SUR L'ORIGINE ET LES FONDEMENS DE L'INÉGALITÉ PARMI LES HOMMES, Par J. J. ROUSSEAU, Citoyen de Genève. Non in depravatis, sed in his quæ bene secun- ( ARIST. Politic. L. z. A PARIS, Chez FAVRE, Libraire, rue de Savoie, 1795 (v. st.) an III. AVANT-PROPO S. ON N peut sourire avec dédain à ces archi vistes de la frivolité du jour, à ces échos éphémères de l'esprit d'intrigue et de parti, qui jugent un livre sans savoir lire, et prononcent fièrement sur les opinious, comme sur le style de l'auteur. C'est au livre seul à parler pour le condamner ou l'absoudre. Mais voir fouler aux pieds les restes encore palpitans de l'homme vertueux qui nous fut cher, qui nous aima; entendre outrager sa mémoire, diffamer ses mœurs, noircir son caractère, et garder un silence froid ou timide, ce seroit s'avouer aussi vil que le lâche qui, guettant sur le bord de la tombe, l'homme autrefois son ami, l'attendit au cercueil pour assouvir sa rage en poignardant un cadavre : bassesse atroce, qui m'enflammant d'indignation, m'inspira le projet et le plan de cette épître dédicatoire. Je la signe parce que l'honneur l'exige. Content dans mon obscurité, de cultiver en paix quelques amis, et les fruits de mon jardin, je n'ai pas la manie de répandre mon nom, |