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NOTICE

SUR MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE,

REINE DE FRANCE.

MARIE-THERESE D'AUTRICHE, étoit l'unique fruit du mariage de Philippe IV, roi d'Espagne, et d'Elisabeth de France sa première femme. Elle naquit en 1638. Lorsqu'il fut question de lui choisir un époux, la France étoit depuis très long-temps en guerre avec l'Espagne, et les deux nations épuisées avoient un égal intérêt à la paix. Le mariage de cette Princesse avec Louis XIV fut le gage de la réconciliation entre les deux couronnes. Aussi cette union, qui eut lieu en 1660, fut-elle un des plus grands traits de la politique et de l'habileté du cardinal Mazarin, et l'un des plus glorieux événemens de son ministère,

Les mémoires et les historiens du temps s'accordent à faire l'éloge de MARIE-THÉRÈSE, pour laquelle le Roi son époux montra constamment beaucoup de déférence et de respect. Mais malgré ces témoignages extérieurs, et même les preuves d'estime et d'attachement qu'elle recevoit de son époux, MARIE-THÉRÈSE, qui se sentoit digne de posséder son cœur tout entier, n'étoit pas moins cruellement affectée de le voir trop souvent infidèle, et en souffroit d'autant plus qu'elle étoit obligée de dissimuler son humiliation et sa douleur. Ces chagrins contribuèrent sans doute, autant que son éducation et ses principes, à la détacher du monde et de ses plaisirs, et à lui inspirer la plus austère et la plus ardente dévotion. Toutes les

pratiques de la religion, tous les devoirs qu'elle prescrit, tous les exercices de piété qu'elle ordonne ou qu'elle recommande, furent toujours son occupation la plus chère. En l'année 1672, le Roi ayant déclaré la guerre à la Hollande, et se disposant à partir pour cette campagne, mit le gouvernement entre les mains de la Reine avec le titre de Régente. Cette régence dura peu, mais servit à prouver la capacité de la Reine dans les affaires, et toute la confiance que le Roi avoit en elle.

Des six enfans que Louis XIV eut de son mariage avec MARIE-THÉRÈSE, le Dauphin seul survécut à sa mère, qu'une fièvre maligne emporta presque subitement le 30 juillet 1683. Elle étoit alors âgée de quarante-cinq ans. Un mot de Louis XIV, lors de ce triste événement, sert à prouver également les sentimens qui l'animoient, et les vertus de l'épouse qu'il venoit de perdre. « Depuis vingt» trois ans que nous vivons ensemble, dit le Roi, voilà le premier chagrin qu'elle m'ait donné ».

Voyez l'Histoire de Bossuet, tom. II, liv. vii, n. 1.

ORAISON FUNÈBRE

DE

MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE,

REINE DE FRANCE ET DE NAVARRE

Sine macula enim sunt ante thronum Dei.

Ils sont sans tache devant le trône de Dieu. Paroles de l'apôtre saint Jean dans sa Révélation, chap. XIV. 5.

QUE

MONSEIGNEUR,

UELLE assemblée l'apôtre saint Jean nous fait paroître! Ce grand prophète nous ouvre le ciel, et notre foi y découvre « sur la sainte montagne de » Sion », dans la partie la plus élevée de la Jérusalem bienheureuse, l'Agneau qui ôte le péché du monde, avec une compagnie digne de lui. Ce sont ceux dont il est écrit au commencement de l'Apocalypse (1): « Il y a dans l'église de Sardis un petit » nombre de fidèles, pauca nomina, qui n'ont pas » souillé leurs vêtemens » : ces riches vêtemens dont le baptême les a revêtus; vêtemens qui ne sont rien moins que Jésus-Christ même, selon ce que dit l'a

(1) Habes pauca nomina in Sardis, qui non inquinaverunt vesti> menta sua. Apoc. 111. 27.

pôtre (1) : « Vous tous qui avez été baptisés, vous » avez été revêtus de Jésus-Christ ». Ce petit nombre chéri de Dieu pour son innocence, et remarquable par la rareté d'un don si exquis, a su conserver ce précieux vêtement, et la grâce du baptême. Et quelle sera la récompense d'une si rare fidélité? Ecoutez parler le Juste et le Saint : « Ils marchent, >> dit-il (2), avec moi, revêtus de blanc, parce qu'ils en » sont dignes »; dignes par leur innocence de porter dans l'éternité la livrée de l'Agneau sans tache, et de marcher toujours avec lui, puisque jamais ils ne l'ont quitté depuis qu'il les a mis dans sa compagnie : ames pures et innocentes; «< ames vierges », comme les appelle saint Jean (3), au même sens que saint Paul disoit à tous les fidèles de Corinthe (4) : « Je » vous ai promis, comme une vierge pudique, à un » seul homme, qui est Jésus-Christ ». La vraie chasteté de l'ame, la vraie pudeur chrétienne est de rougir du péché, de n'avoir d'yeux ni d'amour que pour Jésus-Christ, et de tenir toujours ses sens épurés de la corruption du siècle. C'est dans cette troupe innocente et pure que la Reine a été placée : l'horreur qu'elle a toujours eue du péché lui a mérité cet honneur. La foi, qui pénètre jusqu'aux cieux, nous la fait voir aujourd'hui dans cette bienheureuse compagnie. Il me semble que je re

(1) Quicumque in Christo baptizati estis, Christum induistis. Gal. 111. 27.

(2) Ambulabunt mecum in albis, quia digni sunt. Apoc. m. 4. (3) Virgines enim sunt. Hi sequuntur Agnum quocumque ierit. Ibid. XIV. 4.

(4) Despondi vos uni viro virginem castam exhibere Christo. II. Cor. XI. 2.

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