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mais je ne crains point de l'afficher, dès que pour la défense d'un ami, la vérité m'en fait une loi. Oui la vérité; car les éloges donnés au caractère moral de RousSEAU ne sont pas des phrases de rhéteur; ils portent sur des faits publics, ou constatés par une foule de lettres originales qui existent entre mes mains, à plusieurs desquelles ses réponses se trouvent annexées. C'est-là, c'est dans ses écrits privés que se peint la beauté de son ame, cette candeur qui la distingue, ce rare désintéressement, cette vive sensibilité, cette bienveillance universelle, cet attachement sincère à ses devoirs, à ses principes, cet amour ardent de la vérité, de la justice, de l'honnêteté, ce zèle éclairé, si fertile en moyens de consoler, de soulager les infortunés. Mais tant de qualités éminentes ne sont-elles pas obscurcies par quelques taches? Vous qui faites une question pareille, qui que vous soyiez, rentrez au fond de votre cœur; vous y trouverez cette réponse. Les imperfections, les foiblesses, des vices mêmes sont l'apanage de l'homme: mais l'homme vertueux est celui qui, se relevant de ses chûtes, en acquiert de nouvelles forces, lutte, combat, et sort enfin victorieux.

FFB

DÉDICACE

AUX

MANES

DE J. J. ROUSSEAU.

Tor dont l'ame sublime et pure, dégagée de ses liens terrestres, contemple sans nuages l'ETERNELLE VÉRITÉ, et repose jamais dans le sein de la BONTÉ SÚPRÈME : ROUSSEAU! ombre chère et sacrée ! si, des sources intarissables où tu puises la félicité, ton cœur toujours aimant se complait encore aux affections humaines, daigne entendre ma voix, et sourire à l'hommage que te présente aujourd'hui la sainte amitié.

Non, ce n'est ni à la grandeur, ni à la vanité, c'est à toi, Jean-Jacques, c'est à ta mémoire que tes amis élèvent et consacrent

ce monument, dépôt précieux des fruits de ton génie, et des émanations de ton cœur.

En vain de vils insectes acharnés sur ton cadavre, l'inondent de poisons infects dont ils font leur pâture: tes écrits immortels, transmis à la postérité, vont porter d'âge en âge l'empreinte et la leçon des vertus dont ta vie fut l'exemple et le modèle.

Eh! qu'importe à la VÉRITÉ l'erreur des hommes, et leur barbarie à la JUSTICE? Vois d'un œil de compassion tes lâches ennemis. Tels que des coupables que la terreur accompagne et décèle, ils se troublent ces hommes si vains, qui se disent les sages de la terre, et les précepteurs des nations. Ils se troublent en voyant approcher le jour où scra arraché le masque dont ils couvrent leur difformité. Ils frémissent; et dans leur rage aveugle, forcenée, mais impuissante, ils croient déshonorer ton nom, lorsqu'ils n'avilissent que leur propre cœur.

Courageuse victime de ta sincérité, toi qui aux dépens du repos de tes jours, plaças la VÉRITÉ sur son trône, et préféras par amour pour elle, aux caresses, les outrages; à l'aisance, la pauvreté; aux honneurs, la flétrissure; à la liberté, les fers; ils t'appellent HYPOCRITE... Eux qui régorgeant de

fiel, d'orgueil et d'envie, prêchent la douceur, la modération, l'humanité, et couverts des livrées de la philosophie, marchent à leur but par des voies obliques, et tendent avec acharnement, mais sans se compromettre, à propager une doctrine meurtrière, qui réduit tout systême de morale à n'être qu'un leurre entre les mains des gens d'esprit, pour tirer parti de la crédulité des simples.

Toi, qui plein d'une noble sensibilité, repoussas les dons offerts par la vanité, ou présentés par la simple bienveillance, mais honoras du nom de bienfaits, les plus légers services que te rendit l'amitié : condamné, poursuivi, persécuté sans relâche par la calomnie, l'intrigue et le fanatisme : O Toi qui pleurant sur l'aveuglement des hommes, leur pardonnas le mal qu'ils t'avoient fait, et leur tins compte de tout celui qu'ils ne te faisoient pas; ils t'appelleut INGRAT... Eux qui jouissent de l'existence, et voudroient anéan tir l'auteur de toute existence.

Toi dont le cœur toujours inaccessible à la cupidité, à la haine, à l'envie, déployas sans crainte et sans personnalité, sa foudroyante éloquence contre ces passions atroces: tei dont l'ame ne fut jamais fermée à l'af

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fligé, ni la main à l'indigent: toi qui consaẻ cras tes talens et ta vie entière à rappeller tes frères à la raison et au bonheur; qui raffermis dans la carrière les pas chancelans de l'homme vertueux, et ramenas celui qui s'égaroit, ils t'appellent SCÉLÉRAT.... Eux qui donnant l'exemple et le précepte, sappent par les fondemens le principe des mœurs, le lien des sociétés, et travaillent de sang-froid à délivrer l'homme puissant du seul frein qui l'arrête; à priver le foible de son unique appui; à enlever à l'opprimé, son recours; à l'infortuné, sa consolation; au riche, sa sùreté; au pauvre, son espérance.

Mais c'est trop souiller ma plume par ce monstrueux parallèle; c'est trop long-temps' contrister et profaner tes regards par le tableau de tant d'horreurs. Abandonnons ces méchans à leur perversité. Que dis-je ! ò boa Rousseau ! tu ne te vengeras qu'en demandant à la clémence infinie, que les remords ne punissent pas leur crime sans l'expier.

Soulage et purifie tes yeux en les portant sur ces grouppes d'enfans, rendus heureux à ta voix; de mères rappellées à la nature, des citoyens encouragés au culte des loix et de la liberté. Entends ce cri de reconnoissance que tous les coeurs honnêtes élancent vers toi. Il

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