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et pleine majesté1; qu'il éloigne sa vue 2 des objets bas 3 qui l'environnent; qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers; que la terre lui paraisse comme un point, au prix du vaste tour que cet astre décrit ; et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'un point très-délicat à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre elle se lassera plus tôt de concevoir que la nature de fournir'. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein' de la nature. Nulle idée n'en approche'. Nous avons beau entrès-nettement la pensée générale de ce morceau. Pascal soutient, comme Montaigne, que l'homme ne peut atteindre à la science, même dans l'ordre des choses naturelles; qu'il ne peut connaître la nature, attendu qu'il n'est pas en proportion avec elles; qu'il y a disproportion entre le sujet et l'objet, comme parlent les philosophes. Le raisonnement est donc celui-ci : ou bien ce que les sens nous apprennent de la nature n'est pas vrai, alors il n'y a pas de vérité pour nous, et il faut nous humilier; ou bien, comme ils nous apprennent qu'elle est disproportionnée avec nous, et que nous n'en pouvons avoir la science, il faut encore nous humilier. Comme il manque un commencement à ce que Pascal avait écrit, P. R. en a fait un : « La première chose » qui s'offre à l'homme, quand il se regarde, c'est son corps, » etc. Ce commencement ne marque pas l'intention de Pascal.

« La nature entière dans sa haute et pleine majesté. » Montaigne, 1, 25, page 249 « Mais qui se presente comme dans un tableau cette grande image de nostre mere nature en son entiere maiesté, » etc.

2 « Qu'il éloigne sa vue.

Expression vive, qui fait image. P. R. met: Qu'il ne

s'arrête pas à regarder simplement les objets qui l'environnent.

3 << Des objets bas. » P. R. supprime cette épithète dédaigneuse. Pour une raison froide, les objets qui nous environnent ne sont pas plus bas que ceux du ciel, mais Pascal parle la langue de l'imagination.

4 Cet astre. » Le soleil, qui vient d'être exprimé par une périphrase. Pascal se place dans la supposition que c'est le soleil et les étoiles qui tournent autour de la terre. Voyez à ce sujet le second fragment du paragraphe xxiv, 17, et la note sur ce fragment. Pascal avait mis d'abord: Que le vaste tour qu'elle décrit lui fasse regarder la terre comme un point. C'était le même sens. Elle se rapportait à cette éclatante lumière, c'est-à-dire le soleil. Mais grammaticalement le pronom était équivoque.

S « Qu'un point très-délicat. » Montaigne, ibid.: « Qui se remarque là-dedans, et »> non soy, mais tout un royaume, comme un traict d'une poincte tres delicate, celuy » là seul estime les choses selon leur iuste grandeur. »

6 << Firmament embrassent. » La longue incise qui sépare le que du verbe qui le régit fait sentir combien ce tour est vaste. Les périphrases pompeuses qui expriment le soleil et les étoiles agrandissent encore ces images dans notre esprit.

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Que la nature de fournir. » Il y avait d'abord de concevoir des immensités d'espaces que la nature d'en fournir. Les verbes pris absolument et sans complément disent bien davantage, par le vague même qu'ils laissent dans l'esprit.

°« « L'ample sein. » Pascal avait mis d'abord, n'est qu'un atome dans l'immensité, puis dans l'amplitude. ¿

9 « N'en approche. » En se rapportait peut-être à l'immensité, comme Pascal avait écrit d'abord. « Au delà des espaces imaginables. » Supprimé dans P. R. Mais comment concevoir au delà de ce qui est imaginable? Concevoir n'est pas ima

fler nos conceptions au delà des espaces imaginables nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part'.

giner. On peut concevoir d'une façon abstraite ce qu'on ne se figure pas d'une manière sensible.

La circonférence nulle part. » Comparaison fameuse, dont l'histoire n'a pas encore été faite exactement.

Voltaire l'a attribuée à Timée de Locres; mais il n'y a rien de semblable dans l'ouvrage prétendu de Timée de Locres, qui n'est autre chose qu'un abrégé du Timée de Platon, écrit avec les formes du dialecte dorien. On lit dans le Timée de Platon et dans le faux Timée de Locres que le monde est une sphère. Il n'en a pas fallu davantage à Voltaire, dont l'assertion fausse a été trop répétée après lui. C'est une de ses légèretés, pour ne pas dire plus.

