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comme souffrant sans l'avoir mérité, souffrant non pour lui qui est juste, Fils de Dieu, mais pour les pécheurs; mis à mort pour son peuple et par son peuple; ceux encore où il est dit que le Messie s'offre en sacrifice de lui-même, librement, parce qu'il l'a voulu. - O Dieu! les holocaustes et les victimes ne vous ont pas été agréables, alors j'ai dit : Je viens. Est-ce là le type d'un peuple châtié pour ses crimes ?... Mais pour ne point s'arrêter à des citations qu'il serait facile de multiplier, que devient cette attente universelle d'un libérateur, d'un Messie, que M. Salvador reconnaît lui-même, et qui entre dans la plus intime constitution de l'hébraïsme? Nulle discussion là-dessus. Voulez-vous savoir ce que devient le Messie dans l'opinion de M. Salvador?« Le Messie, en hébreu Mochiarch, grec Christos, signifie l'homme frotté, oint, parfumé, ou, comme on dirait aujourd'hui, l'homme habillé, équipé pour marcher à la tête des assemblées religieuses ou guerrières. » Quoi qu'il en puisse être, il n'en est pas moins vrai que le Messie frotté, oint ou équipé, comme vous l'entendrez, était l'objet de l'attente universelle des juifs, qu'ils étaient d'accord à fixer sa venue vers l'époque de la naissance de Jésus-Christ, qu'aujourd'hui même une portion assez considérable de juifs, ne pouvant autrement expliquer leurs livres sacrés, sont contraints d'admettre que le Messie est déjà venu, quoiqu'il ne se soit pas encore manifesté; tandis que tous les autres, tous, sans exception (sauf M. Salvador), l'attendent encore; enfin, qu'en aucun temps, aucun juif d'aucune secte, ni pharisien, ni sadducéen, ni essénien, ni hérodien, n'a jamais cru voir dans le Messie la person nification du peuple juif (toujours à l'exception de M. Salvador).

Chose singulière ! nous allons voir cette interprétation attaquée et fort ébranlée par l'auteur lui-même, en traitant la seconde question relative à l'accomplissement des prophéties dans la personne du Sauveur. Pourquoi et comment en effet l'Évangile offre-t-il tant de traits de conformité avec les anciens oracles; conformité tellement littérale, qu'on pourrait douter quelquefois, selon l'expression d'un père, si certains d'entre les prophè

tes ne sont pas plutôt des évangélistes ? M. Salvador ne trouve rien de mieux que de répéter ce qu'ont été forcés de dire tous les adversaires du Christianisme, et de se rejetér dans le système d'un parti pris d'avance, d'une détermination ́ arrêtée entre Jésus et ses disciples. On juge soudain, dit-il, toute la portée de cette détermination des historiens de Jésus, qui s'étend sur les questions de doctrine comme sur les points de fait, et qui les excitait à réaliser matériellement en sa personne toutes les images et toutes les expressions de la poésie sacrée hébraïque. On assiste, en quelque sorte, avec eux au développement du principe proclamé en ces temps par le maître : Il faut que toutes les choses écrites dans lá loi de Moïse, écrites dans les prophètes, écrites dans les chants de David,se trouvent accomplies en moi. › Mais pour concevoir ce principe proclamé à priori et cette résolution d'exprimer dans toute sa vie, dans les plus cruelles souffrances et dans la mort, tout ce qui est écrit, il faut bien admettrè, de la part des apôtres et de leur maître, et encore de la part de toute la nation juive, la conviction que l'accomplissement des prophéties par le Christ était une condition de première nécessité; que le signe auquel on devait reconnaître le Messie consistait en cette ressemblance parfaite avec le divin exemplaire tracé depuis plusieurs siècles, que par conséquent son premier caractère était d'être, d'avoir sa personnalité propre bien réelle, et nullement de se confondre avec je ne sais quelle personnification vague du peuple juif.

La discussion des miracles n'offrant rien de neuf, étant au contraire loin de reproduire dans toute leur force les objections faites et résolues depuis longtemps, nous ne croyons pas devoir nous y arrêter.

