Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pourvu qu'ils n'en conçoivent point de | et saint Paul louant Timothée de ce vanité ni d'orgueil (1).

Mais comme on abusa de cette facilité que les esclaves avaient de se retirer dans les monastères, le concile œcuménique de Chalcédoine se vit obligé d'y | remédier par un canon qui défend aux solitaires d'admettre aucun esclave sans la participation de son maître (2). C'est aussi ce qu'ordonna rigoureusement, dans le même siècle, le pape Gélase, en menaçant de priver de leur rang et de la communion même les supérieurs des monastères qui retiendraient des esclaves parmi eux, à moins que leurs maîtres ne les eussent mis en liberté par écrit (3). L'empereur Justinien fit sur ce sujet un réglement très considérable, qui conserva la dignité de l'état monastique en pourvoyant au salut des particuliers. Car il ordonna que les maîtres pourraient redemander, durant l'espace de trois ans, ceux de leurs esclaves qui se seraient retirés dans des monastères après les avoir volés. Mais il est défendu aux maîtres de troubler le repos de leur solitude et de les en arracher s'ils ne leur avaient point fait de tort. Il ne voulut pas même que l'on en fit sortir ceux qui y auraient passé trois ans, quoiqu'ils eussent volé leurs maîtres; le monastère était obligé de restituer (4).

Dans le concile tehu à Rome sous le pontificat de Grégoire-le-Grand, en 595, il est ordonné que les esclaves qui quitteront le service de leurs maîtres pour embrasser la vie monastique seront éprouvés long-temps (5). Ce même pape, écrivant à un diacre, veut qu'un esclave qui a abandonné son monastère après y avoir fait une grande faute, soit remis entre les mains de son premier maître (6). Saint Basile veut qu'on apporte toujours beaucoup de prudence dans la réception au monastère :

Jésus-Christ ayant dit dans l'Evangile, laissez venir à moi les petits enfans,

(1) Regula Tarn., in Cod. Holsten.

(2) Concil. Calced., can. 4, dans la collection du P. Labbe.

(3) Gelas, Epist. 9 ad Episcopos Lucania.
(4) Justinian., Novell. v de monachis, tit. 2.
(5) D. Gregor., lib. IV, epist. 44.

(6) D. Gregor., lib. IV, epist. 27.

qu'il avait été nourri dès son enfance dans les lettres saintes, et commandant ailleurs aux pères d'avoir soin de bien élever leurs enfans en les corrigeant et les instruisant selon le Seigneur, nous approuvons que l'on reçoive les enfans en quelque âge que ce soit, et nous croyons qu'ils peuvent être admis lorsqu'ils se présentent à nous dès leur première jeunesse, afin que nous prenions sous notre conduite ceux qui ont perdu leurs pères, et que selon l'exemple de l'ardente charité de Job, nous soyons les pères des orphelins. Mais quant à ceux qui sont encore sous la puissance de leurs pères, lorsqu'ils se présentent à nous pour être reçus dans l'état monastique, nous ne les devons admettre qu'en présence de plusieurs témoins, afin de fermer toutes les bouches injustes de ceux qui déchirent notre réputation par des médisances (1). »

Le législateur ne marque pas ici précisément à quel âge on peut s'engager à la virginité par la profession monastique; mais il s'en explique plus clairement dans son Epitre à Amphiloque: «Nous

estimons que la profession religieuse ‹ est capable d'obliger à la continence ‹ quand elle est faite en un âge où la (raison est dans sa perfection. Car il ‹ n'est nullement à propos de croire

qu'en ces rencontres les paroles des jeunes gens soient capables de les en(gager; mais quand une fille est âgée de plus de seize ou dix-sept ans, qu'elle a ‹le raisonnement formé, qu'après avoir ⚫ été long-temps examinée elle persiste dans sa première résolution, et qu'elle ‹ supplie instamment qu'on l'admette, il faut la recevoir au nombre des vierges, confirmer sa profession, et punir sans ‹ miséricorde le violement qu'elle en a fait. Car il y en a plusieurs qui sont « présentées avant l'âge par leurs pères et par leurs mères, par leurs frères et par leurs proches, sans que de leur < part elles se portent d'elles-mêmes à ‹ renoncer au mariage, mais par des vues et des considérations mondaines que leurs parens ont à leur égard; et il ne