On a reconnu depuis que Pascal a dû prendre cette image dans la préface mise par mademoiselle de Gournay à son édition des Essais de Montaigne, de 4635. Trismegiste, dit mademoiselle de Gournay, appelle la Déité cercle dont le centre » est partout, la conférence nulle part. » Pascal, qui emprunte au livre de Montaigne toute son érudition profane, s'est probablement souvenu de cette citation. Mademoiselle de Gournay elle-même l'avait trouvée dans Rabelais, qui parle ainsi dans son livre III, chapitre 43: « Nostre ame, lorsque le corps dort...., s'esbat et »reueoit sa patrie, qui est le ciel. De la receoit participation insigne de sa prime et diuine origine; et, en contemplation de ceste infinie et intellectuale sphere, le » centre de laquelle est en chascun lieu de l'uniuers, la circonference point (c'est » Dieu, selon la doctrine de Hermes Trismegistus), à laquelle rien n'aduient, rien » ne passe, rien ne dechet, tous temps sont presents, note non-seulement les choses » passees..., mais aussi les futures. » Le Duchat a rejeté dans ses notes ce que nous avons mis en italiques, comme étant une addition introduite dans l'édition de 1573. Mais MM. Esmangard et Eloi Johanneau, dans leur édition de Rabelais, nous avertissent que cette addition se trouve déjà dans l'édition de 4552, donnée du vivant de Rabelais. Rabelais attribuait donc cette image (qu'il a reproduite encore au chapitre 47 du livre V, sans nommer personne), au Grec néoplatonicien qui a écrit sous forme de dialogues les prétendues révélations de ce personnage fabuleux, Hermès où Mercure Trismégiste. Mais sa mémoire l'a trompé, et on chercherait en vain cette comparaison, soit dans le Pimandre (Пopávopne), c'est le titre de ces dialogues grecs, soit dans un autre dialogue, l'Asclepius, qui se trouve en latin parmi les œuvres d'Apulée. Elle n'est pas plus du Trismegiste qu'elle n'est de Timée de Locres.

Le Duchat l'y a cherchée, et il a consulté à cette occasion le Franciscain Rosseli, qui a attaché aux quarante pages où se renferment le texte et la traduction du Pimandre un énorme commentaire en six tomes in-folio; encore ce commentaire est demeuré inachevé, et ne va guère qu'à la moitié de l'ouvrage. Le Duchat trouva dans ce fatras la phrase suivante ( dans la dix-septième note du premier tome, première question, chapitre 6, p. 145): Mercurius vocat Deum sphæram intellectualem, cujus centrum ubique est, circumferentia vero nusquam. Cette assertion du commentateur ne peut équivaloir à un texte; aussi Le Duchat se contente de dire prudemment : « D'où il est probable que Trismégiste a effectivement dit ce que Rabelais lui fait dire. » On a été moins réservé depuis, et on s'est trompé en prenant cette phrase de Rosseli pour la traduction du texte d'Hermès.

Si Le Duchat avait eu la patience de chercher plus longtemps, il aurait trouvé cet autre passage dans la dixième note du troisième tome, p. 444«: In hymno tertii decimi dialogi vocat Deum circulum immortalem, id est særam infinitam, cujus centrum est ubique, quia ubique est, et circumferentia nusquam, quia scilicet loco non concluditur. Je traduis: « Dans l'hymne qui fait partie du treizième dialogue, il » appelle Dieu cercle immortel, c'est-à-dire sphère infinie dont le centre est par

Enfin c'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée 1.

>> tout, car Dieu est partout, et la circonférence nulle part, car il n'est enfermé » dans aucun lieu.» On voit par ce id est que la citation du texte se réduit à ces mots de cercle immortel, et que le reste n'est qu'une glose, suggérée sans doute par la phrase de Rabelais. En effet, le treizième dialogue de Pimandre se termine par un hymne mystique, dans lequel on lit: Ὁ κύκλος ὁ ἀθάνατος τοῦ θεοῦ προσδεξάσθω μου τὸν λόγον, Voilà tout ce qui appartient au Trismegiste.

Mais où Rabelais avait-il vu cette image? On la trouve avant lui dans Gerson (OEuvres, Paris, 1606, t. I, p. 366). Gerson lui-même l'avait prise dans une méditation éloquente de saint Bonaventure, au chapitre v de son Itinerarium mentis in Deum (OEuvres, Mayence, 1609, t. vii, p. 323). Bonaventure écrivait dans la seconde moitié du treizième siècle. Mais je dois à l'érudition de M. Victor Le Clerc l'indication d'un passage qui nous reporte de nouveau jusqu'à l'antiquité. Vincent de Beauvais, qui écrivait dans la première moitié du treizième siècle, dit au premier chapitre de son Miroir historique: Empedocles quoque sic Deum diffinire fertur: Deus est sphæra, cujus centrum ubique, circumferentia nusquam. Ainsi cette belle définition semble n'échapper à Timée et au Trismégiste que pour être rendue à Empédocle, et c'est toujours à la sagesse grecque qu'en revient l'honneur.