Les prophéties et les miracles ainsi éliminés, nous arrivons à l'examen des causes naturelles qui ont favorisé la fondation du Christianisme. Nous ne prétendons point passer en révue toutes les raisons apportées par M. Salvador, qui ne pèche pas assurément par le nombre et la complication de ses moyens oratoires. Nous demanderons donc la permission de ne mentionner que celles qui

saint Pierre disant au Sauveur: Voilà que nous avons tout quitté et que nous vous avons suivi; quoi donc nous en reviendraàt-il? Il entendit cette sublime promesse qu'il n'est pas besoin de rappeler. Écoutons le curieux commentaire de M. Salvador: Quelque pauvres qu'eussent été jusque-là les apôtres, et malgré leur amour envers leur maître, Pierre fut souvent l'organe de ses collègues pour faire expliquer Jésus en termes précis sur la part qui reviendrait à chacun d'eux de la grandeur que sa propre personne se réservait. Ils voulurent être assurés des biens réels qui, indépendamment de l'éternité promise à leur avenir, serviraient à les dédommager de l'abandon complet de leur famille et de leur profession, auxquels ils s'étaient résignés à sa voix, et de tous les dangers qui devaient en être la suite. La réponse de Jésus... consiste à leur déclarer et à leur promettre toutes ces choses :

nous sembleront plus remarquables, ou par quelque apparence de fondement, ou par le mérite de la nouveauté. Première cause. - L'état du monde l'époque de la naissance de J.-C. Nous avons dit un mot de ce système familier aux adversaires, et le plus fort argument qu'ils puissent employer parce qu'il a un côté vrai. Il consiste à dire que les peuples attendaient ; que tout dans le monde, hommes et choses, événemens et doctrine, tout avait été préparé pour un grand changement religieux et social. Nous reconnaissons ces prémisses, et nous en donnons la raison. Vous, vous ne pouvez les expliquer, vous ne faites que les admettre... Je me trompe; vous concluez hardiment de ce concours extraordinaire de circonstances (expressions de M. Salvador) qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans l'établissement du Christianisme. C'est là le plus grand effort de votre logique. Il est inutile d'observer que cette preuve tout extérieure n'effleure même pas et laisse subsister en leur entier les caractères de divinité que la religion du Christ tire de son propre sein. Qu'on veuille bien le remarquer, car l'objection tirée de l'état du monde est fort en vogue aujourd'hui. C'est là un larcin de plus que commettent nos adversaires; c'est une arme qu'ils voudraient nous dérober pour la tourner contre nous, et qui s'ébrèche entre leurs mains chaque fois qu'ils tentent de s'en servir.

Deuxième cause. — L'adresse du jeune maître de Nazareth (nous demandons pardon d'employer le style de M. Salvador), et surtout sa conduite à l'égard de saint Jean-Baptiste, qu'il parvint à supplanter. Les rapports entre notre Seigneur et saint Jean deviennent sous la plume de M. Salvador le canevas d'un vrai roman; c'est une suite d'accords, de refrodissemens, de conditions, de scissions qu'il a trouvés quelque part sans doute ailleurs que dans l'Evangile, et dont nous n'avons pas à nous occuper. Troisième cause. Les stipulations intervenues entre le maître et les apôtres, que M. Salvador trouve curieuses, et qui le sont fort, entendues en son sens. Ces stipulations existent, en effet, et nous les trouvons clairement exprimées à la fin du XIX chapitre de saint Mathieu, lorsque

Ils recevraient le centuple, en maisons, en champs et en parenté, de ce qui avait été en leur possession ;

‹ Dans le royaume de la résurrection prochaine et de choix... ils obtiendraient douze trônes pour présider aux douze tribus du nouvel Israël, qui verrait Jésus assis sur un trône particulier comme souverain prince;

‹ Enfin, ils auraient un droit absolu, dans l'intervalle, à toute sorte de secours, à l'exemple du Fils de Marie lui-même, qui vivait des libéralités dues à plusieurs femmes guéries par sa puissance de leurs vices ou de leurs maux. ›

Nous croyons pouvoir, sans compromettre notre cause, laisser subsister ce chef dans toute sa puissance et toute sa séduction. Le second n'est peut-être pas bien compris de nos lecteurs, et nous aurons occasion d'y revenir en traitant un système de M. Salvador, ou plutôt une tentative de réhabilitation en faveur d'une des plus anciennes hérésies connues. Reste donc le premier motif, qui n'est pas le moins curieux, puisqu'il consiste, selon notre auteur, à promettre aux apôtres, dès cette vie (in tempore hoc, d'après le texte de saint Marc), cent pour un de tout ce qu'ils avaient quitté, maisons, champs, etc., sans oublier probablement barques et filets. Si les apô

tres certes entendirent cette stipulation | pas que je sois venu apporter la paix sur

d'une manière aussi littérale et aussi matérielle que M. Salvador, ils durent être bien détrompés par la suite et d'autant moins empressés à verser leur sang pour un maitre qui les avait si cruelle ment abusés,

