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sur l'Epitre de saint Paul aux Romains, il savait, avec un talent admirable, faire une Histoire de l'Eglise, et un travail triompher la vérité, sans jamais blesser très étendu sur les monastères en Occi- ni la charité, ni les convenances sociadent. L'auteur avait déjà recueilli de les. La part vive et chaleureuse qu'il prit riches et nombreux matériaux pour ce aux destinées de l'Eglise, le talent et le dernier travail; les deux autres étaient bonheur avec lesquels il sut élever la en grande partie achevés, et ne devaient voix dans toutes les circonstances implus qu'être soumis à une nouvelle et portantes et défendre avec un admirable sévère révision. Quelques jours avant sa succès la religion dont il était le mimort, Moehler avait rédigé un article nistre et l'ornement, lui avaient marqué sur les affaires de l'Eglise catholique en sa place au rang des plus illustres théoPrusse ; ce morceau, quoique resté ina- logiens et des plus fermes appuis de chevé, a été inséré dans les feuilles histo- l'Eglise en Allemagne. Il y avait surtout riques et politiques que publient à Munich dans Moehler une vertu que ses plus MM. Philipps et Goerres; les amis de grands adversaires ne pouvaient s'empêMoehler ont voulu rendre à leur défunt cher de reconnaître et d'admirer, une collègue cet hommage, et, par là, faire vertu qui est la base et le couronnement voir comment le dernier effort du mou- de la perfection chrétienne : Moehler rant a été voué à la défense de la vérité était éminemment humble et modeste. et de la justice. Cette seule qualité suffirait pour faire son éloge, si l'Europe entière n'était là pour rendre hommage à ce beau génie trop tôt enlevé à l'Eglise et à sa patrie. Moehler fut théologien profond, et d'autant plus dévoué au principe d'une rigoureuse orthodoxie qu'il y fut amené graduellement par ses études; car les premières années de sa vie publique por taient l'empreinte visible d'une tendance alors trop commune en Allemagne, d'une tendance qui se manifestait surtout par une grande antipathie pour ce que l'on était convenu d'appeler injustement l'ultramontanisme et les prétentions de Rome. Plus Moehler avança dans ses recherches, plus il apprit à connaître les monumens de l'antiquité chrétienne et à découvrir les odieuses accusations des novateurs contre le centre de l'unité religieuse, plus aussi ses doctrinės s'épu rèrent, et lui-même finit par vénérer, par aimer, par défendre avec la supériorité d'un grand génie ce qui avait éte d'abord l'objet d'une certaine défiance, Moehler aima Rome du moment où il la connut.

Communément la science enfle le cœur de l'homme, et lui fait oublier les vertus d'une nature plus haute qu'il lui importe d'acquérir pour travailler avec fruit dans le champ du père de famille. Mais Moehler avait une âme trop belle, une intelligencé trop haute pour se laisser ou éblouir par le vain éclat de l'érudition, ou enivrer par les applaudissemens d'une jeunesse enthousiaste de son maître; il n'avait qu'une seule ambition, celle de former de dignes ministres des autels, des défenseurs habiles de l'orthodoxie religieuse; il ne voulait exercer une influence quelconque que pour travailler plus efficacement à la gloire de Dieu et au salut du prochain. C'est pourquoi Moehler avait soin de joindre à ses grands travaux littéraires la pratique consciencieuse de toutes les vertus d'un prêtre éclairé et zélé, et il mettait tout en œuvre pour inculquer les mêmes sentimens aux jeunes théologiens qui se trouvaient avoir avec lui des rapports intimes ou seulement éloignés. L'exemple de Moehler n'était pas moins instructif que sa parole et son enseignement;

J. M. AXINGER, chanoine d'Evreux.

TOME VIII No 48, 1839.

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BULLETINS BIBLIOGRAPHIQUES.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE DE LA REVUE

GERMANIQUE religieuse (1).

LES MARIAGES MIXTES CONSIDÉRÉS DU POINT DE VUE DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE, par JEAN-BAPTISTE KUTSCHKER, docteur en théologie et professeur de théologie morale à l'Université impériale et royale d'Olmütz. Deuxième édition, revue et augmentée; Vienne, à la librairie de François Wimmer, 1838. 1 volume in-8° de 358 pages.

