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monde, en qui le prince de ce monde 2 n'a point puissance, qui fait des miracles par la propre puissance de ce sang répandu pour nous. Voici que Dieu choisit lui-même cette maison pour y faire éclater sa puissance.

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Ce ne sont point des hommes qui font ces miracles par une vertu inconnue et douteuse, qui nous oblige à un difficile discernement. C'est Dieu même; c'est l'instrument de la passion de son Fils unique, qui, étant en plusieurs lieux, choisit celui-ci, et fait venir de tous côtés les hommes pour y recevoir ces soulagements miraculeux dans leurs langueurs.

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Les miracles ne sont plus nécessaires', à cause qu'on en a déjà. Mais quand on n'écoute plus la tradition', quand on ne propose plus que le pape, quand on l'a surpris, et qu'ainsi ayant exclu la vraie source de la vérité, qui est la tradition, et ayant prévenu le pape, qui en est le dépositaire, la vérité n'a plus de liberté de paraître alors les hommes ne parlant plus de la vérité, la vérité doit parler elle-même aux hommes. C'est ce qui arriva au temps d'Arius'.

1 «En qui. » En laquelle couronne.

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Le prince de ce monde. » Le diable (Jean, XII, 34, etc.). Il ne peut se servir pour ses opérations infernales d'un objet consacré par le sang du Sauveur. Un prodige fait avec la Sainte Epine ne peut donc être l'œuvre du démon.

3 « Voici que Dieu. » Quelle solennité, quelle grandeur sans effort dans la répétition de ce tour! 11 voit Dieu descendre. Comment exiger qu'il sorte de cet enthousiasme pour examiner péniblement si d'abord l'authenticité de la sainte relique est bien établie! Qui sent Dieu présent n'a rien a discuter ni à éclaircir. Lé Saint des Saints était un lieu que l'œil de l'homme n'éclairait jamais; autrement il n'eût plus été le Saint des Saints.

4 « En plusieurs lieux. » Parce qu'il ne s'agit que d'épines détachées, et non de la couronne tout entière.

5 « Et fait venir de tous côtés. » On a vu dans les notes sur la Vie de Pascal qu'il y eut toute une queue de guérisons miraculeuses, si l'on ose parler ainsi, à la suite de celle de Marguerite.

6 « Les miracles ne sont plus nécessaires. » 449. Manque dans P. R. C'était l'objection. Pascal convient bien que les miracles, au temps où il est, ne sont plus la règle, mais il prétend faire voir qu'il y avait lieu, pour Port Royal, à une exception. Sur cette pensée, cf. VII, 8.

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« La tradition. » C'est-à-dire les Pères de l'Eglise, et surtout saint Augustin. 8 « Parler elle-même aux hommes. » Et elle a parlé, suivant Pascal, par cette guérison miraculeuse.

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« Au temps d'Arius. » L'imagination de Pascal se plaisait à assimiler la situation où il voyait l'Eglise à celle où elle se trouvait au temps d'Arius. Alors dominait l'hérésie des ariens, maintenant c'est celle des pélagiens, qu'il imputait aux jésuites. Saint Athanase était persécuté alors pour la foi; maintenant c'est Arnauld,

Joh., VI, 26: Non quia vidistis1 signa, sed saturati estis.

Ceux qui suivent JÉSUS-CHRIST à cause de ses miracles, honorent sa puissance dans tous les miracles qu'elle produit; mais ceux qui, en faisant profession de le suivre pour ses miracles, ne le suivent en effet que parce qu'il les console et les rassasie des biens du monde, ils déshonorent ses miracles, quand ils sont contraires à leurs commodités 2.

Juges injustes, ne faites pas des lois sur l'heure ; jugez par celles qui sont établies, et établies par vous-mêmes 5: Væ qui conditis leges iniquas.

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La manière dont l'Église a subsisté est, que la vérité a été sans contestation; ou, si elle a été contestée, il y a eu le pape, et sinon, il y a eu l'Église'.

Miracle. C'est un effet qui excède la force naturelle des moyens

et les autres champions du jansénisme (cf. XXIV, 25). Le pape Libère s'était laissé intimider ou surprendre par les ariens, et avait signe une de leurs formules; et cet exemple célèbre a été mis en avant par tous ceux qui ont combattu la doctrine de l'infaillibilité des papes : Pascal regardait Innocent X et Alexandre VII comme étant dans le cas de Libère. Quant aux miracles, Pascal me paraît avoir en vue ceux qui éclatérent à Milan, au rapport de saint Ambroise et de saint Augustin, lors de la découverte des reliques des martyrs Gervais et Protais, miracles dont le prodigieux retentissement fut la force et la défense d'Ambroise contre la cour arienne de Justine et de Valentinien (en 385).

