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ditions sur la mère des hommes déchue de son premier état de bonheur et d'innocence; l'idée d'une grande inondation, dans laquelle une seule famille s'est échappée sur un radeau; l'histoire d'un édifice pyramidal élevé par l'orgueil des

obligés de les distinguer par des noms, s'ils en avaient reconnu plusieurs. Théophraste déclare d'ailleurs que dans le principe on n'adorait aucune figure sensible, qu'on ne connaissait point les sacrifices sanglans, et qu'on se contentait d'offrir des herbes et des fruits au prin-hommes et détruit par la colère des cipe de toute chose, etc. Du temps de Strabon les peuples de l'Inde n'avaient ni statues ni idoles, et n'admettaient qu'un Dieu qui a créé le monde, le gouverne et est présent partout. Si nous parcourions les autres contrées de l'Asie, nous trouverions souvent des cultes insensés, des superstitions bizarres ou horribles; mais, au milieu de tous ces égaremens de la raison humaine, nous ne laisserions pas d'apercevoir quelques traces des traditions saintes, et entre autres celle de l'unité de Dieu plus ou moins caractérisée. Nous rencontrons un reste de cette unité jusqu'au milieu des peuples les plus barbares de l'Afrique. Ni leurs fétiches, en effet, ni le culte qu'ils peuvent rendre aux astres, aux élémens, aux animaux, aux plantes, au démon même, ne les empêchent de reconnaître plus ou moins formellement un être supérieur à tous ces dieux de second ordre, au-dessus de leurs idoles. Les peuples de la Guinée ont leur puissant Orissa; ceux de la Nigritie leur Allah; les nègres de SierraLeone Khanu; ceux de la Côte-d'Or le dieu des blancs; les Bénins Nzambianpungu; les Hottentots Gounja-Ticqvoa, ou le dieu des dieux; les Quojas Kanno; les habitans de Monomotapa Mozusmo; leurs voisins Molungo, Maziri ou Atuno; les peuples de Sofala Guignimo, etc.

dieux ; les cérémonies d'ablutions pratiquées à la naissance des enfans, etc. Le même écrivain, ainsi que M. de Hum| boldt, retrouvent sur les bords de l'Orénoque et ailleurs le culte primitif des Celtes et des Perses, l'absence de temples et d'idoles, etc. Ils signalent encore le dualisme, le sabéisme, les dogmes métempsychosistes, les croyances hindoues, mais partout ils voient dominer au-dessus des manitous, des fétiches et autres génies secondaires, le grand esprit ou manitou par excellence; l'ancien du ciel dans la Guyane; le Puru dans la Nouvelle-Grenade; le Quyumocon, ou notre grand père, chez les Caraïbes; le Pachacamac, ou âme de l'univers, dans le Pérou; le Typana ou Tupa dans le Brésil ; le Vitzelipuztli dans le Mexique ; l'Okée dans la Floride; le Mingo-Chitou dans la Louisiane; le grand Montana dans le Maryland; l'Ukcouman, ou grand chef, près de la baie d'Hudson, etc., etc.

Le même accord sur l'existence d'un dieu placé au-dessus de tous les génies subalternes existait dans toute l'Amérique au moment où elle fut découverte. « Ce qu'il y a de vraiment remarquable, dit M. Balbi, c'est qu'on a trouvé chez presque toutes ces nations, même les plus abruties, l'idée plus ou moins claire d'un être suprême, qui gouverne le ciel et la terre, celle d'un génie du mal qui partage le domaine de la nature avec le bon esprit, et l'idée de l'immortalité de l'âme. Tous n'ont pas des prêtres, mais tous croient à l'existence d'êtres invisibles et à une vie future.... Il est curieux de trouver parmi les Mexicains des tra

Dans le monde océanique les traditions primitives sont plus défigurées; mais elles ne le sont pas tellement qu'on n'aperçoive toujours dominer l'idée d'un dieu principal.