La question des mariages mixtes est une des questions vitales de notre époque; c'est elle qui a provoqué les graves événemens de Cologne et de Posen; c'est elle qui a dévoilé les manœuvres ourdies par la réforme pour arriver au triomphe de ses doctrines et à l'anéantissement de l'Église catholique en Allemagne; c'est à elle que nous devons ce retour à Panité, qui se manifeste de toutes parts dans les états de la confédération transrhénane; ce réveil de la conscience d'un grand nombre d'évêques et de prêtres, qui s'étaient laissé plus ou moins influencer par leurs gouvernemens respectifs. Donc tout ce qui tend à jeter du jour sur une question aussi grave, dans son principe comme dans ses conséquences, ne peut qu'être accueilli avec faveur par les amis sincères de notre sainte Église. L'ouvrage que nous indiquons ici mérite, å ́ce titre, notre attention et notre gratitude, parce qu'il répond à un besoin

(1) Des raisons particulières ont, jusqu'à ce jour, empêché la réalisation de la Revue germanique religieuse, telle que MM. les directeurs de l'Université l'ont annoncée; toutes les mesures sont prises par M. l'abbé Axinger, pour que désormais elle paraisse plus régulièrement. Rien ne sera négligé pour donner à cette importante publication toute l'extension et tous les soins que commande Pintérêt des connaissances religieuses. Afin d'être mieux à même de remplir sa tâche, M. l'abbé Axinger passera en Allemagne la plus grande partie de son temps, et y fixera temporairement son séjour. De cette manière, la littérature catholique allemande sera connue exactement, étudiée sur les lieux mêmes; aucun ouvrage marquant ne sera passé sous silence; de cette manière encore pourra s'établir entre la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre une communication intime, désirée daus chacun de ces pays par les amis sincères de l'Église.

long-temps senti, et qu'il se présente avec toutes les garanties de savoir et d'équité désirables. Écrit pour le Nouveau journal théologique, publié à Vienne, par M. le chanoine Pletz, le présent traité se trouve connu depuis environ trois à quatre années; les derniers événemens ont rendu nécessaire une publication compacte des articles insérés dans les divers cahiers du journal de théologie, et c'est ainsi qu'a paru le travail sur les mariages mixtes, dont nous allons donner une analyse succincte.

L'auteur nous fait lui-même connaître l'esprit et le but dans lequel il a voulu traiter la question, et il nous suffira, sous ce rapport, de citer le passage suivant de l'introduction pour prouver qu'il n'y a aucune exagération dans les éloges donnés à M. Kutschker: «Rechercher, dit-il, ce que, depuis son ori<«<gine jusqu'à nos jours, l'Église catholique a

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pensé sur les mariages entre personnes apparte<< nant à des croyances diverses, c'est-à-dire sur les << mariages mixtes, dans le sens le plus étendu de ce « mot, c'est là un travail qui, aujourd'hui, est «< d'une haute importance et tout-à-fait approprié au << temps dans lequel nous vivons. Car ce n'est qu'à « l'aide d'une connaissance exacte de la discipline « ecclésiastique sur cette matière que pourront ré«gler leur conduite eeux des pasteurs qui ont af« faire à des personnes déterminées à contracter de «semblables unions. Cette connaissance est d'autant << plus désirable que sans elle, le catholique peut << aisément, se laisser tromper par les assertions les « plus étranges et les moins fondées des fauteurs << des mariages mixtes, et être entraîné à la fausse <«< idée qui voudrait faire accroire que la seule <<< cause qui porte certains évêques et certains << prêtres à s'opposer à cette espèce de mariage ou << à leur acceptation pure et simple, c'est un atta<<< chement opiniâtre à des préjugés anciens et invé« térés. Il a été beaucoup écrit sur ce sujet, et, dans « ce grand nombre d'ouvrages, il y a beaucoup « d'excellentes choses. Mais communément on envi<< sageait la question sous un autre point de vue que «< celui sous lequel nous croyons devoir l'envisager. << Dans le présent ouvrage, les mariages mixtes se«<ront considérés exclusivement sous le point de << vue de l'Église; il sera démontré que, d'après << l'esprit de l'Écriture sainte, d'après le témoignage << formel des Pères et des anciens écrivains de l'É<< glise, ces mariages sont inadmissibles, motif pour << lequel les canons des conciles anciens et mo<< dernes, comme aussi les décrets des souverains << pontifes les ont toujours prohibés, ou ne les ont << permis qu'avec beaucoup de circonspection, et

a seulement après l'accomplissement de certaines «< conditions. Le sujet est d'une haute importance; << quoiqu'il ait été discuté souvent déjà, il serait. «< difficile d'assurer qu'il l'a été d'une manière com«< plète et sous toutes ses différentes faces : c'est là «< ce qui porte l'auteur à croire qu'en publiant le << présent exposé, il n'a pas entrepris un travail «<< tout-à-fait inutile. » — Ce court exposé suffit pour donner un aperçu général du livre de M. Kutschker, parce qu'il nous en fait connaître et le but et le contenu, tout en nous exposant nettement les principes dans lesquels il l'a conçu et exécuté.

