Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Le couvent des Petchéries a 550 sage nes de circonférence. Son entrée est précédée d'une petite place en demi-cercle,

que les quarante saints plongés nus dans l'étang de glace.

Au fond de cette place étroite, est le portail du couvent, surmonté d'une Madone colossale, entre deux personet Féodose, les fondateurs de la Laure. nages également gigantesques, Antoine Un long porche voûté, orné de même de saints icones, et surmonté d'une chapelle à coupolette dorée, introduit dans la cour carrée du monastère,

le

pignon allemand, c'est-à-dire en pyramide échelonnée. Dans chacune habite un solitaire, qui a devant sa porte un pefleurs. Au centre de cette vaste cour, en tit jardin avec quelques arbres et des partie pavée, brille, svelte et dégagé, Sophie, mais que je regarde cependant magnifique Sobor, moins étendu que la de la Russie, pour la hauteur de ses comme le monument le plus grandiose murs et de ses voûtes, et l'ampleur majestueuse de ses neuf coupoles dorées, les plus belles peut-être de l'Orient chrétien. La porte d'entrée est précédée, comme à la Sophie, d'une petite terrasse flanquée de deux chapelles latérales, qui proéminent comme d'énormes piliers boutans hors du plan carré du Sobor, et leurs murs couverts en dehors de grandes peintures historiques, sous lesquelles une quarantaine de petits carrés représentent toutes les paraboles de l'Evangile, l'enfant prodigue, la poutre dans l'œil d'autrui, le mauvais arbre Christ surmonte la porte en arc mauresavec la coignée, etc. Un baptême du

dont les deux murailles latérales sont couvertes de grandes fresques. Elles représentent d'un côté l'introduction du Christianisme en Oukraine par des pré-flanquée de petites maisons, la plupart à lats et desmoines grecs vêtus en basiliens, et qui apportent processionnellement, de Kherson au grand Vladimir, une Madone miraculeuse : car c'est presque toujours ainsi que se convertit une tribu slave. Puis le couvent des Petchéries est fondé; on le voit avec le paysage qui l'entoure; mais le plan de l'édifice et du temple a été malheureusement repeint et changé de siècle en siècle. Pourquoi les évêques du moyen âge, qui excommuniaient pour des motifs souvent si légers, n'ont-ils pas songé à déclarer excommunié quiconque essaierait de dénaturer les peintures nationales et autres monumens? Combien de documens perdus sans retour auraient été par là conservés à l'histoire! De l'autre côté de la place sont peints les bustes de tous ces saints des Petchéries, dont Nestor, dans son Pater icône, nous a transmis les merveilleuses légendes, complément nécessaire de la vie des solitaires d'Orient. Vêtus de noir et dans le costume basilien, chacun d'eux a son buste enchâssé dans une grande étoile, comme pour signifier qu'il règne au firmament, parmi les astres de Dieu, image empruntée au symbolisme sidéral des gnostiques. Sous ces grandes peintures sont exprimés, dans de petits carrés, des martyres et des scènes bibliques, tels

(1) Voir la 1 leçon dans le n° 42, t. VII, p. 434.

que.

Il faut descendre plusieurs degrés pour où le culte russe est né, et que entrer dans cet antique et sombre Sobor, visitent

constamment, depuis sept siècles, les pélerins en bure grise ou en peau d'agneaux blancs; Slaves des deux rivages,

qui se mêlent à cette limite où le slavisme oriental embrasse celui d'Occident. On les voit se prosterner en faisant de nombreux signes de croix, se coucher dans la poussière et se relever alternativement, au milieu des centaines de centaines de cierges, qui, brûlant chaque matin, mêlent à l'encens leurs nuages de fumée, et illuminent à la fois les mystiques profondeurs du temple et les poé'tiques ténèbres de la liturgie gréco-russe. L'étroit et long trapèze, sans aucune fenêtre, est entièrement couvert de peintures, qu'une faible clarté laisse à peine distinguer. Ce qui frappe principalement, ce sont les portraits en médaillon, sur fond azuré, des saints moines des Petchéries. Chacun a la tête surmontée d'une étoile, peut-être celle qui, dans le mystique Bas-Empire, était censée lui servir de lumineuse demeure. Aux chrétiens orientaux de ces temps, les âmes apparaissaient sous la forme d'astres brûlans. Peut-être avant d'ouvrir le temple à leurs néophytes, les premiers moines de Kijov les arrêtaient dans cet obscur trapèze pour leur expliquer les légendes des stylites et des ascètes qui ont fondé l'église russe, et dont les moines actuels ont retenu une partie de l'effrayante austérité.