Ce que nous venons de dire de l'unité de Dieu plus ou moins clairement formulée chez tous les peuples et dans tous les temps, ne constitue pas seul un certain accord des hommes en fait de religion. Les ablutions sont presque partout connues; les sacrifices se retrouvent jusque chez les sauvages les plus abrutis; les jeûnes et les abstinences existent chez les Canadiens comme chez les Hottentots, et au fond de l'Inde et de l'Océanie. Nous oserions à peine affirmer qu'un seul peuple sans prêtres ou sans quel ques ministres qui en tinssent lieu, se soit jamais rencontré dans aucun temps; nous ne craindrions pas de défier tous les archéologues et tous les voyageurs de nous prouver qu'on ait jamais vu ou qu'on voie encore une seule nation où le dogme de l'immortalité ait été ou soit

Quant à l'application des faits élémen

tons qu'elle trouvera sa place dans l'examen que nous ferons des systèmes historiques que la nouvelle école des rationalistes semble vouloir propager.

inconnu. La résurrection des morts est et a toujours été une opinion si univer-taires que nous avons établis, nous répéselle, si unanimement reçue, que nous ne pourrions en parler ici qu'en oubliant que nous nous adressons à une classe de lecteurs qui n'a pas besoin qu'on lui montre l'analogie qui existe entre ce dogme et l'idée de l'Élysée, de la métempsychose, etc.

JACOMY-REGnier.

CRANMER, ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY,

PRIMAT D'ANgleterre.

(1527-1554.)

PREMIER ARTICLE.

Cette période, qui embrasse vingt-sept | années, offre une série d'événemens extraordinaires, dont l'influence, après trois siècles, après tant de sang versé, tant de crimes commis, courbe encore sous son joug de fer des millions de catholiques irlandais, réduits à la plus épouvantable misère pour prix de leur constance religieuse. Pendant ces vingtsept années, le pouvoir royal, contenu jusqu'alors dans de justes limites par la noblesse et le clergé, brise tout-à-coup ces obstacles, et devient despotique entre les mains d'un roi violent et emporté, qui s'en sert pour contenter ses folles passions et ses coupables caprices; l'ancienne constitution du royaume disparaît avec l'indépendance des parlemens, et la force morale des convocations est remplacée par le dogme de l'infaillibilité de Henri VIII, proclamée par l'élite du royaume. Alors s'établirent les monstrueuses lois de suprématie et d'uniformité, les lois restrictives et l'infâme coutume de juger les accusés sans défense, de condamner à mort pour de simples soupçons, pour quelques mots arrachés à l'indiscrétion, au zèle, à la bonne foi. A ces perturbations, à ces crimes de lèse-humanité, joignez les changemens introduits dans la religion, les biens du clergé pillés et dévorés, les monastères incendiés, une nation entière corrompue, et réduite à l'esclavage, à la

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misère, des parodies indécentes de justice et d'humanité, un débordement des plus affreuses passions, l'apparition de cet égoïsme sans frein qui ronge tous les peuples, et particulièrement ceux de la Grande-Bretagne; enfin, une religion changée par le pouvoir politique, vingt autres religions essayées tour à tour, et retournant à leur mère commune pour suivre bientôt des erreurs nouvelles ; en définitive, des dogmes établis de droit humain, une discipline ecclésiastique décrétée par ordre d'un parlement, un principe de révolte contre Dieu, et par suite contre la société, une anarchie de plus de trois cents ans, la mort des sciences spiritualistes, l'apothéose de la chair, la négation de toute religion et le culte insensé de la nature. Voilà l'œuvre de cette période de trente années, dont Henri VIII fut la cause brutale, et Cranmer l'auteur intelligent.

Ces changemens et ces désordres, ce ne fut pas comme en Allemagne un principe de liberté et de science qui leur donna le jour; quelle différence dans les causes! Ici, un rien en apparence, un amour éteint, une passion irritée et contrariée; de la scission de Henri VIII avec Rome, la souris cette fois enfantá une montagne. Vaste ossuaire!!!.....

