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pouvant allier ces choses, qu'ils croient incompatibles, disent qu'il est homme; en cela ils sont catholiques. Mais ils nient qu'il soit Dieu en cela ils sont hérétiques. Ils prétendent que nous nions son humanité; en cela ils sont ignorants.

2o exemple, sur le sujet du Saint-Sacrement : Nous croyons que la substance du pain étant changée, et consubstantiellement en celle du corps de notre Seigneur, JÉSUS-CHRIST y est présent réellement. Voilà une vérité. Une autre est que ce sacrement est aussi une des figures de la croix 2 et de la gloire', et une commémoration des deux. Voilà la foi catholique, qui comprend ces deux vérités qui semblent opposées.

L'hérésie d'aujourd'hui, ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et la présence de JÉSUS-CHRIST, et sa figure, et qu'il soit sacrifice et commémoration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre l'une de ces vérités sans exclure l'autre par cette raison 5.

Ils s'attachent à ce point seul, que ce sacrement est figuratif; et en cela ils ne sont pas hérétiques. Ils pensent que nous excluons cette vérité; et de là vient qu'ils nous font tant d'objections sur les passages des Pères qui le disent. Enfin ils nient la présence; et en cela ils sont hérétiques.

3o exemple: les indulgences".

C'est pourquoi le plus court moyen pour empêcher les hérésies est d'instruire de toutes les vérités; et le plus sûr moyen de les réfuter est de les déclarer toutes. Car que diront les hérétiques?

1 « Et consubstantiellement. » P. R. supprime ces mots, qui en effet ne s'expliquent pas bien ainsi placés.

2 « De la croix. » D'après les paroles sacrées : « Ceci est mon corps, qui est sa»crifié pour vous faites cela en mémoire de moi, » etc. Luc, XXII, 49, et ailleurs. 3 « Et de la gloire. » Cf. xvi, 44, et la note.

4 « L'hérésie d'aujourd'hui. » Celle des calvinistes.

5 «Par cette raison. » Par le fait même.

6 « Qui le disent. » Que l'Eucharistie est figure.

« 3o exemple les indulgences. » Supprimé dans P. R. Pascal voulait dire, je pense: Les protestants ont raison de croire que les indulgences ne peuvent sauver du péché, et remettre l'homme dans l'état de grâce d'où il est sorti; mais ils ont tort de nier que les indulgences remettent à celui qui est sorti du péché les peines qu'il a encore a subir après le péché remis.

8 « De les déclarer toutes. » Un autre fragment (p. 225) doit servir à expliquer ce que Pascal veut dire : « S'il y a jamais un temps auquel on doive faire profession » des deux contraires, c'est quand on reproche qu'on en omet un. Donc les jésuites » et les jansénistes ont tort en les celant, mais les jansénistes plus, car les jésuites

Tous errent d'autant plus dangereusement qu'ils suivent chacun une vérité. Leur faute n'est pas de suivre une fausseté1, mais de ne pas suivre une autre vérité.

La grace sera toujours dans le monde (et aussi la nature), de sorte qu'elle est en quelque sorte naturelle. Et ainsi il y aura toujours des pélagiens, et toujours des catholiques 3, et toujours combat".

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Parce que la première naissance fait les uns, et la grâce de la seconde naissance fait les autres.

5

Ce sera une des confusions des damnés, de voir qu'ils seront condamnés par leur propre raison, par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne.

13..

Il y a cela de commun entre la vie ordinaire des hommes et celle des saints, qu'ils aspirent tous à la félicité; et ils ne diffèrent qu'en l'objet où ils la placent. Les uns et les autres appellent leurs ennemis' ceux qui les empêchent d'y arriver,

Il faut juger de ce qui est bon ou mauvais par la volonté de Dieu, qui ne peut être ni injuste, ni aveugle; et non pas par la nôtre propre, qui est toujours pleine de malice et d'erreur.

>> ont mieux fait profession des deux. » Je pense qu'il s'agit encore de la grâce. Les jésuites ont tort, en insistant sur le libre arbitre, de dissimuler la puissance de la grâce; les jansenistes ont tort, en relevant la grâce, de dissimuler le libre arbitre ; et Pascal pense que ses amis pèchent plus encore ici que ces adversaires. - P. R. s'arrête ici.

1 « De suivre une fausseté. » C'est pourtant suivre le faux que de croire le contraire du vrai; croire par exemple que le pain de l'Eucharistie est vraiment pain, c'est être dans le faux suivant l'Eglise. Voilà peut-être pourquoi P. R. a retranché ces dernières lignes.

2 « La grâce sera toujours. » 423. P. R., XXVIII.

3 « Des catholiques.