(1) Les grandes règles de saint Basile, quest. xv, édit. bénédict., t. 11.

les faut pas recevoir facilement jusqu'à ce que l'on ait fait un examen sérieux de leurs véritables dispositions (1). › Voici ce que saint Basile dit de la conduite du supérieur : ‹ Le supérieur du ‹ monastère, comme étant le père de ses • véritables enfans, pourvoiera à ce qui ⚫ concernera les nécessités de chaque frère, il s'y appliquera avec tout le soin et toute la vigilance possibles, et il supportera avec une charité pater‹ nelle les infirmités corporelles ou spirituelles de tous les membres de la ‹ communauté (2), ■

d'exemples de solitaires qui ont vendu les ouvrages de leurs mains et les fruits de leurs travaux pour se nourrir et assister les pauvres. On voit dans la vie de saint Hilarion qu'étant arrivé en Sicile, et s'étant retiré dans un champ fort écarté, il chargeait tous les jours le dos d'un de ses disciples d'un faisceau de bois qu'il faisait vendre dans un village voisin afin de se nourrir lui-même, et d'avoir de quoi donner un peu de pain à ceux qui venaient le voir (1). Cassian relève la charité du saint solitaire Arcadius, qui, étant touché de compassion pour sa mère, à qui son père avait laissé une dette de cent pièces d'argent, pria, sans sortir du monastère, qu'on lui donnåt à faire le triple de son ouvrage accoutumé ; de sorte que, travaillant jour et nuit durant une année, il gagna de quoi acquitter cette dette, et délivrer sa

Les lois humaines recommandent-elles ainsi la bonté et la condescendance aux magistrats? Les religieux devaient vivre de leur travail; mais saint Basile porte si loin la pureté de sa morale législative, qu'il ne veut pas que des mains qui doivent se sanctifier par la pénitence, se corrompent par des ouvrages qui puis-mère de l'inquiétude où elle se trousent entretenir le luxe des hommes du siècle. L'architecture, la menuiserie, l'art de ceux qui travaillent en cuivre, ‹ et l'agriculture, sont des choses néces‹ saires d'elles-mêmes à la vie, et d'une ‹ très grande utilité........... Si nous reconnaissons par expérience que ces métiers ne nuisent en nulle manière au « genre de vie que nous avons embrassé, il lés faut préférer aux autres, et particulièrement l'agriculture, qui d'elle ‹ même fournit avec abondance les cho‹ ses les plus nécessaires...., pourvu que l'exercice que nous en ferons ne cause point de trouble ni de tumulte dans le voisinage et dans la maison même « que nous habitons (3). ›

Les produits du travail des mains étaient vendus; mais saint Basile ne veut pas que ces produits soient portés au loin, ni que pour ce commerce les moines soient obligés de faire de longs voyages (4). Voilà donc chez les moines orientaux les premiers établissemens agricoles et industriels; à la vérité, toutes les vies des saints pères du désert sont remplies

(1) D. Basil., Epist. ad Amphiloch., can. 13. Edit. bénédict.

(2) Constitutions monastiques de saint Basile,' chap. xxviii, édit, bénédict.

(3) Grandes règles de saint Basile, quest. xxxvIII. (4) Grandes règles de saint Basile, quest. xxxix.

vait (2). Nous apprenons de Pallade que les religieux de saint Apthone envoyaient vendre leurs ouvrages à Alexandrie, où l'on achetait aussi ce qui leur était nécessaire (3). Mais saint Basile, le premier, a organisé le travail et en a fait une obligation monastique; toutes ses règles pour le commerce sont d'une sagesse admirable. Pour éclaircir cette question du commerce des moines orientaux, je rapporterai deux fragmens authentiques.

Un ancien maître de la vie spirituelle cité par Rabanus Maurus veut que quand il y aura quelque chose à vendre dans le monastère, on s'enquierre de ce que les laïques le vendraient, et que l'on retranche quelque chose du prix, pour faire voir à tout le monde que les hommes spirituels n'agissent pas par cupidité et par avarice (4).

