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Nous voici parvenus à l'époque la plus | temps reculés des difficultés et des périls saillante de la vie du saint évêque. Son capables d'effrayer un homme presque nom va désormais s'unir à des faits d'une centenaire; mais, que n'ose entreprentelle importance, que, malgré la perte dre la charité! que nous avons déjà signalée d'un manuscrit précieux, le mutisme forcé de l'histoire va cesser tout à coup.

Ainsi qu'un flambeau dont la dernière lueur est souvent la plus vive, le nom d'Aignan jaillit en quelque sorte de l'obscurité des siècles, et brille d'un plus vif éclat au moment de la mort de celui qu'il signale, comme si, dans tous les âges, la gloire ne pouvait grandir que sur la tombe.

Ce n'est plus un jeune homme à la noire chevelure, c'est un vieillard octogénaire que nous allons voir figurer sur un sanglant théâtre, un vieillard dont soixante années passées dans les travaux de l'apostolat n'ont pu courber la tête, et qui, se dévouant au salut d'une population menacée, la soustrait au fléau prêt à l'atteindre, par l'autorité de ses vertus et l'ardeur de ses prières.

Attila, homme de sang et de débauche, promenait alors dans tout le monde ses hordes brutales et victorieuses. Après avoir assassiné son frère Bléda pour usurper la couronne, ravagé tout l'Orient, forcé Théodose-le-Jeune à lui payer tribut, il traversa toute la Germanie, et pénétra enfin dans les Gaules.

Plusieurs villes, telles que Metz, Trèves, Arras, avaient déjà subi les horreurs que la barbarie du siècle et celle du vainqueur réservaient aux vaincus.

Saint Aignan devine la pensée du Scythe. Ses entrailles s'émeuvent pour ce peuple qu'il aime; il veut le sauver. Il sait qu'Aëtius, général en chef de l'armée romaine, guerrier victorieux et redouté, peut opposer une digue puissante au torrent dévastateur qui s'approche; mais Aëtius est campé dans la Gaule Viennoise. Arles (1), lieu de sa résidence, est à 156 lieues d'Orléans ! Cette distance se franchit rapidement aujourd'hui; mais un long voyage offrait dans ces

(1) Cette ville, située dans le département des Bouches-du-Rhône, existait même avant la domination des Romains dans les Gaules. Les Grecs la nommaient Théline, c'est-à-dire mamelle, à cause de la fertilité de son territoire qui la rendait la

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Saint Aignan part: il voit Aëtius, l'intéresse, le subjugue, et obtient enfin` sa promesse de venir au secours de son troupeau dès qu'il serait menacé.

Le moment du péril ne se fait pas attendre. Dès le commencement de l'année suivante, 451, le fléau de Dieu et des hommes vint planter son étendard devant Orléans, qui, par une particularité merveilleuse, dut deux fois sa délivrance à ce qui existe de plus faible, mais de plus respectable sur la terre, un vieillard et une jeune fille.

On s'arme, on vole aux murailles, on les défend avec vigueur. L'évêque se montre partout, et partout l'aspect de son front chauve, majestueusement empreint de la fermeté de son âme, éveille l'audace, ranime le courage et fortifie l'espoir; car le mépris de la mort et l'amour du prochain investissent celui qui les ressent d'une autorité naturelle, la seule que les hommes n'aient jamais eu la pensée ni le pouvoir de contester. Cependant le courage, ainsi que la fièvre, a ses accès. Deux choses réussissent souvent à le vaincre, la contagion de la peur et le temps. Or, les légions romaines, dont on espère le secours, ne paraissent pas. En vain la population tremblante se presse sur les remparts pour chercher à découvrir au loin le scintillement des armures, rien n'interrompt l'uniformité de la plaine. « Eh bien ! dit le saint, j'irai vers Attila; je saurai si ce barbare porte un cœur d'homme dans sa poitrine. ›

Aussitôt une porte massive roule sur ses gonds, un pont s'abaisse, et le pontife marche vers l'ennemi, suivi des vœux ardens de son peuple. Il avance, fort de la seule puissance de son regard. La foule armée s'ouvre pour lui laisser passage. Attila le voit et sourit. Guer

rier, lui dit Aignan, je sais qu'il te

nourrice des Gaules. Elle fut le chef-lieu d'une colonie romaine et la résidence de Constantin, qui lui donna le nom de Constantine. Parmi les nombreuses antiquités qu'on y trouve, un amphithéâtre et un obélisque sont surtout remarquables.