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Quatrième cause. Esprit de prosély tisme et de conquête. Nous ne suivons pas toujours le même ordre que M. Salvador, ce qui ne peut nuire à la force de ses argumens. Il a un chapitre exprès, consacré au prosélytisme de la religion chrétienne. Cet esprit existe effet au sein de l'Église catholique, et plus fort, plus actif que partout ailleurs; il est jusqu'à un certain point le principe de sa force, mais bien plus encore le résultat de son institution divine. Tout cela est vrai; mais vouloir matérialiser encore ce principe, le changer en un esprit de conquête cupide et cruel, le comparer à l'esprit de mahométisme, ce serait sans doute dépasser les bornes; c'est pourtant ce qu'entreprend M. Salvador, et en termes assez énergiques (1): Quelle que soit, dit-il, la renommée justement acquise au Fils de Marie, il y a plusieurs distinctions importantes à émettre sur ce sujet. Ceux-là cèdent en partie à une illusion qui, pour lui donner encore plus d'éclat, se plaisent à l'opposer avec une ferveur trop exclusive à la sévérité (sic), non moins fameuse du prophète de l'Arabie, ou de leur prédécesseur commun (Moïse, comme vous devinez),.. Moïse ordonna trop souvent à l'épée de se montrer impitoyable! (Et Mahomet aussi, n'est-ce pas?) Mais dans l'attente absolue du royaume de seconde vie, qui occupait toute la pensée de Jésus, des conséquences aussi terribles se manifestèrent clairement à ses yeux, des conséquences plus terribles peut-être, à cause de leur caractère moral et de la direction fatale qu'elles ont si long-temps imprimée à son Église. Pourtant, loin d'hésiter à leur aspect, il se hâta de les accueillir, de les développer et de leur donner une expres sion qui n'a rien à rencontrer de plus fort dans l'éloquence de Mahomet EN PERSONNE, › Est-ce assez clair?..... Mais grand Dieu! de quoi s'agit-il donç?,,, Il s'agit d'un texte de saint Mathieu, Ne croyez

(1) T. I, p. 292.

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la terre, s'écrie le nouveau maître; j'ai apporté l'épée; je suis venu mettre le feu sur la terre, et tout mon désir est qu'il s'allume, etc... Ajoutez cette parabole d'un roi qui, avant de livrer bataille, a besoin de compter sur ses guerriers!..... Ce sont des guerriers véritables qu'il se propose de former! s'écrie M. Salvador, des guerriers qui, étant appelés à conquérir le royaume prochain..... ( Quel royaume, encore une fois?) le royaume prochain de la résurrection des morts, doivent regarder d'un œil indifférent toutes les conditions favorables ou contraires de l'existence actuelle ; ce sont des guerriers enfin, réduits à l'état des athlètes, qui se présentaient nus pour le combat... » Tout s'explique enfin, et nous respirons, Vous voyez que M. Salvador n'est pas aussi méchant qu'il le paraît. Il parle bien quelque part des exemples célèbres d'inclémence et de barbarie que le Christianışme a eu si souvent l'occasion d'offrir à l'univers ; mais il faut savoir passer quelque chose, et ce n'est pas trop pour un juif.

Cinquième cause,

Le dogme nou

veau. - En général, M. Salvador entend nos dogmes de la plus étrange façon; il croit que celui de la sainte Trinité attaque l'unité de Dieu; l'incarnation pareillement lui semble être l'association d'un Dieu nouveau au Dieu ancien; la création (qui le croirait), selon le sens des Pères, revient au système du dualisme absolu, Si Dieu a tiré la matière du néant, il fallait que le néant existât de concert avec Dieu, ce qui donne toujours deux principes (1), Ł

En effet, le principe être et le principe non-être.

Mais il est un nouveau dogme que M. Salvador s'attache surtout à mettre en lumière, comme renfermant le principe. de la puissance du fils de Marie et l'explication complète de ses succès, Ce nou veau dogme est celui de la résurrection des morts, qui d'abord n'est pas si nouveau, puisque, d'après le titre d'un chapitre de notre auteur, il constitue le dernier terme du mariage des croyances orientales avec les textes sacrés des Juifs.