L'intérieur de cette cathédrale, carré exact, tout-à-fait disposé à la russe, ne diffère des Sobors de Moskou que par les chapelles sombres qui l'entourent. La grande coupole seule est ouverte intérieurement, et l'œil s'étonne de son élévation extraordinaire, augmentée encore par la lumière qui l'inonde, pendant que le reste du temple est dans une mystérieuse obscurité. Ses peintures sont malheureusement modernes : mais il n'en est pas de même de celles du vaste iconostase, qui monte dans cette coupole tout resplendissant de pierreries et de vermeil. Ses rangées de personnages, de grandeur naturelle, liturgiquement disposés, portent tous les caractères d'un style très ancien. Ornées d'or et d'argent, séparées entre elles par des colonnes spirales à fûts dorés et chargés d'arabesques, ces figures, toutes isolées, à types orientaux, sont quelquefois très remarquables comme dessin et vivacité de coloris. Dans les obscurs enfoncemens

[blocks in formation]

Tout le Sobor, murs et voûtes, est à fond bleu, sur lequel sont peints des sujets historiques, des fleurs, des arabesques. La voûte centrale, ici comme dans la plupart des cathédrales russes, a en hauteur plus de trois fois sa largeur ; tandis que celles des bas-côtés figurent presque une catacombe. Au reste, les unes et les autres ont leur arc extrêmement surbaissé, ainsi que tout ce qui date du moyen âge ruthénique: elles sont presque plates; les nervures croissantes et longitudinales n'y sont que légèrement indiquées, souvent par de simples lignes peintes. Les bas-côtés portent les galeries de l'église supérieure, appuyées aux quatre gigantesques piliers de la large mais courte nef, au pied desquels sont les siéges en bois des chantres, exhaussés comme des tribunes. De la base au sommet de ces piliers, sont peints, de grandeur naturelle, les saints confesseurs, colonnes de l'église gréco-russe. Mais l'Occidental s'étonne lorsqu'il voit adossé au premier de ces piliers, en entrant, le comptoir mercenaire du moine noir et voilé, qui vend les cierges et les amulettes, et même durant les offices compte et recompte ses piles de soroks et de kopêks.

[ocr errors]

A l'extérieur du Sobor sont murées plusieurs pierres sépulcrales de divers siècles, usage inconnu à Moskou, et qui sent la Pologne et l'Allemagne. Le clocher entièrement isolé, à l'orientale, ne surmonte point, comme on le voit pour la Sophie et tant de monastères russes la porte d'entrée de la Laure; mais il est dans l'intérieur même de l'enceinte. Son carré se termine en une masse octogone élancée à une hauleur très considérable: quoique d'architecture moderne, quoique formée d'étages superposés, chargés de ressauts, et percés d'innombrables fe

nêtres, ainsi que le sont celles de tous les Sobors, cette tour est néanmoins une des plus belles de la Russie. Sa hauteur de 43 sagènes et sa hardiesse étonnent l'œil qui se repose sur sa cime, long cône doré à lanterne, forme sacramentelle de tout campanile orthodoxe.

Un peu plus loin est la petite église de saint Pierre et saint Paul, également assez ancienne, à porte moresque et à colonnes bizarres, précédée d'un porche à icônes, avec des bancs pour les pélerins, et qui est oblong au lieu de s'étendre en largeur. Là commence le chemin de pierre, qui descend aux petchéries. Entre cette église et le clocher, le modeste palais du métropolite, jadis patriarche de toutes les Russies, occupe un des quatre côtés du monastère. Il est encore plein des souvenirs du dernier archimandrite, Eugène, l'un des plus grands archéologues qui aient existé chez les Slaves, et qui, malgré ses nombreux ouvrages imprimés, en a laissé encore un plus grand nombre en manuscrits, qui gisent ici oubliés dans la bibliothèque poudreuse du couvent tant la science est peu favorisée en Russie. La charité en retour continue de s'y exercer comme dans les temps primitifs sous le portique d'une autre église à grande coupole dorée (car tout couvent russe renferme au moins sept ou huit temples), au fond d'une petite cour à gauche en entrant, on voit chaque semaine des troupes de pélerins, étendus sur leurs fourrures où souvent ils ont passé la nuit, recevoir leur dîner des moines dont le réfectoire est voisin. L'hospitalité est restée la vertu des orientaux.