Tout l'ouvrage se compose de cinq chapitres. Le premier expose la doctrine de la Bible sur les mariages mixtes, tant sous la loi ancienne que sous la loi évangélique. Le deuxième chapitre développe ce qu'ont pensé et écrit sur cette question épineuse les Pères de l'Église et les autres écrivains des premiers âges du Christianisme, tels que Tertullien, saint Cyprien, Zénon de Vérone, saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin. Le troisième chapitre fait connaître les décisions des conciles de ce nombre sont principalement les synodes d'Elvire, d'Arles, de Nicée, de Laodicée; le troisième concile de Carthage, ceux de Chalcédoine, d'Agde, de Lérida; les conciles des sixième et septième siècles, etc. Dans le quatrième chapitre, se trouvent les sentences rendues par les papes Léon-le-Grand, Boniface V, Étienne IV, Nicolas Ier, Boniface VIII, Clément VIII, Urbain VIII, Clément XI, Benoît XIV, Clément XIII, Pie VI, Pie VII, Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI. Après avoir établi par des témoignages irrécusables la tradition et la discipline constante de l'Église, l'auteur aborde la discussion rationnelle et montre combien sont conformes aux principes du Christianisme les décisions qui condamnent les unions entre personnes appartenant à des croyances diverses. C'est ainsi que, dans le chapitre cinquième, M. Kutschker établit comment, par la nature même de la chose, ces unions sont inadmissibles. Cette inadmissibilité résulte, 1o de l'idée même du mariage; 2o dans les mariages mixtes, il y a un obstacle à ce que le but du mariage puisse être atteint; 3o principalement à l'égard des enfans; 4o le carac1ère sacramentel du mariage catholique prononce également l'inadmissibilité des mariages mixtes.

Quiconque connaît les différens traités qui ont paru jusqu'ici sur la matière peut se convaincre, par la seule indication que nous venons de donner, que pas un savant n'a fourni un travail plus étendu ni plus complet sur les mariages mixtes, que celui dont le docteur Kutschker vient d'enrichir la littérature catholique. Déjà, dans l'ancien Testament, l'auteur trouve les preuves du principe reçu à toutes les époques de la révélation divine, que le mariage est illicite avec des personnes professant une autre croyance. Ce qui fait le mérite principal de ce livre, c'est la manière claire et précise avec laquelle il commente les divers passages tirés principalement des saints Pères à l'appui de sa thèse, lesquels offrent souvent de grandes difficultés pour être bien compris. La même lucidité se trouve en

core dans le développement du texte des conciles, que le célèbre Stapf, dans son instruction pastorale sur le mariage, s'est borné à indiquer dans leur ordre chronologique.

Les additions faites à la seconde édition sont les suivantes : au lieu des simples extraits qui se trouvent dans la première, l'auteur a transcrit le texte entier des brefs et des décisions du pape Pie VII. Le bref adressé par Pie VIII aux évêques de la Prusse rhénane, en date du 25 mars 1830, et commençant par ces paroles: Litteris altero, manquait d'abord, parce qu'il n'est parvenu à la connaissance du public qu'en 1854; dans la nouvelle édition, il a été inséré intégralement et enrichi d'un excellent et judicieux commentaire. L'instruction adressée le 27 mars 1830 par le cardinal Albani aux mêmes évêques manque, au contraire, dans le livre que nous analysons toutefois l'auteur est excusable, parce que cette pièce est connue depuis fort peu de temps seulement. C'est du reste une lacune qui laisse beaucoup à regretter, parce que cette pièce aurait fourni matière à des aperçus neufs et à une justification plus énergique du principe adopté par l'Église, relativement aux mariages entre catholiques et protestans. A la suite de l'instruction que Grégoire XVI fit adresser aux évêques de la Bavière par le cardinal Bernetti, M. Kutschker place des observations extrêmement intéressantes. Un des plus curieux passages que nous remarquons est surtout un extrait de l'ouvrage de M. Stapf, l'un des théologiens moralistes les plus distingués de l'Allemagne; ce passage se rapporte à la coopération positive aux péchés d'autrui. La doctrine touchant cette même coopération étant une des questions les plus ardues de la théologie morale, et trouvant surtout son application dans les mariages mixtes, où l'on s'abuse si souvent par l'idée d'une non-coopération illusoire aux péchés d'autrui, il faut regarder comme un véritable service rendu à la science de la religion que d'avoir montré dans le bref et dans l'instruction de sa sainteté Grégoire XVI, quelles sont les limites extrêmes auxquelles on peut aller sans se rendre coupable du mal commis par autrui. C'est en saisissant bien la théorie de cette coopération, dont M. Stapf cite les idées fondamentales et les principes, qu'il est possible de se garantir de tout excès qui consisterait à endormir la conscience d'autrui par des ménagemens intempestifs et mal entendus, au lieu de la réveiller d'une léthargie dangereuse par des remontrances salutaires et par une instruction convenable.