J'ai trouvé ailleurs dans Vincent de Beauvais (Miroir de la nature, I, 4) qu'il avait lui-même emprunté cette assertion à Hélinand, le poëte du douzième siècle, devenu à la fin de sa vie moine et chroniqueur. Nous ne pouvons pas savoir, le texte d'Hélinand étant perdu, sur quelle autorité lui-même avait attribué cette définition à Empedocle, dont le poème sur la nature n'existait plus depuis longtemps. Mais tout indique qu'il se conservait au moyen âge, sous forme latine, un recueil de pensées des philosophes de l'antiquité, recueil d'origine antique, où ont été puisées beaucoup de traditions dont on ne retrouve plus maintenant la source.

Il faut être circonspect à affirmer quand on a critiqué tant d'affirmations imprudentes. Nous n'affirmerons donc pas que cette pensée soit en effet d'Empédocle. On peut s'étonner, si Empédocle avait mis dans ses vers une image aussi originale, qu'aucun écrivain ancien ne l'ait recueillie. Mais pour qu'on l'ait mise sous son nom, il est à croire, si elle n'est de lui, qu'elle a du moins été inspirée par lui. En effet on doit remarquer que l'idée de l'Etre considéré comme une sphère appartenait en propre à Empédocle; qu'elle tenait une grande place dans sa doctrine; qu'il définissait les propriétés de cette sphère, et que parmi les fragments qui nous restent de son poëme se trouvent encore trois vers qui se rapportent à cet objet. Il est fâcheux que de savants philologues, qui ont publié dans notre temps ce qui reste d'Empedocle, n'aient pas connu ni mentionné le témoignage précieux de Vincent de Beauvais. Nous ne terminerons pas cette note sans faire observer, premièrement, que Pascal applique cette définition, non plus directement à Dieu, mais à la nature (a), ensuite que cette phrase célèbre n'est pas dans Pascal une de ces pensées isolées, qui n'ont plus de valeur si elles ne sont pas originales; c'est une idée dont il ne s'empare que pour la faire entrer dans un développement magnifique, qui est bien de lui sans doute, et dont elle semble n'être que le terme naturel. On peut dire que si ce n'est lui qui l'a trouvée, c'est lui qui l'a consacrée et rendue populaire, et qui en a fait un de ces traits classiques que tout le monde a appris et retenus.

Dans cette pensée. » Rendons-nous bien compte de la manière dont Pascal se représente l'ensemble des choses. La terre est un point immobile, autour duquel tournent le soleil, les planètes, et enfin les étoiles, attachées à ce qu'on appelle le firmament ou le ciel à des distances effroyables. Mais ce n'est pas là toute la nature; car quand on donnerait à ce firmament des profondeurs infinies, la nature, si elle

(a) Pascal admet donc un infini créé, comme l'auteur du Traité de l'infini créé, publié en 1769 sous le nom de Malebranche.

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Que l'homme, étant revenu à soi1, considère ce qu'il est au prix de ce qui est ; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que, de ce petit cachot' où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix.

Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini? Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu'il con

était là tout entière, ne serait pas cette sphère dont le centre est partout, puisqu'elle aurait la terre pour centre unique. Ce serait à la terre, tout imperceptible qu'elle est, que se rapporterait tout ce qui existe. Pascal ne l'entend pas ainsi : il suppose qu'au delà de la portée de notre vue, dans l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, il y a une infinité d'univers, ayant chacun son firmament, ses planètes, sa terre (voir plus loin), de manière que tout ce monde visible n'est qu'un canton détourné de la création, et cette sphère céleste, magnifique enveloppe de notre globe, qu'un petit cachot où l'homme est logé. Il admet en un mot la pluralité des mondes, non pas des terres ou des soleils, comme dans Fontenelle, mais des ciels, comme dans Lucrèce :

Quare etiam atque etiam tales fateare necesse est

Esse alios alibi congressus materiaï,

Qualis hic est avido complexu quem tenet æther. (II, 1063.)

Si cette vue de Pascal, qui contredit absolument les principes de Descartes et de la science moderne (Princip. philos., 11, 22), n'a pas été plus remarquée, il ne faudrait pas s'en étonner. D'abord, elle n'est pas présentée ici d'une manière bien explicite. Mais surtout, ce même morceau, où Pascal a suivi l'ancien système du monde, nous le lisons avec un esprit prévenu d'autres idées, et sans même nous en apercevoir, c'est au système nouveau que nous rapportons toutes ces grandes images. La physique moderne, aussi large que simple, à la place de tous ces mondes fabriqués par l'hypothèse et étrangers l'un à l'autre, nous rend un univers à la fois un et infini, où la terre, plus imperceptible que jamais, n'est plus même le centre d'un canton, et ne se distingue plus dans le système au milieu duquel elle est jetée. Toute l'imagination de Pascal n'a pu égaler la vérité en grandeur.