Henri VIII, du vivant de son père, avait épousé Catherine d'Aragon, veuve de son frère Arthur, mort quelques jours

aprês son mariage. Une dispense du devenue tout-à-coup si délicate du roi. pape, sollicitée par le jeune prince, Il se trouva des gens, théologiens, philoavait légalisé cette union, qui était fort | sophes, porteurs de lances, nobles lords, à la convenance de l'Angleterre et de son honorables varlets, qui lui prouvèrent vieux roi. Monté sur le trône, Henri fit doctement qu'il n'est pas permis à un couronner solennellement Catherine, et homme d'épouser la veuve de son frère, vécut pendant vingt ans dans une grande que les lois divines condamnent l'inceste, union avec elle. C'était une noble et ver- et que le pape n'avait pas le droit de dis tueuse femme, pleine d'amour pour son penser de ces lois; que, pour faire ces époux et pour ses enfans; un caractère ser le scandale qu'il causait à ses sujets, dévoué, peu en harmonie avec les dissi- il fallait casser son mariage avec Cathepations de la cour, et qui ne trouvait du rine, et mettre à sa place sur ce trône bonheur que dans l'accomplissement de une jeune reine digne de lui et de son ses devoirs; une femme qui sut joindre à | royaume. une grande douceur une fermeté inébranlable quand on voulut flétrir son honneur et celui de sa fille. Henri l'avait long-temps aimée; mais elle vieillissait.

A cette époque, vint en Angleterre une jeune lady, élevée pendant long-temps à la cour de France, d'où elle rapportait l'esprit, les grâces, les talens, et cette fleur de poésie dont François Ier aimait tant à s'entourer. A ces précieux avantages, Anne de Boleyn joignait une ambition démesurée et un esprit d'intrigue qui la justifiait à ses yeux. Le roi l'aima, comme Henri VIII savait aimer, sans me. sure et sans scrupules, et la dangereuse sirène, loin de céder à son amour, prit plaisir à l'augmenter par des refus irritans. Elle n'avait pas toujours été, disaiton, si réservée, si sage. Mais ici il s'agis sait d'un roi, d'un trône; l'ambition se couvrait du masque de la vertu; et la passion de Henri, irritée par une résistance adroite et calculée, ne connut bientôt plus de bornes.

Ce fut alors que le vertueux Henri d'Angleterre sentit pour la première fois de violens remords sur son union incestueuse avec la femme de son frère; sa conscience timorée ne lui laissait plus un instant de repos. Roi théologien, il outrageait les lois humaines et les lois divines, il maudissait les vingt anuées qu'il avait passées dans l'inceste, et demandait à grands cris qu'on fit cesser cet état intolérable, oubliant que l'union nouvelle qu'il voulait former était absolument la même que celle qu'il voulait rompre (1).

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Quelques jours après, la demande du divorce était adressée à Rome.

Clément VII portait alors la tiare. Pendant sa captivité à Bologne, Henri lui avait rendu de grands services auprès de Charles-Quint, et Clément avait à cœur de lui en témoigner sa reconnaissance; il n'avait pas oublié d'ailleurs qu'Henri avait écrit ùn livre contre Luther en faveur de la papauté, et que Léon X l'avait décoré du beau titre de défenseur de la foi. Aussi Clément était-il disposé à le traiter avec une grande indulgence et une grande faveur. Mais malgré ces bonnes dispositions, il ne pouvait aller contre toutes les règles établies dans l'Église, violer les institutions canoniques et accuser la mémoire de son prédécesseur en cassant une union que Léon X avait légitimée; c'eût été renoncer au droit qu'avaient les papes de lever les empêchemens aux mariages pour cause de parenté, c'eût été se dépouiller de cette haute prérogative qui soumettait les mœurs et les intérêts de la morale publique au pouvoir de la papauté.

La circonstance était difficile et embarrassante; les messages d'Henri devenaient de plus en plus pressans: il était dangereux de heurter de front les passions de l'altesse anglaise. Clément crut tout sauver en gagnant du temps, dans l'espoir que la nouvelle fantaisie du roi disparaîtrait bientôt. Il nomma deux légats, le cardinal Wolsey, ministre d'Henri, et Campeggio, pour examiner l'affaire du divorce, promettant de faire droit aux réclamations du monarque si le

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mariage était déclaré illegitime. Les légats trainent l'affaire en longueur; le ju- | gement, fixé au mois d'avril, est renvoyé au mois d'octobre.