En 401, l'empereur Honoré déclara par une loi que les clercs et les personnes qui ont embrassé une vie plus sainte (ce que Godefroy entend des moines), qui feront un commerce pour vivre seront exempts des impôts que l'on exigeait des marchands (5), Je dois pourtant faire

(1) D. Hieronym., Vit, S. Hilarionís.
(2) Cassian., lib. v, de Institut., cap. 38.
(3) Pallad., Haus., cap. 30.

(4) Rab. Maurus, in reg. S. Benedict., cap. 57.
(5) Code Theodosien.

observer que les associations agricoles ont eu en Orient très peu d'extension; l'esprit contemplatif y a toujours dominé les institutions monastiques, et nous voyons dans Cassian l'abbé Abraham parler de l'agriculture comme d'une occupation contraire au recueillement (1).

Nous connaissons maintenant la constitution des monastères; si nous entrons dans le cœur de la règle de saint Basile, dans cette partie ascétique qui conduit, qui dirige la conscience, la vie spirituelle de l'âme, nous trouverons une profonde connaissance des misères de l'humaine nature. Je n'en donnerai que deux exemples. On lit dans le chapitre qui a pour titre : Qu'il faut exactement garder la retraite, éviter la conversation des femmes et user d'une grande précaution dans celle des jeunes religieux. Que s'il arrive que vous vous trouviez cabsolument engagé à sortir de votre ‹ cellule, munissez-vous de la crainte de ‹ Dieu comme d'une forte cuirasse; armez votre main de la charité de Jésus‹ Christ ; combattez les plaisirs avec ‹ toute la tempérance possible; et après avoir fait l'affaire pour laquelle vous ‹ étiez sorti, retournez promptement ‹ chez vous sans vous arrêter plus longtemps dans le commerce du monde; ‹ élevez-vous sur des ailes pour repren<dre le chemin de votre désert avec une rapidité merveilleuse; rentrez dans l'arche d'où vous étiez sorti comme ‹ une innocente colombe, en y portant ‹ dans votre bouche les œuvres de la ‹ miséricorde de Jésus-Christ, et soyez < pleinement persuadé qu'en aucun aùtre lieu du monde vous ne trouveriez

le repos et le bonheur. Soit que vous ‹ soyez jeune de corps ou d'esprit et de sens, fuyez la conversation des per‹ sonnes de votre âge, et écartez-vous-en comme d'un feu qui est capable de vous consumer. Car notre ennemi s'est servi ‹ de ce moyen pour brûler une infinité de solitaires, et pour les faire tomber dans les flammes éternelles; et quoique « l'affection qu'ils avaient d'abord les uns pour les autres fût toute spirituelle, il n'a point laissé de les préci< piter dans l'abîme..... Lorsqu'il faudra

(1) Cassian., Collat. 24, cap. 4.

vous asseoir les uns auprès des autres, faites en sorte qu'il y ait une grande distance entre vous; si vous êtes obligé <de dormir l'un auprès de l'autre, prenez garde que vos habits ne se touchent point, et mettez toujours un vieillard entre vous deux. Quand un jeune reli<gieux vous parlera, ou qu'il aura le vi‹ sage tourné vers vous pendant la psalmodie, baissez vos yeux pour lui répondre, de peur que si vous le règardiez en face cette liberté ne donnât occasion à votre ennemi de semer de mauvais désirs au fond de votre cœur, ‹ afin de vous faire moissonner ensuite la corruption et la ruine de votre âme. Si vous avez quelque ouvrage à faire ‹ avec lui dans la maison, ou en quelque ‹ lieu où vous n'ayez pas de témoins de (vos actions, faites que l'on ne vous trouve jamais seul avec lui, sous prétexte de méditer les divines Écritures, ou par l'occasion de quelque autre né‹cessité car vous n'avez rien de plus

nécessaire que le salut de votre âme, < pour laquelle Jésus-Christ est mort. Ne ‹ vous laissez point aller à cette persuasion fausse et trompeuse, que cette sorte de conversation n'est nullement scandaleuse..... Croyez-moi, je vous en ‹ parle du fond du cœur et par le mou<vement d'une charité fraternelle....... Gardez votre cœur avec tout le soin ‹ possible (1). ›