Chaque fois que je passais devant la Laure, je m'arrêtais avec un nouvel étonnement : car autant ses neuf vastes coupoles en ellipses étincelantes, rangées trois par trois sur le Sobor, produisent de loin un effet magique sur l'imagination, autant de près elles satisfont la raison par leurs espacemens, leur hauteur et la beauté harmonieuse de leurs proportions. C'est une des magnificences les plus vraies qu'offre l'Orient chrétien. Bien plus nombreuses et plus impressionnantes, les coupoles duKremle | moskovite n'ont pas à beaucoup près la même majesté.

|

|

Enfin l'heure était venue de descendre aux catacombes je suivis le vieux moine à longue barbe, au regard morne, qui, un flambeau à la main, devait m'initier au mystère des ténébreuses petchéries. Ces grottes sacrées d'où l'Église russe est sortie, comme l'Église latine de celles de Rome, sont le monument funéraire chrétien le mieux conservé de l'Orient. Les catacombes de la Grèce, si on avait pu les étudier à fond, seraient sans doute bien plus intéressantes; mais elles ont disparu avant que la science archéologique ait pu s'en occuper. On sait seulement que les Grecs y employaient un luxe étonnant, et en creusaient partout où ils s'établissaient. Ils ont porté cet usage jusque dans la Sarmatie, où celles de Kijov remontent à une époque ignorée, et se perdent dans les fables scythiques. Ces labyrinthes que le peuple dit tout pavés de métaux précieux et qui passant sous le Borysthène étaient censés s'unir aux grottes de Tchernigov, d'où ils se prolongeaient jusqu'à Moskou, ont été décrites dans le Patericone de Nestor dont malheureusement les langues usuelles de l'Europe n'ont encore aucune traduction. Une dissertation latine de 178 pages a paru, il est vrai, l'an 1674, à Hambourg et Jena, dans un gros volume in-12, intitulé: Davidis von der Becke, Mindani, experimența... naturalium rerum. Immédiatement après le traité De Lunariis herbis et rebus noctu lucentibus, par Conrad Gessner, on y trouve les Religiosa Kijovienses cryptæ, sive Kijovia subterranea, et.... à sexcentis annis divorum atque heroum Græco-Ruthenorum necdum corrupta corpora, par Jean Herbinius. Ce petit livre curieux est devenu excessivement rare, et ne renferme d'ailleurs aucune description des grottes, où l'auteur semble n'être pas même descendu. C'est un simple extrait, avec critique, du Patericone de Nestor sur ces momies vénérées : en voici l'analyse.

« Quel homme, dit le voyageur dans sa préface, pouvant visiter cette ville devenue si fameuse par la lutte incessante de ses Kòsaks contre les Tatars, et qui se vante de posséder les restes de Troie, les tombeaux de Priam, d'Hector, d'Achille, d'Ajax, des héros Helléniques et Dardaniens, ne partirait pas avec joie

pour le Borysthêne? Après quelques | néanmoins d'une telle étendue qu'on n'en pages semblables, notre Allemand entre saurait pas plus sortir sans guide qu'on en matière. ne sortait autrefois de ceux de Minos. On y trouve d'innombrables cellules et même de beaux temples: Templa, Antonio et Theodosio auctoribus, faberrimè

Chapitre premier. De la signification de petchérie, mot dérivé du polonais pietchara, qui est synonyme d'hypogée ou krypte, du grec xpʊnteiv, creuser, enfouir. Le slavon piets désigne toute grotte, cellule ou sépulcre.

constructa. »

Les chapitres suivans renferment des commentaires diffus sur une lettre qu'Innocent Ghiziel, archimandrite de la Laure, écrivit à l'auteur en 1674. Après avoir établi l'authenticité des reliques véné

