagnoit partout, elle se réfugia à Exeter, où elle accoucha d'une fille (Henriette-Anne) qui fut depuis duchesse d'Orléans.

La Reine eut à peine le temps de se rétablir de ses couches, et fut obligée de chercher en France un asile contre la fureur de ses ennemis. Sa tête étoit mise à prix, Il lui fallut abandonner son enfant à des mains étrangères; puis, s'embarquant pour sa terre natale, se confier encore à la mer orageuse. Là, elle fut de nouveau surprise par la tempête, qui lui enleva un vaisseau; et poursuivie à coups de canon jusque sur les côtes de France, elle y aborda enfin, après s'être vue mille fois en danger de perdre la vie. Mais en France d'autres calamités l'attendoient encore. C'étoit le temps des guerres de la Fronde. Souvent insultée par les Frondeurs, jusque dans le Louvre où elle demeuroit, elle éprouva même le besoin des choses nécessaires à la vie, et se vit forcée de demander au Parlement, ce qu'elle appeloit elle-même une aumône pour subsister. C'est dans cette triste situation, qu'elle apprit la mort du Roi son mari, que Cromwel fit condamner à mort, et décapiter le 9 février 1649. La Reine alors ne songea plus qu'à s'assurer une retraite, pour y cacher son infortune, et finir tranquillement ses jours. C'est dans cette vue qu'elle fonda à Chaillot le couvent de la Visitation elle vint s'y établir avec le Roi son fils et ses autres

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