En résumé, nous pouvons, comme l'ont fait plusieurs recueils estimables et essentiellement orthodoxes de l'Allemagne, voir dans le traité du docteur Kutschker, une œuvre utile à la religion, parce qu'elle met dans tout son jour la vérité, relativement à cette question qui, en ce moment, occupe l'attention de presque tout l'univers catholique. Si le présent travail sur les mariages mixtes avait besoin de la recommandation d'un homme, juge bien compétent dans de semblables matières, nous pour

rions ajouter avec une entière certitude que le docte père Perrone, prêtre de la compagnie de Jésus et professeur de dogme au collège romain, n'a pas dédaigné de le consulter pour un semblable traité qu'il fait imprimer en ce moment à Rome, à l'usage de ses leçons publiques,

LA VIE DE JÉSUS, exposée scientifiquement par le docteur JEAN KUHN, professeur à la faculté de théologie catholique de Tübingue; premier volume, de 488 pages. Mayence, chez Florian Kupferberg. Prix 3 florins, 15 kreutzer.

Grande fut la sensation que fit dans le monde religieux et savant l'apparition de la vie de JésusChrist, par le docteur Strauss de Tubingue. Ce livre, en effet, est le complément des doctrines nées de la réforme du seizième siècle; c'est le dernier terme auquel vient nécessairement aboutir le sens \ privé revendiqué par Luther et par ses adeptes; c'est donc aussi la condition la plus forte, la protestation la plus énergique contre ces croyances qui, depuis trois siècles, se parent du titre pompeux et mensonger d'évangéliques; contre cette réforme qui a prétendu rendre à l'Évangile et an Christianisme sa pureté primitive. Pour quiconque connaît à fond la littérature théologique de l'Allemagne protestante, telle qu'elle s'est développée depuis environ soixantedix ans, il n'y a aucun sujet d'étonnement dans la publication du livre de Strauss; il y trouve bien plus accomplie la prédiction que faisait aux hérétiques de son temps le grand évêque de Meaux. Voilà sans doute pourquoi il y a eu, parmi les savanscatholiques, si peu d'hommes qui aient cru devoir réfuter l'absurde système formulé par Strauss ; une semblable doctrine montre le mal profond qui ronge l'église protestante, et ne peut que crouler, ainsi que la base sur laquelle elle s'appuie. Parmi nos frères séparés, il n'en a pas été ainsi; tous ont senti le coup mortel porté à leur religion, et l'on a vu les hommes les plus distingués par leur savoir descendre dans la lice pour combattre l'audacieux adversaire de la véracité historique des Évangiles. Les alliés de Strauss eux-mêmes ont cru prudent de se déclarer contre lui, pour sauver au moins les apparences, Mais toutes ces justifications ne détruisent pas le mal fait à la réforme par la Vie de JésusChrist, telle que l'a publiée le docteur protestant. Ce n'est pas tant l'élément mythique qui domine dans le travail de Strauss, que l'on puisse craindre, et qui ait, par conséquent, besoin d'être réfuté; ce sont, au contraire, les principes dont émane l'application du mythe pour expliquer le récit évangélique: or, ces principes sont plus anciens que l'interprétation elle-même. C'est là le motif qui a déterminé M, Kuhn à composer son ouvrage, après avoir développé le même sujet dans les leçons publiques qu'il donna à Giessen dans le courant de l'année 1836.