Dans les petites règles, les religieux font à saint Basile cette question: D'où viennent pendant la nuit les imaginations mauvaises? Il répond‹ Elles ‹ viennent des mouvemens déréglés qui ‹ se sont excités dans l'âme pendant le jour. Mais si elle s'est appliquée à se purifier elle-même par la considéra<tion des jugemens de Dieu, et si elle

s'est continuellement exercée dans la ‹ méditation des choses saintes, et de ce « qui est agréable à sa divine Majesté,

elle n'aura pendant la nuit que des (songes conformes aux pensées dont elle ‹ se sera entretenue durant le jour (2). ›

Presque tous les pères de l'Église et les maîtres de la vie spirituelle ont traité

[blocks in formation]

cette question des tentations du démon
par les songes. L'Église croit à ce dan-
ger de l'âme humaine pendant la nuit;
elle chante dans son office du soir :

Procul recedant somnia,
Et noctium phantasmata,
Hostemque nostrum comprime,
Ne polluantur corpora (1).

En parcourant la Grande bibliothèque des pères, ce trésor de science chrétienne, j'ai trouvé une homélie du moine Antiochus sur les mauvaises pensées. On y lit cette belle prière pour demander à Dieu la grâce d'être préservé des mauvais songes:

Verbe tout puissant du Père éternel, < Jésus-Christ, Dieu tout puissant par ‹ votre propre nature, Jésus, bon pas<teur de vos brebis, ne me laissez pas surprendre par la concupiscence de ‹ Satan, puisque la semence de la cor(1) Breviarium romanum, hymn. ad complet.

‹ ruption en est le fruit naturel. Conservez-moi pendant mon sommeil, mon Seigneur Jésus-Christ; accordez - moi dans le lit la joie de votre assistance salutaire, quelque indigne que j'en sois ; ‹ répandez dans mon esprit la lumière de la connaissance de votre Evangile ; ‹ établissez mon âme dans l'amour de votre sainte Croix; affermissez mon ‹ esprit dans la sincérité de vos paroles; ‹ confirmez mon cœur dans vos souf‹ frances par la grâce de votre impassi<bilité; conservez mes pensées dans votre paix; réveillez-moi quand il sera temps de me lever pour glorifier votre ‹ nom. Car vous êtes adorable, et vous ‹ devez être glorifié avec le Père et le ‹ Saint-Esprit dans tous les siècles. Ainsi ‹ soit-il (1). ›

EMILE CHAVIN.

(1) Antiochi monachi., Homil. de Vitiosis cogitationibus. Biblioth. Patrum, Lugd., t. XII, in-fol.

REVUE.

DE LA COSMOGONIE DE MOISE,

A PROPOS DE QUELQUES OUVRAGES NOUVEAUX SUR LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE, LES SCIENCES NATURELLES ET LA LINGUISTIQUE.

(1er ARTICLE.)

L'histoire reprochera peut-être à notre | La célébrité de Goëthe, de lord Byépoque d'avoir eu la manie de vouloir tout restaurer et tout refaire; mais à coup sûr ne pourra-t-elle pas lui refuser le mérite d'avoir compris que, pour réussir dans ce travail de critique et de réédification, elle devait commencer par tout apprendre. Une force occulte, mais réelle, pousse les esprits vers des études vraiment sérieuses et les fait réagir contre les derniers mouvemens de l'école encyclopédiste. On est plus que fatigué du doute, on en est honteux, et l'on cherche à pouvoir se mettre en état d'affirmer; on veut devenir eroyant enfin.

ron, etc., est bien encore une pierre d'achoppement pour quelques esprits paresseux, ou assez faibles pour n'avoir que le talent d'être copistes; mais les intelligences supérieures, celles qui donnent l'impulsion au mouvement de la pensée, comprennent que c'est un rôle indigne de la raison humaine, que de s'arrêter entre le pour et le contre, et de se contenter de leur jeter du fiel ou des plaisanteries plus ou moins piquantes. Aujourd'hui donc quiconque aspire à prendre une place honorable dans les lettres est forcé de se présenter avec des

principes ou des faits, d'arborer un symbole, ou de rendre témoignage à une vérité. Nul n'est admis à détruiré qu'à la condition de réédifier. La philosophie légère est peut-être encore plus honnie, que ce qu'on appelle la littérature légère.