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⚫ faut du sang ; je viens t'offrir le mien. ‹ Prends-le, mais épargne celui de mes ‹ enfans. Tes enfans.... Où sont-ils ? · Ma famille est nombreuse. Vois-tu • ce peuple généreux qui veille dans ces ‹ murs pour les défendre, voilà ma fa. mille; je la tiens de Dieu, j'en dois compte à Dieu. Parle, que te faut-il? Vieillard insensé, crois-tu qu'Attila • s'abaisse à demander ce qu'il peut pren ⚫dre ? Ce qu'on acquiert par le crime • porte malheur. -Tu crois ? Dieu

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‹ nous nous reverrons dans l'éternité.
(- Va, va, demain Attila t'en ouvrira
les portes.Prends garde qu'elles ne
se referment sur toi !... >
Mille cris d'allégresse signalent le re-
tour du saint ambassadeur. Mes en-
fans, dit-il à la multitude qui se presse sur
ses pas et baise ses vêtemens, prions!....
hélas! prions encore; › et le peuple entier
se prosterne, et l'hymne de la prière s'é-
lève vers Dieu, mêlé aux hurlemens des
barbares, qui célèbrent déjà leur pro-
chaine victoire (1). Ils se précipitent
avec le délire de la rage vers les portes
de la cité bientôt la résistance s'affai-
blit avec le nombre des défenseurs : les
poutres massives commencent à s'ébran-
ler; un moment de plus, et Orléans ces-
sera d'être. Tout-à-coup, comme si le
ciel eût pris en pitié tant de misères, le
soleil s'obscurcit, des torrens de pluie
qu'un vent fougueux disperse inondent
le sol, le tonnerre gronde sans inter-
ruption; il semble bondir de nuage en
nuage, de cieux en cieux; la foudre s'ou-
vre passage et frappe cent fois la terre
sans cesser de sillonner les airs.

Les assiégeans effrayés, aveuglés, sont forcés à la retraite; la nuit succède à l'orage et l'attaque est remise au lendemain (2).

‹ réserve des châtimens terribles à ceux ‹ qui le bravent. - Lui, punir Attila !... Attila, dont les pas font trembler la ⚫ terre, et devant qui les étoiles s'abais<sent; il n'oserait (1) !... →→ Attila, ne < blasphème pas ainsi, mais écoute. Ase tu fait dans ta vie quelques bonnes <actions ? As-tu quelquefois été juste, clément? --- Oui, quand il l'a fallu • pour réussir. Ainsi, tu ne connais ‹ pas le charme d'une action généreuse et volontaire. Vieillard, ta haran<gue commence à me déplaire; songe que tu es en ma puissance, et qu'un seul de mes doigts suffirait pour te ‹ broyer sans efforts. · Je le sais, et la crainte est loin de mon cœur. Attila, tu as triomphé jusqu'ici, mais peut‹ être l'heure est proche où tu seras ‹ compté parmi les vaincus. Agis en maître tandis qu'il en est temps en‹ core. L'honneur, la liberté, la vie pour ‹ tous, et tu seras béni par-delà le tom‹ beau. — La vie, je l'accorde; quant à ‹ l'honneur, à la liberté, j'en dispose. <La honte et l'esclavage sont le partage des vaincus. Alors, garde ta clé ‹ mence, mais entends ces dernières pa<roles: Le temps est proche où, cour<bant ton front orgueilleux devant ceux ‹ qu'aujourd'hui tu méprises, tu subiras la honte que tu leur préparais, et rien ‹ n'adoucira tes regrets, car tu l'auras ♦ méritée. Vieillard, crains ma co-fuite, et lui-même, la rage dans le cœur, ‹lère. → Homme, je ne crains que Dieu. Crains-la, te dis-je › va-t'en.

Je te braverais si ma mort devait ‹ sauver mon peuple, mais pour lui je ‹ dois vivre aujourd'hui encore. Adieu,

(1) Attila prétendait en effet que les étoiles tombaient devant lui; qu'il était un marteau pour le monde entier.

Le jour paraît à peine, que l'air retentit de nouveau des coups terribles et précipités des machines de guerre; les pierres, le bois, jaillissent en éclats, les tours s'écroulent, et les Huns se précipitent dans les faubourgs en poussant d'effroyables cris. Mais les armées réunies des Romains, des Francs, des Visigoths et des Bourguignons, fondent à l'improviste sur les vainqueurs, et en un instant les rues sont arrosées de leur sang et jonchées de leurs cadavres. Attila veut en vain rallier les siens, ceux qui peuvent échapper à la mort prennent la

est entraîné sur leurs pas; enfin pour

(1) Le musée d'Orléans possède un tableau de entouré du peuple, implore le ciel en faveur des M. de Juine, qui retrace le moment où saint Aignan,

assiégés.