Des catholiques sous l'inspiration de la grâce, des pélagiens sous celle de la nature.

4 « Et toujours combat. » P. R. a supprimé du moins ces mots, en conservant un fragment qui est tout à l'honneur de la grace.

5 « Ce sera. » 277. P. R., XXVIII.

« Il y a cela. » P. R., xxvi. P. R. ne donne que le second alinéa. Ce fragment ne se trouve ni dans le manuscrit, ni dans les copies contemporaines.

7 « Leurs ennemis. » Voir xv, 7, pour l'explication de cette pensée.
« Bon ou mauvais. » Et par conséquent de ce qui est ami ou ennemi.

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14.

Quand saint Pierre et les apôtres déiibèrent d'abolir la circoncision, où il s'agissait d'agir contre la loi de Dieu3, ils ne consultent point les prophètes, mais simplement la réception du Saint-Esprit en la personne des incirconcis. Ils jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu'il remplit de son Esprit, que non pas qu'il faille observer la loi; ils savaient que la fin de la loi n'était que le SaintEsprit; et qu'ainsi, puisqu'on l'avait bien sans circoncision, elle n'était pas nécessaire".

15.

Deux lois suffisent pour régler toute la république chrétienne, mieux que toutes les lois politiques".

La religion est proportionnée à toutes sortes d'esprits. Les premiers s'arrêtent au seul établissement'; et cette religion est telle, que son seul établissement est suffisant pour en prouver la vérité. Les autres vont jusqu'aux apôtres. Les plus instruits vont jusqu'au

« Quand saint Pierre. » 197. En titre: Point formaliste, c'est-à-dire sans doute qu'il ne faut point être formaliste. Cf. 40. P. R., xxviii. Voir les Actes des Apôtres, xv. Ce premier concile du christianisme, après de grands débats, dispensa en effet de la circoncision les Gentils convertis au christianisme, tout en maintenant la prescription mosaïque de s'abstenir du sang des bêtes et de la chair des animaux morts sans avoir été saignés (verset 29).

2 << Où il s'agissait. » C'est-à-dire, chose où il s'agissait.

3 « Contre la loi de Dieu. » Genèse, xvn, 40; Lévitique, x1, 3.

$ « Des incirconcis. » Pierre se levant leur dit : « Frères, vous savez qu'il y a » longtemps déjà que Dieu m'a choisi d'entre nous, pour que les Gentils enten» dissent de ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils crussent. Et Dieu, qui » connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant son Esprit saint aussi >> bien qu'à nous Et il n'a point fait de différence entre eux et nous, purifiant leur 7-9. >> cœur par la foi. » Ibid.,

5 « Pas nécessaire. » Où en voulait venir Pascal, en parlant ainsi pour l'esprit contre la lettre? Il est difficile de marquer précisément son intention, mais en général les sectaires persécutés aiment à se prévaloir de l'inspiration contre la loi. 6 « Deux lois suffisent. » 449. P. R., xxvIII.

7 « Politiques. » P. R. ajoute l'amour de Dieu et celui du prochain. « Un >> docteur de la loi, d'entre les Pharisiens, voulant tenter Jésus, lui demanda : >> Maître, quels sont les grands préceptes de la loi? Jésus lui répondit : Tu aimeras » le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton àme, de toute ta pensée. » Voilà le plus grand et le premier des préceptes. Le second, semblable au premier, » est celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ces deux préceptes com>> prennent toute la loi et les prophètes. » Matth., xx11, 35.

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• La religion. » 447. P. R., xxvIII.

«Etablissement. » P. R. met, à l'état et à l'établissement où elle est. C'est bien le sens. Les premiers, c'est-à-dire les moins élevés.

commencement du monde 1. Les anges la voient encore mieux, et de plus loin 2.

Dieu, pour se réserver 3 à lui seul le droit de nous instruire, et pour nous rendre la difficulté de notre être inintelligible, nous en a caché le nœud si haut, ou, pour mieux dire, si bas, que nous étions incapables d'y arriver: de sorte que ce n'est pas par les agitations de notre raison, mais par la simple soumission de la raison, que nous pouvons véritablement nous connaître.

16.

