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furent brûlés, pour faire place à la di- | du pape, et son mariage avec Philippe,

vine et pieuse institution de l'homme chrétien, au catéchisme et autres œuvres aussi célèbres de Cranmer.

Tout cela cependant s'appelait des réformes! On réforma tout, la vérité ellemême, et on intronisa l'erreur.

Le faible successeur d'Henri VIII, ce pauvre théologien de douze ans qu'un prédicateur appelait en chaire le grand amiral de la marine céleste et le Noé de la nouvelle alliance, meurt, tué avant l'age par les violentes haines qu'on lui inspirait contre les catholiques, et transmet son héritage, au mépris du tesiament de son père, à la belle et infortunée Jane Gray. Le trône revenait de droit à la princesse Marie, fille de la noble Catherine d'Aragon et d'Henri; mais la croyance catholique qu'elle avait toujours professée avec courage épouvantait les réformateurs. Le duc de Northumberland, aidé de Cranmer et de quelques autres lords, tentent d'exécuter Fordre surpris à l'agonie d'Edouard, et. sans égard aux larmes et aux prières de lady Gray, lui mettent la couronne sur la tête.

Les prévisions de cette pauvre reine d'un jour ne tardèrent pas à se réaliser : quelques heures s'étaient à peine écoulées depuis son couronnement, qu'elle se trouvait abandonnée par ses partisans, et forcée de faire place à la véritable reine que le peuple amenait en triomphe dans la capitale. En montant sur le trône, Marie, dont l'âme était grande et généreuse, avait fait grâce aux chefs qui s'étaient révoltés contré elle; le seul duc de Northumberland avait payé de sa tête sa double trahison. Lady Gray, lord Guilford, son mari, et le duc de Suffolek, son père, graciés pour cette fois, ne devaient expier, elle son dévouement, eux leurs crimes, que lors du soulèvement de Wyat; Cranmer luimême avait ressenti les bienfaits de sa légitime souveraine.

fils de Charles-Quint, le premier pas vers une restauration religieuse. Gardiner, après cinq années passées dans les cachots, reparaissait triomphant avec toute l'ardeur de la jeunesse, et couronné de l'auréole du martyre; la restauration de l'ancien culte fut remise entre ses mains, comme les affaires de la réforme l'avaient été quelques années plus tôt entre celles de Cranmer. C'est là la seule ressemblance qu'il y ait eue entre les deux évêques.

Le désappointement des réformateurs était au comble; vingt années de labeurs, d'hypocrisie, de violences, de destructions et de scandales n'avaient servi de rien pour leur triomphe : ils étaient privés du pouvoir et des charges lucratives qu'ils avaient possédées si long-temps; l'idole de leur cœur, le service anglais, était brisée, et le papisme de nouveau triomphant. Ces revers enflammaient

leur zèle, et l'enthousiasme sanctifiait ‹ à leurs yeux les excès auxquels ils se livraient; ils diffamaient la reine, les évêques et la religion par les épithètes les plus indécentes et les plus irritantes que le langage pût fournir. Le ‹ clergé catholique ne pouvait, sans dan‹ger pour sa vie, vaquer à ses fonctions on avait lancé un poignard à un prêtre dans la chaire, on avait tiré un coup de fusil à un autre, un troisième ‹ reçut plusieurs blessures en adminis<trant la communion dans son église... On suborna un imposteur, qui se fit passer pour Edouard VI, et qui eut « des partisans; un esprit prétendu publia, du sein d'un mur, des calomnies contre la reine; quelques congrégations prièrent pour sa mort; les réfugiés d'Allemagne envoyaient des traités chargés de faits perfides et diffa‹ matoires, et des insurrections successives furent essayées par les réfugiés « qui étaient en France (1).›

Ces excès ne justifient pas sans doute Nourrie dans la croyance de l'Eglise les cruautés dont on usa contre les réromaine, que les persécutions auxquel- formés; ils les expliquent. Mais ce qui les elle avait été long-temps en butte n'aexcuse la reine, ce qui a lavé sa mévaient fait qu'affermir, il n'est pas éton-moire des flétrissures qu'on a voulu lui nant que Marie voulut la rétablir dans imprimer, c'est que ces cruautés sont ses États; son premier désir, ses premjers soins furent de rentrer sous l'obéissance

(1) Lingard.