1 « Non quia vidistis. » 449. Manque dans P. R. Le texte est, sed quia manducastis ex panibus, et sat est C'est Jésus qui parle à la foule qui le poursuit après le miracle des cinq pains: « En vérité je vous le dis, vous me cherchez, non parce » que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez eu à manger avec ces » pains, et que vous avez été rassasiés. »

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2 « A leurs commodités. » Il est clair que cela s'adresse aux jésuites.

« Juges injustes. » 402. Manque dans P. R. Ce sont toujours les jésuites.

4 « Des lois sur l'heure. » Comme ils font quand ils soutiennent que Dieu ne peut pas faire un miracle pour les jansénistes, ou qu'il ne peut plus y avoir de miracles.

α

5 « Et établies par vous-mêmes. » Voir à la fin du paragraphe 8 : « Que vous » êtes aise de savoir les règles générales! » Elles étaient donc posées dans le livre du père Annat.

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« Væ qui conditis. » Il y a dans le texte : Væ qui condunt. Is., X, heur à ceux qui établissent des lois iniques. >>

' « La manière dont l'Eglise. » 402. Manque dans P. R.

4: « Mal

sally a eu l'Eglise.» Manifestée dans les conciles généraux, comme à Nicée,

ou simplement dans le consentement général du monde chrétien.

« C'est un effet. » 415. Manque dans P. R.

qu'on y emploie ; et non-miracle, est un effet qui n'excède pas la force naturelle des moyens qu'on y emploie. Ainsi ceux qui guérissent par l'invocation du diable ne font pas un miracle; car cela n'excède pas la force naturelle du diable 1. Mais...

Les miracles prouvent 2 le pouvoir que Dieu a sur les cœurs par celui qu'il exerce sur les corps.

Il importe aux rois3, aux princes, d'être en estime de piété; et pour cela, il faut qu'ils se confessent à vous.

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Les jansénistes ressemblent aux hérétiques par la réformation des mœurs; mais vous leur ressemblez en mal'.

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ARTICLE XXIV.

1.

Le pyrrhonisme est le vrai; car, après tout, les hommes, avant JÉSUS-CHRIST, ne savaient où ils en étaient, ni s'ils étaient grands ou petits. Et ceux qui ont dit l'un ou l'autre 'n'en savaient rien, et devinaient sans raison et par hasard : et même ils erraient toujours, en excluant l'un ou l'autre. Quod ergo ignorantes quæritis, religio annuntiat vobis 9.

1 « La force naturelle du diable. » Quelle étrange alliance de mots! comme si on ne sortait pas de l'ordre de la nature du moment que l'on conçoit un être tel que le diable! Et quelle difficulté à discerner ce qui passe les forces d'une puissance si mystérieuse! Mais combien on s'étonne qu'un géomètre et un physicien comme Pascal portát si légèrement l'idée d'un miracle, c'est-à-dire de la nature dérangée! 2 « Les miracles prouvent. » 343. Manque dans P. R.

3 << I importe aux rois. » 344. Manque dans P. R. Toujours adressé aux jésuites. 4 « Les jansénistes. 447. Manque dans P. R. On reprochait aux jansénistes que l'austérité qu'ils affectaient était un signe commun aux hérétiques de diverses époques : ce caractère avait paru tout récemment dans les dissensions du XVIe siècle, du côté de la religion réformée.

5 <«< En mal. » *Par l'incrédulité à l'égard des œuvres de Dieu, des miracles. Cf. 8, sixième fragment, et XXIV, 49.

6 « Le pyrrhonisme. » 425. Manque dans P. R. Rapprochez de cette pensée le premier Discours du Socrate chrétien.

7 « L'un ou l'autre. » Comme les stoïciens et les épicuriens.

8 «En excluant l'un ou l'autre. » Cf. XII, 7.

9 « Annuntiat vobis. » Pris du discours de Paul à l'Aréopage dans les Actes des Apôtres, XVII, 23: Quod ergo ignorantes colitis, hoc ego annuntio vobis: a Ea >> parcourant votre ville, et considérant vos statues, j'ai trouvé un autel avec cette » inscription, au Dieu inconnu. Ce que vous adorez sans le connaître, c'est ce que » je viens vous annoncer. D

2.

Croyez-vous qu'il soit impossible que Dieu soit infini, sans parties? Oui. Je vous veux donc faire voir une chose infinie et indivisible: c'est un point se mouvant partout d'une vitesse infinie 2; car il est en tous lieux, et est tout entier en chaque endroit.

Que cet effet de nature, qui vous semblait impossible auparavant, vous fasse connaître qu'il peut y en avoir d'autres que vous ne connaissez pas encore. Ne tirez pas cette conséquence de votre apprentissage, qu'il ne vous reste rien à savoir; mais qu'il vous reste infiniment à savoir.

3.

La conduite de Dieu', qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le cœur par la grâce. Mais de la vouloir mettre dans l'esprit et dans le cœur par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur, terrorem potius quam religionem*.

