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» foi ». Jouissez, Prince, de cette victoire; jouissez

en éternellement par l'immortelle vertu de ce sacrifice. Agréez ces derniers efforts d'une voix qui vous fut connue. Vous mettrez fin à tous ces discours. Au lieu de déplorer la mort des autres, grand Prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte; heureux, si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d'une voix qui tombe, et d'une ardeur qui s'éteint.

ORAISON FUNÈBRE

DU RÉVÉREND PÈRE

FRANÇOIS BOURGOING,

SUPERIEUR GÉNÉRAL DE LA CONGREGATION DE L'ORATOIRE,

Prononcée le 4 décembre 1662.

NOTICE

SUR LE R. PÈRE BOURGOING.

FRANÇOIS BOURGOING, né en 1585, et reçu en 1609 bachelier et docteur de Sorbonne, quitta en 1611 la cure du village de Clichi, près Paris, pour entrer dans la Congrégation des Pères de l'Oratoire que formoit alors le cardinal de Berulle. Celui-ci se servit de lui pour introduire cette nouvelle congrégation à Nantes, à Dieppe, à Rouen, surtout en Flandre et dans beaucoup d'autres lieux. En 1641, après la mort du Père de Condren, qui avoit succédé au cardinal de Berulle dans la place de supérieur général de la Congrégation, le Père BOURGOING fut élu pour le remplacer. Dans cette nouvelle fonction, son zèle ardent, et sa vigilance minutieuse et prodigue de réglemens et d'actes d'autorités, surtout ses efforts constans pour rendre l'autorité du général de la Congrégation plus entière et plus absolue, lui attirèrent de nombreux ennemis, et lui firent éprouver de vives contradictions, auxquelles il fut le plus souvent obligé de céder. Enfin, en 1661, et lorsque de grandes infirmités avoient déjà beaucoup affoibli ses facultés physiques et intellectuelles, il se vit forcé de se démettre. Il mourut l'année suivante, âgé de soixante-dix-huit ans.

Voyez l'Histoire de Bossuet, tom. 1.er, liv. 11, n. 14.

ORAISON FUNÈBRE

DU R. PÈRE

FRANÇOIS BOURGOING.

Qui bene præsunt presbyteri, duplici honore digni habeantur.

Les prétres qui gouvernent sagement, doivent être tenus dignes d'un double honneur. I. Tim. v. 17.

Je commencerai ce discours en faisant au Dieu vivant des remercîmens solennels, de ce que la vie de celui dont je dois prononcer l'éloge, a été telle par sa grâce, que je ne rougirai point de la célébrer en présence de ses saints autels et au milieu de son Eglise. Je vous avoue, chrétiens, que j'ai coutume de plaindre les prédicateurs, lorsqu'ils font les panégyriques funèbres des princes et des grands du monde. Ce n'est pas que de tels sujets ne fournissent ordinairement de nobles idées : il est beau de découvrir les secrets d'une sublime politique, ou les sages tempéramens d'une négociation importante, ou les succès glorieux de quelque entreprise militaire. L'éclat de telles actions semble illuminer un discours; et le bruit qu'elles font déjà dans le

monde, aide celui qui parle à se faire entendre d'un ton plus ferme et plus magnifique. Mais la licence et l'ambition, compagnes presque inséparables des grandes fortunes; mais l'intérêt et l'injustice, toujours mêlés trop avant dans les grandes affaires du monde, font qu'on marche parmi des écueils; et il arrive ordinairement que Dieu a si peu de part dans de telles vies, qu'on a peine à y trouver quelques actions qui méritent d'être louées par ses ministres.

Grâce à la miséricorde divine, le Révérend Père BOURGOING, Supérieur général de la Congrégation de l'Oratoire, a vécu de telle sorte que je n'ai point à craindre aujourd'hui de pareilles difficultés. Pour orner une telle vie, je n'ai pas besoin d'emprunter les fausses couleurs de la rhétorique, et encore moins les détours de la flatterie. Ce n'est pas ici de ces discours où l'on ne parle qu'en tremblant, où il faut plutôt passer avec adresse, que s'arrêter avec assurance, où la prudence et la discrétion tiennent toujours en contrainte l'amour de la vérité. Je n'ai rien ni à taire ni à déguiser; et si la simplicité vénérable d'un prêtre de Jésus-Christ, ennemie du faste et de l'éclat, ne présente pas à nos yeux de ces actions pompeuses qui éblouissent les hommes, son zèle, son innocence, sa piété éminente nous donneront des pensées plus dignes de cette chaire. Les autels ne se plaindront pas que leur sacrifice soit interrompu par un entretien profane : au contraire, celui que j'ai à vous faire vous proposera de si saints exemples, qu'il méritera de faire partie d'une céré

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