Chapitre deuxième. Origine de Kijov: elle ne peut être l'ancienne Troie, autrement Homère aurait parlé du passage des cataractes par la flotte d'Agamem-rées aux petchéries, cette lettre finit en non. Ainsi c'est une fable que les corps ces mots: L'incorruptibilité accordée gigantesques ét incorruptibles d'Hector à ces corps ne peut être qu'une récomet de Príam gisent dans les Petchéries. pense de leur sainteté; il est impossible Mais cette ville fut dès la plus haute anti- d'en attribuer la conservation à travers quité des Kòsaks, nation de faucheurs, tant de siècles aux inflnences du terrain, dont le nom vient du slavon kossa, faux, puisque d'autres morts enterrés dans les et qui en maniant cette arme, servit ja- mêmes lieux se sont dissous en poussière. dis dans le camp d'Alexandre-le-Grand. Bien plus, quelques crânes desséchés y (Il est inutile d'observer que Kijov n'est distillent une huile salutaire, qui chasse ni Troïen, ni Kòsak, mais purement toutes les maladies. Par l'intervention de slave; ce n'est qu'au xvi siècle que les ces saints les aveugles voient, les énerKòsaks y vinrent, et en trop petit nom-gumènes sont délivrés du démon, et des bre pour en transformer la population. D'ailleurs ces guerriers étaient la plupart des réfugiés Polonais.)

miracles de jour en jour plus grands
s'accomplissent. Quant à l'étendue des
souterrains, nous sommes dans l'incerti-
tude depuis qu'un tremblement de terre,
il y a soixante ans, a fait ébouler les voÛ-
tes en plusieurs endroits. Ces choses
étant, je conjure ardemment nos saints
qui n'ont point vu et ne verront la cor-
ruption, de vous prendre sous leur tu-
telle et dé vous procurer le salut (1). »
( GHIZIEL.>
Mais, répond Herbinius, J.-C. seul est

Chapitre troisième. Les Petchéries creusées au plus tard au xe siècle par des missionnaires grecs, venus chez les Roxolans ou Russes orientaux. Ce peuple cinq fois baptisé retournait à chaque fois aux idoles. Première conversion par les apotres saint André, saint Paul et saint Andronic; deuxième par Cyrille et Méthode, apôtres des Polènes; troisième par des prêtres inconnus en 878, d'après Baro-incorruptible. Comment peut-on dire que nius, tome 9o de ses annales; quatrième par la princesse Olga; cinquième par Vladimir et Sviatoslav en 1008.

Chapitre quatrième. Ces catacombes furent le refuge des premiers chrétiens Ruthènes, persécutés par les princes idolâtres et par les cruels Polovtsi.

Chapitre cinquième. Creusées non dans le roc, mais dans un sable dur, comme la pouzzolane du Latium, ces cavernes ne passent point sous le Borysthène, et ne vont point jusqu'à Smolensk, ni jusqu'à Dniestre, comme l'a écrit Florus Polonus en 1666. L'archimandrite de Kijov assure Herbinius que tout cela était faux.

Chapitre sixième, Ces labyrinthes sont

[ocr errors]

les saints de Kijov ne connaîtront jamais la corruption, si Hénoch et Elie même doivent la voir venir sur eux, et puisque tout ce qui porte la tache du péché originel subira cette conséquence. Au reste, bien que très lentement ces corps se dessèchent néanmoins et diminuent peu à peu, s'ils n'ont pas encore disparu, c'est peut-être par la volonté de Dieu, qui permet ce genre d'édification à un peuple simple. Voilà tout ce qu'on peut accorder, en reconnaissant même que ces

(1) On s'étonne de lire dans M. Schuitzler ces paroles singulières : « Les catacombes passent sous le fleuve qu'on entend gronder sur sa tête, lorsqu'on visite ces voûtes souterraines. »

ermites ont vécu en saints, comme les prophètes hébreux qui jadis se retiraient dans des grottes pareilles. A leur exemple, ces moines d'Orient ont vécu chacun dans la cellule qu'il s'était creusée; il y priait des années, et mort on l'y embaumait à l'égyptienne dans des bandelettes, pour qu'il y restât jusqu'au jugement dernier; sa cellule devenait son tombeau. Cette immobilité de la vie ascétique orientale n'a pas encore pleinement cessé de nos jours. ›