Ce qui a amené Strauss à la négation du récit évangélique, ce sont : l'antipathie dominante, dans son église, pour tout ce qui porte un caractère sur

naturel, et l'envahissement de la théologie protestante par le panthéisme de Hegel; le résultat fourni par les recherches et les critiques concernant l'interprétation de la Bible, et tendant à faire croire que les passages de l'ancien Testament sur lesquels les évangélistes basent leur récit ont un sens tout autre que celui que ces derniers leur donnent, par conséquent la négation des prophéties et des miracles; en troisième lieu, enfin, il faut ranger les contradictions apparentes ou réelles des récits faits par chacun des quatre évangélistes.

C'est à l'examen de ces trois points que s'attache M. Kuhn; son livre n'est pas tant une réfutation de l'ouvrage de Strauss, qu'une réfutation savante et approfondie des principes qui dominent la réforme actuelle et qui ont, en quelque sorte, rendu nécessaire l'interprétation mythique, afin de trouver une issue au dédale dans lequel se perdaient de plus en plus ces docteurs abandonnés aux erremens de leur propre raison.

La vie de Jésus-Christ étant le centre auquel viennent aboutir toutes les parties de la révélation, notre auteur a partagé son introduction ou ses prolégomènes en deux grandes parties: l'exposé des documens sur lesquels repose cette histoire, et l'exposition scientifique. Ces prolégomènes forment la plus grande partie du premier volume qui a paru; l'histoire du Sauveur ne va que jusqu'au moment de l'inauguration, du Messie, de son apparition comme docteur public. L'idée des prophéties et des miracles forme le point essentiel de la controverse moderne; c'est aussi celle à laquelle M. Kuhn a donné le plus grand soin. Cette double question apparaît comme la plus saillante dans la vie du Messie. En effet, les évangélistes n'ont pas voulu nous donner une notice exacte et complète sur la vie de leur divin maître; les fragmens qu'ils nous ont conservés ne doivent, au contraire, servir que de points d'appui pour faire ressortir le point de vue théologique, le caractère de la divinité réelle de Jésus-Christ, la vérité de la rédemption opérée par lui.

Ce qui nous a surtout intéressés dans l'ouvrage en question, c'est l'étude consciencieuse que l'auteur a faite des Pères de l'Église et des anciens commentateurs de l'Écriture sainte. Il a puisé à la véritable source, et c'est là un des plus beaux titres à la reconnaissance des contemporains. M. Kuhn dit lui-même que, s'il n'avait réussi qu'à provoquer à une étude nouvelle de ces hommes de l'antiquité et du moyen âge trop peu connus, il se croirait suffisamment récompensé de ses veilles et de ses recherches laborieuses. L'abbé AXINGER.

ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE D'ANGLETERRE de LINGARD, par P. SADLER, continué par le même auteur, depuis Jacques II jusqu'à nos jours; ouvrage fait en particulier pour l'usage des classes et de ceux qui étudient les élémens de l'histoire; traduit pour la première fois en français. A Paris, à la librairie d'éducation catholique et classique,

rue des Maçons-Sorbonne, no 3. 2 gros volumes in -12; prix, 7 franes.

emprunter aux annales d'un peuple leurs traits principaux, et en former un tableau intéressant et vrai; ce n'est pas un petit mérite que d'être concis sans sécheresse, sobre de détails et pourtant complet. L'utilité des abrégés historiques se fait surtout sentir à une époque où le nombre et la variété des études exigées de la jeunesse laissent si peu de temps à chacune d'elles. De pareils ouvrages sont une pré

L'Histoire d'Angleterre du docteur Lingard est jugée; le temps n'a fait que confirmer le succès qu'elle obtint dès son apparition. Peu d'ouvrages sont d'un intérêt aussi attachant, et ont trouvé àutant de lecteurs. Qui n'a voulu étudier avec Lingard les phases diverses de la vie de ce peuple,paration nécessaire à de plus sérieuses lectures, un notre éternel rival, dont les destinées ont si souvent influé sur celles de la France ?

Mais, quel qu'en soit le mérite, l'histoire de Lingard, à raison de son étendue, ne saurait être un livre d'éducation. C'est ce qu'a senti M. Sadler; et il en a publié un abrégé, dont la traduction est sous nos yeux.