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l'œuvre des parlemens, non la sienne propre, ni celle des catholiques. Ce fut la Chambre des communes qui dressa <le projet d'ordonnances contre les hé<rétiques, en 1554. Dans ce parlement, ❘ ‹ comme dans celui qui l'avait précédé, | les communes se montrèrent excessi<vement portées à la rigueur, et leur besogne alla si vite et si loin que les ‹ évêques eux-mêmes furent contraints ‹ de la modérer (1). ›

Malgré ce retour à l'ancienne religion, et malgré la vengeance que la reine pouvait exercer contre Cranmer, comme auteur principal du divorce de Catherine, il n'est pas douteux qu'il n'eût facilement échappé à son sort s'il eût pu retenir l'intempérance de sa langue; mais empêcher un sectaire de discourir à tort et à travers, c'eût été merveille.

Lors de l'avénement de la reine Marie, le bruit avait couru que le prélat, pour échapper aux dangers qui le menaçaient comme hérétique et comme un des chefs de la révolte de Northumberland, avait cherché à se rapprocher de la cour et fait des concessions qui tendaient à le ramener au catholicisme. Pour se justifier, Cranmer prépara une déclaration de foi, qu'il fit répandre à profusion et afficher aux portes des églises, comme un défi. Dans cet écrit, il ne se contentait pas de réfuter ces imputations calomnieuses; il jetait feu et flammes contre les papistes, il s'emportait en injures extravagantes contre la religion, et prétendait que c'était le diable qui voulait rétablir la messe et la communion romaine, dont il était l'auteur, et autres menues gentillesses de ce genre. Puis, comme le bout de l'oreille perce toujours, il offrait de soutenir son dire, contre l'opinion de son ancien maître Luther, qui avouait n'avoir aboli la messe que par l'ordre exprès du diable (1).

Ce langage fanatique et impudent porta ses fruits. Cité à la cour étoilée, où il déclara être l'auteur du mémoire séditieux, il fut envoyé à la Tour, accusé du crime de lèse-majesté, et condamné

(1) Burnet, t. 11, p. 445.

(2) Memoires de Luther, par Michelet.

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quelque temps après comme hérétique, et traître à l'Etat et à la reine.

Toute cette constance, ce courage, cette ardeur pour le martyre, qu'il venait d'é1aler avec tant d'éclat, tombèrent tout-à-coup. En présence du bûcher, il eut peur du feu, sa tête se troubla ; il eut comme des vertiges et des éblouissemens. Dans le long espace de temps qui s'écoula entre son jugement et sa mort, qui peut savoir ce qui se passa dans son âme? Quelles réflexions tristes et amères ne dut-il pas faire sur ses nombreux changemens et sur certains actes de sa carrière épiscopale! Catholique d'abord sage et zélé, il s'était laissé aller aux séductions des sens, il avait renié la religion qui le condamnait, et, rebelle obstiné, il avait essayé de toutes les erreurs, plutôt que de rentrer dans le droit chemin. Naturellement honnête et probe, doux et bienveillant, il avait forcé ces nobles qualités de son âme à faire place à l'hypocrisie la plus obstinée, à une lâche complaisance pour les caprices sanglans et voluptueux d'un tyran, et quelquefois à la cruauté. Ce fut la réforme qui pervertit cette nature féconde et droite, qui paralysa les brillantes facultés de son esprit et les élans de son âme; sans elle, Cranmer serait compté peutêtre au nombre des grands hommes dont l'Eglise s'honore. Une sorte de pitié nous saisit à la vue des tourmens qu'il éprouvait dans sa longue hypocrisie et des combats sans cesse renaissans qu'il soutenait contre la vérité en détournant la tête. Maintenant, si près de son heure dernière, dans ce moment suprême où la

conscience compte avec elle-même, sans espoir, sans désir peut-être de se tromper, qui peut dire si sa vie ne lui parut pas avoir été souvent coupable? Qui sait s'il n'eut point des doutes sur la vérité de ses dernières croyances et des remords de sa première apostasie? Que de choses se passent en ce moment entre Dieu et l'homme! Qu'on voit les actes de la vie d'un œil bien différent, et qu'il y a loin des passions qui nous aveuglèrent autrefois, avec cette espèce de lucidité dont les approches de la mort nous entourent!