Nous aimons à constater ces tendances sérieuses des esprits, car nous ne pouvons nous empêcher de les regarder comme favorables à la cause que nous défendons. Assurément tout ce qui est grave n'est pas nécessairement vrai; mais il n'en est pas moins permis de dire, qu'en général, on peut regarder comme sincères des hommes qui soutiennent leurs opinions avec une certaine modestie, et semblent affranchis de l'influence des passions mauvaises. Notre désir de voir quelques écrivains, hostiles à nos croyances, abjurer leurs erreurs, nous rend peut-être trop indulgens à leur égard; cependant c'est moins pour les flatter, que pour leur rendre justice, que nous disons qu'ils soutiennent leurs erreurs de bonne foi, et qu'il leur manque seulement, ou bien une direction pour chercher la vérité, ou bien un criterium pour la reconnaître.

Ce qui nous encourage surtout dans nos espérances que les hommes d'un talent réel passeront sous nos drapeaux, c'est de les voir si souvent se critiquer, se renier eux-mêmes, et braver tous les sarcasmes que ces changemens de doctrines leur attirent. L'orgueil humain ne se sacrifie jamais gratuitement : si plusieurs désavouent volontairement le lendemain ce qu'ils soutenaient la veille, c'est qu'ils se flattent d'avoir aujourd'hui plus de lumières qu'hier. Ces palinodies peuvent se renouveler pendant un certain temps; mais celui qui les fait finit par s'en lasser, et, pour peu qu'il soit sincère, triomphe de ses répugnances et examine si la vérité n'est pas du côté de ceux qui demeurent toujours invariables dans leurs affirmations.

Certes il nous est bien impossible, d'un autre côté, de ne pas nous enorgueillir pour notre foi du découragement qui a saisi tous les champions de ces philosophies indigènes ou étrangères, qui, pendant un temps, avaient usurpé des sympathies dont elles étaient si peu dignes,

[ocr errors]
[ocr errors]

et pour lesquelles tant d'intelligences ardentes se sont consumées si stérilement. Condillac, Voltaire et Cabanis n'ont pas seuls perdu tous leurs disciples; le Kantisme et l'Eclectisme ont eux-mêmes cessé de porter le nom d'écoles, ou, s'ils conservent encore quelques adeptes, n'en sont pas pour cela plus vivans; car, en philosophie, tout système stérile de sa nature cst censé mort. Les théories et les méthodes, les utopies et les révélations humanitaires sont tombées dans un tel discrédit, que le nom de philosophe est presque devenu une insulte. On en est avec la science spéculative aux scrupules, aux défiances. Elle a si souvent refusé de répondre, ou a fait des réponses si misérables, que nul n'ose l'interroger.

En attendant qu'on s'adresse à l'oracle par excellence, qu'on vienne demander au catholicisme la clé des mystères du passé et de l'avenir, voilà qu'on s'est adressé à l'histoire et à la science pour avoir raison de ses doutes et pour trouver une lumière à laquelle on puisse allumer son flambeau. Les paradoxes sont proscrits, les hypothèses ont cessé d'avoir cours, les rêves de l'imagination sont pris en pitié; c'est la vérité seule que l'on réclame, la vérité dans l'histoire, la vérité dans la géologie, dans l'astronomie, la vérité partout et dans tout. Aussi voyez avec quelle ardeur, avec quelle impartialité, avec quelle apparente franchise on s'est élancé à la recherche du vrai, à la découverte du positif. Tout est soumis à une enquête rigoureuse, nations, races, individus, idiomes, faits et principes, théories et applications, sciences et arts. Ce n'est plus icr une autre tour de Babel, bâtie de sophismes, d'audace, d'illusions, d'orgueil et de mensonges: chacun s'entend et peut se répondre; car on renvoie à ses rudimens quiconque veut parler le langage de l'histoire ou de la science, avant d'en posséder les faits ou les conceptions. Il se trouve bien encore quelques intrus, qui essaient de jouer le rôle d'initiés, avant d'avoir acquis le droit de parler; mais on découvre bien vite leur ignorance, et le manteau d'historien ou de savant ne reste pas long-temps sur leurs épaules.

Si nous nous applaudissons de voir no

« ZurückWeiter »