Les impies', qui font profession de suivre la raison, doivent etre étrangement forts en raison. Que disent-ils donc? Ne voyons-nous pas, disent-ils, mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les chrétiens? Ils ont leurs cérémonies, leurs prophètes, leurs docteurs, leurs saints, leurs religieux, comme nous, etc. - Cela est-il contraire à l'Écriture? ne dit-elle pas tout cela"? Si vous ne vous souciez guère de savoir la vérité, en voilà assez pour vous laisser en repos. Mais si vous désirez de tout votre cœur de la connaitre, ce n'est pas assez; regardez au détail. C'en serait assez pour une question de philosophie; mais ici où il va de tout... Et cependant, après une réflexion légère de cette sorte, on s'amusera, etc. Qu'on s'informe de cette religion même si elle ne

1 « Du monde » Cf. xI, 5, second fragment, et la seconde partie du Discours sur l'histoire universelle de Bossuet.

a

2 Et de plus loin. » Ils la voient dans la chute du mauvais ange, première cause de la chute de l'homme. L'histoire de la rébellion des anges coupables n'est pas dans les livres de l'Ancien Testament, mais elle est consacrée par la tradition chrétienne, et par les épîtres canoniques qui portent les nom de Pierre et de Jude (Pierre, II, 11, 4; Jude, 6. Cf. Apoc., XII, 7).

3 « Dieu, pour se réserver. » M. Faugère n'a retrouvé ce fragment ni dans le manuscrit, ni dans la Copie contemporaine. P. R., XXVIII.

« Le nœud. » Sur cette expression, cf. le premier fragment du paragraphe 1 de l'article VIII, à la fin, p. 122.

5 « Les impies. » 25. P. R., XXVIII.

с . Comme les chrétiens.» Sur cette antithèse, cf. vi, 49.—Ils ont. Les Turcs.

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« Tout cela.» Que les bêtes vivent et meurent comme les hommes, Ecclés., III, 48-22. Que le Christ sera méconnu, Jean, XVI, 9, etc.; qu'il y aura des faux prophètes, Matth., VII, 45, etc.; que l'ivraie sera confondue avec le bon grain jusqu'au dernier jour, Matth., XIII, 30; etc., etc.

« En repos. » C'est-à-dire, Voilà, je l'avoue, contre la religion, une fin de nonrecevoir qui semble suffisante, qui vous permet de ne pas vous tourmenter à l'approfondir.

rend pas raison de cette obscurité; peut-être qu'elle nous l'apprendra1.

C'est une chose horrible de sentir s'écouler tout ce qu'on possède'.

Il faut vivre autrement dans le monde selon ces diverses suppositions 1° Si l'on pouvait y être toujours; 2° s'il est sûr qu'on n'y sera pas longtemps, et incertain si on y sera une heure. Cette dernière supposition est la nôtre.

17.

Par les partis, vous devez vous mettre en peine de rechercher la vérité : car si vous mourez sans adorer le vrai principe, vous êtes perdu. Mais, dites-vous, s'il avait voulu que je l'adorasse, il m'aurait laissé des signes de sa volonté. Aussi a-t-il fait; mais vous les négligez. Cherchez-les donc; cela le vaut bien.

Je trouve bon' qu'on n'approfondisse pas l'opinion de Copernic: mais ceci...! Il importe à toute la vie de savoir si l'âme est mortelle ou immortelle.

1 « Qu'elle nous l'apprendra. » En nous révélant que Dieu a voulu aveugler les réprouvés voir l'article xx, et ci-après le paragraphe 46.

2 « C'est une chose horrible. » 229. En titre, Ecoulement. P. R., XXVIII. —

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(Note de Voltaire.)

Ces vers sont d'Horace, Od., I, 24: « Dure condition! mais la résignation allége ce qu'il n'est pas permis de changer. »

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« Il faut vivre. » 63. En titre, Partis. Sur les partis, cf. x, 1, p. 449. Port Royal, XXVIII.

5 Est la nôtre.» Quelle façon neuve et saisissante de présenter une moralité banale!

& « Par les partis. » 65. P. R., XXVIII. Voir ci-dessus, note 4.

« Je trouve bon. » 27. P. R., XXVIII. P. R. rattache ce fragment à celui qui forme le paragraphe 98.

8 « De Copernic. » On s'étonne que ce soit un Pascal qui parle de Copernic avec cette indifférence. On pourrait croire d'abord que ce n'est là qu'un mouvement de zèle religieux, et que s'il trouve cette question peu importante, c'est seulement par comparaison à celle du salut. Mais on ne peut plus en juger ainsi quand on voit qu'il semble admettre ailleurs positivement que c'est le ciel qui tourne autour de la terre (1, 4, p. 2). L'opinion nouvelle avait deux torts; elle choquait à la fois les âmes pieuses et les esprits sceptiques, également portés à tenir pour suspect tout effort de la raison. C'est douze ans après la mort de Pascal, que Malebranche écrivait, dans la Recherche de la vérité (IV, 42): « Il y a bien des gens qui croient, mais >> d'une foi constante et opiniàtre, que la terre est immobile au centre du monde..., » et une infinité de semblables opinions fausses ou incertaines, parce qu'ils se sont imaginé que ce serait aller contre la foi que de le nier. Ils sont effrayés par les ex

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