Quelles qu'aient été ses raisons, Cran-mer rétractą ses.erreurs ; il signa un écrit

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dans lequel il rejetait les doctrines de ❘ de l'Eglise-Sainte-Marie; un peuple imLuther et de Zuingle, et reconnaissait la mense entourait la barrière et encomsuprématie du siége de Rome, les sacre- brait les avenues. Les uns étaient accoumens, la présence réelle, le purgatoire, rus pour voir mourir cet homme dont la les prières pour les morts et l'invocation puissance les avait fait trembler si longdes saints; il témoignait sa douleur de temps; les autres, dans l'espoir qu'il se s'être laissé séduire, et exhortait toutes | rétracterait une dernière fois et profesles personnes que son exemple avait en- serait avant de mourir la doctrine des traînées, à rentrer dans l'unité catholi- réformés; ceux qui avaient vu mourir que. A la fin, il protestait qu'il avait fait sur les mêmes lieux l'évêque Fischer et cette abjuration dans une entière li- le vénérable Thomas Morus, voulurent berté, et seulement pour la décharge de comparer les derniers momens de l'arsa conscience. chevêque avec ceux de ses illustres devanciers catholiques. Cranmer, accompagné de plusieurs religieux qui l'exhortaient à persévérer dans ses derniers sentimens, monta sur l'échafaud en présence de toute cette foule; il pleura long

Grand fut le scandale dans le camp des réformateurs, grande fut leur consternation; on cria à la trahison, on traita le pauvre archevêque avec autant de mépris et de violence qu'on avait eu autrefois pour lui de vénération et d'enthou-temps, et éleva souvent les mains au ciel siasme. Sa rétractation cependant ne lui fut pas d'un grand avantage; Cranmer était une victime offerte au divorce plus encore qu'à la vengeance religieuse.

Il y avait, parmi les théologiens qui accompagnèrent Philippe en Angleterre, plusieurs religieux qui désiraient ardemment le ramener au catholicisme, dans l'espoir de le sauver. Par leurs conseils, Cranmer écrivit une nouvelle rétractation, plus explicite que la première, et la fit suivre coup sur coup de cinq autres, tant le malheureux prélat avait peur du feu.

en signe de repentir; et lorsque Cole, un des religieux qui l'entouraient, le sollicita de déclarer dans quelle religion il mourait, il dit qu'il avait écrit son abjuration contre sa conscience, par amour de la vie et par crainte de la mort. A peine il finissait ces mots, que le feu commençait à l'atteindre. Alors, avançant sa main pour qu'elle brûlât la première, il s'écria : Brûle, main indigne!... Et les tourbillons de flamme le dérobèrent aux yeux des spectateurs.

Les auteurs protestans ont rapporté que le cœur du prélat sut trouvé tout enLes auteurs protestans ont prétendu tier parmi les cendres ; ils comparent cet que ces rétractations n'étaient qu'une infidèle et pâle successeur de Thomas ruse de la part de Cranmer pour éviter Becquet à tout ce que l'Eglise offre de le bûcher, et que pendant qu'il écrivait plus illustre, aux Cyrille, aux Basile, d'une main l'abjuration de ses erreurs, aux Athanase, à toute cette foule de de l'autre il protestait de son attache- docteurs et de saints qui sont la gloire ment aux principes de la réforme : c'est des vieux temps et les lumières qui éclaiune singulière apologie. Le système des rent les temps modernes. L'éloge est restrictions mentales était fortement en- quelque peu ambitieux; pour nous, OCraciné dans l'âme du primat, et passa- cupé séulément de rendre justice à qui blement du goût de ses admirateurs. la mérite, nous dirons: Cranmer était Au reste, que ces rétractations multi-né pour être une colonne de l'Eglise unipliées fussent une dissimulation ou un verselle; la réforme en fit un démoliscri de sa conscience, elles ne lui servi- seur et un hypocrite. rent de rien; le jour du supplice arriva. On avait élevé un échafaud sur la place

B. MAURY.

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Gevne Germanique religieuse.

NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR MOEHLER,

Professeur de théologie à l'Université de Munich.

de l'Église les talens que le ciel lui avait départis avec une si généreuse libéralité. Ses études universitaires terminées, le jeune théologien passa au séminaire de Rottenbourg, afin de s'y préparer dans la retraite à la réception des ordres sacrés et à la pratique des fonctions du ministère. Le 18 septembre 1819, M. Moehler reçut la prêtrise, et fut envoyé peu après dans une paroisse rurale, en qualité de vicaire (1). Mais dès l'année sui

Au nombre des illustres victimes que la mort est venue frapper dans le cours de cette année, il n'en est peut-être point dont la perte soit plus sensible à l'Église que celle de l'homme pieux, modeste et éclairé à la mémoire duquel ces lignes sont consacrées. Dans la restauration catholique vers laquelle l'Allemagne marche à grands pas, M. Moehler mérite d'être placé au premier rang, parce que nul autre n'a imprimé à la science une marche plus sûre et plus rapide. Si nous avions besoin de citer de longues preuves à l'appui de cette assertion, nous les mistère; il fut successivement vicaire à Weilders

trouverions toutes concentrées dans les haineuses attaques que lui a livrées le protestantisme moderne. Dès son début dans la carrière, le théologien célèbre sur lequel la tombe vient à peine de se refermer, avait su se placer à une hauteur telle, que les adversaires de l'Église purent découvrir sans peine les terribles coups que le nouveau lévite porterait à leur fallacieux système.

JEAN-ADAM MOEHLER naquit le 6 mai 1796, à Igersheim, près de Mergentheim, au royaume de Wurtemberg. Grâce aux dispositions heureuses qu'il manifesta dès sa première enfance, ses parens consentirent aux lourds sacrifices qu'ils devaient s'imposer pour lui ouvrir le sanctuaire de la science. Le jeune Moehler fut envoyé à Tubingue, suivre les études classiques au gymnase de cette ville. Les belles espérances qu'il avait fait concevoir ne furent point trompées, et, dès les premières années, sa conduite exemplaire, son infatigable application et ses brillans succès lui valurent une bourse au pensionnat catholique de Tubingue. Après avoir achevé son cours de philosophie, il commença l'étude de la théologie, afin de pouvoir consacrer au service

(1) Moehler ne resta qu'un an dans le saint mi

tadt et à Riedlingen. Nous ne pouvons nous refuser à la satisfaction de transcrire un passage d'une lettre de M. le chanoine Strobele, qui était curé de Riedlingen, pendant que Moehler y remplissait les fonctions vicariales. Cet extrait est un bel hommage rendu au défunt, et nous fait connaître en outre la direction dans laquelle se trouvait alors le jeune savant, et les espérances qu'il donnait pour l'avenir: « Ce qui caractérisait la carrière pastorale de Moé<hler, c'était toute sa manière d'être, telle qu'elle < se montrait, aimable, modeste, sous tous les < rapports, plein de dignité, et joint à un grand < respect et une vénération profonde dans tous les < actes du saint ministère; c'est là ce qui lui gagna < la plus haute estime et le plus vif attachement de <toute la paroisse, et notamment des petits éco<liers des deux classes élémentaires de l'instruction ‹ religieuse, desquelles il était chargé. La manière <dont il annonçait la parole sainte pénétrait vive<ment l'âme de ses auditeurs et produisait un ef< fet auquel il n'aurait jamais pu prétendre par << la vigueur du discours qui lui manquait. Les habitans de Riedlingen étaient fiers de leur vi< caire, et aujourd'hui encore son nom n'est pro« honcé qu'avec respect et avec amour. Les six mois << qu'il a passés à mes côtés ont été pour moi et « pour mon ami, M. Ehingen, alors mon second < chapelain, le temps le plus agréable de ma vie pas<torale. Au reste, le besoin de Moehler, je dirai < volontiers sa vocation de recherches savantes,