5

Commencer par plaindre les incrédules; ils sont assez malheureux par leur condition. Il ne les faudrait injurier qu'au cas que cela servit; mais cela leur nuit.

« Croyez-vous. » 8. Manque dans P. R.

2 « D'une vitesse infinie. Mais il n'y a pas de point réel; ni de vitesse réelle qui soit infinie; ni rien de réel qui puisse se mouvoir d'un même mouvement partout, c'est-à-dire en tout sens, à droite et à gauche, en haut et en bas, en avant et en arrière: ce n'est pas là un effet de nature, comme il va l'appeler tout à l'heure, c'est une pure fiction de l'esprit.

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3 « La conduite de Dieu. » 409. Manque dans P. R.

a Quam religionem. » Belle doctrine, que Pascal avait méconnue dans d'autres temps. Voir la note 44 sur sa Vie. La persécution la lui a fait comprendre. Je ne sais d'où la citation latine est tirée.

5 « Commencer par plaindre. » 25. Manque dans P. R.

6 « Mais cela leur nuit. » Belles paroles encore, humaines et sensées. Il ne s'était pas toujours exprimé ainsi. « Je vous prie de considérer que, comme les vérités > chrétiennes sont dignes d'amour et de respect, les erreurs qui leur sont contraires » sont dignes de mépris et de haine... C'est pourquoi, comme les saints ont toujours » pour la vérité ces deux sentiments d'amour et de crainte..., les saints ont aussi » pour l'erreur ces deux sentiments de haine et de mépris; et leur zèle s'emploie » également à repousser avec force la malice des impies, et à confondre avec risée » leur égarement et leur folie. » Et encore: « Ne voyons-nous pas que Dieu hait et » méprise les pécheurs tout ensemble, jusque-là même qu'à l'heure de leur mort, » qui est le temps où leur état est le plus déplorable et le plus triste, la sagesse divine joindra la moquerie et la risée à la vengeance et à la fureur qui les con» damnera à des supplices éternels. In interitu vestro ridebo vos et subsannabo » [Prov., 1, 26]. » Onzième Provinciale. Voir toute la lettre. Pourquoi l'auteur

4.

Toute la foi consiste en JÉSUS-CHRIST et en Adam2; et toute la morale en la concupiscence et en la grâce.

5

5.

Le cœur a ses raisons", que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses. Je dis que le cœur aime l'ètre universel naturellement, et soi-même naturellement, selon qu'il s'y adonne ; et il se durcit contre l'un ou l'autre, à son choix. Vous avez rejeté l'un et conservé l'autre est-ce par raison que vous aimez? C'est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison.

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6.

Le monde subsiste' pour exercer 1o miséricorde et jugement, non pas comme si les hommes y étaient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu, auxquels il donne, par gråce, assez de lumière pour revenir, s'ils le veulent chercher et le suivre; mais pour les punir 12, s'ils refusent de le chercher ou de le suivre 13.

des Provinciales ne prend il pas ces textes sacrés figurément, ainsi que l'a fait l'auteur des Pensées (xvi, 42,? Il semble que la tolérance n'était pas la pente première de l'âme de Pascal.

1 « Toute la foi. » 45. Manque dans P. R.

2 « Et en Adam. » Il semble qu'il aurait dû dire plutôt, en Adam et en JésusChrist, c'est-à-dire le péché originel et la rédemption.

3 « Et toute la morale. » La morale est ici la science de l'homme moral, la science du cœur humain.

4 « Le cœur a ses raisons. » 8. P. R., xxvIII. Sur le cœur et la raison, cf. viii, 4, dernier fragment, p. 428.

« Et soi-même. » Et que d'un autre côté, il s'aime aussi lui-même naturellement.

6 « Qu'il s'y adonne. » Il aime Dieu ou il s'aime selon qu'il s'adonne à aimer Dieu ou à s'aimer.

7 « Et conservé l'autre. » Rejeté l'amour de Dieu, et conservé l'amour de vousmême. Il s'adresse au mondain, au philosophe, qui se refuse à être chrétien, et à aimer Dieu, parce que Dieu ne se manifeste pas à sa raison; et il lui dit : Vous avez beau n'aimer que vous-même; même en vous aimant, ce n'est pas par raison que vous aimez vous obéissez à vos penchants, à la concupiscence. Cf. 48.

8 « Dieu sensible au cœur. » Voir, dans la note 16 sur la Vie de Pascal, le papier mystique qu'il portait dans ses habits.

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« Le monde subsiste. » Dans la Copie. Manque dans P. R.

10 « Pour exercer. » C'est-à-dire pour que Dieu ait à y exercer.

11 « Mais comme. » C'est-à-dire, mais comme les hommes étant des ennemis de Dieu.

12 a Mais pour les punir. » C'est-à-dire, mais à qui il laisse assez de corruption pour avoir à les punir.

13

<< Ou de le suivre. » Voici le sens de ce fragment. Si les hommes étaient encore

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