COURS D'ELOQUENCE SACREE FAIT A LA SORDONNIi PENDANT L'ANNEE 1864-1865 Par MONSEIGNEUR FREPPEL KVÊQUE D'ANGERS TROISIÈME ÉDITION RE TAUX-BU AY, LIBRAIRE-ÉDITEUR 82, IlUK BONAPaRTE, 8 2 *'■ Coup d'œil général sur l'école chrétienne d'Alexandrie. — Rôle qu'elle a i—i joué dans cet espace de temps qui sépare les Pères apostoliques des CO orateurs et des théologiens du iv» siècle. — L'école d'Alexandrie a pour i m mission d'établir les rapports de la science et de la foi, de montrer —*> l'accord de la religion avec la vraie philosophie. — Influence du génie ^C des races sur les productions de la science et de l'art. — En quoi les - Alexandrins diffèrent des écrivains de l'Asie Mineure et des théologiens de l'Église d'Afrique. — Comment Alexandrie était devenue l'un des centres principaux du mouvement scientifique et littéraire dans le vieux monde. — Difficultés que rencontrera sur son chemin l'école chrétienne d'Alexandrie en voulant opposer la véritable science de la foi à la fausse gnose. — Action salutaire de l'Église de Rome au milieu du travail des esprits qui se manifeste dans les Églises de l'Asie Mineure, dans l'Eglise ^". d'Afrique et dans celle d'Alexandrie. Messieurs, C'est par les écrivains de l'école d'Alexandrie que nous terminerons l'histoire de l'éloquence chrétienne dans les trois premiers siècles de l'Église. Cette marche était indiquée par l'ordre des matières comme par celui des temps. En complétant nos études antérieures, le travail que nous allons entreprendre nous conduira sans interruption jusqu'au seuil du iv" siècle; car c'est à Alexandrie même, là où Clément et Origène ont vécu et enseigné, que les grandes luttes de l'arianisme ouvriront une nouvelle période pour la science et la littérature chrétiennes. Lorsqu'on s'arrête devant un monument dont les vastes proportions frappent le regard, le premier mouvement de l'esprit n'est pas d'en examiner les détails, mais de l'embrasser dans une vue d'ensemble. Subjugués par la grandeur du spectacle qui s'offre à nos yeux, nous commençons par contempler l'édifice du sommet à la base; nous observons les lieux où il s'élève, le fond sur lequel il se détache, ce qui l'a voisine et l'entoure. Puis, sous cette masse imposante, nous cherchons l'idée qu'elle exprime, le caractère qui la distingue, son but, sa raison d'être. Alors seulement, nous pénétrons dans l'intérieur pour analyser nos impressions et en vérifier la justesse. Ainsi en est-il des ouvrages de l'esprit, de ces créations bien autrement hautes que nous rencontrons sur le sol de l'histoire. Avant de les étudier pièce par pièce, nous aimons à nous rendre compte de leur apparition, afin d'en saisir, par ce premier coup d'œil, l'étendue et la portée. Donc, pour m'en tenir au sujet qui nous occupe en ce moment, à cette illustre pléiade d'écrivains qu'on appelle l'école d'Alexandrie, je me demande tout d'abord quelle place elle est venue occuper dans l'histoire littéraire des premiers siècles. Quel est le sens et le caractère de son œuvre? Par quoi les Alexandrins, Clément et Origène à leur tête, se distinguent-ils des écrivains qui les ont précédés ou suivis? A quels besoins des esprits, à quelles conditions de l'époque répondaient la nature et la tendance particulière de leurs travaux? En un mot, je me propose aujourd'hui de déterminer le rôle qu'a joué l'école d'Alexandrie dans cet espace de temps qui sépare les Pères apostoliques des orateurs et des théologiens du iv siècle. Si j'ai réussi, Messieurs, à vous donner une idée exacte des travaux de l'éloquence chrétienne pendant l'époque que nous venons de parcourir, vous avez dû remarquer qu'ils se rapportaient à un triple objet, selon qu'il s'agissait de maintenir la foi et la discipline au sein de l'Église, de défendre la religion chrétienne contre le polythéisme, ou de réfuter les hérésies. Depuis les écrits des Pères apostoliques jusqu'aux œuvres morales de Tertullien et de saint Cyprien, toute une |