« perçait tellement qu'il regardait comme inappré«ciable chaque instant qu'il pouvait consacrer à « l'étude; mais il avait, pour la même raison, un

vante, il retourna à Tubingue, où il fut nommé répétiteur au pensionnat dans lequel il avait lui-même reçu sa première éducation; il y demeura jusqu'en 1823. Tout cet intervalle fut par lui consacré à une étude approfondie des anciens classiques grecs et latins, ainsi qu'aux autres connaissances nécessaires à un bon philologue; et plus tard ces laborieuses recherches lui offrirent des ressources immenses dans l'exploitation des sciences théologiques. D'abord, M. Moehler avait résolu de se vouer exclusivement aux études littéraires; une requête au ministre était toute prête pour solliciter une chaire de langues, quand, le même jour où il comptait faire expédier sa demande, il reçut de la faculté de théologie de Tubingue une invitation par écrit d'ouvrir un cours privé à l'Université. Le jeune répétiteur se rendit sans retard à cet honorable appel, qui décida de son avenir, et le lia pour toujours, et de la manière la plus intime, au service de l'Église. Dès l'année 1825, Moehler s'annonça au monde catholique et au monde savant par la publication de son ouvrage célèbre intitulé: l'Unité de l'Eglise, ou le Principe du catholicisme. Quoique ce livre laisse encore à désirer sous certains rapports, il ne laissa pas de montrer dans son auteur le futur grand théologien. Le gouvernement ne tarda point à prouver qu'il savait apprécier le mérite naissant, et, en 1826, Moehler fut nommé professeur extraordinaire de la faculté, avec mission d'enseigner l'histoire ecclé

e dégoût d'autant plus prononcé pour les écritures < dont il était chargé, en qualité de vicaire d'un ◄ doyen. Afin de diminuer ce fardeau, autant que < possible, M. Ehingen et moi nous nous étions ◄ chargés d'une partie de sa besogne, et nous << avions mis comme condition qu'il nous commu« niquerait, en retour, de temps à autre, quelques uns de ses trésors littéraires. Je ne saurais passer ◄ sous silence une visite que j'eus, à cette époque, ¿ l'honneur de recevoir du vénérable évêque Sailer de Ratisbonne. Pendant le déjeuner que le prélat < voulut accepter chez moi, Moehler fit une impres<sion profonde sur Monseigneur, et la manière << dont ce dernier le fixa ne fit qu'augmenter la timidité naturelle du jeune vicaire. Suivant son ha

bitude, le digne évêque me questionna beaucoup

sur cet intéressant jeune homme, comme il l'ap« pélait, et me fit connaître les grandes espérances è que l'on pouvait fonder sur lui. »

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siastique et le droit canon, Les travaux historiques du professeur ne se bornerent pas à la seule enceinte de la haute école; le public religieux devait avoir une large part aux produits de cette jeune et précoce intelligence. Il s'était à peine écoulé deux années depuis l'apparition du livre sur l'Unité, que parut un travail plus vaste encore; ce fut l'Histoire d'Athanase-le- Grand et de son siècle, histoire dans laquelle on se plait à admirer autant les profondes convictions religieuses, la pensée vraiment sacerdotale de l'auteur, que sa science profonde et variée. Si les leçons orales de Moehler avaient déjà attiré sur lui l'attention et l'estime publiques, cette attention et cette estime allèrent toujours croissant depuis qu'il eut fait paraître son Athanase.

Ce fut vers la même époque que Moe, hler commença à traiter dans son cours les doctrines controversées entre les ca tholiques et les protestans: ces leçons furent reçues par ses élèves avec une ardeur et un enthousiasme extrêmes, et le professeur consentit enfin, en 1832, à les publier sous le titre de Symbolique ou Exposé des points de doctrine controversés entre les catholiques et les protestans, et renfermés dans les symboles connus des deux communions. Cet ouvrage qui, en Allemagne, a déjà ramené un grand nombre d'âmes égarées, affermi des convictions chancelantes et opposé une digue puissante aux fluctuations de la raison individuelle dans le domaine des croyances religieuses, cet ouvrage occupe présentement encore l'attention de bon nombre de théologiens de la réforme à un degré d'autant plus haut que plusieurs d'entre eux, jugeant du point de vue de leur croyance, voient dans Moehler l'auteur d'un catholicisme nouveau, et que l'impossibilité d'une refutation victorieuse et complète de la Symbolique a été reconnue même par des hommes qui n'ont rien de plus à cœur que de faire servir à la défense du pro, testantisme toutes les ressources du savoir humain. Depuis l'Histoire des Variations, par Bossuet, il n'a été écrit aucun livre dans lequel le principe et les conséquences de la prétendue réforme du seizième siècle aient été combattus

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