1. Etant revenu à soi. » Dans le sens propre, c'est-à-dire étant revenu à se considérer lui-même.

2. Ce qui est. » La simplicité de cette expression, vague et indéfinie, est d'un grand effet.

3a De ce petit cachot. » C'est-à-dire d'après ce petit cachot. P. R., voulant expliquer cela, a mis, de ce que lui paraitra ce petit cachot.

a

4. Ce petit cachot... j'entends l'univers. » Quel contraste! quelle surprise! Par l'univers, Pascal veut dire seulement le monde visible, qui n'est, suivant lui, qu'un canton détourné de la nature, laquelle, dans son ensemble, échappe à nos yeux. P. R., d'après une correction faite de la main d'Arnauld sur la copie du manuscrit, a mis ce monde visible au lieu de l'univers, sans doute parce que l'univers doit exprimer l'universalité des choses. L'exactitude gagne peut-être à cette correction, mais non pas l'éloquence. Ce grand mot d'univers, qui, après tout, peut bien s'entendre de notre univers à nous, de notre monde, fait bien plus d'effet que la variante d'Arnauld. P. R. remplace aussi j'entends par c'est-à-dire. Ils évitent le je autant qu'ils peuvent, et, en rendant le style moins personnel, ils le rendent moins expressif. Montaigne, Apol., p. 469 : « Tu ne veois que l'ordre et la police de ce petit caveau où tu es logé. D

5 « Qu'est-ce qu'un homme? » P. R.; qu'est-ce que l'homme? Mais l'expression de Pascal nous rapetisse plus que ne fait celle de P. R.

naît les choses les plus délicates. Qu'un ciron' lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c'est là l'extrême petitesse de la nature, Je veux lui faire voir là-dedans un abime nouveau. Je lui veux peindre non-seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome 2. Qu'il y voie une infinité d'univers', dont chacun a son firmament,

« Qu'un ciron. » Les entomologistes modernes ont restreint le nom de ciron à un petit arachnide voisin du faucheur. Mais dans la langue vulgaire, qui est celle que parle ici Pascal, on entend sous ce nom les plus petits insectes, voisins des mites ou des acarus de Linnée. Ces insectes ont un fluide nourricier, qu'on peut appeler du sang, mais ce sang est répandu dans toutes les cavités du corps, il en baigne et en abreuve toutes les parties; il ne circule pas dans des vaisseaux; un ciron n'a donc pas de veines.

x « De ce raccourci d'atome. » Cet emploi du mot raccourci est unique. Mais l'idée que Pascal veut rendre, celle d'un atome réduit, est unique également. La hardiesse énergique de cette expression a paru bizarre à P. R., qui a mis de cet alome imperceptible. Il est clair que le mot atome ne doit pas être pris dans son sens rigoureux, puisque Pascal ne reconnaît pas d'indivisible. C'est M. Faugère qui a restitué la véritable leçon.

3 « Une infinité d'univers. » P. R.: Une infinité de mondes. En effet, il n'y a rigoureusement qu'un univers, puisque ce mot veut dire le tout, mais Pascal entend une infinité de systèmes tels que celui que nous autres hommes appelons l'univers. Qu'on remarque la suite de la phrase: Je lui veux peindre non-seulement l'univers visible, mais... une infinité d'univers. P. R., ici comme plus haut, a gâté ce qu'il a cru corriger, et ses corrections ne servent qu'à faire mieux comprendre la valeur du style de Pascal. Mais on ne peut se dispenser de remarquer que tout cela est de pure imagination. Rien ne nous oblige à voir une infinité d'univers, avec un firmament chacun et des planètes, dans les éléments les plus subtils du sang d'un ciron. Nous dirons même hardiment qu'il n'y a rien de pareil. De ce que nous concevons ce que nous appelons l'espace comme divisible à l'infini, il n'en résulte pas ces conséquences. Dans sa célèbre lettre à Pascal, le chevalier de Méré disait : « ... . Je vous > demande encore si vous comprenez distinctement qu'en la cent millième partie » d'un grain de pavot il y pût avoir un monde non-seulement comme celui-ci, mais >> encore tous ceux qu'Epicure a songés. Pouvez-vous comprendre dans un si petit » espace la différence des grandeurs, celles des mouvements et des distances?... >> Trouverez-vous dans un coin si étroit les justes proportions des éloignements, de » combien les étoiles sont au-dessus de la terre au prix de la lune? Mais, sans aller » si loin, vous pouvez-vous figurer dans ce petit monde de votre façon la surface de » la terre et de la mer, tant de profonds abimes dans l'une et dans l'autre ?... Ce » grand nombre de combats sur la terre et sur la mer, la bataille d'Arbelles?... » La bataille de Lépante me semble encore plus considérable en ce petit monde, à » cause du grand bruit de l'artillerie... En vérité, monsieur, je ne crois pas qu'en » votre petit monde on pût ranger dans une juste proportion tout ce qui se passe en

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