Ces retards, en contrariant les passions du roi, ne faisaient que les rendre | plus vives; il s'indignait de ce que la cour de Rome ne traitait pas avec plus d'égards et de bienveillance un roi qui avait si bien mérité de l'Église, et il cherchait un moyen de se venger d'elle et de lui forcer la main. Au milieu d'un de ses emportemens, qui lui rendaient tous les moyens légitimes, il défend à ses sujets d'aller à Rome à l'occasion du jubilé universel qui approchait, il défend aux ecclésiastiques de payer les annates, et affecte par intervalle de prendre le titre de chef de l'Église anglicane.

où il était allé visiter François Ier. Il s'arrêta à Watham pour y passer la nuit, avec Gardiner, évêque de Winchester. Le hasard voulut que Cranmer soupât ce soir-là avec les maréchaux-des-logis du rói et deux seigneurs de sa suite. La conversation tomba sur le divorce; chacun dit son avis, et quand vint le tour de Cranmer Je ne vois pas, dit-il, où << sont les grandes difficultés dont vous parlez. Au fond, il ne s'agit que d'éta« blir si le mariage du roi est ou non ‹ contraire au droit divin. A mon avis, il suffit pour cela de consulter les théologiens des diverses facultés de l'Eu[ rope. ¡

Le roi, auquel on rapporta quelques jours après l'expédient trouvé par Cranmer, en fut dans le ravissement. Il ordonna qu'on lui en présentât l'auteur, et il fut bien autrement émerveillé lorsque Cranmer développa devant lui les avan tages et la facilité d'exécution que présentait son plan de campagne.

Cependant il restait fortement attaché à la foi catholique et à la papauté, qu'il avait défendue naguère contre Luther. L'issue de l'affaire du divorce devenait de plus en plus douteuse; le bruit se répandait que le pape avait l'intention de l'attirer à lui. On était dans une grande perplexité à la cour, le roi rongeait le frein avec impatience, Anne redoublait de séductions et de résistance, les courtisans poussaient les choses à l'extrême; on s'attendait à quelque explosion, lors-sance. Il fait partir vers les universités que survint un homme qui offrit au roi un excellent moyen de sortir d'embarras. Cet homme, devenu plus tard si célèbre, c'était Cranmer.

Dès ce moment, Cranmer devint l'ami, le conseiller intime, l'âme damnée du roi. Henri avait deviné au premier coup d'œil quel genre de services le futur primat devait lui rendre et jusqu'à quel point il pourrait compter sur sa complaí

de France, d'Italie, d'Allemagne, des ambassadeurs chargés de soumettre à ces savantes compagnies la validité de son mariage avec Catherine. De son côté, Charles-Quint ne néglige rien pour défendre l'honneur de sa tante. Les écrits pour et contre le divorce inondent l'Europe; on discute sur des questions de droit à grand renfort de citations bibliques; on torture les mots, les sens, les idées, pour en extraire des autorités op

Cranmer était né à Aslactan, dans le comté de Nottingham, le 2 juillet 1489, d'une ancienne famille normande, qui était tombée dans l'oubli et dans la pauvreté. Il étudia la théologie à Cambridge, et se fit bientôt remarquer par la subtilité et l'audace de son esprit, et par ses profondes connaissances. Devenu mem-posées, des conclusions inverses; on va bre du célèbre college du Christ, il se maria, et perdit sa place. Il passa alors au collège de Buckingham, où il donna des leçons de théologie; mais sa femme étant morte, il reprit sa place à l'université de Cambridge, malgré les soupçons qu'on avait déjà conçus sur son orthodoxie. La peste étant venue désoler cette ville, il se retira à Watham auprès d'un riche propriétaire qui lui avait confié l'éducation de ses enfans.

Henri VIII revenait alors de France,

même jusqu'à juger la question de fait, et certaines facultés déclarent, de leur science certainé, et malgré les dénégations les plus absolues et les plus pé remptoires de la reine, que son mariage avec le prince Arthur avait été consommé. L'or acheva bientôt ce que l'amour du paradoxe avait commencé. Celles d'entre les universités qui se montraient contraires aux prétentions du roi, cédèrent aux argumens dorés de ses ambassadeurs; la Sorbonne plia la tête

sous les flots d'angelots qu'on fit pleuvoir | tre; enfin il arriva à Rome, où il reçut du pape un accueil plein de bienveillance.

sur elle et devant la volonté fort peu dissimulée de François Ier. Chrouke, ambassadeur du roi en Italie, se plaignait naïvement de n'avoir pas assez d'or pour acheter toutes les consciences à vendre; et l'excellent Burnet prend occasion de ces plaintes pour prouver clairement que la corruption ne joua aucun rôle dans toute cette affaire.