Les pères du mysticisme russe sont donc enterrés ici; chacun d'eux brille par une vertu ou par un genre de combat. Voici le duc de Tchernigov, Nicolas Sviatoch, qui renonça librement à toutes les gloires du monde pour se couvrir du cilice; plus loin est Moïse le magjar, qui résista à tous les charmes de l'amour d'une Polonaise, et donna son cœur à Dieu seul; celui-ci est Arétas,, moine avare, et puis pénitent; là est Érasme, long-temps tiède et paresseux, mais qui finit par devenir exemplaire; ces deux frères, Evagrius et Titus, se haïrent long-temps à mort avant de s'embrasser dans une même cellule. Voilà des rangées d'igoumènes mitrés Polycarpe, Pimène, Nikon, Stéphane, Barlaam; deux évêques de Novgorod, Nifon et Nicétas, qui fut d'abord reclus dans ces grottes; un autre de Vladimir, et Suzdal, nommé Siméon; le prélat thaumaturge Esaias, Jean l'affligé, Eustrate le jeûneur, l'eunuque Ephrem, le médecin Agapet qui sut guérir de tous les maux, le peintre Alympius au merveilleux talent; les deux fidèles amis, Basile et Féodor; le martyr Kukcha, le moine captif Nikon; les ascètes Jérémie, Polycarpe, Onésifor; les reclus Laurent et Afanase; les thaumaturges Prokhor et Grégoire, le prêtre Damien, le triste Isaac tenté toute sa vie par le diable; Matthieu le voyant, observateur des spectres, dont il sent la présence et interprète les volontés; enfin des têtes oléifères de reclus dont on a perdu les noms; car, dit Nestor, dont on voit ici l'humble dépouille, comme les fils d'Israël durent, suivant la promesse, égaler en nombre les étoiles du firmament, de même en est-il pour les saints des petchéries. Oui, notre Kijov est un ciel Antoine le Ruthène, qui in

[ocr errors][merged small]

cendiait tous les cœurs de son divin amour, en est le soleil; il marche précédé de sa Vénus ou étoile avant-courrière, șaint Hilarion, qui avant le lever du soleil russe sur notre montagne avait déjà creusé à Berestov la crypte où il vécut en priant. Le brillant Mercure, qui illumine nos nuits, est l'admirable évêque de Suzdal, saint Siméon, dont le talent et l'étude sont parvenus à transmettre, dans leurs détails véridiques, les vies des saints Pères kijoviens à toute la chrétienté. Enfin, dans notre ciel paraît, comme une lune magnifique, l'élève d'Antoine, qui, ayant reçu de lui l'exemple et les règles de la vie ascétique, lui succède avec le flambeau, éclairant dans les ténèbres de la luxure mondaine les planètes ses sœurs..... Il y a en outre dans nos cryptes des centaines d'étoiles d'hommes pieux,. qui luisent aux yeux du pélerin. ›

D'après ce passage, écrit Herbinius, on a composé une couronne suspendue à une chaîne dans le Sobor de la madone Petchérienne, dont cette guirlande est le diadême; et sur chaque étoile est écrit le nom d'un père, depuis les deux plus grosses, qui sont Antoine et Féodose, le soleil et la lune, jusqu'aux plus petites. Autour du cercle on lit en slavon le texte Qui numerat multitudinem stellarum, et omnes nomine suo vocat. Tels sont les cycles héroïques de Kijov souterraine. A l'aurore pascale de chaque année, l'archimandrite ou le père qui est de service, descend avec les prêtres dans ces cryptes, encense les tombes, et crie aux morts: Frères, aujourd'hui Christos, brisant le dard de la mort, est sorti vivant du sépulcre. Les assistans répondent: Oui, Christos est vraiment ressuscité. Puis on s'en va silencieusement à travers les rangées de tombeaux. Nestor, au chapitre dernier de son Patericone, raconte qu'une fois, à cette cérémonie, sous le règne du grand prince Siméon-Alexandro Vitch, et sous l'archimandrite Nicolas, à la nouvelle apportée par le prêtre Denis, les caveaux s'ébranlèrent de toutes parts, et la voix des morts s'entendit: Oui, père Dionysos, le Christ notre maître est vraiment ressuscité.

Le chapitre douzième d'Herbinius traite

« ZurückWeiter »