(2) Cet orage éclata le 14 juin et sauva la ville, car il donna le temps d'arriver aux légions commandéos par Aëtius, Mérovée, Théodoricus et Condicaire.

suivi, harcelé, il est contraint d'accepter | les chances d'un combat qui met fin à ses conquêtes dans les Gaules (1).

Le cultivateur des plaines de la Sologne qui de nos jours promène lentement la herse sur le sol qui le nourrit, est loin de songer que les corps mutilés de près | de trois cent mille hommes, descendus des régions glacées du nord de l'Asie il y a quatorze siècles, ont servi d'engrais à ses moissons.

Il ne me reste plus qu'à signaler l'époque de la mort du héros chrétien. Cette mort arriva peu de temps après les événemens mémorables dans lesquels il joua

(1) Les historiens ne s'accordent pas sur le lieu où se livra ce combat mémorable. Moreri prétend que le mot catalaunicis est corrompu et doit se traduire par secalaunencis. Selon cette version, la bataille aurait été donnée en Sologne et non pas dans les plaines de Châlons-sur-Marne, comme quelques uns l'assurent. La Sologne est un pays plat, au midi d'Orléans, il offre une physionomie particulière. Il y a dans le caractère et les mœurs de ses habitans une originalité native qui les fait aisément reconnaître.

un si grand rôle; elle fut douce sans doute, car la mort est un bien pour celui qui croit et espère.

Le couvent des Orgerils, théâtre de ses premiers travaux apostoliques, reçut sa dépouille mortelle, le 17 novembre 453. En 1029, sous le roi Robert, on la transporta dans l'église Saint-Pierre, qui dès lors ne porta plus que son nom. Ce nom est aujourd'hui tout ce qui reste de cet homme si éminemment doué du génie du cœur, celui qui enfante les dévouemens sublimes: car les calvinistes, oubliant que la vertu mérite les hommages de tous les cultes, pillèrent sa châsse en 1562, brûlèrent ses reliques, et livrèrent ses cendres aux vents. Si le cœur s'attriste å l'idée de cette persécution d'outre-mort, de cet anéantissement de l'homme par l'homme, la religion se glorifie dans cet acte même, puisqu'elle y trouve la preuve de cette vérité consolante, que les traditions qui perpétuent le souvenir des actions utiles et généreuses peuvent survivreaux monumens destinés à les honorer. Comtesse OL. M. DE LERNAY.

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RAPPORT A M. LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR,

SUR LES PRISONS, MAISONS DE FORCE, MAISONS DE CORRECTION ET BAGNES DE L'ITALIE; PAR M. CERFBERR.

Il y a peu de questions aussi graves, et | peu de questions aussi agitées de nos jours que celle de la réforme des prisons. De nombreux écrits ont été publiés en France à propos du régime pénitentiaire; beaucoup d'opinions, plus ou moins exclusives, ont été émises; quelques essais ont été préconisés. Toutefois, sauf certains principes généralement adoptés, on n'est pas encore arrivé à une formule nette et décisive, à un système large et complet sur cette branche importante de l'administration publique. En pareille matière, il faut le dire, on rencontre à chaque pas des difficultés, des obstacles, que l'étude et l'expérience peuvent seules lever.

Consulter les usages des nations étrangères, voir ce qui se pratique chez elles,

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y chercher des termes de comparaison, est assurément un moyen de se procurer des renseignemens utiles; et telle est la mission dont M. Cerfberr avait été chargé pour l'Italie. Son rapport, qui est sous nos yeux, prouve qu'il l'a remplie avec conscience et discernement.

M. Cerfberr a visité un grand nombre de prisons; il les a visitées soigneusement, dans leur ensemble et dans leurs détails. Nous le félicitons de ne s'être pas borné, comme tant d'autres, à de vaines et faciles observations de statistique, mais de s'être préoccupé avant tout du point de vue moral, et des réglemens les plus propres à améliorer les condamnés, en relevant leur intelligence dégradée, en les initiant à l'amour du travail et de la vertu.