Nous ne voulons pas nous arrêter plus long-temps sur cette circonstance, bien qu'elle soit caractéristique; mais c'est, à notre avis, un fait assez extraordinaire que cette déférence de deux grands monarques envers les corps savans. L'influence des académies était alors immense; elles discutaient souvent avec une hardiesse dont nous ne voyons pas d'exemple, malgré les progrès de la liberté, sur les maximes générales de la politique et sur les faits particuliers; elles louaient ou blâmaient, distribuaient l'amour ou la haine, selon le souffle des passions populaires, dont elles étaient l'expression; la voix des universités remplaçait la grande voix des peuples; la liberté, retirée dans les cloîtres et dans les académies, régentait les rois et les papes, et de là se répandait peu à peu dans les autres classes de la société. La puissance morale des peuples a toujours marché à côté du pouvoir politique des rois, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre. La liberté de la presse n'est pas, comme on le croit généralement, un fait nouveau ; c'est une transformation de cette puissance morale des écoles théologiques du moyen âge, moyen perfectionné, il est vrai, dans la rapidité de sa marche, dans le développement de ses passions, mais dont l'influence, en définitive, n'est peut-être pas plus grande que n'était celle des universités et des académies.

Cependant Cranmer, dont le roi avait apprécié le mérite et le dévouement, était parti pour Rome, chargé d'une mission auprès du pape, avec ordre de surveiller les opérations des théologiens. Il visita un grand nombre de colléges, discutant sans cesse avec les moines, et employant toutes les ressources de son imagination et celles du trésor du roi pour faire triompher les intérêts de son mai

Dans le cours de ses études à Cambridge, Cranmer avait montré quelque penchant vers les innovations théologiques et les doctrines luthériennes. Son arrivée à la cour, le patronage d'Anne de Boleyn, imbue comme lui des principes réformistes, la séparation possible d'Henri VIII d'avec Rome, son intérêt futur, n'avaient pas servi à le ramener vers l'orthodoxie. Cependant, à son arrivée à Rome, il sut si bien déguiser ses sentimens que Clément le nomma grand pénitencier d'Angleterre, dans l'espoir qu'il travaillerait efficacement à calmer l'esprit de la réformation qui s'introduisait dans le royaume à l'aide du divorce. Sans être trop sévère, il nous semble que l'engagement auquel il se soumettait en acceptant des mains du pape cette dignité, résolu d'avance d'en employer l'influence contre lui, était une trahison, une apostasie, un abus de confiance, dont il devait renouveler bientôt l'exemple et le scandale.

A son départ de Rome, au lieu d'aller remplir la mission qui lui avait été confiée, il passa en Allemagne. Partout, dans ses écrits, dans les disputes publiques, il cherche à faire prévaloir la cause du divorce; il forme des liaisons avec les principaux chefs du luthéranisme, il se nourrit de leurs doctrines, se rit comme eux des lois et des canons de l'Église romaine, dont il est cependant encore un des membres, et finit par épouser en secondes noces, et en grand secret, la nièce, d'autres disent la sœur, du fameux Oséandre. Ainsi, il trompe à la fois le pape et son maître Henri VIII.

C'est toujours et partout la même histoire parmi les réformateurs : ils se révoltent, et la tragédie finit par un mariage. Le protestantisme est le fils de l'intempérance des sens et de la langue, de la langue surtout. Tous les moines réformés ne se mariaient pas; mais tous discutaient, prêchaient, bavardaient, argumentaient à tort et à travers : c'était une rage, une épidémie, un torrent, une des sept plaies d'Égypte. Debout, réformateur; il faut prouver que c'est le diable qui a établi la messe, selon Cranmer;

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