(1) T. 1, p. 186.

Quoi qu'il en soit, tout le secret des triomphes de Jésus est dans ce dogme et dans l'usage qu'il en fit.

Ce n'est pas sans répugnance que nous nous voyons réduit à travestir et à profaner en quelque manière nos plus saintes vérités; mais il faut bien qu'on sache ce que sont et où tendent ces systèmes élevés à si grands frais et dont on fait tant de bruit. Que le lecteur veuille donc poursuivre jusqu'au bout l'examen d'un de ces systèmes, qu'il est impossible de mieux réfuter qu'en les exposant.

Le fils de Marie (pur homme) commence donc par se convaincre et par convaincre ses disciples, sans arrièrepensée, de l'existence d'un royaume de gloire et de délices, existant au-delà de cette vie, qui devait être la récompense de leur fidélité et de leur dévouement, Cela fait, nul doute que sous l'empire absolu d'une croyance si féconde en mo. tifs d'excitation, le premier besoin moral était d'acquérir pour soi-même et de faire acquérir aux autres par l'entraînement le plus généreux une place éternelle dans le monde ainsi reconstitué, et que la première manifestation de ce besoin emportait une puissance jusqu'alors inconnue de gloire, de ferveur et de zèle. Cette puissance se personnifiait en Jésus-Christ, › La seule difficulté était d'établir la doctrine; mais remarquez qu'elle devait rencontrer les causes les plus immédiates de succès dans les convictions religieuses répandues de toutes parts et dans l'état de malaise des esprits disposés par avance en faveur de toute inspiration qui, loin de délier péniblement le nœud des principaux ennuis de la vie et ses principales difficultés, se proposerait de le trancher tout-à-coup comme sous le fil d'une épée. » L'auteur exprime ailleurs sa même pensée en un seul mot plus clair et plus piquant, le charme des contrastes; c'est tout dire. Le monde, fatigué de voluptés sensuelles, soupirait après les plaisirs de l'âme; les intelligences abruties exigeaient une doctrine pure et élevée; l'égoïsme avait soif de sacrifices; enfin, et pour dernier contraste cette doctrine formait une opposition absolue à l'école contemporaine et dominante des autres interprètes de la loi, qui, étant minutieusement

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renfermés dans les intérêts nationaux et humains, ne demandaient compte que des actions extérieures. Nouvel appât tendu à la nation juive, sur laquelle le Christ avait préconçu de s'appuyer pour conquérir le monde (1). ›

Le principe de résurrection une fois reconnu, il ne s'agissait que d'en tirer tout le parti possible; c'est ce qui fut exécuté admirablement. L'ère ou royaume de la résurrection fut divisé en deux périodes : l'une', qui devait suivre la consommation des siècles et le jugement universel (c'est là le dogme chrétien tel que nous le professons encore); l'autre, beaucoup plus rapprochée, qui se rapporte à l'erreur des millenaires, et dont nous avons spécialement à nous occuper, Cette première époque devait être marquée, comme on sait, par une première destruction du monde actuel, une restauration complète des choses, une résurrection partielle des morts, et un avénement glorieux du Christ, qui rẻgnerait avec ses fidèles sur la terre ainsi reconstituée, Quant au jour précis, à l'heure exacte de ces événemens (circonstance fort importante, comme on voit), Jésus ne les déclara point, mais il les renferma dans des limites sensibles (2), > des limites très rapprochées, qui ne dépasseraient point l'existence de la génération alors vivante (3). La destruction de Jérusalem et du temple devaient, en un mot, précéder de très près la consommation des jours d'ici-bas; ils devaient servir de signal à la première période de la création du royaume celeste (4), »

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La position était nettement tracée; encore soixante-dix à quatre-vingts ans, un siècle au plus, et le Christ venait en personne, au milieu de sa gloire, escorté de ses anges et de ses disciples, fonder son royaume visible. Si les promesses s'accomplissaient, tout était dit; dans le cas contraire, pas de difficulté non plus. Le fils de Marie n'était qu'un vil suborneur, un faux prophète justement châtié, qui n'avait plus de titre même apparent à la croyance d'un seul disciple, qui'ne