cette réforme pénitentiaire, si vivement réclamée aujourd'hui, est parti de Rome, et que les premiers réglemens d'une maison de correction ont été écrits par un pape. Il s'agit ici d'un vaste établissement, destiné aux jeunes détenus, qui fut créé, en 1703, par Clément XI, et dont Clément XII confirma, en 1735, les priviléges. « Je tiens à rétablir la vérité, dit M. Cerfberr. Le système correctionnel <est chrétien ; il est catholique. Ce n'est < point un système nouveau. Il a pris naissance avec les monastères; un pape l'a baptisé, au moment où il le fit entrer dans le monde. L'Amérique ne l'a pas trouvé ; l'Amérique ne l'a pas perfectionné; elle l'a emprunté à Gand, <qui l'avait pris à Milan et à Rome. »'

Le Piémont, la Lombardie, le duché [ de M. Cerfberr, c'est que le signal de de Parme, les états de l'Eglise et la Toscane, ont été successivement explorés par M. Cerfberr. Les prisons du royaume de Naples seront sans doute l'objet d'un second voyage et d'un examen séparé. Rome, on le comprend, devait occuper, et occupe, en effet, une grande place dans le rapport. ‹ C'est à Rome, dit M. Cerfberr, que l'action du gou< vernement pontifical s'exerce avec le plus de sollicitude. Ici l'œil vigilant ‹ d'un souverain éclairé, rempli d'inten<tions nobles et pures, peut percer les ‹ abus, et son bras, aidé de prélats dis‹ tingués, en détruire quelques uns. ‹ Aussi, les institutions de Rome ontelles un caractère grandiose, une ap‹ parence d'ordre que l'on cherche vai‹nement dans les autres villes de l'état. La bienfaisance publique et les efforts <constans des saints pontifes ont créé des établissemens admirables. A ces ‹ établissemens se rattachent des noms ‹ illustres et vénérés. C'est là que la phi<lantropie a pris naissance sous le nom plus doux de charité; c'est là que les < premières notions de la science, des principes administratifs de la charité, << ont reçu la première et la plus large application. Votre Excellence trouvera peut-être utile que je fasse connaître ‹ en détail l'esprit qui anime l'adminis« tration romaine, afin de le placer en ‹ parallèle de celui qui vivifie les admi‹nistrations les plus modernes. On se < trompe, je ne crains pas de l'affirmer, ‹ sur l'autorité de Rome. A travers beau« coup de défauts, résultat d'une longue < pratique, on reconnaît la trace d'une vaste pensée; on voit, il faut le dire, < partout percer le génie adorable du « Christianisme, c'est-à-dire le génie de <toutes les institutions à venir.

‹ Rome mérite d'être étudiée, profon‹ dément étudiée ; je regrette de n'avoir ‹ pu consacrer plus de temps à une œu«vre qui répondait si bien aux disposi<tions de mon esprit, comme aux sentimens de mon cœur. »

Voilà, sur le compte de l'administra- | tion romaine, un témoignage qui ne sera pas suspect, et qu'on n'accusera pas d'une aveugle partialité.

Une curieuse et intéressante remarque

Nous ajouterons, à notre tour, que, pour produire de salutaires conséquences, le système correctionnel doit se montrer digne de la haute origine que lui assigne M. Cerfberr, et rester chrétien et catholique.

L'auteur du rapport a été amené à parler des sociétés et confréries, qui s'occupent des condamnés et détenus. Il leur rend hommage à plusieurs égards. Selon lui pourtant, l'influence qu'elles exercent ne serait pas heureuse; elle provoquerait à des pratiques extérieures de religion plutôt qu'à un véritable amendement moral. Nous ne croyons pas que ce reproche soit fondé; nous le croyons d'autant moins qu'il est formulé d'une manière vague et générale. Assurément, des hommes de piété et de foi ne peuvent pas prêcher la religion, sans prescrire avant tout les vertus qu'elle consacre, les règles de conduite qu'elle impose; et il ne leur est pas si difficile de distinguer de trompeuses apparences et des démonstrations hypocrites d'une conviction réelle. Loin de partager l'avis de M. Cerfberr, nous voyons dans le concours des associations charitables et des confréries un auxiliaire puissant et indispensable de toute réforme pénitentiaire. M. Cerfberr reconnaît la nécessité de l'enseignement religieux; il comprend que, lorsqu'il s'agit de changer les cœurs, il faut autre chose que des ateliers et des cellules, que, pour nous servir de ses propres expressions, on ne moralise pas avec des

et

murailles. Quels plus excellens ouvriers | blables et à lui-même? On aura beau de moralisation que ceux qui descendent faire, les dévouemens que la religion inau fond des cachots pour y secourir la spire et dirige seront toujours les meilmisère, pour y alléger la souffrance, leurs; la philantropie ne vaudra jamais pour y porter des aumônes et des con- la charité. seils, pour rappeler au prisonnier ce qu'il doit à Dieu, ce qu'il doit à ses sem

R. B.

BULLETINS BIBLIOGRAPHIQUES.