M. Sadler nous a semblé s'être heureusement acquitté de la tâche difficile qu'il avait entreprise. Sauf quelques réflexions inutiles, le récit est rapide et animé; les événemens se groupent et se développent sans confusion, et de manière à ce qu'on puisse en suivre sans peine l'enchaînement; les faits d'une importance secondaire ont été négligés, et rien d'essentiel n'est omis.

L'auteur s'est attaché à rendre son livre aussi propre que possible à la destination spéciale qu'il voulait lui donner. Les personnes chargées de l'enseignement lui sauront bon gré de ses sommaires, rédigés avec soin sous la forme de questions, et qui précisent et résument en quelques lignes tout une matière.

Certaines parties de l'Abrégé de M. Sadler nous ont paru mieux traitées que d'autres; nous avons remarqué notamment ce qui concerne le règne d'Élisabeth. En relisant ce règne si long et si souvent flétri par les actes d'une politique sanguinaire, on serait toujours tenté de s'étonner de l'espèce de culte que tant d'historiens anglais se sont crus obligés de rendre à la mémoire d'Élisabeth, si l'esprit de secte n'expliquait pas la partialité enthousiaste dont la fille de Henri VIII a été l'objet. M. Sadler réduit à leur valeur ces panégyriques mensongers.

M. Sadler ne s'est par arrêté avec Lingard; son abrégé va jusqu'à nos jours. Cette continuation nous a semblé un peu trop étendue relativement au reste de l'ouvrage. On peut aussi reprocher à l'auteur de ne s'être pas montré, en quelques occasions, assez impartial. Nous savons la force et l'entraînement des préjugés nationaux ; mais il faut pourtant être juste envers les princes et les peuples étrangers.

Nonobstant ces critiques, le travail de M. Sadler est digne d'éloges, et doit être signalé à l'attention des instituteurs et des pères de famille. Il n'en existait pas encore de traduction; celle qui vient de paraître est satisfaisanté, à quelques négligences près.

Nous terminerons par une observation générale. Il y a des personnes qui affectent une sorte de dédain pour les abrégés historiques; nous leur réndons, quant à nous, plus de justice. Un bon abrégé est moins aisé à faire qu'on ne le suppose. Il faut un discernement éclairé, une exécution habile, pour

coup d'œil rapide, qui embrasse et éclaire la route, et donne par là le moyen de l'explorer plus tard avec avantage.

LE CATHOLIQUE,

R. B.

RECUEIL MENSUEL PUBLIÉ À Spire.

Livraison de juin.

1. Rituel du diocèse de Rottembourg (Wurtemberg).

Cet article contient une juste et sévère critique des innovations rationalistes introduites dans son diocèse par M. de Keller, évêque de Rottembourg, un de ces prélats naguère trop nombreux en Allemagne, sur lesquels comptait le protestantisme dans sa guerre sourde et lente contre l'Église. Fort de ses concessions à l'esprit protestant, M. de Keller a cru devoir demander au gouvernement luthérien de Stuttgard la construction d'une nouvelle cathédrale. Mais ce projet a rencontré de l'opposition dans les chambres, même dans le parti catholique. M. le baron de Hornstein, champion intrépide de la religion, l'a repoussé en ces termes : « Nous ne demandons rien pour notre Église mais aussi nous voulons qu'on ne lui demande rien. Qu'il n'en soit pas chez nous comme à Cologne, où l'on répare avec luxe la cathédrale, et où l'on emprisonne l'archevêque. » II. De la doctrine de saint Thomas d'Aquin sur Pimmaculée conception de la sainte Vierge.

On a souvent affirmé que ce grand saint avait soutenu des opinions contraires à la conception immaculée; mais l'auteur de ce travail démontre, par un examen approfondi de divers passages du docteur angélique, qu'il reconnaissait formellement ce dogme si cher à notre Église.

III. Le docteur Strauss et l'archevêque de Cologne.

Exposé excellent du contraste entre la tendance protestante et la tendance catholique en Allemagne. Bibliographie. 1. Explication des prophéties rela

tives au Messie, par le docteur NERD, professeur à Ratisbonne, 1837.

2. Le prêtre, envisagé sous tous les points de vue de sa vocation, par M.-J. HERZ, doyen à Sigmaringen, 1838.

5. Manuel de l'Histoire écclésiastiquë, par le docteur DOLLINGER, professeur de théologie à Munich, 1838.

4. Traduction de l'Histoire dé Pie VII, par le chevalier ARTAUD.

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