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méritait pas surtout que, pour se sou- | jusqu'où vont les ressources de l'auteur

mettre à toutes les rigueurs de sa loi, on affrontat la haine, les mépris du monde, les décrets de Néron et de ses successeurs. Qu'advint-il cependant? Après une longue suite d'années et de générations (pas tout-à-fait, M. Salvador, mais avant la fin d'une seule génération, de la génération alors vivante, comme vous. venez de le dire)..... Lorsque l'Eglise eut éprouvé sous ce rapport les déceptions intérieures et les agitations qui sont une des clefs historiques du poème révéla- | teur de l'apôtre Jean (notez en passant que le système donne une des clefs de l'Apocalypse), lorsqu'il ne fut plus permis de compter sur le retour visible et prochain du fils de Marie (pourquoi donc nous parler d'une longue suite de générations)', et qu'une foule de disciples des écoles platoniciennes eurent introduit un spiritualisme spécial (petite nébulosité à laquelle les lecteurs de M. Salvador sont habitués, mais qui ne fait rien à l'affaire), qu'arriva-t-il enfin? Il fallut attacher par adresse ou par voie d'autorité un autre sens aux convictions du maître et de ses disciples (1). › Voici l'instant précis auquel les convictions font place à l'adresse et à l'autorité; et il fallut beaucoup, certes, d'adresse et d'autorité pour convaincre tout une société d'hommes doués de raison, que le maître avait été mal compris, qu'il y avait erreur de date, pour qu'on s'habituất à dire (expression de M. Salvador) que cette résurrection et ce royaume si prochains devaient être retardés jusqu'à la consommation des siècles, et qu'on s'habituât en même temps à monter sur les échafauds, sur les chevalets, sur les bûchers, à se faire déchirer par les lions trois siècles durant, pour rendre le témoignage du sang au plus hardi et au plus stupide menteur qui se fût joué de l'humanité.

On ne saurait s'imaginer toute la peine que prend M. Salvador pour établir ce système ; il y revient sans cesse, le développe, ou plutôt l'enveloppe sous tous les nuages que peuvent lui fournir son érudition, sa pensée, son style, et ceuxlà seuls qui ont lu l'ouvrage peuvent dire

(1) T. 1, p. 41.

en ce genre. Il y a emprunt manifeste anx millenaires, que M. Salvador nous donne pour les vrais orthodoxes, les seuls qui aient bien compris la doctrine de Jésus. Mais c'est encore ici peine perdue; car si M. Salvador se rattache aux millenaires, les millenaires ne veulent pas de M. Salvador; deux abîmes les séparent. Premièrement, les millenaires plaçaient dans un avenir fort éloigné, et au moins illimité, cette première résurrection à laquelle M. Salvador fixe un terme très prochain avec tant d'insistance et de bonhomie; en second lieu, beaucoup de millenaires reconnaissaient la divinité de Notre Seigneur ; ceux qui la niaient, comme Cérinthe, admettaient cependant en lui une véritable inspiration divine, quelque chose de surhumain. Or, cela suffisait pour donner à leur opinion une couleur de vraisemblance qui manque à l'opinion de M. Salvador, d'après laquelle le fils de Marie et ses disciples ne sont plus..... disons le mot, que de vrais fous, et toute l'Eglise chrétienne qu'un vaste Bedlam. Or, soyons juste, M. Salvador se respecte assez pour ne pas dire cela.

de

Avant d'aller plus loin, nous signalerons une tactique de nos adversaires. On a son système; pour l'étayer, il faut des preuves; pour en trouver, on se lance en des dissertations à perte de vue. Or, de même qu'il est extrêmement difficile, impossible de trouver une seule bonne raison, une preuve péremptoire en faveur d'un système faux et absurde; même aussi rien n'est plus facile que de ramasser un bon nombre de ces demiraisons, de ces quasi-preuves qui ne prouvent rien, sans doute, mais qui ne laissent pas que d'embrouiller la question et d'embarrasser les esprits peu défians ou peu éclairés. C'est à quoi l'on s'arrête, et c'est faire preuve d'habileté, puisque c'est là le seúl moyen de prolonger la discussion; on prend donc ses positions, on pousse un argument, et au moment où le côté faible se laisse apercevoir on passe à un autre, et ainsi indéfiniment. La première hypothèse ne vous va-t-elle pas? prenez la seconde ; en cas de`refus; voici la troisième, plus insoutenable que les autres, On accumule ainsi preuve sur

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