LA RELIGION; PERIODICO, FILOSOFICO, HISTORICO Y LITERARIO. Barcelona imprensa de Brusi (1).

On disait dans le numéro de décembre dernier : « Les travaux de l'Université sont dignement ap«< préciés en France et à l'Étranger: les Annales des « sciences religieuses de Rome, la Revue de Dublin, « le Catholique de Spire, la Revue Catholique de << Barcelonne, reproduisent souvent de ses articles << ou les citent avec éloge. » L'Université saisit avec joie à son tour l'occasion de faire connaître à ses lec teurs une œuvre semblable à elle. On vient de la nommer; c'est la Religion, revue philosophique et littéraire qui se publie à Barcelonne. Nous avons dit cette œuvre semblable à l'Université; elle l'est sous plusieurs rapports; et n'y eût-il entre les deux œuvres d'autres points de contact que la profession des mêmes principes catholiques, la même intention de les propager, de les éclairer par les progrès des sciences, comme les progrès des sciences par eux, c'en serait sans doute suffisamment pour porter à fraterniser ensemble, les ouvriers au même champ, les soldats sous les mêmes drapeaux, les frères d'armes pour le triomphe des mêmes pensées.

:

On l'a dit mille fois aujourd'hui un grand mouvement intellectuel s'opère, malgré la puissance absorbante des intérêts matériels, et il s'agit de le diriger. Qu'une multitude d'esprits mécontens et lassés de la part de lumières que leur a léguée le dix-huitième siècle, de la part de raison sociale et religieuse qu'il leur a faite, s'agitent, s'activent vers un état intellectuel meilleur, ce n'est point là un de ces rêves dont on prend plaisir parfois à caresser

(1) La Religion paraît tous les mois. - Elle en est à son sixième volume et à sa quarante-deuxième livraison, jusqu'à ce mois d'octobre, chaque livraison renfermant environ 70 pages, format in-8°. Les conditions de souscription sont de 4 réaux ou 1 fr. cent. de notre monnaie pour Barcelonne, et de 6 réaux ou 1 fr. 50 cent. environ pour les autres villes de l'Espagne, même pour Buenos-Ayres.

la chimérique erreur en faveur de son opinion et de ses principes.

D'où vient cette nouvelle gravitation de la partie encore flottante des intelligences, vers un nouveau foyer, et quelles en sont les causes? Elles peuvent être assez nombreuses, et il serait possible d'en faire une curieuse énumération. Toujours est-il vrai que leur effet est sensible; qu'on va plus ou moins directement vers la vérité; par une voie droite et éclairée ou à tâtons, on la cherche. Est-ce son absence au fond des questions sociales, scientifiques et religieuses qui en fait sentir le besoin; comme si oppressé par le vide de l'erreur, on eût tendu vers une atmosphère où l'on pût respirer plus pleinement et plus à l'aise? ou plutôt serait-ce que la vérité catholique se serait montrée à nos investigateurs au fond de leurs recherches, et aurait préoccupé les intelligences comme une lumineuse vision? l'un et l'autre peut-être. Quelle tâche, en pareille circonstance, est faite aux catholiques? Quelle, si ce n'est de montrer au doigt le but auquel on tend par un heureux effort? L'Église de Dieu a mission de précher.

Autre charge pour elle, qui est une seconde acception du même mot.

Une déplorable antipathie a, durant de longues années, régné entre les sciences et la religion : les filles ont méconnu la mère, et la mère a repoussé les filles; et à mesure que la désunion s'est prolongée, à mesure aussi les causes de mésintelligence se sont accru en force ou en multitude. Si cet état eût duré, durait encore, où aboutiraient les uns avec leur indépendance ruineuse? que serait-il de la mission de l'autre, retirée qu'on la verrait du champ qu'elle doit féconder? Jadis le sanctuaire a produit et élevé la philosophie ; puis celle-ci grandie, s'est mise à démolir le sanctuaire cómme un vieux monument inutile et importun; et puis effrayée de ses ruines, sous quelques rapports apitoyée sur le dépérissement d'une généreuse institution digne d'un meilleur sort, elle ne l'assaille plus, mais elle est disposée à lui faire quelque justice, et d'une main moitié amie, moitié hostile, partagée qu'elle

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